AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782800136769
56 pages
Dupuis (01/10/2004)
3.13/5   15 notes
Résumé :

Un homme marche, seul. Un port, une ville. Plus loin, suivant la ligne de fuite d'un chemin de fer, des arbres, et la montagne qui s'approche, but ultime. L'homme se souvient. Bribes du passé, bribes de vie. Une femme, un soldat, un couple de vieux, rencontres. L'homme s'interroge : comment trouver sa propre note dans la cacophonie du monde ? Avec Le Chant des baleines, Edmond Baudoin livre un récit intimiste où texte, trait et couleurs se ... >Voir plus
Que lire après Le chant des baleinesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Aujourd'hui que sont devenus l'homme au ventilateur, la femme aux seins coupés, l'hôtesse de Tokyo ?
-
Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Cette histoire a été publiée pour la première fois en 2005. Cette bande dessinée a été réalisée par Edmond Baudoin pour le scénario, les dessins, et les couleurs et elle compte cinquante-deux pages. Elle a été rééditée dans Trois pas vers la couleur avec Les yeux dans le mur (2003), et Les essuie-glaces (2006).

Combien de marins, combien de capitaines, sous la surface dorment les baleines. Edmond se tient sur le pont d'un navire, un mât avec un drapeau juste à côté de l'endroit où il est accoudé au bastingage. Il fixe la ligne d'horizon au-dessus du bleu de l'océan, alors que le soleil se lève, la nuit cédant place au jour. Il s'interroge. Des bouts de phrase qui se répètent et qui fuient dans l'eau noire. Des idées molles englouties dans le remous des hélices. le jour se lève à la poupe. La nuit s'en va devant. Un homme, c'est un accord de musique. Des milliards d'hommes, des milliards d'accords, tous différents. Qu'est-ce que lui Edmond cherche ? Quelle est sa note ? Son accord de musique ? Qu'est-ce qu'il espère trouver dans ses départs sans arrivée ? Il n'a rien appris de plus que ce qu'il savait quand il a quitté son village. Mais il ne sait plus comment faire machine arrière. Trop de temps a passé. Personne ne l'attend plus nulle part depuis longtemps. Personne, et ça ne lui paraît même plus étrange. Tout lui semble normal. Il a sans doute dépassé la limite. Quelle limite ? Quelle musique ? Quelle musique ? Comment trouver sa note dans cette cacophonie ? Et surtout pourquoi essayer ?

Le navire en a croisé un autre, puis il est arrivé dans le port de la mégapole. Edmond a débarqué et il quitte les quais du port à pied. Il arrive dans le quartier d'affaires avec ses gratte-ciels, ses hommes en costume noir pendus au téléphone, et les femmes en tailleur noir, elles aussi collées au téléphone. Il marche à contre-courant de cette foule. Sur le bateau, un jeune homme lui avait dit que son projet était de se faire exploser au centre d'un centre commercial. Edmond lui a dit d'attendre qu'il n'y ait personne autour de lui. Se faire exploser ou essayer quelque chose comme écouter le chant des baleines, quelque chose comme ça. Entre ces deux extrêmes, y a-t-il un espace ? Les hommes et femmes d'affaires se sont mis à courir et Edmond court dans l'autre sens, sortant de la foule, sortant du quartier d'affaires, arrivant dans un parc, sans s'arrêter de courir. Il pense à une chose lue dans un journal au Québec : une femme s'était fait faire l'ablation des deux seins, de peur, plus tard, d'avoir un cancer. À Chicago, il a vu, sur une affiche, une femme tenant dans ses bras un bébé. le texte qui accompagnait cette scène expliquait qu'il est important de toucher ses enfants, que le contact avec les parents leur fait du bien. Un soir d'été, à Paris, à la terrasse du café le Bonaparte, un homme lui a dit qu'il ne pouvait plus dormir depuis que ses riches beaux-parents lui avaient enlevé l'autorisation de voir sa fille âgée de trois ans.

