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Critique de jovidalens


Un très beau texte en introduction de cette BD : celui de Paco Ignatio Taibo qui dit si bien ce que j'essaie d'exprimer bien mal : « C'est un travail merveilleux que vous allez lire. Par ce qu'il raconte, mais aussi parce qu'il utilise un des plus grands Arts du XXIème siècle, la Bande Dessinée. Ce langage où se mêlent les réflexions, les dialogues images, l'objectivité et la subjectivité »
Prévenue, et complètement séduite : Chapeau bas !
Excellent titre pour une BD dérangeante écrite et dessinée à 4 mains, 4 yeux et 2 coeurs.
Ces deux là , ils se sont rencontrés à Angoulème, après avoir lu un livre d'un auteur Chilien Roberto Bolano qui a décrit un enfer (un de plus) et un nouveau type de crime : le "féminicide". Encore une ville frontière, livrée en tribut à une guerre de gangs et à une autre plus silencieuse, sournoise, sur les profits.
Baudoin et Troubs sont partis quelques six semaines pour rencontrer ceux qui y vivent à Ciudad Juarez, armés de leurs talents et une seule question aux lèvres : "Quels sont vos rêves ?"
Et ils en ont rencontrés de celles et ceux qui sont coincés sur ce bout de terre mexicaine, séparée par le Rio Grande d'une mirifique ville américaine.
Ciudad Juarez c'est une ville chargée d'histoire, où aujourd'hui on y survit ...si on peut, et plus souvent on y crève ! Salement ! Cruellement ! et avec plus de barbarie pour les femmes.
Oui, mais toute une population y vit, travaille, élève ses enfants, se mobilise pour améliorer le quotidien, créer une vie plus humaine.
Et ce sont ces gens dont ils vont partager la vie, et c'est à ceux-là qu'ils vont poser LA question : "Quels sont vos rêves ?"
Selon certains historiens, ce sont les utopies qui sont les moteurs des avancées sociales, des projets de société du futur. Ici, il n'est question que des rêves, ceux que chacun entretient au fond de son coeur. Et ils sont simples et humbles ces rêves : « travailler », « terminer des études », « être heureux et faire des heureux »,…
De cette confrontation entre ces souhaits et l'extrême dureté de la vie quotidienne on est porté par un formidable élan vital. Pas de pathos , mais un profond respect pour celles et ceux qui y vivent, à Ciudad Juarez, mais aussi à Gaza et ailleurs.
On ne s'habitue pas à ces horreurs mais reste à espérer qu'ils en viendront à bout armés de leurs rêves et de l'énergie qu'ils mettront à les réaliser.
Quant au graphisme, c'est encore Paco Ignatio Taibo qui en parle le mieux ; « le graphisme du livre me déconcerte et me fascine. …Il me rappelle ce qu'ont provoqué chez moi les aquarelles de Delacroix, les carnets africains…Il y a des cases qu'on aimerait garder toujours…Et ces cases deviennent des histoires et ces histoires construisent une des fresques les plus intéressantes que j'ai lues ces dernières années. »
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