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EAN : 9782253004233
318 pages
Grasset (30/11/-1)
3.68/5   213 notes
Résumé :
" Toujours plus vive, la lueur tourne à l'orange, son centre devient éblouissant et, soudain, fuse, monte en torche, livre au vent de longs effilés rougeoyants... Le feu! Plus de doute. C'est le feu. La silhouette balance et frémit. Mais l'homme se redresse aussitôt, se carre sur ce plan de ciel embrasé, dans une espèce de gigue... on dirait qu'il brûle lui-même avec joie, ou, mieux, que la flamme se dégage de lui, qu'il la souffle, poitrine pressée à pleins bras. "... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Quel roman ! tour à tour curieux et fascinant, questionnant, violent avec un bouquet final que l'on ne risque pas d'oublier.

On y retrouve un thème cher à Hervé Bazin, qui est celui de la famille : dans ce roman une famille pas très équilibrée, une maison où ne règne pas le bonheur : une mère, Eva Colu, chez qui on retrouve la malice et la méchanceté de Folcoche, un père, Bertrand Colu, taiseux, gentil, complexé car dévisagé par le feu du lance- flamme dont il fut la victime en 1940, ne se déplaçant jamais sans un passe montagne qui permet d'épargner à son entourage, le spectacle de son physique dévasté, ce qui lui vaut le sobriquet de « tête de drap ».

Entre ces deux parents qui se déchirent, Céline, adolescente de 17 ans à l'intelligence déliée, qui décide de ne pas prendre partie pour l'un ou l'autre, aimant ses deux parents en dépit de leur comportement.



L'huile sur le feu, c'est le roman d'un couple déchiré, mais aussi un récit qui en ferait presque un roman terroir, dans cette campagne Craonnaise où plusieurs fermes brûlent successivement, ce qui génère, dans la communauté de Saint Leup, de grandes tensions : il faut trouver cet incendiaire qui sévit, on juge, on accuse, on se fâche, on sème la discorde, on se surveille, on a peur...



Discorde dans le village, discorde en famille... Hervé Bazin nous offre une analyse psychologique d'individus très intéressante : Eva, sa méchanceté et le génie dont elle use pour gâcher la vie de son conjoint, Bertrand et sa gentillesse, sa douceur et son indifférence apparente, Julienne, amie d'Eva et commère de service, Monsieur Delahaye, dit Héaumes, le chatelain oisif, maire du village, et qui ne semble pas vraiment assumer ses responsabilités.



Et Céline... Drôle de fille que cette jeune fille qui suit son père dans tous ses déplacements, y compris la nuit, qui n'a pas les préoccupations d'une adolescente de son âge, qui épie, devine, et montre la perspicacité d'une adulte...



Malgré quelques passages sybillin que j'ai parfois relu à plusieurs reprises sans vraiment réussir à en extraire le message, j'ai beaucoup apprécié ce roman aux descriptions poétiques de paysages campagnards dans lesquels j'ai souvent eu l'impression d'évoluer, sentant presque la froideur de la brume sur ma peau, paysages qui renferment une part de mystère.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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Saint-Leup du Craonnais : Un village apparemment tranquille jusqu'au jour où les fermes se mettent à brûler les unes après les autres avec une régularité qui exclut le hasard. Naissent le soupçon et la rumeur, ressurgissent les rancoeurs …
L'incendiaire ? car il y a bien un incendiaire, finira par se découvrir plus qu'il ne sera découvert , au milieu d'un microcosme campagnard saisissant : Monsieur Heaume, une espèce de châtelain ; Degoutte, le menuisier, et son fils demeuré ; Ralingue, l'épicier chef des pompiers ; Eva Colu qui fuit une vie devenue insupportable ; Bertrand, son mari, contraint par une abominable brûlure de guerre à vivre masqué et qui, depuis, combat le feu avec acharnement. Céline, la narratrice, fille unique d'Eva et de Bertrand...

En 1985, un sondage de l'IFOP classait Hervé Bazin en tête des « écrivains préférés » des Français. Rien de surprenant quand on lit « L'huile sur le feu » : son style facile permet un déroulement de l'intrigue à vive allure ; à la lueur des incendies, c'est tout un village qui apparaît dans sa complexité rurale peuplée de non-dits, de rancoeurs, de jalousies…

Le premier roman d'Hervé Bazin qui « sent vraiment la feuille morte après la pluie », il reste mon préféré.
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Au premier abord, on pourrait croire à un roman policier. Mais l'enquête n'est qu'un prétexte pour nous livrer une vision de la famille négative et destructrice comme souvent dans les romans d'Hervé Bazin.