Ouvrir une bande dessinée d'Edmond Baudoin est une aventure à chaque fois, même si le lecteur est familier de son oeuvre, de sa manière de dessiner, de ses thèmes de prédilection. La structure de la présente oeuvre se dévoile assez rapidement : un voyage réalisé à pied, après la traversée d'océan en bateau. le personnage ne porte pas de nom, mais le lecteur y voit un avatar de l'auteur. Il avance : au cours du récit, il déclare qu'il souhaite découvrir ce qui se trouve derrière un col, derrière une colline, une montagne, derrière ce qui barre l'horizon. Son interlocuteur lui répond qu'il est allé de l'autre côté et qu'il n'y a rien de plus qu'ici, ce qui n'entame en rien la détermination d'Edmond. Au cours de ce périple, Edmond ne s'arrête que deux fois : une nuit à passer à dormir dans un champ aux côtés d'une jeune femme, un repas partagé avec un couple âgé dans leur maison isolée dans la montagne. le lecteur a tôt fait de comprendre qu'il ne doit pas prendre ce déplacement continu à pied, au sens littéral : il s'agit d'une métaphore. le marcheur avance dans la vie et il traverse différents paysages qui sont autant de phases de sa vie. Les dessins montrent littéralement quelqu'un qui va de l'avant, avec des cases majoritairement de largeur de la page. Comme dans la vie, il n'y a pas de retour en arrière possible, l'écoulement du temps ne se faisant que dans un sens.

Une fois que le lecteur a pris conscience de cette métaphore, le principe d'intrigue disparaît : Edmond met en scène son cheminement dans la vie. Il y a donc cette avancée en marchant, en traversant des paysages, parfois en interagissant avec eux, parfois en rencontrant un ou deux êtres humains., une fois une foule, et parfois la solitude. Pendant les cinq premières pages, il n'y a que des cases de la largeur de la page : cela donne plus d'ampleur au paysage dans des images panoramiques. L'artiste réalise ses dessins au pinceau, avec parfois un contour irrégulier, parfois épais, parfois très fin. La première case comprend deux silhouettes de baleine, noyées dans le bleu de l'océan, un équilibre calculé entre représentation et formes abstraites. Baudoin sait très bien jouer des possibilités entre ces deux extrêmes. En planche deux, la case du milieu présente un dégradé de bleu en fond pour le ciel, une grosse masse noire au milieu dans la moitié supérieure, et une forme écrasée brune avec un trait de contour, dans la moitié inférieure. le contexte, case d'avant et celle d'après, ne laisse planer aucun doute sur ce qui est représenté : le buste d'Edmond vu de derrière. Mais prise à part du flux narratif, cette case pourrait être interprétée différemment, voire rester abstraite. de temps à autre, le lecteur peut repérer une autre case fonctionnant ainsi, mais elles restent assez rares. D'autant plus que la couleur apporte des éléments d'information supplémentaires, entre naturalisme et expressionnisme, qui diminuent d'autant la latitude d'interprétation.

La troisième planche correspond à l'arrivée dans la mégapole, avec ses constructions qui deviennent de plus en plus porche comme dans un travelling avant. L'artiste représente beaucoup plus de choses : les nombreux buildings chacun avec leur architecture propre, les grues, les cheminées d'usine, le dôme d'un édifice religieux, etc. Dans la cinquième planche, le dessinateur réalise une case d'une demi-page permettant de découvrir un quartier de la ville dans une vue du ciel inclinée. La case du dessous montre Edmond, toujours de dos, marchant à contre-courant de la foule, avec le détail des façades d'immeuble, la signalisation verticale et ces individus au visage fermé et aux tenues vestimentaires austères. Par la suite, Baudoin donne à voir les arbres et les bacs d'un parc, un échangeur autoroutier de grande envergure, les vestiges d'une installation industrielle en périphérie, un pont ferroviaire métallique, de grands espaces naturels ouverts, les bâtiments en ruine d'une ville abandonnée, peut-être détruits par des bombardements et des affrontements armés, une guérilla urbaine, la maison à étage en bois du vieux couple, les formations rocheuses que gravit Edmond. de temps à autre, une case provoque de vagues réminiscences chez le lecteur sans qu'il ne parvienne à mettre un nom dessus. Il peut penser à Vincent van Gogh à un moment. Puis, lorsque le personnage traverse la ville en ruine, l'artiste indique par une petite note dans une graphie plus petite et plus légère le tableau dont il s'est inspiré. Il référence ainsi à six tableaux de Francisco de Goya (1746-1828).

