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EAN : 9782707328342
156 pages
Editions de Minuit (05/02/2015)
3.62/5   20 notes
Résumé :
Pour sauver de l'échafaud Geneviève Dixmer - l'héroïne du roman de Dumas et Maquet Le Chevalier de Maison-Rouge-, dont je suis tombé amoureux dans mon adolescence, je ne vois qu'une solution : entrer moi-même dans le livre et devenir l'un de ses personnages. Transporté sous la Révolution, je serai alors confronté à une série de dilemmes éthiques, que la période rend encore plus sensibles ("La fin justifie-t-elle les moyens ? ", "Peut-on sacrifier une personne pour e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
La Feuille Volante n°1036– Avril 2016
AURAIS-JE SAUVÉ GENEVIÈVE DIXMER – Pierre Bayard – Les Éditions de Minuit.
Les gens de ma génération se souviennent sûrement du « Chevalier de Maison-Rouge » qui fut le premier feuilleton télévisé de cape et d'épée diffusé en 1963 d'après l'oeuvre d'Alexandre Dumas et d'Auguste Maquet. Inspiré par la vie d'Alexandre Gonsse de Rougeville, il a ému la France entière. Il retraçait l'histoire de cet aristocrate recherché par la police et caché chez les époux Dixmer, royalistes, qui voulait libérer Marie-Antoinette de la prison du Temple. Parallèlement, Maurice Lindey, un républicain patriote, tombe amoureux de Geneviève Dixmer dont le mari accueille Lindey qui ainsi lui sert de couverture, tout en sachant les sentiments que ce dernier nourrit pour son épouse. La libération de Marie-Antoinette échoue, Geneviève est arrêtée, condamnée à la guillotine. Maurice la rejoint pour mourir avec elle. Cela c'est pour l'histoire tragique qui bouleversa durablement l'auteur, alors âgé d'une dizaine d'années au point que cela modifia, selon son propre aveu, sa notion même de l'amour. En effet, il tomba littéralement amoureux de Geneviève (peut-être aussi à cause du beau visage de l'actrice Anne Doat qui l' incarnait). Aussi était-il tentant pour lui, sans vraiment réécrire le texte, de la retrouver, de voyager dans le temps, d'entrer dans le roman, d'en devenir un de ses personnages, en l'occurrence Lindey, et de tenter, tout en respectant l'intrigue et aussi la personne de Geneviève, de la faire échapper à son injuste sort. Il vivra donc sous le Révolution et ses violences et voyagera à l'intérieur de ce roman par le truchement d'un artefact de lui-même, dans le seul but de la sauver.
Cela paraît surprenant de vouloir ainsi entrer dans un livre, même si ce métalepse a déjà été utilisé notamment par Woody Allen qui ainsi retrouva Emma Bovary ou tourna « La rose pourpre du Caire ». C'est vrai que la fiction autorise l'extraordinaire et même si l'auteur est un être réel et Geneviève un personnage de roman, l'inconscient intervient dans cette relation et la rend possible. D'autre part la lecture attentive d'un texte amène le lecteur à y projeter ses propres fantasmes et à se situer dans un « monde intermédiaire » entre le réel et le fictif. En outre, l'identification à un personnage de roman appartient à l'enfance et nous sommes tous d'anciens enfants qui nous souvenons parfois de cette période. Il n'empêche que malgré tout, on ne peut rien modifier du passé. Notre auteur est donc projeté dans ce Paris de 1793(exactement du 10 mars à la fin octobre) inconnu de lui . Pour autant cet exercice suppose qu'il se mette dans la peau d'un homme de la Révolution, qu'il prenne en compte les données sociologiques, politiques, culturelles, idéologiques, religieuses de l'époque, l'émergence d'idées venues du Siècle des Lumières, le basculement dans la Terreur, les menaces extérieures et intérieures, la situation d'insécurité, tout en restant lui-même et en respectant l'intrigue et son épilogue qu'il connaît, contrairement à Lindey. Cela implique qu'il s'exprime à la première personne, qu'il use de son véritable nom, ce qui n'est pas le cas évidemment dans le texte de Dumas et Maquet. Dès lors, cette période troublée qu'est la Révolution ouvre-t-elle la voie à des problèmes concrets d'éthique extrêmement éloignés des positions philosophiques trop théoriques. Ainsi Lindey-Bayard doit-il choisir entre la femme qu'il aime et son idéal républicain, sa décision emportant nécessairement des conséquences dramatiques et caractérisant un choix impossible. Dès leur première rencontre fortuite, il est amené à se demander s'il doit défendre cette femme qu'il ne connaît pas et qui est peut-être suspecte, au seul motif qu'il en est tombé amoureux au premier regard, question d'autant plus pertinente que, par la suite, il est parfaitement conscient qu'elle se sert de lui et que pour cela il sacrifie volontairement son idéal républicain. Ainsi, peut-on admettre que la fin justifie les moyens dans la mesure où, la libération de la reine entraînerait la mort de Bayard, ramené par les royalistes et leur chef le chevalier de Maison-Rouge, à un simple moyen au service d'une cause supérieure à laquelle il est étranger ? Après avoir été dans le déni de cette situation, Bayard est mis par Geneviève devant le dilemme suivant : trahir la République et la sauver par amour et ainsi se déshonorer lui-même, c'est à dire faire un choix égoïste en trahissant son idéal, où envoyer cette femme à la mort, autrement dit, peut-on mentir et laisser mettre à mort quelqu'un qu'on aime au nom d'un principe dogmatique. Nous sommes dans un cas de conflit des loyautés, de valeurs, mais ici les choses bifurquent quelque peu puisque Geneviève s'offre elle-même (par amour?) à Lindey-Bayard, c'est à dire trahit son mari contre la sauvegarde du chevalier de Maison-Rouge, son frère. Je note que notre auteur se refuse à cette alternative, par principe autant que par devoir. de son côté, le mari n'hésite pas à sacrifier son épouse qui ainsi marche vers l'échafaud en compagnie de son amant qui se livre lui-même pour mourir avec elle.
Ce n'est pas la première fois que l'auteur use de ce subterfuge d'écriture. Déjà dans « Aurais-je été résistant ou bourreau ? », il s'était transporté en France lors de l'occupation allemande de la 2° guerre mondiale, se demandant quelle aurait été son attitude en ces temps troublés. Cet essai qui se situe entre l'analyse littéraire et la philosophie, est émaillé d'exemples, de démonstrations et de citations d'universitaires et de philosophes, pleins aussi d'analepses et de prolepses qui servent le parti-pris de l'auteur pour se réapproprier cette fiction. Reste le concept d'écriture original qui permet l'exploration de la personnalité potentielle de l'auteur ainsi que les problèmes de réflexions et d'éthiques soulevés auxquels je ne souscris pas totalement, notamment celui où il parle de la responsabilité que nous avons envers ceux que nous croisons. Je ne tiens pas non plus l'humanité, dont je fais évidemment partie, en suffisamment haute estime pour l'investir de ces hautes préoccupations, de ces questions d'honneur, de respect et d'amour. J'ai quand même bien aimé ce livre, bien écrit, original dans son concept et dans cette expérience menée dans le contexte du passé mais qui permet aussi de penser le présent et l'avenir. © Hervé GAUTIER – Avril 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer ?

