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EAN : 9782910233037
63 pages
1001 Nuits (01/07/1997)
3.69/5   68 notes
Résumé :
Publié pour la première fois en 1847, cette nouvelle de Charles Baudelaire (1821-1867) mêle expériences personnelles et hommages littéraires (Balzac). Du jeu de l'adultère et des manipulations amoureuses, il ressort un texte empreint d'ironie montrant qu'à trop singer la passion on est souvent contraint de la vivre réellement.
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Opération dépoussiérage ! Oui, parce que depuis le temps que ce petit bouquin dort paisiblement sur mes étagères, je vous laisse imaginer à quel point notre ennemie jurée s'y est vautrée !

Baudelaire n'est pas ici dans son rôle de poète que nous admirons tant... Et n'en déplaise à certains détracteurs y voyant là une écriture un peu gauche, maladroite, je trouve que le texte est plutôt plaisant à lire. Paru en janvier 1847 dans le Bulletin de la Société des Gens de Lettres, il raconte l'histoire de Samuel Cramer, jeune écrivain raté, voulant aider une de ses connaissances, Madame de Cosmelly, a reconquérir son époux. Celui-ci était en effet tombé sous le charme de la Fanfarlo, une danseuse. Mais peut-on résister à cette dernière ?

Les thèmes chers à Baudelaire sont présents : le dandysme, les femmes... mais aussi celui de l'identité, plutôt marqué dans cette nouvelle. Samuel Cramer, anti-héros, ne représenterait-il pas le moi caché de Charles ? Qui est la Fanfarlo ? Jeanne Duval ? Sous des dehors résolument anodins, cette nouvelle recèle bien des trésors car elle amène le lecteur à réfléchir sur le message qu'a voulu faire passer le futur poète. Ajoutons à tout ceci des références à Molière, à Diderot et à Balzac et vous comprendrez pourquoi il faut absolument lire ce court ouvrage.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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TEL EST PRIS QUI...

La Fanfarlo, seule nouvelle jamais rédigée (en 1845) par Charles Baudelaire comme on le sait, d'abord refusée par la Revue de Paris, parut une première fois en janvier 1847 dans le Bulletin de la Société des Gens de Lettres, grâce aux bons offices de Charles Asselineau. L'histoire est celle d'un dandy, Samuel Cramer, écrivain raté connu sous le nom de plume Manuela de Monteverde.
Bien qu'ambitieux mais fainéant, ses oeuvres étaient sans intérêt... Ce qui ne l'empêchait pas de se prendre pour un génie.
Un jour, se promenant au jardin du Luxembourg, il revit une jeune femme qu'il avait aimée en province quelques années auparavant,«à l'âge où l'on aime l'amour» nous précise le poète...
Cependant, la jeune femme est désormais mariée... « Elle s'appelait Mme de Cosmelly, et demeurait dans une des rues les plus aristocratiques du faubourg Saint-Germain. » précise le narrateur.
Mais son époux, plus âgé qu'elle, la trompe avec « une danseuse aussi bête que belle », la Fanfarlo.
Samuel décide d'aider son ancien amour. Ainsi s'engage-t-il à mettre un terme à cette idylle. Mais rapidement lui-même s'éprend de cette troublante Fanfarlo…

Première et seule nouvelle jamais rédigée, à vingt trois ans, par l'auteur des futurs Fleurs du Mal, c'est aussi un véritable paradoxe que ce texte bref et pourtant d'un contenu indubitablement très riche. C'est en effet au moment où il décidait, consciemment, qu'il serait poète, rien que poète, définitivement poète que Baudelaire rédigea La Fanfarlo. Et s'il parvint à la faire publier (à deux reprises et sous son propre nom seulement deux ans plus tard, en 1849), elle semble avoir très vite été abandonnée par Charles Baudelaire, n'est citée dans ses correspondances qu'à trois reprises, ne donnera lieu à aucun autre essais du même type, moins encore à une quelconque tentative romanesque et on peut presque parler d'un reniement puisqu'il ne la reprendra même pas dans la liste de ses oeuvres qu'il établira à la fin de sa vie.

