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EAN : 9782253031208
250 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.74/5   134 notes
Résumé :
Dans un village de France, on découvre un homme qui vient de nulle part : un homme sans nom, sans famille, sans passé, ou, du moins, se prétendant tel.
Il semble avoir vécu un certain temps caché au cœur de la forêt, cette "église verte ", ultime refuge pour ceux qui veulent fuir leurs semblables.... Ou eux-mêmes.
Quel est son secret ? Hymne vibrant à la nature - dont Hervé Bazin, obstiné campagnard, parle mieux que personne, en connaisseur et en poèt... >Voir plus
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Le livre s'ouvre sur une belle marche en forêt, hors des sentiers balisés. Un massif où des taillis succèdent aux marécages cernés de ronciers. Les jumelles en bandoulière, Claire et son père observent un grimpereau. À Claire, Monsieur Godion, notre narrateur, a donné le goût des longues randonnées dans les bois jouxtant leur campagne. Ils sont des observateurs uniquement préoccupés à capter de leurs yeux toutes les espèces de faune et de flore, la parole rare pour ne rien perdre de cette vie forestière.
Des notes portées par un filet d'air arrivent jusqu'à eux, une flûte qui joue quelques mélodies.
Au bout de leurs jumelles, un homme nu (ses habits sèchent), cheveux, barbe et poils de toute blondeur. Il semble vivre là, sur un petit bout de terre de l'étang de la Marouille.
Quelques jours après, la chasse est ouverte et le « farfelu qui prolonge ses vacances en jouant les Adam, sans Eve, dans la nature » est blessé à la jambe par une erreur de trajectoire de balle. Transporté à l'hôpital, il refusera farouchement de se nommer.

Insolite dans ce village où tout le monde connaît le nom de tout le monde, cet homme sans nom inspire une grande méfiance, la crainte d'un maraudeur qui risque de piller les possessions des uns et des autres.
Et dans notre société, un inconnu ne peut demeurer un inconnu.
Alors tout le monde y va de son interprétation. Vouloir, avec une telle obstination, garder son anonymat est-ce de la provocation, un amusement, un grain de folie, une amnésie, une vocation d'ermite ou bien plus vraisemblablement une fuite pour échapper aux sanctions de terribles méfaits ? L'amnésie sera une hypothèse vite balayée car avec une économie de mots bien contrôlée le blessé y répondra « Je me souviens trop bien de tout. »
Reste que ce cas est bien embarrassant. Que faire d'un homme sans état civil ?
A travers M. Godion, Hervé Bazin nous fera part ironiquement de son étonnement face à « la férocité du Code envers les démunis » alors qu'une simple caution « fournit l'absolution ! »


Piqué d'humour, parfois délicieusement ironique, ce roman est un écrin d'où émane l'amour de l'écrivain pour cette nature à prendre telle qu'elle nous est offerte. On retiendra son souffle devant l'envol d'une bécassine ou plus rarement celui d'une marouette qui surgira d'une haie de joncs. Se faisant d'une butte recouverte de genévrier un mirador, on guettera le cerf. On s'attendrira devant Claire qui repère les différents pièges et annule leurs méfaits sur la faune évitant ainsi quelques innocentes futures victimes. C'est aussi un cri contre la chasse où la faune devient gibier, la chasse pour la gloriole, uniquement faite pour aligner ses trophées.
J'ai pris énormément d'intérêt et de plaisir à déambuler dans la forêt, le verger, le potager et l'atelier de reliure de Claire. Avec le vocabulaire bien étoffé de l'auteur (qui a nécessité plusieurs recherches de définitions !) l'atmosphère de chacun de ces lieux explose au travers de cette si merveilleuse érudition.
Très peu de phrases concernent le mépris des hommes pour cette nature, les souillures qu'ils laissent sur leurs passages, les yeux qui demeurent clos devant ces beautés gratuites, mais elles ne sont que plus frappantes. Que dirait Hervé Bazin du saccage toujours plus avancé de la nature actuelle ? de tous ces sites hautement touristiques qui sont devenus des poubelles à ciel ouvert ? Je me le demande…
Bien sûr, la réflexion principale est celle sur le renoncement à son identité. Est-ce un refus d'appartenance à l'espèce ou juste un rejet de la société telle qu'elle est aujourd'hui ? Peut-il exister un droit à disparaître ?
L'homme qui désire taire son nom et vivre en marge est inévitablement soupçonné de malhonnêteté. « Plaquer la société ça marque mal, c'est un impardonnable désaveu : ne vous étonnez pas qu'elle vous cherche des noises…»
On demeure dans le déni de la situation inverse où la société, loin d'être innocente de tous méfaits, devrait être elle-même sur le banc des accusés…