Avant toute chose, je tiens à dire tout le respect et l'admiration que j'ai pour Pierre Bayard, dont j'ai lu bon nombre d'ouvrages et dont j'aimerais, malgré mon âge être encore aujourd'hui l'étudiant fervent et pourquoi pas, l'ami.

Dans cet essai, Pierre Bayard nous prévient que toute (sa) vie aurait été différente s'(il) n'était pas pendant (son) adolescence tombé amoureux de Geneviève Dixmer. Allons bon !

De fait il ne parle pas du personnage du roman de Dumas « le chevalier de Maison Rouge », mais de celui de l'adaptation pour la télévision du roman par Claude Barma en 1963.Et plus encore de l'actrice !

Cette année-là, Anne Doat, jolie blonde de la troupe de Jean Louis Barrault incarnait Geneviève (avec une assez vilaine perruque noire) pour le petit écran et en même temps Doña Musique dans le « soulier de satin » à l'Odéon (la version de sept heures)

Adolescent privé de télé par nature (mes parents n'avaient ni le téléphone ni le précieux medium…), j'allais plus facilement à l'époque au théâtre et à la cinémathèque de la rue d'Ulm qu'au bistrot. Ce fut ma première rencontre avec Anne.

Je n'ai pas vu l'adaptation de Barma, mais je me souviens qu'on en en parlait et quand je vois aujourd'hui la distribution « Barrault Renaud » de ce « petit » feuilleton (comment le faire durer plus ….), Jean Desailly en Maison Rouge, Julien Guillomar en Dixmer, Michel le Royer en Maurice, Dominique Paturel en Lorin, Annie Ducaux en Marie Antoinette et Georges Geret en Simon, je regrette de ne l'avoir pas vu.