Le lecteur relève d'autres références au fil des pages : à une exposition de Zoran Mušič (1909-2005, peintre et graveur), à P.J. Harvey, à Stina Nordenstam, à Billie Holiday, à Pier Paolo Pasolini (1922-1975) au travers d'une citation. Il sourit en voyant mentionnée la chanson le chien dans la vitrine (1953), de Lise Renaud (1928-), avec les aboiements de Roger Carel (1927-2020), car l'auteur y faisait déjà référence dans Couma acò (1991). Il mention également un séjour au Liban en 1987, et celui-ci avait donné lieux à une histoire courte dans Chroniques de l'éphémère (2000). Mais ces passages s'avèrent également compréhensibles si le lecteur n'a pas connaissance de ces autres oeuvres. Avec cette liberté narrative dont il a le secret, Edmond Baudoin semble sauter du coq-à-l'âne au gré de sa fantaisie, comme une sorte d'état de fugue.

Au gré des pages, le lecteur relève des réflexions personnelles sur des sujets comme le rapport au corps, entre la peur du cancer du sein et le réconfort affectif du bébé en contact avec la peau de sa mère, la perception esthétique du sexe masculin, le hasard des rencontres fortuites entre deux étrangers, le souvenir de ses amours passés, le tumulte déshumanisant des grandes foules urbaines, le questionnement sur l'expression artistique (Comment dire, et, surtout, pourquoi essayer ?), le devoir filial vis-à-vis de sa mère, la beauté de la nature, la peur de l'autre lors de la rencontre avec un homme armé. Ce dernier déclare à Edmond : Vous ne devriez pas marcher sans arme, sur cette route. Personne ne le fait, alors ça fait peur à ceux qui vous croisent. Et quand on a peur, on tue. Ces phrases prennent toute leur ampleur quand le lecteur garde à l'esprit que cette route est une métaphore pour la vie. Si parfois, le flux de pensées de l'auteur semble vagabonder en s'éloignant du récit de voyage, il s'avère que qu'il n'en est rien : ce flux se nourrissant des situations, y répondant.

Qu'il ait lu de nombreuses BD de cet auteur ou que ce soit sa première, le lecteur effectue la même expérience unique. Personne ne dessine comme Edmond Baudoin, même s'il ne s'agit que de dessins au pinceau. Personne ne raconte comme lui, même si chaque page se présente sous la forme de cases sagement rectangulaires avec une bordure. Peu d'artistes savent exprimer leur personnalité et leur état d'esprit au travers leurs oeuvres, avec la même sincérité, la même honnêteté, la même simplicité que lui. le lecteur se sent privilégié de pouvoir ainsi accompagner Edmond, de faire un bout de chemin avec lui, de partager sa vie avec une telle générosité.
Commenter  J’apprécie          250
Reprenant les vers mélancoliques d'Hugo dans Oceano Nox, Baudouin fait part des réflexions intérieures d'un homme dans un mi-parcours existentiel. Les souvenirs de voyages aux quatre coins du monde , les rencontres, la nature, les mégalopoles, les paroles d'une vieille mère abandonnée à son sort, les guerres (celle du Liban) surgissent dans la tête du héros. le tout est une course parfois frénétique traduisant la quête d'un sens donné à la vie. Plus loin, plus haut, par où l'humain passe-t-il pour enfin trouver le repos, la paix, l'épanouissement, l'inspiration (ici, musicale)? Tous les couchers de soleil ne se ressemblent-ils pas, où qu'on soit ? le trait est sombre, à l'image du dialogue intérieur de cet homme, où le lecteur est pris à témoin et peut probablement reconnaître certains passages de son existence.
Un bel album de "contemplations" sur l'intérieur et l'extérieur d'un homme.
Commenter  J’apprécie          90
Comme pour chaque livre de Baudoin, je crois que je pourrais émettre le même avis.
Baudoin fait partie de ces auteurs rares avec lesquels il se passe quelque chose sur le papier.
En quelques traits, il crée de l'émotion, de la profondeur.
Il se dégage quelque chose d'infiniment beau de ses planches. Son dessin mélange une esthétique brute qui me rappelle le travail sur bois d'un Frans Masereel et une finesse absolue. Je continue d'ailleurs de me demander comment cet auteur n'a pas encore reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême tant il me semble incongru que l'académie des Grands Prix puisse ne pas encore l'avoir adoubé.
Et pourtant...
Baudoin est l'auteur que je voudrais aimer
Mais je n'y arrive pas.
Certaines pages me font frissoner.
Mais son récit, comme toujours, me laisse complètement froid.
Je n'arrive pas à rentrer dans son univers poétique si particulier.
Résumé un livre de Baudoin est impossible et n'a de toutes façons aucin intérêt. Baudoin n'est pas un auteur qu'on raconte, mais que l'on ressent. Il faut en faire l'expérience. Elle n'est juste pas concluante pour moi.
Quelques moments fulgurants me laisse sans voix. Mais, en général, l'ennui s'installe vite. Ce qu'il dit ne touche pas. Je me sens comme à la porte d'un palais magnifique sans en avoir la clé. Portes closes, je suis condamné à en admirer la façade sans pouvoir y pénétrer.
C'est frustrant parce que je sens que Baudoin est un auteur formidable.
Mais son monde me reste étranger.
Commenter  J’apprécie          30
Bande-dessinée plutôt méditative, où Baudoin entremêle souvenirs et réflexions le long de la marche errante d'un homme à la recherche d'une note au delà des montagnes.
On pourrait le lire comme un recueil poétique.
Le dessin est libéré et joue comme l'oeil, exposant parfois les détails sur lesquels l'histoire s'arrête, parfois sur des évocations artistiques.

