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Jean-Luc Steinmetz (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253161202
253 pages
Le Livre de Poche (27/08/2003)
  Existe en édition audio
4.2/5   1978 notes
Résumé :
TITRE 1964 : Le Spleen de Paris


Lorsqu'il commence à publier ses petits poèmes en prose dans des revues et des journaux, Baudelaire a beau les qualifier modestement de "bagatelles", il a pleinement conscience de ce qu'ils ont de singulier. Et nous le savons mieux désormais, ce qui s'inaugure de manière capitale dans ces textes qui visent à capter l'étrangeté du quotidien de son temps, ce n'est rien moins qu'une forme littéraire nouvelle. Rimba... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (111) Voir plus Ajouter une critique
4,2

sur 1978 notes
C'est Baudelaire qui m'a fait découvrir cette notion de spleen, sentiment que je ressentais sans pouvoir nommer.
Ses petits poèmes en prose sont un roman poétique, un recueil d'essais, de nouvelles, bref, un mélange singulier de thèmes différents (chers à Charles Baudelaire) comme l'art, la charité, l'évasion, la femme, l'ivresse, la solitude, Satan, ou le temps. Thèmes déjà présents dans ses Fleurs du mal. Baudelaire se libère de la forme poétique versifiée tout en gardant l'âme même de la poésie (« Sois toujours poète, même en prose »), le langage imagé et métaphorique ainsi que le regard différent, autre, des choses les plus communes et des êtres les plus simples.
Je me retrouve à chaque fois que je lis Baudelaire, il est l'auteur qui nous enchante, nous enivre même en plein spleen, il chasse les idées noires, pour nous livrer un monde parfait ; le monde comme il est et comme il doit être, simple, misérable, il faut juste avoir le bon oeil pour le voir et le sentir. « Nous avons sur cette terre ce qui rend la vie digne d'être vécue » comme le dit Darwich (en arabe c'est plus poétique). La poésie de Baudelaire en fait partie de ces choses là. Un ouvrage qui rend le spleen et la solitude plus doux.
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Les Petits poèmes en prose ( le Spleen de Paris ) de Charles Baudelaire , sont indissociables de Paris et des transformations architecturales , sociales , économiques que la capitale a connues dans la seconde moitié du XIX ème siècle .
La rue joue un rôle fondamental dans cette poésie , car elle represente le lieu de rencontre par excellence , un lieu de brassage extraordinaire : les classes de la société s ' y croisent , les êtres , foules ou individus , s ' y offrent dans leur diversité , leur généralité ou leur spécifité , dévoilant une forme de leur vérité et dévoilant une forme de leur vérité et de leur authenticité .
En quoi le temps , l ' histoire de la France et de l ' Europe , l ' histoire des idées , le progrès scientifique et technique modifient-ils le regard et la poétique de Baudelaire
au point de le faire entrer dans la modernité , d ' en être un des initiateurs .?
Dans le Spleen de Paris , Baudelaire se fait homme de la rue , rôdeur , voyeur et voyant . C ' est dans cette grande ville fascinante et répulsive qu ' est Paris que Baudelaire cherche son inspiration et non plus dans le spectacle de la nature .
C ' est là , dans ce lieu de débauches et d 'errances d ' où surgit parfois la beauté , qu 'il élargit le champs de l 'expérience intérieure .
Tournant le dos à la poésie conventionnelle , il entre alors dans la modernité .
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Comme vous le savez, j'ai mes livres « du petit matin ». Cette demi-heure magique devant une tasse de café fumante et une tartine beurre confiture où je suspends le temps entre le pays des rêves et la réalité d'une journée qui démarre, accompagnée de textes inspirants.

Le Spleen de Paris m'a accompagné à raison d'un petit poème en prose par jour, afin de faire durer le plaisir 

Ces poèmes en prose s'insèrent souvent dans un épisode narratif lors d'un état contemplatif faisant fi des règles et des catégories bien établies.
Ils ne sont ni prose ni poésie, mais à la fois prose et poésie car ils empruntent à la poésie ses ressources musicales, créant une parole singulière et ouvrant la porte à l'invention et à la création.

Baudelaire s'intéresse à la vie moderne et plus particulièrement à un Paris tout en contrastes, au double visage, entre les quartiers fortunés et ceux miséreux et délinquants qu'il a fréquentés dans sa vie bohême.
Le poète observe la vie dans cette société parisienne en pleine transformation sociale et celle-ci réveille des souvenirs et sollicite sa mémoire.

Dans ce recueil posthume la nostalgie et la mélancolie sont musicalement évoquées. Les thèmes, toujours très baudelairiens tels l'oppositions de l'ici et de l'ailleurs, du bien et du mal, de l'angoisse d'aimer, sont traités par une plume d'une sensibilité profonde, où transpirent les obsessions, les angoisses, les joies et la quête de la Beauté.