Côté femmes, mes fantasmes à l'époque (et encore aujourd'hui…) allaient plutôt vers les blondes à chignon « Hitch », Grace Kelly, Kim Novak, Tippy Hedren, ou les rousses, façon Déborah Kerr et Maureen O'hara
Anne Doat en brune bien que mystérieuse ne m'aurait pas inspiré.

Du coup, voyant que Pierre Bayard écrivait un essai sur le chevalier de Maison Rouge que je n'avais jamais lu et malgré son absolution tacite (comment parler des livres qu'on n'a pas lus) je me suis appuyé l'édition Folio de 2005 lourdement commentée par la grande prêtresse de la Sorbonne (du moins l'imaginé-je ainsi) Sylvie Thorel Cailleteau.

Autant peut-être, exalté comme l'auteur, aurais-je sauté dans le téléfilm en état de « métalepse », autant les personnages de Dumas ne peuvent pas m'inspirer aujourd'hui, ni hier si je puis dire, une quelconque implication dans cette histoire où tout le monde trahit tout le monde.

Pierre Bayard reconnait d'emblée que le roman est mal écrit. C'est peu dire tant la mort de la reine est inéluctable et qui plus est, celles des personnages secondaires (Maurice le niais et Geneviève la niaise) aussi.

Geneviève est une intrigante, soeur de Maison Rouge, vaguement royaliste et vaguement fidèle à son mari et manipule Maurice le lieutenant girouette et puceau pour arriver à ses fins. Quant à Maurice il pense avec sa bite, même si Alexandre Dumas exclut toute implication sexuelle dans l'amour qu'il éprouve pour une inconnue rencontrée en pleine nuit sans lumière à l'image de la marchande de crayons de Bourvil et du dindon de Feydeau (Ah! Lucienne, Lucienne …)

Pour le coup se substituer à Maurice est une bien curieuse démarche dans la mesure où le personnage du roman n'est jamais sympathique surtout dans son insistance à courtiser la femme d'un autre. Pierre Bayard est d'ailleurs constamment en désaccord avec lui (même !) jusqu'à lui rendre son prénom lorsque Geneviève s'offre en échange de la liberté de Maison Rouge. Il ne veut pas d'elle à ce prix (Noblesse de coeur de courte durée comme le montrera la suite).

Gloser agréablement sur l'éthique de principe, l'éthique de conséquence et l'éthique de loyauté me parait à la fois intéressant et... hors sujet. Et ce temps perdu à digresser n'arrange les affaires de personnes. Geneviève se donne finalement à Maurice. C'est à ce moment-là que Pierre Bayard se substitue à lui et se permet quelques phrases allusives sur la qualité de leurs premières étreintes et de l"'enhardissement" progressif de la belle sous les draps.(Jésus, Marie, Joseph !)

Une fois l'acte accompli et réitéré pendant quelques jours, le fantasme assouvi par personnage interposé, il n'existe plus aucune raison de sauver Geneviève d'elle-même, de son amant et de la guillotine. Et le destin s'accomplit.

A tout prendre j'aurais fait le choix de me substituer à Maison Rouge, seul personnage honnête de l'histoire et qui eut peut être, à défaut de sauver la Reine, sauvé Geneviève, sa propre soeur. Averti de l'odieux marché passé avec son mari, il le provoque en duel et lui subtilise le précieux laisser passer.
A l'évidence seul Maison Rouge pouvait forcer sa soeur à vivre.
Sans l'aide de Pierre Bayard,qui a choisi le mauvais rôle, le personnage éponyme se suicide bêtement en amoureux frustré et dans l'indifférence..

Un bien beau sujet qui entre dans la catégorie « comment améliorer les livres ratés ».







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J'ai choisi ce livre de Pierre Bayard (merci pour ce masse critique ! )parce qu'il traite d'une oeuvre de Dumas, un de mes auteurs préférés, et surtout de l'un des romans du cycle de la Révolution que j'ai particulièrement aimé, qui comprend notamment Joseph Balsamo et La comtesse de Charny. de grands moments de lecture…
Pierre Bayard est aussi prof de fac et sincèrement, après avoir terminé son essai, je me suis dit que j'aurai bien aimé l'avoir à Dijon l'année dernière ou il y a deux ans ! D'ailleurs, le premier chapitre s'ouvre sur « Comment entrer dans un livre », où l'auteur prend Jasper Fforde, entre autres, en exemple. Réjouissant !

