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EAN : 9782070367689
502 pages
Gallimard (09/05/1972)
3.79/5   318 notes
Résumé :
Je me sens coupable, dit-il. Je me suis reposé bêtement sur les bons sentiments que cette fille me porte, mais ce n'est pas d'une moche petite tentative de séduction qu'il s'agissait. Nous voulions bâtir un vrai trio, une vie à trois bien équilibrée ou personne ne se serait sacrifié : c'était peut-être une gageure, mais au moins ça méritait d'être essayé ! Tandis que si Xavière se conduit comme une petite garce jalouse, si tu es une pauvre victime pendant que je m'a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Vous avez du temps ? Vous cherchez un livre qui va vous poser des tonnes de questions ? le genre de questions qui ne trouveront pas de réponses claires… qui aboutiront sur des questions encore plus nombreuses… vous en voulez ?

(Je m'excuse d'avance du nombre de points d'interrogation nécessaire à cette chronique)

(…et je précise également que le lecteur n'est pas du tout obligé de se bouffer les petites peaux autour des ongles (les envies) comme je l'ai fait, et apprécier ce livre pour ce qu'il est simplement : la première parution d'un mythe de la littérature française…)

Elle est un mythe. Tout a probablement déjà été dit sur elle, sur ses écrits, ce qu'elle a fait, ce que certains auraient aimé qu'elle fasse, etc. Elle s'est avant tout servie de sa propre existence pour écrire, obligeant tout commentaire ou réflexion de s'affranchir de la frontière vie privée / vie publique. Mise à nue, littéralement, ce qui n'empêche de nombreuses zones d'ombres et d'appréciations diverses selon sa grille de lecture de la société…
J'ai ressenti le besoin d'en faire le tour, car ce livre… et bien je l'ai détesté… sans à aucun moment avoir eu envie de le lâcher… sa qualité première venant sans doute de toutes ces questions qu'il m'a posé…

Commençons par le plus évident, le critique de l'intrigue, et de son déroulement.
Une auto-fiction, nourrie d'une expérience vécue, largement commentée, comme manifeste social et moral, ce ménage à trois formé par De Beauvoir et Sartre avec la jeune Olga Kosakiewicz, à qui ce livre est dédié — Ce seul fait, au regard de ce qui suit, est déjà terriblement questionnant, brouillant d'autant plus la perception que l'on peut avoir de cette élève rouennaise, d'origine ukraino-polonaise — où l'on va sans cesse se poser (ou non) la question du vrai, du ressenti de l'auteur, de l'omis, de l'interprété et du librement romancé…

Renommée Xavière dans le roman — question torve : vengeance personnelle ? Ou vision anachronique du lecteur ? (demandez autour de vous, ou bien à Googol… Tibéri devrait sortir en premier…) pourquoi ne pas lui avoir attribué un jolie prénom à consonance slave, Natasha, par exemple ? Je m'égare déjà ? — elle est introduite dans l'histoire, comme presque tous les personnages, sans aucune contextualisation, à part qu'elle vient de Rouen… Jamais Françoise (S. de Beauvoir) ne nous expliquera pour quelles raisons s'est-elle attachée, ou sentie responsable, du destin de cette étrange jeune personne… Il faut s'en référer (volonté ?) à l'histoire réelle pour comprendre que Xavière/Olga était l'élève (mineure…) de Françoise/Simone, mais sans saisir davantage pourquoi la professeure tenait tant à l'« aider »…
Xavière est toxique… elle est chiante… pour un psy, elle serait une « perverse-narcissique ». On a beau se forcer, on a juste envie de l'abandonner sur une aire d'autoroute. On ne lui cherche pas d'excuses… même s'il en existait… Est-ce pour cela que Françoise et Pierre (Jean-Paul Sartre) s'y attachent, au risque de s'y brûler ? Notion de sacrifice ? Expérience existentialiste ? Simple attirance magnétique et physique ? Ou humanisme désintéressé ? Pas de réponses claires… Et puis que risque-t-elle tant à Rouen ? « Gâcher sa vie » comme le craint Françoise, pourquoi ? Reflet d'un parisianisme bourgeois-élitiste ? Ou simple constat des écarts de moeurs entre la Capitale et la Province ? Idem, pas d'explications… ni même d'insinuations…

