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Critique de DameLuciole


Ce roman m'a perdu plus d'une fois, entre fort intérêt, désintérêt, attirance, agacement, perplexité.. Il est pourtant particulièrement intéressant, ce point de vue de trois personnes, trois générations de femmes d'une même famille en souffrance.
Ce roman est rarement drôle, le plus souvent triste, alourdi de méchancetés, regrets, violences psychologiques.

Charonne est la voix de l'enfance, mais le style m'a surpris par son vocabulaire recherché, littéraire, cultivé. Elle passe effectivement sa vie dans les livres, malgré tout j'ai eu parfois du mal à accepter la manière de parler un peu trop décalée par rapport à l'âge. Ceci mis à part, j'en suis restée à "pourquoi pas".
J'ai énormément accroché à cette partie du livre, jusqu'à ce qu'apparaisse Liberato. Ce personnage présenté comme voleur puis proxénète, m'a profondément agacée d'autant qu'il reste présent dans sa vie malgré une tentative de viol organisée par ses soins. Elle semble pourtant plus intelligente que ça Charonne.
Je n'ai pas su comment prendre le déferlement raciste qui m'est tombé dessus, nageant dans des eaux troubles : l'auteur participe-t-elle à l'idée, dénonce-t-elle uniquement ? Je pense avoir tranché par un "elle dénonce, il y a des maladresses". Je crois que c'était trop, tout au long du livre, simplement. Les répétitions continues, les rappels racistes et bêtes, m'ont laissé un gout un peu amer : je sais lire un livre et ce qu'il veut véhiculer sans qu'on m'assomme avec.
Charonne aura une chance que n'aura pas eu Gladys : l'amour ; certes pas de ses parents adoptifs, mais de sa grand-mère, et c'est ce qui compte finalement, l'amour pour grandir.

Nelly est la seconde voix, celle de la vieillesse. Regrettant sa jeunesse et sa célébrité, elle ne songe plus qu'à ce passé. Passé qui aura une seconde vie à travers Charonne qui s'identifie à cette grand-mère qui finit par lui donner tout cet amour qu'elle n'a jamais pris le temps de donner à sa propre fille, Gladys. On sent à la lecture, la confusion légère de l'âge, elle passe facilement d'un sujet à un autre sans que cela soit gênant. La rupture de style, bien que le même pourtant, est intéressante : j'ai bien fait la différence de narration entre Charonne et elle. J'ai aimé sentir l'amour pour sa petite fille prendre de la place au fil des pages, j'ai aimé l'inscription de son histoire dans la filiation.

Gladys est la troisième voix, mais cette fois je n'ai guère sentie de différence dans l'écriture et cela m'a gênée autant que le racisme, la méchanceté, la rancune profonde, cruelle parce que d'autres l'ont été avec elle. Rien en elle ne m'a permis de compassion, je n'avais, c'est triste, pas vraiment envie de l'écouter. Pourtant son histoire était intéressante, sa détresse face à la futilité des apparences aurait pu être touchante, son besoin de l'essentiel qu'elle cherche sans le trouver : on a besoin d'amour pour se construire. Ce rejet de sa fille "qui n'est pas sa fille" m'a plombée à l'overdose, je n'ai pu m'attacher.

Au milieu, des fantômes (mais que font-ils là ?), la femme de ménage (raciste forcément) et sa famille envahissante (voleuse, moche, méprisante), et ce racisme encore et toujours présent partout et encore, tous ces personnes m'ont laissée globalement froide, et c'est mon regret. Pas d'attirance particulière sinon une bouffée de gratitude envers Régis qui sort de sa torpeur à la fin du livre, un peu pour Charonne qui tente de vivre malgré cet abandon et ce rejet familial terrible.

J'ai passé un moment parfois agréable, le plus souvent j'étais agacée par les propos répétitifs du roman (et les répétitions racistes, c'est usant), peu attirée par les souffrances diverses hormis Nelly.
Les hommes sont feignants, racistes, violents, les femmes sont racistes, jalouses, égoïstes, en détresse, vivant dans le passé. C'est un roman uniquement de femmes, centrées sur elles-mêmes où l'homme n'a que peu à dire.
La lecture est relativement agréable, mais le livre ne m'a pas passionnée autant qu'il l'aurait pu.

3/5
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