C'est surtout l'idée de départ qui m'a plu. Vouloir sauver un personnage de roman qui connait une fin tragique, je crois que la plupart des lecteurs l'ont expérimenté au moins une fois dans leur vie. Mais Pierre Bayard était amoureux de Geneviève Dixmer au point de conditionner sa vie amoureuse, et j'ai trouvé cet aveu émouvant.
Il effectue donc un retour dans le passé, dans la peau de Maurice Lindey – dont je ne me souvenais pas vraiment, le pauvre… - et entreprend d'agir non seulement selon les codes de l'époque, mais aussi en fonction de principes philosophiques déterminants, l'éthique des conséquences et l'éthique des principes. Dans la peau d'un républicain qui aime une monarchiste, l'écrivain se pose des questions quant à la légitimité de ses actes et la portée de ses choix. Pas facile de décider entre l'honneur et l'amour, peut-on sacrifier une personne, une idée, un principe ? Au nom de quoi ? La fin justifie-t-elle les moyens, éternel débat… C'est, pour moi, l'un des points forts de cet ouvrage car je suis quelque peu hermétique à la philosophie et ici, je ne me suis pas ennuyée et je n'ai pas trouvé son propos difficile d'accès.
On suit très fidèlement la trame du roman d'Alexandre Dumas jusqu'à son dénouement. Ne craignez donc pas un essai ennuyeux et bavard, car non seulement ces questions posées nourrissent également les réflexions du lecteur et surtout à la lumière des événements troublants et tragiques qui jalonnent ce début d'année, mais les rebondissements et péripéties (du moins pour ceux qui n'ont pas lu le chevalier de Maison Rouge) donnent du rythme et du suspense à cet essai. Je ne révélerai ce qu'il advient des personnages, mais je sais juste que je suis bien contente de ne pas avoir été à la place de Lindey-Bayard !

Grand merci à Babelio et à l'éditeur pour et envoi.
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Etonnant objet que ce texte qui se situe à la croisée de l'analyse littéraire, du roman et de la philosophie ! J'avoue avoir été intriguée par la quatrième de couverture, qui rendait compte de la volonté de l'auteur d'entrer dans un roman de Dumas pour en modifier l'issue et sauver ainsi son héroïne, qui avait fait rêver ses jeunes années. Au-delà du caractère surprenant du projet, ayant moi-même été une fervente lectrice de Dumas - et même si je n'ai pas lu le chevalier de Maison-Rouge, dont il est question ici -, voilà qui ne pouvait que me séduire !

Or, l'auteur ne se contente pas d'entrer dans le roman pour prendre la place du héros et d'en réécrire le texte, ce qui n'aurait somme toute pas été d'un grand intérêt. Transporté à l'époque de la Terreur, il est soumis à des dilemmes d'ordre moral, ce qui peut arriver à tout un chacun, et se voit contraint de s'interroger sur sa conduite dans un contexte où l'on pouvait très vite se retrouver sur l'échafaud. Des questions essentielles, telles que «dois-je obéir à la loi», «dois-je respecter mes principes sans me préoccuper des conséquences que ceux-ci pourraient entraîner» prennent ici un caractère très aigu.
Tout l'intérêt de ce livre, à mon sens - c'est en tout cas ce qui m'a personnellement touchée et intéressée -, c'est que ces questionnements reposent sur l'étude et le cas d'un roman. Il en révèle ainsi toute la portée et indique à quel point l'attitude des personnages peut interroger le lecteur, qui, de ce fait devient acteur de sa lecture (ce livre en est d'ailleurs une sorte d'illustration paroxystique !). Il révèle tout ce qui fait la force, l'intelligence et le pouvoir de la littérature.

En outre, et c'est ce que Pierre Bayard met merveilleusement en lumière, cette étude souligne l'importance du choix des mots ; s'appuyant sur certains dialogues de l'oeuvre de Dumas qu'il retranscrit dans son propre livre, il explique la manière dont le sens se transmet d'un individu à un autre. Une phrase n'est pas une simple juxtaposition de mots : le choix d'un terme plutôt qu'un autre, bien sûr, mais aussi les intonations, le contexte, la gestuelle peuvent en modifier le sens. En fonction de l'ensemble de ces données plus ou moins perceptibles et soumises à interprétation, les personnages peuvent donc emprunter des voies contraires.

