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EAN : 9782228886246
389 pages
Payot et Rivages (28/02/1993)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Né le 26 juillet 1875, mort le 6 juin 1961, Carl GUSTAV JUNG est, avec Sigmund FREUD et Alfred ADLER, l'un des "trois grands " dont l'œuvre a révolutionné la psychologie au début de ce siècle. Nul n'était plus qualifié que Charles BAUDOUIN, l'ancien directeur de l'Institut de psychagogie de Genève, pour présenter et expliquer au lecteur cette œuvre, parfois difficile mais toujours enrichissante, qui eut le mérite d'approfondir et de dépasser la découverte initiale d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Trop de légendes urbaines tournent autour de C. G. Jung. Cela l'aurait bien fait rire, lui qui était passionné de mythologies. On l'image éclater de ce rire franc et brave que Charles Baudouin nous décrit lors de sa rencontre avec le vieil homme en 1934, lors du Séminaire de Bâle.


Les rencontres entre l'homme admiré et l'admirateur ne se passent pas toujours bien, preuve que le fantasme est souvent plus nourrissant que la réalité -qu'on évoque par exemple Paul Celan rencontrant Martin Heidegger. Dans le cas de Baudouin et de Jung, pas de mauvaise surprise : l'homme et la théorie s'accordent naturellement. Tout avait déjà été exprimé clairement et Jung n'a plus rien à prouver. Son oeuvre est cohérente puisqu'elle survit à son propre critère de validation : « Lorsqu'un philosophe édifie un système, ou lorsqu'un fondateur de religion en prêche une qui suscite en lui des douleurs corporelles, comme par exemple des troubles stomacaux, c'est à mes yeux le démenti le plus sévère qui puisse lui être infligé. Lorsque je veux savoir si une vérité est bonne et salutaire, si c'est une vraie idée, je me l'incorpore, je l'ingère, pour ainsi dire […]. »


Jung avait écrit Ma Vie lors de ses dernières années et il semble avoir toujours appliqué ce critère de validation à ses propres expériences. Toute période durant laquelle il troqua la vie pour la survie fut pour lui une étape de retranchement et de remise en question. Suivant ainsi la voie de Freud, il reconnaissait que la névrose était un signal d'alarme lancé par l'inconscient pour entamer le dialogue avec le conscient.


Charles Baudouin, psychiatre hybride à la croisée de Freud et de Jung, ne reprend pas ces étapes déjà brillamment résumées par Jung lui-même mais se propose plutôt de comprendre les notions qui en ont résulté. Il cherche également à remédier aux injustices dont Jung a pâti quant à l'appréciation de son oeuvre. Première hérésie lorsqu'il prend ses distances avec Freud en 1912, après une collaboration étroite de près de cinq années : ainsi les chantres du freudisme de la première école répudient-ils Jung sans vouloir reconnaître que celui-ci n'a pas renié les apports de Freud mais les a simplement élargis au point où la paresse les rend méconnaissables. On a reproché à Jung de se perdre dans un au-delà mythique qui n'a plus rien à voir avec la psychologie humaine avec ses notions d'inconscient collectif, d'anima, d'imago, de synchronicité ou d'individuation. Jung s'est défendu de cette hypocrisie –qui reconnaît pourtant souvent par ailleurs que le singulier s'approche le plus exactement par l'universel et le décentrement de soi- en rappelant qu'il ne s'arroge aucune des prétentions qu'on lui attribue. Il soumet des hypothèses de travail dont il reconnaît la validité par le résultat. En ce sens, Jung fait partie de ces premiers psychiatres à développer une éthique de la psychanalyse théoriquement irréprochable. Il refuse ainsi de prendre en charge l'analyse des enfants, considérant que celle-ci résulte d'une déresponsabilisation des parents qui tentent ainsi, consciemment ou non, de repousser les problèmes qu'ils ne veulent pas aborder sur la génération suivante. Il refuse également de soumettre le patient à l'autorité de son interprétation et il remarque que « la méthode d'interprétation de Freud est une explication réductive qui, si elle est maniée de façon exagérée et unilatérale, devient destructrice ». Dans la réalité toutefois, et c'est ce que Charles Baudouin n'a pas ici évoqué, Jung ne s'est pas montré aussi irréprochable qu'il l'aurait voulu. Qu'on se souvienne par exemple de sa relation amoureuse avec Sabrina Spilrein qui, en période de grande fragilité, aurait pu se montrer désastreuse.


Charles Baudouin se concentre en effet aveuglement sur la tâche de nous faire comprendre que les idées de Jung sont d'un bel humanisme. On peut hésiter à l'aborder par peur d'une trop grande complexité ou d'un hermétisme qui n'existent pas. Mais lorsque la rencontre s'effectue, quel soulagement. L'érudition peut servir lorsqu'elle est appliquée au bénéfice de l'homme. Jung nous apprend à reconnaître l'ambivalence inévitable qui caractérise notre condition d'être humain. Il nous explique que nous pouvons progresser au cours de notre existence mais prend garde à nous signaler les pièges que nous rencontrerons inévitablement : ils ne doivent pas nous forcer à abdiquer mais représentent au contraire la preuve que nous progressons.