Et pour citer Charles Baudelaire, ces petites pauses salutaires du matin m'ont bien aidé à échapper au « spleen » qui nous hante en ce moment pour « aller n'importe où ! n'importe où ! pourvu que ce soit hors du monde »


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Avant d'ouvrir ce livre, j'avais peur. Peur car je n'aime pas du tout lire les poèmes en prose, d'ordinaire. Peur de détériorer l'image de mon poète préféré par le biais d'une oeuvre qui ne me plairait pas. Mais d'ordinaire n'est pas Baudelaire. J'aurais bien dû me douter que s'il en était un qui était capable de me faire aimer la poésie en prose, c'était lui. Pourquoi chaque mot qu'a écrit cet homme me transperce t-il ? Je ne saurais l'expliquer. Lui seul est capable de me faire monter les larmes aux yeux quand je lis ses oeuvres. Lui seul sait mettre des mots sur des sentiments que je porte en moi depuis toujours, ayant toujours l'impression d'être la seule à ressentir ces maux, ces angoisses. Efficacité, concision de la forme. Style, style... beauté de la plume baudelairienne ! Pas besoin d'avoir un dictionnaire avec soi pendant la lecture, les pages défilent, tout est simple de compréhension et pourtant si profond et complexe dans le sens. Les oeuvres de Baudelaire sont les seules que je peux lire comme des romans, sans jamais me lasser, sans jamais être saturée. Les seuls poèmes qui m'habitent encore des années après la lecture. Au fond, il parle de Paris, il parle de lui mais il parle de toi, de nous, de moi.
Charles, on ne se connait pas, on ne pourrait pas être plus différents, mais je me sens si proche de toi.
Alors, Charles, merci.
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Mes lacunes en terme de littérature classique et ce même pour du Baudelaire, m'empêchent d'apprécier à sa juste valeur "Le Spleen de Paris".

Le recueil de poèmes en prose est très bien, et est doté d'une excellente préface signé Jean-Luc Steinmetz qui est une très bonne introduction à ce genre d'ouvrage pour un néophyte comme moi. Mais je n'ai peut-être pas atteint une maturité littéraire assez suffisante pour pouvoir en extraire toute l'essence de la prose de Baudelaire.
Ou peut-être aussi que j'en attendais trop... Une sorte de mystification par les mots et le verbe.

J'ai cependant apprécié cette lecture que je relirais plus tard, dans quelques mois ou quelques années quand je serais prêt à me replonger une nouvelle fois dans cet excellent recueil.
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Citations et extraits (348) Voir plus Ajouter une citation
*****

La soupe et les nuages

Ma petite folle bien-aimée me donnait à dîner, et par la fenêtre ouverte de la salle à manger je contemplais les mouvantes architectures que Dieu fait avec les vapeurs, les merveilleuses constructions de l’impalpable. Et je me disais, à travers ma contemplation : « Toutes ces fantasmagories sont presque aussi belles que les yeux de ma bien-aimée, la petite folle monstrueuse aux yeux verts. »
Et tout à coup je reçus un violent coup de poing dans le dos, et j’entendis une voix rauque et charmante, une voix hystérique et comme enrouée par l’eau-de-vie, la voix de ma chère petite bien-aimée, qui disait : « Allez-vous bientôt manger votre soupe, sacré bougre de marchand de nuages ! »

***
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« Mais qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance ? 
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Un hémisphère dans une chevelure

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique.

Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine.

Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.

Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes.

Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco.

Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.
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Les foules

Il n’est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage.

Multitude, solitude : termes égaux et convertibles pour le poète actif et fécond. Qui ne sait pas peupler sa solitude, ne sait pas non plus être seul dans une foule affairée.

Le poète jouit de cet incomparable privilége, qu’il peut à sa guise être lui-même et autrui. Comme ces âmes errantes qui cherchent un corps, il entre, quand il veut, dans le personnage de chacun. Pour lui seul, tout est vacant ; et si de certaines places paraissent lui être fermées, c’est qu’à ses yeux elles ne valent pas la peine d’être visitées.

Le promeneur solitaire et pensif tire une singulière ivresse de cette universelle communion. Celui-là qui épouse facilement la foule connaît des jouissances fiévreuses, dont seront éternellement privés l’égoïste, fermé comme un coffre, et le paresseux, interné comme un mollusque. Il adopte comme siennes toutes les professions, toutes les joies et toutes les misères que la circonstance lui présente.

Ce que les hommes nomment amour est bien petit, bien restreint et bien faible, comparé à cette ineffable orgie, à cette sainte prostitution de l’âme qui se donne tout entière, poésie et charité, à l’imprévu qui se montre, à l’inconnu qui passe.

Il est bon d’apprendre quelquefois aux heureux de ce monde, ne fût-ce que pour humilier un instant leur sot orgueil, qu’il est des bonheurs supérieurs au leur, plus vastes et plus raffinés. Les fondateurs de colonies, les pasteurs de peuples, les prêtres missionnaires exilés au bout du monde, connaissent sans doute quelque chose de ces mystérieuses ivresses ; et, au sein de la vaste famille que leur génie s’est faite, ils doivent rire quelquefois de ceux qui les plaignent pour leur fortune si agitée et pour leur vie si chaste.
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Enivrez-vous

Il faut être toujours ivre. Tout est là: c’est l’unique question.
Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d’un palais, sur l’herbe verte d’un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l’ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l’étoile, à l’oiseau, à l’horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est, et le vent, la vague, l’étoile, l’oiseau, l’horloge, vous répondront: « Il est l’heure de s’enivrer ! Pour n’être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise."
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