Simone de Beauvoir invente une soeur à Pierre/Sartre, Elisabeth, artiste-peintre en manque de confiance en elle, mélancolique, voir désespérée. Elle assume un rôle paradoxal, permettant une vision extérieure au trio; imprégnée d'une forme de jalousie informe sur ce qui l'entoure, elle est constamment rejetée malgré ses appels à l'aide… Elle accentue cette sensation que tous les rapports humains, en dehors du couple, sont constitués de veuleries et de détestations…

Formé d'une part importante de dialogues, ce roman se lit assez rapidement. L'auteure nous perd parfois dans ses retranscriptions, à revenir à ligne avec un nouveau tiret, alors que c'est toujours la même personne qui parle (sans doute pour marquer une interruption).. pas très habile…

L'épilogue, que certains ici divulgachent honteusement, fait exploser le compteur de points d'interrogation, tout en donnant une saveur particulière à l'ensemble.

Une foule de questions donc… certaines dynamisées par les débats actuels… des jugements sur une oeuvre à la lumière de la vie privée de son auteur (coucou les autres); des appréciations totémiques d'une majorité n'ayant jamais rien lu d'elle, aux récriminations d'activistes aux quêtes incertaines, la pensée De Beauvoir est difficile à cerner, et c'est assurément tant mieux…
Certains n'hésitent pas, quand il s'agit de la salir, à en attribuer une grande partie à Jean-Paul Sartre, dont la personnalité équivoque ne peut être ignorée, alimentant cette théorie auto-destructrice du patriarcat comme source quasi-unique de tous nos maux. Un chargeur de balles dans le pied pour toutes les femmes de l'Histoire, qui malgré l'indéniable oppression subie plus ou moins selon les sociétés, n'en ont pas moins prise une part importante, impossible à mesurer clairement par ailleurs (à quoi bon ?).

Ce que l'on peut retenir en premier (et c'est bien ce qu'il en reste dans l'imaginaire collectif) : l'influence considérable et positive de ses livres, « le Deuxième Sexe » en premier, sur nos sociétés occidentales.

S'affranchir de certaines contingences grâce à une société en surconsommation énergétique, et des conséquences sur l'organisation sociale, voilà un thème qui mériterait davantage d'attention… (passer son temps au restaurant, c'est sûr que ça libère beaucoup d'espace… le Dôme s'en souvient encore…), si vous me permettez cette digression conceptuelle anachronique…

J'arrête là…Je n'alourdirai pas davantage cette critique en faisant celle de l'existentialisme, ni en développant sur les critiques récentes des « études de genre », et malgré cette note, vous encourage à vous plonger dans ce drame psychologique bourgeois que j'ai beaucoup aimé détester.
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Un livre qui m'a profondément touché lorsque je l'ai lu à 25 ans.J’étais hypnotisé par cette merveilleuse écriture de Simone de Beauvoir que je trouvais d'une sensibilité et d'une intelligence sans égale.Quelle réflexion sur le couple ,sur l'amour et surtout sur cette jalousie qu'il faut combattre car elle n'est pas adaptée à cette histoire d'un trio amoureux qu'elle a accepté malgré elle.
L’héroïne (qui est aussi en partie Simone de Beauvoir )doit exister et accepter au nom d'une libération des mœurs une cohabitation amoureuse avec "l'autre"qui pourtant au plus profond d'elle la déchire,l'humilie,l’insupporte.Un livre magique à lire absolument pour ceux qui ne l'ont pas encore savouré à sa juste valeur.
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J'ai DETESTÉ ce roman prétentieux, reflet d'une grande bourgeoisie qui s'ennuie. Je ne me suis prise un peu au jeu que vers la page 370. Voici 4 raisons de ma déception :