Le feu, allégorie du mal, est partout présent dans ce roman. C'est celui qui détruit le village de Saint Leu, qu'un pyromane ne cesse de prendre pour cible. Celui qui enflamme l'esprit d'Eva Colu, détestant l'idée de gâcher sa jeunesse aux côtés d'un mari défiguré lors de la guerre. Celui qui consume le coeur de Bertrand Colu, acceptant toutes les vilénies de son épouse sans dire un mot. Enfin, celui qui anime Céline, leur fille de 16 ans, tiraillée entre deux parents qui se déchirent mais exaltée à l'idée de suivre son père, chef des pompiers, lors de chacune de ses interventions.

La jeune fille est fière de ce père taiseux que tout le village admire pour son courage mais surnomme "Tête-de-Drap" car il cache son visage mutilé sous un cache-montagne. Fière de cet homme qui se moque des colibets et se joue des incendies, qui n'a peur de rien... si ce n'est que sa femme le quitte. D'elle, il accepte tout : les insultes, les mensonges, les trahisons. Et tandis que les adultes s'affrontent, l'adolescente aime et pardonne.

Quel beau roman! C'est vrai, j'ai assez vite compris qu'elle en serait la fin mais, comme je l'ai dit au début de ma critique, l'enquête n'est qu'accessoire. Ce qui importe, ce sont les relations se créant au sein d'une famille, parfois salvatrices, souvent toxiques. Et ce qui nous est dépeint ici c'est le tumulte des émotions qui, comme le feu, peut nous réchauffer... ou nous brûler.
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Années 1950 : Action ! le village de Saint-Leup du Craonnais est la proie d'incendies volontaires répétés. L'incendiaire profitant des moments de liesse et d'accalmie que sont les mariages pour pouvoir agir en toute tranquillité. Les feux se multiplient, et Bernard "Tête-de-drap", le Capitaine des pompiers, a bien du mal à éteindre la fureur des habitants du village et des fermiers dont les toits et le bétail sont menacés par les flammes de l'enfer.
Céline, la narratrice et fille d'Eva et de Bernard Colu (alias "Tête de drap"), raconte la fièvre qui embrase le village, avec l'innocence de ses seize ans. Une innocence qui va petit à petit partir en fumée, quand elle se trouvera confrontée à la réalité de l'Homme et des bassesses dont il peut se rendre coupable.
Coupable la mère ? Une mère qui ne peut marcher que deux mètres devant son homme, un mutilé de guerre. Un homme qu'elle a épousé fort et beau. Un homme que la guerre lui a rendu monstrueux par son apparence, et qu'elle traite pire qu'un animal où un paria.
Coupable le Père ? Un père qui fait profil bas et refuse la séparation avec cette femme qui ne le supporte plus tant sa difformité lui fait horreur. Un père qui préfère affronter les conflits au quotidien, plutôt que rendre la liberté à cette femme qui pourrait l'empêcher de voir sa fille qu'il aime plus que tout.
Coupable la fille ? Une fille qui ne peut pas plus renoncer à l'amour de sa mère qu'à celui de son père, et qui dit : "Ici, moi, je suis la seccotine qui, désespérément, cherche à tout recoller, même l'enfer."
Le feu va bientôt gagner toute la population du village de de Saint-Leup du Craonnais. Un feu qui va consumer le ménage Colu et les villageois dans un même brasier...


Hervé Bazin, qui fut père de sept enfants, est considéré comme un "romancier de la famille". "L"huile sur le feu" ne déroge pas à la règle. Avec les méfaits d'un vilain pyromane en toile de fond, l'auteur nous raconte les difficultés familiales d'un couple au bord de la rupture, nous renvoyant à une époque où le divorce était socialement inacceptable. Ce roman de moeurs nous plonge dans un passé où la mondialisation, l'économie de marché et l'omnipotence d'internet faisaient figure de science-fiction. Une époque où l'homme avait peu de contacts humains en dehors de son village, et où (hormis le curé), son environnement reposait essentiellement sur quatre membres indissolubles dont l'importance décroissante était la suivante : le châtelain, le notaire, le vétérinaire et le médecin...
Roman sorti de la bibliothèque d'une de mes aïeules et longtemps conservé dans la naphtaline, voilà un ouvrage que j'ai savouré de ses prémices à sa fin ultime. Une lecture appréciée tout autant pour sa trame que pour la richesse des mots et des expressions d'époque employées...
Voilà un vieux bouquin qui m'a ouvert l'appétit. Dorénavant, vous retrouverez sur ce blog quelques lectures sorties du grenier. Lectures qui viendront se mêler aux nouveautés !
Viva la diversité !

