Turkana Boy

La dernière page tournée, la langue de Jean-François Beauchemin résonne encore dans ma tête, et fais frémir mon corps. Brrr, c'est délicieux... Délicieux de tenir loin tout effet de manche galvaudé, d'écarter toute facilité et lieu commun, pour plonger dans une écriture ciselée, fertile, riche d'émotion. Mon Dieu que ça fait du bien.
L'éditeur indique qu'il s'agit d'un roman (très court, au demeurant). Ah bon ? N'espérez pas n'en faire qu'une bouchée en une heure ou deux. On est plus proche du poème, un poème qui se déguise en conte. Chaque phrase se mérite, et vous le rend au centuple.
Pendant la lecture, j'ai ressenti une parenté avec "Le vieil homme et la mer". Probable que ça ait à voir avec le langage universel du conte. Probable aussi que Santiago chez Hemingway affronte le monde de la même façon que Monsieur Bartolomé chez Beauchemin : seul, minuscule mais immense.
Et puis il y a... Il y a... Il y a que les mots de l'écrivain m'ont chamboulé, m'ont éclairé, m'ont nourri comme aucun livre ne l'a fait depuis un bon moment (et pourtant c'est pas faute de chercher). Je savais que cet auteur était un ami fidèle et clairvoyant, mais là il m'a mis à genoux, avec un texte exigeant et singulier parmi ses oeuvres lues jusqu'à présent. Il mériterait plus que ses 5 lecteurs recensés à date sur ce site. Pas grave, je me le garde au chaud dans un repli du coeur.