En endossant simultanément les rôles de personnage de roman, de commentateur de l'oeuvre, de linguiste et, je dirais, de professeur de philosophie, Pierre Bayard propose un étonnant petit livre d'une rare densité. Il invite à la réflexion en apportant un éclairage passionnant sur la littérature et notre rapport au texte et au langage.
Une tentative littéraire remarquable de la part d'un universitaire enseignant les lettres, dont j'aurais sans doute volontiers suivi les cours si j'étais encore étudiante !

Je remercie vivement Babelio et les Editions de Minuit qui m'ont adressé ce livre, et sans lesquels je n'aurais peut-être pas lu ce texte aussi intéressant qu'original dans sa démarche !

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Original et remarquable nouvel ouvrage de Pierre Bayard, dans la droite ligne de "comment parler des livres que l'on n'a pas lu", "le plagiat par anticipation" et "aurais-je été résistant ou bourreau?". Entrer dans le roman du Paris révolutionnaire qui a fasciné son enfance, pour en changer le cours (ie : une métalepse), et sauver la femme dont il a été (est?) amoureux, est non seulement un défi littéraire mais aussi un pré-texte à l'analyse des situations morales vécues par les personnages, en vive résonance avec notre vie quotidienne : conflit de loyauté, éthique de principe ou éthique de conséquence, engagement sentimental contre engagement politique.

Un livre bref, merveilleusement écrit, habile et subtile, rigoureux dans son analyse sans jamais être ennuyeux, puisqu'il oscille entre le récit héroïque à la réflexion philosophique... à lire sans hésiter!
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La caractéristique majeure de la manipulation est de se servir de l'Autre comme d'un objet, et pire encore, de le faire à son insu. L'Autre est ainsi doublement dépossédé de lui-même. Il l'est une première fois en ce qu'il est privé de son statut de sujet. Mais il l'est aussi, et plus gravement, en ce qu'il ignore même la privation de liberté psychique dont il est victime.
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Comme Freud le faisait justement remarquer, un trop grand nombre d'arguments est parfois l'indice qu'aucun d'eux n'est le véritable.
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Le déni est l'un des plus grands mécanismes de défense inconscients utilisés par l’être humain pour se protéger de la violence insoutenable de la réalité.
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Passer du monde réel au monde fictionnel =METALEPSE.
Clivage .Un livre est un espace de transition recréé différemment par chaque lecteur.
Choisir entre plusieurs actions selon une éthique des principes ou des conséquences .
Comment ne pas se soumettre à l'autorité et donner la mort aux autres ?Refuser d'entrer dans la pente glissante,refuser que la fin justifie les moyens,que mon choix aie une valeur universelle ,être créatif (sortir du cadre qui emprisonne ) et ouvert à l'humour.
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Vidéo de Pierre Bayard
Nancy Murzilli invite Pierre Bayard & Yves Citton
Dans l'essai de Nancy Murzilli, la fiction est analysée sous le prisme d'une expérience de pensée. Raconter des histoires, jouer au pirate, interpréter un personnage de théâtre ou un rôle social, faire des projets, mentir, rêver, parler aux fantômes ou aux anges, communiquer avec le règne animal, lire l'avenir dans les tarots ou dans les astres, jeter des sorts, écrire des romans… Souvent perçues comme des échappatoires au réel, ces opérations mentales nous permettent de « savoir » et d'« agir » sans utiliser les moyens ordinaires d'information.
En avril et avec la complicité de la comédienne Anne-Laure Sanchez, Nancy Murzilli tirait les cartes à la Princesse de Clèves. Pour cette deuxième rencontre, elle invite deux « personnages » de son livre, Pierre Bayard et Yves Citton, chercheurs reconnus pour leurs travaux sur les fictions littéraires et sociales.
« Tout écrivain qui a discuté un peu longuement avec un lecteur attentif connaît cette expérience d'inquiétante étrangeté où il se rend compte de l'absence de correspondance entre ce qu'il a voulu faire et ce qui en a été compris. » Comment parler des livres que l'on a pas lus ?, Pierre Bayard
À lire – Nancy Murzilli, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, 2023 – Pierre Bayard, Et si les Beatles n'étaient pas nés ?, éd. de Minuit, 2022 – Yves Citton, Altermodernités des Lumières, Seuil, 2022 – Yves Citton, Faire avec. Conflits, coalitions, contagions, Les liens qui libèrent, 2021.
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Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ?

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