Lien : http://leslecturesdisabello...
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Je connaissais surtout d'Hervé Bazin son célébrissime "Vipère au poing" qui a non seulement connu un énorme succès de librairie mais qui a été tourné en film, je ne sais plus combien de fois,

Le propos de "L'huile sur le feu" ne porte plus sur la relation tordue entre une mère et son enfant mais plutôt sur les rapports tendus (c'est le moins que l'on puisse dire..) entre une femme et son conjoint.

Rarement un roman a-t-il si aussi bien porté son titre... de l'huile sur le feu des sentiments mais aussi des braises et du vrai feu qui menace de consumer chaque maison, chaque grange et qui alimente une peur collective qui devient démesurée.

J'ai adoré ce roman qui nous replonge dans l'atmosphère odorante, fumante, presque étouffante d'un tout petit village agricole où tout le monde se connait mais se déteste souverainement. L'histoire nous est narrée par la fille du personnage principal ce qui redonne à l'ensemble une légèreté que ce récit n'aurait certainement pas autrement.

"L'Huile sur le feu" est selon moi un très grand roman, à la fois beau et émouvant. Un roman comme je ne l'en avais pas lu depuis longtemps.

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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
ce que je trouve le plus odieux, dans cet homme-là, c'est justement que je n'ai rien à lui reprocher, que j'ai toujours l'air de m'acharner sur un mari modèle . Pour tout le monde, le martyre, ce n'est pas moi, c'est lui .
monsieur est la patience même, la douceur, la fidélité, la morale incarnée. tu le verrais tous les soirs.. jamais il ne s'en va se coucher le premier, même s'il n'a plus rien à faire, il reste sur le pas de sa porte, il attend, c'est recta. il attend que je m'en aille, il me suit des yeux, comme un chien qui, dans un pays où il n'y aurait pas de viande, espérerait quand même son os et, quand je tourne le bouton, il dit bonsoir chérie .d'abord est-ce que ça se dit, chez nous, des bêtises pareilles et puis ça fait des mois, ça fait des années que je ne lui réponds rien . et bien, tu peux me croire, pas une seule fois, pas une seule, il n'a manqué de me le dire son bonsoir chérie tu l'entendrais il a cent façons de le dire.. et, d'après celle qu'il emploie, je suis fixée, je sais si ça va ou si ça ne va pas, si monsieur a du vague dans l'âme, si j'ai fait quelque chose qui ne lui a pas plu... bonsoir chérie! du grave, du sec, du gentil... mais toujours bonsoir et surtout toujours chérie. chérie, sans ma permission chérie, jusqu'à la gauche. je lui en ficherai des bonsoirs je lui en ficherai des chéris!
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Cet incendie-là, on l’avait vu de Segré. A trois kilomètres, il rivalisait de clarté avec un soleil couchant, il parsemait la nuit de millions d’étoiles filantes qui menaçaient tous les fenils du bourg.
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Les ifs obèses faisaient leurs bouddhas, assis dans l’impur gazon d’automne. Je donnai une tape amicale sur la fesse d’une nymphe qui se lavait les pieds depuis deux cents ans dans une vasque de marbre. Déjà nous grimpions les marches de l’escalier moussu, bordé d’un précieux mur de buis que Mme de la Haye était justement en train de rectifier, au millimètre près, avec ses ciseaux à dentelle. [•••] Rien qu’à la façon dont elle taillait ses buis, en croupionnant solennellement, il était facile d’interpréter sa pensée matinale.
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- (...) Je sais bien que tu as un petit compte à régler avec le feu...
- Un petit, en effet!" fit Papa d'une voix creuse. Il se retourna tout d'une pièce, porta la main à son crâne, eut ce geste provocant qui lui était familier et que chacun redoutait. Je criais vainement:
" Non, laisse ça!"
Rien à faire. Papa arrachait son passe-montagne montrant à tous un crâne horrible, rouge et lisse par endroits comme un cul de singe, parsemé ailleurs de cicatrices blanchâtres, de plaques grumeleuses, de boursuflures violacées. Qu'il fût affreux, ce crâne, cela ne me gênait pas. Non, vraiment, s'il gênait Maman, s'il gênait tout le monde, il ne me gênait pas, moi. Mais pourquoi Papa prenait-il plaisir à le montrer avec, dans les yeux, une petite lueur provocante?
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Toujours plus vive, la lueur tourne à l'orange, son centre devient éblouissant et, soudain, fuse, monte en torche, livre au vent de longs effilés rougeoyants... Le feu ! Plus de doute. C'est le feu. La silhouette balance et frémit. Mais l'homme se redresse aussitôt, se carre sur ce plan de ciel embrasé, dans une espèce de gigue... on dirait qu'il brûle lui-même avec joie, ou, mieux, que la flamme se dégage de lui, qu'il la souffle, poitrine pressée à pleins bras.
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