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Georges Berthier (Traducteur)Francis Thouvenel (Traducteur)
EAN : 9782859405625
672 pages
Phébus (28/01/1999)
3.84/5   32 notes
Résumé :
Shanghaï vers le milieu des années 30 (le Shanghaï de Malraux, celui aussi de Sternberg), où l'avance des troupes japonaises annonce déjà d'autres drames à venir… Dans un palace nouvellement construit, neuf personnages issus d'horizons divers vont être fauchés par une bombe. Neuf destins pathétiques qui résument l'état du monde ; neuf marionnettes humaines manipulées par l'absurdité de la vie, qui vont s'affronter ou s'ignorer, s'aimer et se haïr, pour rien ; neuf p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le 14 août 1938, le centre-ville de Shanghaï est victime d'un bombardement meurtrier qui marque le début de l'attaque du Japon contre la ville. Dès l'introduction Vicki Baum nous annonce que ce bombardement a fait neuf morts à l'intérieur du Shanghaï hôtel. C'est l'histoire de ces neuf personnes qui va nous être racontée : "Nous nous proposons de raconter quelles routes amenèrent à Shanghaï ces neuf personnes, quelle avait été leur vie et comment elles moururent".

La première moitié du roman est donc divisée en neuf chapitres, chacun consacré à un des personnages, depuis son enfance. L'autrice insiste sur les ruptures et les traumatismes précoces qui ont fait de ses héros les adultes qu'ils sont devenus. L'analyse psychologique est finement menée. Ainsi, Jelena Trubova est la fille d'une famille de la bonne bourgeoisie russe. Perdue -ou abandonnée ?- toute petite alors que ses parents fuyaient la révolution, elle a été recueillie par des réfugiés qu'elle méprise et s'est inventée des origines nobles. Plus tard elle a tenté de s'élever en se faisant entretenir par des hommes riches mais elle a le sentiment d'avoir toujours misé sur le mauvais cheval ce qui l'a rendue froide et insensible.

Les origines des personnages sont variées socialement et géographiquement ce qui permet de survoler des événements marquants du début du 20° siècle. Avec les Allemands Emmanuel Hain, Juif converti au christianisme et Kurt Planke, son protégé, ayant brièvement appartenu au Parti Communiste, on a un aperçu de la montée du nazisme, de son emprise et de ses exactions. L'autrice a bien saisi ce qui se tramait là : "bien des gens, qui jusque-là n'avaient rien été, étaient maintenant quelque chose, dont ils pouvaient être fiers : ils étaient aryens allemands".

Avec les Chinois BG Chang et Lung Yen, on découvre la vie des misérables coolies. Ils ont une trajectoire inverse. BG Chang, fils de pauvres mariniers, est devenu un riche banquier tandis que Lung Yen, après la ruine de la ferme familiale, est parti faire le tireur de ricksha à Shanghaï.Il supporte la misère en se droguant à l'opium. Il y a aussi les Américains Ruth Anderson et Frank Taylor qui permettent d'évoquer la crise économique de 1929 et le Japonais Yoshio Murata, la montée du nationalisme dans son pays. Il arrive à certains des personnages de se croiser. J'ai trouvé cette façon de procéder originale et intéressante.

La seconde partie se déroule à Shanghaï dans les jours qui précèdent le bombardement et prend fin le 14 août 1938. Tous les personnages, exilés ou déracinés d'une façon ou d'une autre, se retrouvent dans la ville.Dans la concession internationale les occidentaux vivent en maîtres. Même un simple commis de magasin comme Frank Taylor, obligé de vivre en colocation dans un modeste meublé, peut se payer les services d'un boy. Un personnage reconnaît qu'il ne pourrait plus retourner dans son pays : sa femme s'est habituée à être servie par six domestiques. BG Chang, actionnaire majoritaire du Shanghaï hôtel, accède à ses appartements par un ascenseur réservé : les Chinois ne sont pas admis dans le hall principal. Une vraie situation coloniale où la plupart des Blancs se considèrent -et se comportent- comme supérieurs aux autres. Et je remarque que l'autrice elle-même n'est pas dénuée de préjugés racistes. Elle est moins atteinte cependant que certains de ses personnages. En toile de fond la Chine de l'époque est dirigée par Tchang Kaï-Chek qui souhaite réformer la société avec le mouvement de la vie nouvelle. Yutsing Chang, le fils de BG Chang, est un proche du régime. Il est en désaccord complet avec son père sur ses choix de vie et habité par un sentiment anti-japonais de plus en plus important.

J'ai plutôt apprécié cette lecture. Il me semble que Vicki Baum est bien documentée sur les événements qu'elle relate. L'analyse des sentiments qui sont les ressorts des personnages me paraît bien vue et de nombreuses situations n'ont pas pris une ride. La première partie m'a plus plu que la seconde où j'ai trouvé parfois des longueurs.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Je viens de terminer ce roman qui ne fut pas un long fleuve tranquille.
En effet deux traducteurs font qu'à la lecture c'est inégal.
Un départ laborieux pour le premier chapitre (oeuvre d'un traducteur ) puis soudainement la magie opère grâce au second traducteur qui va tenir la barre le plus souvent (heureusement !).
Le livre est construit en deux parties.
Dans la première l'auteur nous présente un personnage dans chaque chapitre (au nombre de huit ).
Dans la seconde partie, par le fruit du hasard, tous les personnages vont surgir autour du Shanghai Hôtel.
Avec une grande virtuosité Vicki Baum va emboiter les pièces du puzzle.
Nous faire ressentir l'angoisse des différents protagonistes devant l'imminence de la guerre.
Quelques longueurs inutiles ralentissent le récit et le final laisse un goût amer (oeuvre du mauvais traducteur ?), alors que ce roman était plein de miel.
Adeptes de romans cours, prenez une boussole pour ce roman foisonnant !