Mais, toutefois, je n'ai personnellement pas vibré à sa lecture.
A relire plus tard ?
Commenter  J’apprécie          10
J'ai pris ce livre à la bibliothèque tout à fait par hasard. On dit parfois que le hasard fait bien les choses. Cette fois en l'occurrence, ce n'était pas le cas.

Je n'ai pas accroché au style de dessins de l'auteur de manière générale malgré quelques cases que j'ai trouvé réussies. Toutefois je ne me permettrai pas de dire qu'ils sont mauvais. Il s'agit simplement d'une histoire de goûts.

Du côté de l'histoire, je crains qu'il n'y en ai pas vraiment, sinon une sorte d'interrogation philosophique de la part du personnage, qui se demande quelle est sa place sur terre, sans que la moindre ébauche de réponse soit apportée puisque la fin ne ressemble à rien.

C'est le genre de livre pour lequel j'ai du mal à percevoir l'intérêt. Peut-être plaira-t-il à certains, toujours est-il qu'il n'était peut-être tout simplement pas fait pour moi.
Lien : http://hanniballelecteur.ove..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
J’ai vu ainsi le soleil se coucher à Naples, Barcelone, Alexandrie, Beyrouth, Casablanca, Arcachon, Saint Malo, Dieppe, Cargèse en Corse, au nord de la Hollande, sur la mer du Japon, à Chicago sur le lac Michigan, sur le Lac Supérieur aussi, et le lac Huron. À New York, à Valparaiso sur le Pacifique, à Cuba sur la mer des Caraïbes. À Gijón en Espagne, à Lisbonne sur l’embouchure du Tage, en Gaspésie au Québec, à Brest, depuis le pont des navires, d’un voilier. Dans ces espaces et ces minutes exceptionnelles, j’ai vécu des moments d’une telle intensité, d’une telle beauté, que mourir dans ces instants m’aurait semblé naturel. Pourtant, je dois admettre aujourd’hui qu’un coucher de soleil, c’est simplement un coucher de soleil.je veux dire dans ce Simplement que ces instants ne sont pas obligatoirement plus beaux vécus à La Havane plutôt qu’à Marseille.
Commenter  J’apprécie          60
Au Québec, dans un journal Le Devoir, j’ai lu qu’une femme s’était fait faire l’ablation des deux seins, de peur, plus tard, d’avoir un cancer. À Chicago, j’ai vu, sur une affiche, une femme tenant dans ses bras un bébé. Le texte qui accompagnait cette scène expliquait qu’il est important de toucher ses enfants, que le contact avec les parents leur fait du bien. Un soir d’été, à Paris, à la terrasse du café Le Bonaparte, un homme m’a dit qu’il ne pouvait plus dormir depuis que ses riches beaux-parents lui avaient enlevé l’autorisation de voir sa fille âgée de trois ans. Chaque nuit, il allait dans les rues. Il marchait jusqu’à épuisement. Ensuite, il regardait la télé et, quand sa fatigue des yeux était trop grande, il se mettait devant un ventilateur. Il avait ainsi l’impression que le vent créé par le mouvement des pales sur son visage faisait fuir ses obsessions au-delà de son crâne en prison. À quelle vitesse tournaient les pales de son ventilateur ?
Commenter  J’apprécie          40
Une fois, je me promenais dans l’Acadie, une province du Canada français. C’est une belle région avec une économie sinistrée. On y comptabilise énormément de suicides, surtout des jeunes. Merci Wilfred, était écrit en blanc sur le bitume des routes, sur des banderoles, et sa photo collée derrière les vitres des maisons regardait les voitures qui passaient. Wilfred avait gagné une espèce de Star Academy canadienne. Wilfred était acadien. L’Acadie lui était reconnaissante. Un peu plus tard, dans un motel, j’apprenais que les suicides avaient baissé de 50% depuis la victoire de Wilfred. L’océan était gris noir. Il neigeait faiblement. On était en 2003 au mois de