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Critique de MllePeregrine


"Poème" et "prose" sont deux termes qui au XIXème siècle n'étaient pas fréquemment associés. D'emblée, Baudelaire se lance dans une nouvelle forme de poésie, une nouvelle manière de voir et de dire les choses. Pourquoi ne pas utiliser les vers, comme il l'avait déjà parfaitement fait dans les Fleurs du Mal, quelques années plus tôt? Peut-être parce qu'avec la poésie romantique d'un Hugo, d'un Lamartine ou même d'un Musset, Charles Baudelaire a besoin d'autre chose.
"Le Spleen de Paris" se veut "le pendant" des Fleurs du Mal. Il ne faut pas y voir là une construction parallèle, même si plusieurs poèmes se retrouvent dans les deux recueils. Mais quand les propos du 1er étaient blasphématoires, souvent érotiques, la qualité des vers leur conférait une indicible beauté.
Dans le 2ème recueil, la poésie semble dissoute. Qu'y a-t-il de poétique dans la description tragique et minutieuse du corps d'un enfant qui s'est pendu?
La plupart des petits poèmes en prose sont des analyses de la société de l'époque, le poète est un flâneur qui au gré de ses pérégrinations dans la grande ville qu'est Paris, capte l'étrangeté du quotidien et ses paradoxes.
Baudelaire, ne l'oublions pas, est contemporain de la révolution urbaine. Il assiste à la transformation de Paris par Haussmann, voit l'essor de la grande presse, le développement de la photographie, l'apparition du gaz...Tout cela le fascine, l'obsède et...le dégoûte. Il en fait ses thèmes de prédilection. Et c'est à l'image d'une société qui pour lui se dégrade qu'il dégrade à son tour la poésie en la transformant en prose.
Ses textes, par ailleurs, ont été successivement publiés sous forme de feuilletons dans les journaux (avant d'être publiés en recueil à titre posthume en 1869). C'est donc une poésie qui côtoie les faits divers, les actualités politiques et économiques que lisent les gens.
Le recueil du Spleen de Paris est un expérience poétique qui vise à dépasser toutes les limites assignées jusqu'alors à la poésie.
Mais si l'on écoute le diable que le narrateur rencontre dans le poème "un joueur généreux": la plus belle des ruses de la poésie de Charles Baudelaire ne serait-elle pas de nous persuader qu'elle n'existe pas?
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