Voilà bien un livre qui m'a entraîné hors de mes parcours de lecture habituels.
Trouvé dans une boîte à livres, son titre m'a intrigué, la quatrième de couverture était enthousiaste sans toutefois me convaincre…mais étant l'homme aux fourneaux dans notre couple, je l'ai pris.
L'histoire est gentille, les personnages qui suivent un cours de cuisine donné par Lillian sont sympathiques, empreints de bons sentiments mais sont trop survolés à mon goût, chaque chapitre en introduisant un autre.
J'ai aimé par contre la sensualité de l'autrice quand elle nous parle d'une épice, d'un chocolat, d'un tiramisu, d'une fondue :
« Le piquant du beaufort et du comté se mêlait à la légère morsure du vin blanc, et à eux deux, ils fondaient en quelque chose de plus doux, de plus tendre, pour rencontrer la fermeté du pain qui soutenait l'ensemble. Tapis, presque cachés, au point qu'elle dur prendre une deuxième bouchée pour s'en assurer, se trouvaient le baiser enjoué du kitsch et un murmure de muscade »
Ceci n'est qu'un exemple, le livre n'est pas avare de ces descriptions gourmandes.
Je ne regrette pas ma lecture, cette façon de représenter les odeurs, la texture, l'accord des ingrédients, leur onctuosité dans la bouche m'a séduit.
Mais c'est sans doute tout ce que j'en retiendrai, le côté « bons sentiments » se laisse lire mais sans m'attacher.
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Ce petit livre avait pour première vocation , de me détendre et de me changer les idées après avoir lu le très beau mais terrible témoignage sur les Rohingyas. Il a complétement rempli son rôle. « L'école des saveurs », est un roman culinaire plein de bons sentiments. Les descriptions des plats sont alléchantes et éveillent nos papilles, les relations entre les « élèves » venus prendre des cours de cuisine dans le restaurant de Lillian sont simples, bienveillantes et nous donnent envie de s'inscrire à notre tour à ce type d'atelier. Tous ces êtres fragilisés, vont grâce aux conseils de Lillian confectionner des plats en fonction de ce qu'ils sont, de ce qu'ils veulent faire passer comme message, de ce qu'ils ressentent de l'autre et ….... cela fonctionne ! Chacun va pouvoir apaiser une part de sa souffrance. Ce n'est pas un livre qui révolutionne la littérature ni qui fait réfléchir sur la société mais cela fait parfois du bien de se laisser emporter par une histoire qui frôle le conte et la magie.
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Seule une petite fille espiègle peut imaginer pouvoir guérir sa maman de son abyssal chagrin en cuisinant. Voir sa maman sortir de sa torpeur en faisant un maigre sourire, pousser un faible « mmhh », après avoir avalé la première cuillérée de son plat préparé avec tant d'amour et d'espoir fut pour Lilian son premier succès culinaire.
Peut-être le plus grand, parce qu'il venait du fond du coeur et des tripes.
Il déterminera son avenir, et nous retrouvons Lilian quelques années plus tard à la tête d'un restaurant et animatrice d'un atelier d'apprentis cuisiniers. Des femmes, des hommes venus de tous les horizons s'y retrouvent pour se perfectionner dans l'art de cuisiner. Mais pas seulement !
Claire, Carl, Antonia, Tom, Chloé, Isabelle, Helen, Ian vont apprendre à manier les instruments, à couper la viande, à respecter la nourriture, à bien doser les épices colorés aux odeurs puissantes et indiscrètes. Plus subtilement, ils apprendront à confectionner des menus en fonction du temps qu'il fait, de l'idée que l'on se fait du convive ou de l'amour qu'on lui porte.
Sous l'égide de la grande prêtresse Lilian, une magie délicate va progressivement s'opérer. Tandis que nos huit participants tâtonnent pour faire monter une crème, s'enivrent des chauds arômes des épices, applaudissent aux réussites, rient de bon coeur aux ratages, ils déballent sans même en prendre conscience leur lourd baluchon rempli de toute une vie, plus ou moins longue, avec leurs lots de moments inoubliables, de regrets, de chagrins, et d'amour à revendre.
Dans cette chaleureuse cuisine vite transformée en refuge pour des âmes blessées, l'une va ainsi pouvoir faire la paix avec elle-même, un autre fermer définitivement la porte sur un moment douloureux, celle-ci prendre un nouveaux départ dans sa vie, une autre encore s'affirmer en disant enfin non.
Alors, bien sûr, tout est beau et lisse dans ce livre ! Même les larmes et le chagrin ! Tout est doux comme le velours, onctueux comme la crème, fondant comme un chocolat sur la langue.
On se doute que c'est trop beau pour être vrai. Mais un livre si plein d'optimisme, d'espoir, et de chaleur humaine : quel plaisir et que ça fait du bien !!!
Avec pour moi, en plus, un objectif bien précis et concret pour les semaines à venir : sortir impérativement de mes PJ (pattes jambon).
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Certaines odeurs étaient pointues comme un claquement de talons hauts sur un parquet de bois dur. D’autres évoquaient la chaleur qui flotte dans l’air à la fin de l’été. Lilian observait la façon dont une odeur de fromage en train de fondre attirait les enfants hors de leurs chambres, tout alanguis, dont l’ail leur déliait la langue et leur faisait raconter leur journée à partir d’une simple plaisanterie.
Ian passa le doigt au bord du tiramisu et le porta à sa bouche. La texture était tiède, crémeuse et douce, comme des lèvres s'ouvrant sous les siennes, le goût d'une parfaite imprécision, somptueux et pressant, mystérieux et rassurant. Debout dans la cuisine, Ian attendit Antonia, tous les sens en éveil, vivants, et il pensa que si les étoiles se mettaient soudain à pleuvoir dans sa cuisine en une grande, une somptueuse explosion, il n'en serait pas plus surpris que ça.
Elle prit un morceau de melon entre ses doigts, le roula dans une tranche de viande rose translucide et fit signe à Tom d'ouvrir la bouche. La viande était un murmure de sel contre le fruit dense et sucré. Elle avait le goût d'un été dans un pays chaud, de la peau de Charlie, dans l'arrondi tendre qui reliait son index et son pouce vigoureux. Le vin, par dessus, était vif, comme lorsqu'on remonte prendre de l'air à la surface. Ils mangèrent lentement, de plus en plus lentement, jusqu'à ce que le saladier soit vide.
Quand on y pense, chaque fois qu'on prépare quelque chose à manger, on interrompt un cycle vital. On arrache une carotte, on tue un crabe, ou tout simplement on arrête le développement d'une moisissure sur un morceau de fromage. On mitonne des repas avec ces ingrédients et, ce faisant, on donne vie à autre chose.
— Ian ? Qu’est-ce qui se passe ?
— Elle a dit oui pour le dîner. Je fais quoi, maintenant ?
— Vous cuisinez, Ian.
— Je sais, mais quoi ?
— Eh bien … qu’est ce que vous éprouvez pour elle ?
— Elle est belle, intelligente et …
— Je veux dire, reprit Lillian, d’un ton patient, qu’est ce que vous voulez ?
— Je veux …
Ian se tut, puis sa voix s’éclaircit :
— Je la voudrais pour tout le reste de ma vie.
— Alors cuisinez comme ça.