On peut dès lors se poser le pourquoi de la rédaction d'un tel texte tandis que ses choix intimes et littéraires le portaient à vouloir tout autre chose. Est-ce, comme le jugeait Jean-Paul Sartre - grand lecteur de Baudelaire dont il écrivit une monographie - parce que, dans cette «oeuvre de prime jeunesse frappe de stupeur : tout est déjà là, les idées et la forme. Les critiques ont souvent noté la maîtrise de cet écrivain de vingt-trois ans. À partir de là, il ne fait que se répéter.»
Est-ce encore parce que, selon ce qu'il écrivit dans ses Notes sur Edgar Allan Poe, les nouvelles sont souvent du côté de la Vérité tandis que «la poésie n'a pas la vérité pour objet», mais bien plutôt celui de la Beauté, le seul qu'il désira jamais suivre ? Difficile d'apporter une question définitive à ces questions. Mais il semble que cet essai un peu à part dans son oeuvre soit, en quelque sorte, le fruit unique involontaire de telles considérations de même qu'un genre de confession dont il ne souhaita pas renouveler l'expérience.

Toujours est-il que l'on peut assez aisément reconnaître l'auteur lui-même dans le portrait cynique qu'il dresse de cet écrivain raté (ce que sa correspondance confirme d'ailleurs). Samuel Cramer est, comme Baudelaire, «une nature ténébreuse, bariolée de vifs éclairs - paresseuse et entreprenante à la fois -, féconde en desseins difficiles et en risibles avortements -, esprit chez qui le paradoxe prenait souvent les proportions de la naïveté, et dont l'imagination était aussi vaste que la solitude et la paresse absolues». C'est un dandy, se regardant dans tous les miroirs, successeur et héritier du héros romantique, un poète manqué, un écrivain raté, qui joue avec lui-même, un esprit versatile. C'est ainsi un autoportrait sans concession que nous livrerait donc Baudelaire de ce qu'il estimait être à vingt-trois ans tout juste.

Quant à cette Fanfarlo, l'histoire littéraire retiendra qu'elle est très probablement inspirée d'une actrice en vogue dans ces années-là, la charmante Lola de Montès, une danseuse exotique, actrice et courtisane d'origine irlandaise, qui défraya alors la chronique parisienne et mondaine.

Mais on retiendra surtout de cette trop brève incursion du génial créateur des Petits poèmes en prose dans le monde romanesque, un petit chef-d'oeuvre d'analyse psychologique pas très éloigné d'un Nerval ou d'Honoré de Balzac que l'auteur appréciait fortement (même s'il n'en admirait pas forcément le style), tentant de répondre à cette terrible question existentielle - on comprend que Sartre ait pris le temps de lire ce texte -, la seule qui vaille peut-être : «Qui suis-je ?». La seule, peut-être aussi, à laquelle cet apôtre du Spleen ne souhaitait finalement pas vraiment répondre, pas de cette manière aussi frontale, directe, visible. La poésie se situe partout et ailleurs à la fois : un autre chemin vers le «je», cet autre... Mais c'est là une autre histoire !
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Retour aux classiques, même si cette unique nouvelle de Baudelaire n'est pas ce qui ressort de plus "connu" de son oeuvre.
L'histoire vaut d'être rappelée : un jeune dandy écrivain/poète Samuel Cramer ( avatar de Baudelaire ) est chargé par Madame de Cosmelly, une "vieille amie" de séduire la Fanfarlo, une actrice ( avatar probable de Lola Montès ) populaire, qui lui a ravi son mari. En échange de quoi, elle s'offre comme récompense à son succès et au retour du mari prodigue dans ses pénates.
Aussitôt dit... aussitôt à faire... C'est une nouvelle, je ne vais pas vous en dévoiler la chute... même si peu de gens l'ignorent.
Beaucoup se posent la question de la qualité de l'écriture de Baudelaire dans cette nouvelle. Pour ma part, c'est un plaisir de la lire et de la relire, et il serait injuste de déprécier cette oeuvre au seul prétexte que le prosateur n'est pas à la hauteur du poète.
À quoi bon chercher à les dissocier alors que cette prose est emplie, je dirais même nourrie de poésie ? !...
Outre l'intérêt narratif, celui plus littéraire, le texte abonde également de références lexicales, "historiques", personnelles etc que des notes très explicites recontextualisent pour des lecteurs "contemporains" qui pourraient se sentir "abandonnés".
Un Baudelaire méconnu avec lequel il serait dommage de ne pas faire ou refaire connaissance.
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La Fanfarlo semble être un récit de jeunesse de Baudelaire, qui s'est heureusement ensuite tourné vers la poésie. L'histoire en elle-même est assez banale, plate et peu intéressante (on peut la résumer dans ses moindres détails en trois lignes). Ce que j'ai davantage apprécié, c'est le déploiement de style. Bien plus qu'un récit, ce texte semble être le portrait d'un dandy, écrit de façon très poétique et virtuose. On y trouve déjà des éléments thématiques qui reviendront dans sa poésie des Fleurs du Mal par la suite. J'ai donc apprécié lire ces descriptions, en faisant abstraction du récit censé leur donner une cohérence narrative.