Et puis, j'ai été véritablement charmée par l'écriture d'Hervé Bazin. Au-delà de l'extrême richesse du vocabulaire j'y ai trouvé une syntaxe élaborée que l'on ne rencontre plus dans les écrits contemporains. Dommage car bon nombre de ses romans ne sont plus édités et heureusement que les trouvailles d'occasion continuent à faire circuler cette si jolie plume.
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Tel un Adonis , un homme bondit hors des roseaux .
Il est nu , doré par les dards du soleil .
En virtuose , il joue de la flûte sous l'oreille attentive et charmée de son seul compagnon : un houret .
Ce chien sauvage n'est pas le seul à être subjugué par le phénomène .
Claire et son père , ancien directeur d'école , sont des passionnés de la forêt et notamment de ces endroits difficiles d'accès . Ils restent cois ; osent à peine respirer .
Une rencontre fugace , une brindille effleurée et notre olibrius disparaît tel un chevreuil aux aguets .
Nos deux promeneurs , hébétés s'en retournent chez eux, le regard amusé , le père murmurant " apprivoiser le houret , c'est du travail d'Orphée " p. 23 .
Bientôt , la nouvelle gagne le village .
On le cherche. On le traque . On le blesse .
Et badaboum ! il gît , blessé à la jambe par un chasseur maladroit .
Conduit à l'hôpital , sans papier d'identité , l'éphèbe hermétique est tourmenté par la maréchaussée .
Qui est-il ?
Un vagabond ? Un braconnier ? Un assassin ? Un ermite ?
Et...
A vous de découvrir son devenir !

Aujourd'hui , plus que jamais , l'être humain est soumis à maintes pressions : appauvrissement de la Terre , disparition de la faune et de la flore , raréfaction de l'eau potable , pollution .
Mais il est collé , presque jour et nuit , à la téléphonie , aux réseaux sociaux : un monde artificiel !
Même les pays pauvres s'y sont mis .
Et ce marché de consommation où les individus sont servis sur un plateau d'argent : le plaisir et le confort , toujours plus !
Que devient l'imagination ? Qui communie encore avec la Nature ?
A force de tout accepter , l'espèce humaine finirait-elle comme dans le film " Soleil Vert " , sorti dans les années 70, quand la Terre se meurt et que les grands et cyniques profiteurs d'une usine fabriquent "des soylent green " à base de cadavres euthanasiés .

Qui pouvait mieux qu'Hervé Bazin , poète et terrien dans l'âme parler avec autant d'amour et de connaissances de la forêt , de ses habitants , tels que la marouette , le grimpereau , la genette ou le butor etc....
Alors que beaucoup d'espèces n'existent plus , ce livre est un véritable album-photos dont un dictionnaire serait le bienvenu .

Il est logique que l'auteur ait campé son personnage principal parmi les chants et les odeurs de la forêt , cet endroit qui lui est si cher .
Un homme qui fuit la civilisation ; qui refuse de porter un nom car il se considère comme " personne " ; juste un frère de la Nature .

Comment un livre d'une richesse pareille , au point de vue des descriptions variées , précises , colorées et insolites ,grâce à un style élaboré , certes , mais ironique , savoureux , gai malgré le sujet , n'a pas eu plus de succès ,
surtout que le thème est grave .




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Dans un village de France, suite à un accident de chasse, on découvre un homme qui vient de nulle part : un homme sans nom, sans famille, sans passé, ou, du moins, se prétendant tel. En faisant irruption ainsi dans la société qu'il avait voulu quitter, l'inconnu apporte à celle-ci un chapelet de problèmes quasiment insolubles. Car tout est nominatif en dehors de « l'église verte » où il avait trouvé refuge, l'administration, la justice …
Ce que nous présente Hervé Bazin n'est pas une « église verte » , mais une cathédrale verte tant son érudition botanique est immense ; complétée d'une réflexion sur l'identité - au sens large - de l'homme, au sens large là aussi …
Bref, un hymne à la forêt doublé d'un questionnement existentiel.
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Suite à un accident de chasse, un jeune homme vivant en ermite au milieu d'une forêt est conduit à l'hôpital.  Il refuse de donner son nom,  ne plie pas sous les menaces, sera incarcéré mais rien n'y changera, il ne révélera pas son identité. Accusé de tous les maux (bétail volé, braconnage), on ne peut concevoir qu'un individu refuse la société, il sera accueilli par l'ancien directeur d'école et sa fille où il essaiera de préserver son anonymat.