mai. En 1944, Pier Paolo Pasolini écrivait dans son carnet : En fait, leur déclin est rapide : à quinze ans, ce sont des idoles enchanteresses, ornées de pudeurs, de tendresses, de vivacités inimaginables ; à dix-huit la grâce prometteuse qui les assoiffait de vie s’est immobilisée. Et leur chère timidité a pris des teintes plus sombres et monotones : il leur reste à apaiser la curiosité de la chair et ça les rend encore vulnérables, c’est-à-dire passionnés. Mais à vingt-deux ans, les jeux sont faits : ils se rendent compte que ce qu’ils pouvaient connaître de ce doux monde, ils l’ont déjà connu ; et ils ne savent pas, dans leur déception, trouver d’autres sources d’illusions. Ils se laissent déchoir dans le cynisme du Je suis ignorant, sans bouger un doigt pour se sauver. Et, avec la maturité, ils pourront vaincre l’indifférenciation absolue de deux façons seulement : avec la gaieté de l’ivrogne ou le sérieux du bigot.
Commenter  J’apprécie          20
Combien de marins. Combien de capitaines. Sous la surface dorment les baleines. Des bouts de phrase qui se répètent et qui fuient dans l’eau noire. Des idées molles englouties dans le remous des hélices. Le jour se lève à la poupe. La nuit s’en va devant. Un homme, c’est un accord de musique. Des milliards d’hommes, des milliards d’accords, tous différents. Qu’est-ce que je cherche ? Quelle est ma note ? Mon accord de musique ? Qu’est-ce que j’espère trouver dans mes départs sans arrivée ? Je n’ai rien appris de plus que ce que je savais quand j’ai quitté mon village. Mais je ne sais plus comment faire machine arrière. Trop de temps a passé. Personne ne m’attend plus nulle part depuis longtemps. Personne, et ça ne me paraît même plus étrange. Tout me semble normal. J’ai sans doute dépassé la limite. Quelle limite ? Quelle musique ? Quelle musique ? Comment trouver sa note dans cette cacophonie ? Et surtout pourquoi essayer ?
Commenter  J’apprécie          40
Toujours le soleil se couche sur les mers. Des barques reviennent vers les ports. À leurs poupes, des pêcheurs rangent des objets invisibles, ils préparent le retour aux quais. Ils ignorent l’incendie magnifique sur l’horizon, leurs yeux fixent l’accostage. Ils sont dans le paysage, la carte postale que je regarde. Un jour, je suis allé dans les marges de ma carte postale. J’ai glissé sur l’un des bords, c’était le bord du monde.
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Edmond Baudoin (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edmond Baudoin
Pour ses 50 ans, Futuropolis republiera une série de 5 ouvrages rares qui ont marqué leur époque et l'histoire de la maison d'édition.
Le premier d'entre eux sera Carla, d'Edmond Baudoin et Jacques Lob, un roman graphique majeur qui commence comme ça : un homme, plutôt jeune, hèle un taxi. Une Mercedes noire. À l'intérieur du taxi, une jeune femme, habillée de cuir noir. C'est Carla. L'homme est pressé, vite à l'aéroport, compagnie Transaerial, au départ. Il est anxieux. Quand il arrive, c'est trop tard, l'avion a décollé. Il retrouve Carla, qui lui propose de le ramener en ville. L'homme lui raconte son histoire : le coup de foudre, réciproque, avec une belle étrangère, l'amour fou, la fuite de celle-ci, et cette nouvelle que la radio diffuse dans le taxi : un appareil de la Transaerial, en direction de New York, s'est crashé peu après le décollage, avec à son bord 450 passagers. On ne sait pas s'il y a des survivants...
+ Lire la suite
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (38) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5224 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}