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Eugène Bestaux (Traducteur)
EAN : 9782752901460
236 pages
Phébus (02/02/2006)
4.19/5   8 notes
Résumé :
Source : éditions Phébus, 2006

L’un des plus grands romans de Vicki Baum (1924), dans sa veine la plus sombre, la plus « mal-pensante » : celle du terrible Shanghaï Hôtel. Ulle (diminutif d’Ulrich), un gamin qui ne veut pas grandir, est la tête de Turc de son quartier – on est dans une petite ville d’Allemagne, en un temps qui ose s’appeler la Belle Époque. Le gamin fait tôt l’apprentissage de la solitude et de la honte assumée, sinon acceptée. À dix ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bouleversant, bouleversant parce que d'une profonde humanité. Sans pathos, Vicky Baum nous parle de nous, de nos solitudes, parce que nous sommes seuls, aussi bien les animaux que nous autres humains plus ou moins gâtés par la nature.
En ces années folles et gaies du Berlin des années 1920, elle nous parle d'une société rejetant les accidentés de la vie, les mal-foutus, ceux que nous refusons de voir, encore moins de toucher, ceux à qui nous n'accordons pas une once de finesse et d'intelligence.
Vicky Baum plonge son lecteur dans la vie d'Ulle, nain difforme, depuis son enfance jusqu'à sa maturité.
Complètement isolé comme par un mur de verre, tout un chacun le fuit, le rejette. Même pas d'école. Il se forme, s'éduque seul, s'oblige à des travaux difficiles, lutte contre la crasse et surtout se forge une personnalité toute en dignité. Seul avenir pour lui ,rejoindre un cirque, un cirque montrant des "phénomènes". C'est le second chapitre du livre et certainement celui qui m'a le plus touchée : le cirque voyage et ne s'implante nulle part, s'offrant aux regards et aux dégoûts de leurs spectateurs, mais chacun de ces "artistes", du directeur à son boa, rêve, rêve d'une vie normale inatteignable.
Quelques havres de paix et de chaleur : le dialogue avec son père qui essaie de l'armer pour cette vie difficile, l'intérêt d'une vieille demoiselle qui a essayé de lui venir en aide, l'amitié rustre de son compagnon de cirque et surtout, ce lien avec un poète dramaturge qui va comprendre toute la richesse de sa personnalité ...Pour un temps. Et puis, de nouveau cette impossibilité à se faire, vraiment, accepter par les autres et le retour à une vie dont il n'a plus qu'à attendre la délivrance.

Vicky Baum ironise sur la société, celle des gens bien, normaux ; c'est un drôle de troupeau un peu bêlant, qui criera au loup à la vue d'un autre non conforme à leurs normes ou raillera méchamment celui qui ne respectera pas les sacro-saintes règles du bon goût. Mais en face, celui-là le rejeté, le raillé, il nous ressemble tant.

Superbe roman avec de grands et beaux passages, comme le bal des forains, la conversation avec le père dans une forêt printanière, la fête à l'auberge avec les jeunes scouts où l'espace d'un instant Ulle a pu se fondre dans la foule et ses réjouissances, l'amitié respectueuse et réciproque qui naît entre lui et le poète. Tous ces instants merveilleux qui nous font oublier quelques temps notre solitude.
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Dès les premières pages du roman, je pensais découvrir un chef-d'oeuvre. le style de l'auteur , très envoûtant , un personnage principal attachant, l'enfant nain et puis au fur et à mesure que ce dernier quittait l'enfance, la magie a cessé d'opérer... L'histoire , tel un soufflé , est retombée et l'ennui s'est installé. Dommage, tout avait si bien commencé ....
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Un roman efficace sur le rejet social que vivent tous ceux qui sont différents,hors norme (ici un nain)... Mais je n'ai pas été enthousiasmée par ce livre à l'atmosphère oppressante et assez répétitif. Je l'ai fini en lisant "en diagonale".
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
C'est un vieil animal, résigné, assagi et souffrant constamment du froid. Il est roulé sur lui-même contre la paroi de verre qui le sépare de l'installation assez primitive de chauffage et presse son ventre clair, ainsi qu'une ventouse, contre ce coin de chaleur. Tout le reste lui est indifférent. Il a des yeux méprisants dans une face plate où n'apparaît un peu de vie qu'aux jours où on lui sert un lapin à manger.
[...]
M. Murdensack saisit donc sans façon le reptile qui l'y autorise avec la plus parfaite indifférence. Il connaît la vie. Il détend tous les muscles de ses anneaux et se laisse pendre telle une corde inerte et lourde au cou de Murdensack [...] M. Murdensack manipule le corps tiède et vert du boa, l'enroule autour de ses bras et tourne sur lui-même comme un paon. Etonnement général. En cachette il pince l'animal à la gorge jusqu'à ce que, agacé, celui-ci darde sa langue, redresse la tête et la balance rageusement de haut en bas comme un marteau. Quelqu'un pousse un cri. M. Murdensack sue juste ce qu'il faut ; il déroule le serpent et le remet dans son bassin. Le boa s'installe au chaud et s'abandonne à ses fonctions digestives. En somme, il n'est pas malheureux. Il a oublié la forêt vierge et les lianes en guirlande. Il mène à peu près la vie d'un grand acteur retraité et en est à peu près satisfait.
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Car c'est ainsi que les petits sont grands ! Ce que n'étaient certes pas près d'admettre, à l'époque, les amis du susnommé Adolf Hitler, qui n'en était pour lors qu'à monter sur la table dans les brasseries, clamant à la ronde qu'on l'aide à débarrasser la terre de tous les "avortons"
Les analystes politiques ne prenaient pas au sérieux ce trublion très au sérieux...mais la littérature et ses "chimères" sont là, par chance, pour nous ouvrir les yeux quand les spécialistes patentés du réel ne cherchent qu'à nous vendre leurs lunettes roses, histoire de nous persuader que tout va s'arranger demain. (note de l'éditeur, p.12)
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Il le faisait à contrecoeur, et il s'agissait d'un travail pénible : mais c'était justement pour cela qu'il s'y employait. Car son humeur était telle qu'il lui fallait s'imposer des choses difficiles, comme s'il détenait une force en lui qu'il voulût opposer au monde qui le rejetait. (p. 23)
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Mais ils ne réfléchissent pas, constate Ulle. La réflexion est une aptitude spéciale. On y excelle quand la solitude vous prend à la gorge comme une masse brûlante; quand on n’a pas le droit de jouer avec les autres ;quand près de vous on rit, tandis que vous avez envie de pleurer ; quand on serre les poings tout en sachant qu’on est sans force. (...) c'est alors qu'on peut réfléchir, et c'est quelque chose de tout à fait extraordinaire (p. 18)
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Si habitué qu'il fût à réfléchir, Ulle n'avait jamais songé à pareille éventualité. C'était pour lui une découverte écrasante- imaginer qu'en ce monde si dur, où il avait toujours été confronté à des choses qu'il fallait aborder, afin de les vaincre, par la crainte, la révolte, ou un esprit sur la défensive, il pût y avoir ceci : quelqu'un qui en aimât un autre "tout simplement" (p. 50)
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