Tout ce qu'a pensé Jung est peut-être faux mais celui qui s'est trouvé soulevé par ses bras n'y accordera aucune importance. Comme il dit de Dieu qu'il est une « fonction de l'inconscient, […] activation de l'imago divine par une masse dissociée de libido », nous dirons à notre tour que Jung qui apaise, veille et guérit, mérite lui aussi d'exister ne serait-ce qu'en raison des effets bénéfiques de son oeuvre.
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Avec la religion, la philosophie et l'histoire, la psychologie est un des sujets qui me passionnent le plus. Avant de découvrir l'oeuvre du fondateur de la psychologie analytique, je voulais en savoir plus sur l'homme, son parcours personnel et en tant que médecin.
Un livre riche en informations qui m'a permis de pénétrer dans l'univers de ce grand homme sans trop de difficultés. J'ai pu ensuite me plonger dans son autobiographie avec plus d'aisance.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Qu’entend-on au juste quand on nous parle d’un Dieu inconscient de lui-même ? Qui projette son propre doute sur Job sa créature ? D’un Dieu qui avait perdu de vue sa propre sagesse, cette « Sophia » image féminine de l’Esprit saint, et qui tout à coup, du fait même de la dialectique engagée avec Job, se souvient d’elle ? Qu’est-ce que c’est que cette manière de traiter Dieu comme un sujet en psychanalyse ? Qu’entend-on quand on nous dit que ce Dieu, par une sorte d’hiérogamie avec Sophia, aspire à se renouveler ou que, travaillé par les questions troublantes posées par Job l’homme juste, si injustement traité par lui, il change de conduite, acquiert une nouvelle connaissance de soi ? Que signifie ce Dieu qui paraît avoir tiré profit de son expérience et qui oublie souvent son omniscience, pour la consulter parfois ? Ce Dieu qui, en réponse même à la sourde accusation élevée contre lui par l’homme, prend la « décision » de s’incarner dans l’existence humaine ? De sorte que la véritable « réponse à Job » serait l’incarnation de Jésus et, mieux encore, le moment du Lambda sabachtani où Dieu devenu homme mortel vit et éprouve lui-même ce qu’il a fait souffrir à son fidèle serviteur Job.
Le drame est grandiose ; mais que veut-on dire au juste ? Entend-on que ces mouvements « humains, trop humains » se produisent vraiment dans la conscience divine ? Veut-on dire, mais dans un langage directement imagé jusqu’à l’irrévérence, que telle est l’évolution de l’idée que l’homme se fait de Dieu ? Ceci bien plutôt, c’est certain, puisqu’il est entendu une fois pour toutes que le psychologue ne fait pas de métaphysique et que, s’il parle de « Dieu », c’est de l’idée de Dieu ou plutôt de l’image de Dieu, qu’il s’agit. Et c’est bien ainsi qu’il faut l’entendre, lorsqu’on nous rappelle que ce Jahvé a de sombres origines, qu’il a une ombre, un fils « obscur », nommé Satan, que celui-ci, faisant partie de lui d’abord, s’est détaché de lui et, selon certaines rêveries gnostiques, devra être enfin réintégré comme une quatrième personne de la Trinité, devenue enfin Quaternité. Car, que faire du mal, cette donnée inéluctable de la création ? C’est bien là la question humaine et brûlante, inquiétante, irritante comme une pierre de scandale.
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Dans la névrose, c’est l’âme qui est malade ; les symptômes particuliers ne peuvent être envisagés en-dehors de la personnalité totale, ni guéris à fond sans une restauration de cette totalité blessée.
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Il sera peut-être permis de dire que l’inconscient de Jung se distingue de celui de Freud en ce que, pour Freud, l’inconscient apparaît plutôt comme un émiettement, une pulvérisation de processus décapités, non intégrés au moi conscient ou détachés de lui, tandis que Jung dégage une loi selon laquelle ce qui est dissocié tend à se regrouper, à « s’arrondir en personnalité » […]. [...]

Jung, par la suite, n’a jamais cessé […] de considérer l’inconscient en fonction de la dissociation. Ainsi il repensera, de manière originale, le refoulement de Freud, en le comprenant comme une sorte de dissociation devenue chronique.
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Dans le fait même […] que l’enfant se développe selon des lois, organise son vécu selon des schèmes […], on admet implicitement qu’il obéit à des structures psychologiques données. Or Jung, dans le principe, n’en demande pas davantage, lorsqu’il postule un inconscient collectif.
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Si les rites d’initiation de la puberté sont, dans maintes tribus, si impératifs, si exigeants et parfois si cruels, c’est qu’ils parent à un danger considérable : celui qui menace l’adolescent de rester captif de ses fixations premières d’enfance à la famille, auxquelles il importe de l’arracher à tout prix.
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