Je souhaitais depuis longtemps lire les Conseils aux jeunes littérateurs et ai été très surprise de les trouver si courts (il faudrait que je vérifie si le texte était complet ou si seuls quelques extraits en ont été sélectionnés) : pleins de bon sens et exprimés parfois ironiquement, ils m'ont intéressée, mais sans plus.

Deux textes, loin d'être les meilleurs de l'auteur, que je conseillerais donc aux admirateurs de Baudelaire plutôt qu'à ceux qui souhaitent le découvrir.
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Un jeune poète retrouve par hasard un chaste amour de jeunesse. Elle est maintenant mariée, mais son époux déserte le foyer conjugal pour une danseuse. Elle charge le poète d'une étrange mission.
Le deuxième texte s'adresse aux jeunes gens voulant se lancer dans la littérature. Baudelaire dresse un rapide inventaire des écueils à éviter. Des conseils plein de bon sens pour éviter bien des déconvenues, avec quelque exemples d'auteurs ayant réussi (en écorchant tout de même certains au passage).
Si j'ai trouvé la première partie fastidieuse (et pourtant c'est court), la seconde est écrite de faàon beaucoup plus légère, agréable. C'ets tendre et ironique, comme s'il les prenait sous son aile.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
M. de Cosmelly a des choses bien graves sur la conscience, si la perte d’une âme jeune et vierge intéresse le Dieu qui la créa pour le bonheur d’une autre. Si M. de Cosmelly mourait ce soir même, il aurait bien des pardons à implorer ; car il a, par sa faute, enseigné à sa femme d’affreux sentiments, la haine, la défiance de l’objet aimé et la soif de la vengeance.
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Il manque à ces malheureuses victimes, qu'on nomme filles à marier, une honteuse éducation, je veux dire la connaissance des vices d'un homme. Je voudrais que chacune de ces pauvres petites, avant de subir le lien conjugal, pût entendre dans un lieu secret, et sans être vue, deux hommes causer entre eux des choses de la vie, et surtout des femmes. Après cette première et redoutable épreuve, elles pourraient se livrer avec moins de danger aux chances terribles du mariage, connaissant le fort et le faible de leurs futurs tyrans.
Page 35
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Ce qui nous enivre dans ce livre, c'est la profondeur avec laquelle l'auteur aborde la question d'adultère non pas seulement comme un simple fait plutôt comme un génie auquel on fait recours pour se purger d'un poids quelconque...

Samuel s'offre pour mission de séduire la fanfarlo, une danseuse pour laquelle Mr de Cosmelly se meurt abandonnant ainsi sa femme. Pour madame de Cosmelly, une fois que la fanfarlo amoureuse de Samuel, elle se libérera de son mari qu'elle saura bien reccuperer...et voilà que Samuel tombe amoureux de la Fanfarlo...

Une petite histoire qui a l'air plutôt philosophique que romantique!
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Il reprend tristement sa route vers un désert qu'il sait semblable à celui qu'il vient de parcourir, escorté par un pâle fantôme qu'on nomme Raison, qui éclaire avec une pâle lanterne l'aridité de son chemin, et pour étancher la soif renaissante de passion qui le prend de temps en temps, lui verse le poison de l'ennui.
Page 30
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L’incrédulité est quelquefois le vice d’un sot, et la crédulité le défaut d’un homme d’esprit. L’homme d’esprit voit loin dans l’immensité des possibles. Le sot ne voit guère de possible que ce qui est. C’est là peut-être ce qui rend l’un pusillanime et l’autre téméraire.
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