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Un auteur qui a eu beaucoup de succès en son temps, Vicki Baum, mais qui a dû publier cet ouvrage dans la clandestinité en 1939 car les nazis brûlaient les livres dits "subversifs".
C'est le récit de neuf personnages que rien ne prédisposait à se rencontrer si ce n'est leur passage à Shanghaï, pendant une période troublée.
Un récit enlevé, des personnages contrastés, une bonne finesse psychologique.
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Désolée, je n'ai pas du tout aimé ce livre. Je ne sais pas si cela vient de la traduction. Aucun des personnages ne m'a été sympathique, ni n'a trouvé une quelconque compassion ou empathie. J'ai trouvé le livre trop long et j'ai eu du mal a retenir les portraits des personnages.
Je n'ai pas compris ce qui n'a pas accroché avec ce livre car l'histoire, le concept et la réalité des protagonistes sont tous les ingrédients que j'aiment habituellement.
Par curiosité, je lirai tout de même un autre livre de Vicki Baum.
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Un roman choral qui débute par une catastrophe annoncée d'emblée....
Elle ne sera pas imminente, car la majorité des 670p du roman nous amène d'abord découvrir la vie des 9 personnages qui finiront par se retrouver à Shanghai dans la concession internationale, à la veille de l'invasion Japonaise de l'été 1938, et derrière laquelle on sent se profiler la guerre mondiale.
De Hawaï à la Russie en passant par l'Allemagne, jusqu'à la Chine, c'est un portrait mondial que dresse Vicki Baum, d'une écriture moderne et dynamique, mais aussi sans concession pour aucune nationalité... L'humain dans tous ses défauts, quel que soit le pays....
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Henrich Planke surveilla sa tenue plus qu'il n'avait fait depuis longtemps, porta un nouvel uniforme et accrocha au mur le portrait du Führer, avec sa petite moustache.Le trouble régnait à Berlin : procés de corruption, chômage, recrudescence de crimes, misère et mendicité.
" Les juif, disait Heinrich Planke aigri, les juifs sont cause de tout. On devrait les empoisonner comme des rats.
- Mange donc ta tartine , mon homme", disait pour le calmer Frau Planque, inquiète de l'humeur belliqueuse de son mari.
Kurt quittait la pièce, claquant la porte en manière de protestation. Il était allé un jour à une de ces réunions où son père apportait un si fougueux enthousiasme.Ce qui s'y passait lui parut intéressant, passionnant même,mais répugnant aussi au dernier degré.Ce déchaînement des menaces contre les juifs l'exaspéra et il décida une fois pour toutes qu'il ne pouvait pas être le fils de son père.
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L'extraterritorialité- tant qu'elle durera - est le droit contractuel qu'ont les autres nations de s'installer dans certains districts ou certaines villes et de n'être justiciables que des lois et de la juridiction de leur propre pays.
A l'origine, l'extraterritorialité n'était pas un privilège mais une humiliation pour les étrangers. Les Chinois étaient trop fiers pour laisser les barbares habiter leurs villes. Les étrangers devaient s'installer en dehors, dans des lieux nettement délimités, des régions marécageuses et répugnates. Les fonctionnaires chinois ne voulaient pas s'occuper d'eux et de leurs affaires. C'est ainsi qu'est né Shanghaï.
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On avait accueilli russes, arménien, hongrois, roi détrônés, généraux chinois indésirables mis en congés, Italiens libéraux fuyant Mussolini, réactionnaires, insurgés, réfugiés politiques de tous les pays en proie à des troubles; c'était maintenant le tour des Allemands.
Ils vivaient dans de petits hôtels bon marché, dans des mansardes de la rive gauche, et aussi dans les élégantes maisons neuves du quartier des Champs-Elysée où de riches émigrés offraient à des réfugiés un abri provisoire.
Ils formaient deux camps nettement tranchés : ceux qui avaient fait sortir à temps de l'argent d'Allemagne; et ceux qui vivaient des cinquantes marks qu'on leur permettait de recevoir par mois, ou des secours qu'ils pouvaient trouver.
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C'est le propre des déracinés et exilés de tenir encore à la nourriture et aux livres de leur pays lorsque, depuis longtemps, ils sont devenus étrangers à tout le reste.
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Le docteur Hain fut installé dans une chambrette sur cour au Shanghaï hôtel et considéré comme le médecin de l'hôtel. Il lui arrivait même d'avoir des malades; on l'appelait quand quelqu'un, pris de coliques, redoutait le choléra, ou pour soigner les infections causées par la poussière et qui se manifestaient par des démangeaisons affreuses.Il s'occupait d'atténuer les gueules de bois simple et compliquées et de rappeler à la vie des dames qui avaient pris trop de véronal pour faire peur à leurs amants.
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