Roman profondément humaniste,  hymne à la Nature et à son respect, nature-writing avant l'heure, ode à l'amitié et l'ouverture d'esprit,  Hervé Bazin nous offre une belle histoire tendre et poétique au parfum de fable mais surtout une interrogation philosophique sur l'homme et son identité.
Quel plaisir de lire un roman au vocabulaire et à la syntaxe si travaillés, courant à l'époque de sa parution mais cela devient tellement rare que cela paraît extraordinaire.
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Après avoir été déçu avec Pierre Boulle, j'ai retrouvé avec plaisir Hervé Bazin. Je ne suis pas sûr qu'il soit encore beaucoup lu aujourd'hui et c'est regrettable au vu de la qualité de ce livre.
Écrit en 1981 mais avec des thèmes toujours actuels et qui étaient peut-être même en avance pour l'époque.
Quitter la civilisation pour renouer avec la nature, oublier un passé dont on ne veut plus, tout laisser pour se sentir enfin soi. Mais c'était sans compter avec la société qui n'accepte pas que l'on soit différent, qui juge ceux qui ne s'intègrent pas à elle, qui ne rentrent pas dans le moule.
Des personnages attachants, une nature si bien décrite par l'auteur, c'était un réel plaisir de lire cette histoire et je vous invite à la découvrir à votre tour, histoire de s'éloigner un moment de cette technologie omniprésente et de retrouver dans les pages de ce roman l'odeur de la forêt après la pluie et d'une humanité aujourd'hui bien mal en point.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
(... ) j'ai donné le goût des longues randonnées dans ces bois où nous sommes parfois des cueilleurs de simples , de bolets , de framboises , de noisettes , mais surtout des voyeurs . Je veux dire : des gens qui savent voir , à l'inverse de tant d'autres passant à côté de tout , les yeux ouverts et le regard fermé; des gens qui appartiennent , en pleine nature , à l'ordre des contemplatifs , qui se conduisent comme dans une réserve , qui n'interviennent jamais , qui ne collectionnent rien , qui ne photographient même pas , qui se réjouissent seulement d'identifier cent variétés de papillons , d'oiseaux , de rongeurs et , plus encore , d'observer dans le silence des approches une biche camouflant sa rousseur , une couleuvre en train d'avaler un orvet , un pic à calotte rouge tambourinant ses noces au bord du trou foré pour sa femelle ...
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C'est vrai, j'aime le noir, riche d'autant de variétés que le sont les bleus ou les gris du jour. Ne parlons pas des noirs de ville, rayés de néon, clignant de minuteries. Mais des noirs d'avril qui n'annulent pas les fleurs que leur parfum localise ; des noirs de juillet, plus courts, plus lourds, où s'entend le coup de dent des vaches restées dehors pour brouter de l'invisible ; des noirs d'hiver où la lune s'attarde au flanc pâle des bouleaux, mais ne réussit pas à s'infiltrer sous les sapins. Pour l'instant nous étions dans le noir de maison où c'est la mémoire qui loge les objets et au centimètre près, si besoin est, assure leur présence.
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Claire sait bien que ce jour est l'un des rares où je m'en veuille de vivre ce qu'elle appelle une vie non seulement réglée comme du papier à musique , mais satisfait du refrain .
Un chagrin engourdi, qui se réveille à date fixe , ne mérite pas de ménagement . Cependant , s'il est vrai que les horaires m'ont à ce point mécanisé qu'aujourd'hui encore , retraité soumis sans motif à l'horloge , je me lève à six heures , je mange à douze et à dix-neuf heures , il y a là prolongation d'un règne .
Ma femme , de son vivant , je la trouvais répétitive , et ses habitudes , pourtant continuent à faire la loi .
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Allons ! Plus loin ce sera propre, ce sera vraiment la sylve réservée à ceux qui ont des jambes et qui ne la hantent que pour la gratuite amitié qui unit l'homme, seul animal debout, à l'arbre, qui l'est aussi, mais qui ne saurait rendre visite, qui ne peut que nous recevoir, car notre domaine à nous, c'est l'espace, quand le sien, c'est le temps.
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Car enfin , cher ami , s'il est vrai que les chasseurs tuent par plaisir , par orgueil , par intérêt ( pour le paysan , c'est un rapport analogue à celui de la basse-cour ) , s'il est vrai qu'ils ont décimé , voire détruit des dizaines d'espèces , s'il est faux qu'ils puissent se prétendre protecteurs de la faune sous prétexte qu'ils repeuplent leur territoire de gibier artificiel aussitôt massacré , s'il est scandaleux que les plus sérieux d'entre eux doués d'une belle connaissance de la faune ne sachant l'honorer qu'en la sacrifiant dans les formes ( et fort inutilement : ils ne mangent pas le cerf ) ... nous ne valons guère mieux qu'eux , nous qui avons pitié des bêtes sauvages , mais non des domestiques , nous dont la denture nous oblige à demeurer des carnassiers , vivant des protéines de cadavres que nous assurent le rôti , la saucisse , le caviar ou le foie gras .
Mais de ces contradictions on s'arrange fort bien .
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