1) Dès les premières lignes, l'histoire est baignée d'un existentialisme que j'ai trouvé assez puéril. Je vous le récapitule : « J'ai une conscience, et le monde extérieur existe à travers ma conscience. Mais autrui aussi a sa propre conscience. Donc, le monde qui existe pour moi, existe aussi pour autrui ? Et moi-même, je ne suis qu'une image pour autrui ? C'est effroyable, je suis dépossédée de mon univers et de mon identité ! Il n'y a qu'une solution, détruire la conscience d'autrui ! » Voilà, j'ai résumé le livre et le propos philosophique. Je vous épargnerai les considérations naïves sur l'absence de conscience des vieux vestons (je vous assure qu'il y en a, page 146). Pour vous prouver ma bonne foi, je vous cite quand même ce passage, parmi tant d'autres : « on ne peut pas réaliser que les autres gens sont des consciences qui se sentent du dedans comme on se sent soi-même, dit Françoise. Quand on entrevoit ça, je trouve que c'est terrifiant : on a l'impression de ne plus être qu'une image dans la tête de quelqu'un d'autre. » (page 18 édition folio 2019).

2) Ce roman est également exécrable pour ses personnages, qui sont désespérément vides et antipathiques, en particulier Xavière, Pierre, Françoise et Elisabeth (presque tous à part Gerbert, que j'ai bien aimé.)

La première, Xavière, est une jeune fille ignare, capricieuse, perverse, manipulatrice et totalement oisive. Oh, pardon, elle a quand même une qualité : d'après Pierre, il y a un certain mérite à être à ce point inactif : « mais tu sais, quand on pousse l'inertie jusqu'au point où elle la pousse, le nom de veulerie ne convient plus, ça prend une espèce de puissance. » (page 163). Ben voyons. Contrairement à ce que les personnages essaient de nous faire croire, je ne trouve Xavière ni intransigeante, ni libre, ni mystérieuse. On se demande bien pourquoi Pierre et Françoise s'entichent d'une pareille grue, qui finit par les encombrer plus qu'autre chose. du coup, j'ai eu beaucoup de mal à croire à cette histoire de trio amoureux, d'ailleurs passablement malsain (mais j'y reviendrai).

Le second, Pierre, est un homme ombrageux, égoïste, presque aussi capricieux et manipulateur que Xavière. Ses moments de tendresse mis à part, il ne songe qu'à son théâtre et ses histoires de coeur, même quand Françoise tombe malade. Il est l'instigateur de ce « trouple » qu'il prétend vouloir harmonieux, mais en réalité, il en est le centre : il dispose des deux dames qui, entre elles, n'ont pas vraiment de relation intime ; tout juste sont-elles amicales (et encore). Pendant la moitié du roman, il n'écoute pas les inquiétudes de Françoise et ne laisse pas son libre arbitre à Xavière : lorsque celle-ci s'intéresse à un autre homme (avec lequel elle finira par coucher pour le narguer), Pierre boude, inflige à tout le monde sa mauvaise humeur, bref, il n'admet pas loyalement que Xavière, si détestable soit-elle, puisse être libre au même titre que Françoise ou lui-même.

Françoise est plus conciliante, encore que ce soit uniquement par contrainte, puisqu'elle passe tout le roman à geindre sur ce ménage à trois qui ne la satisfait pas ; et néanmoins, elle s'y raccroche à chaque fois que Pierre envisage d'y mettre un terme. C'est un personnage vide, triste, qui ne désire rien, qui ne pense rien durablement, Françoise elle-même s'en rend compte. Même son propre visage lui apparaît comme un masque extérieur à elle ! Quel est l'intérêt de créer ce genre d'héroïne ? A la fin, elle trouve finalement au fond d'elle la capacité de désirer… mais pour cela, elle commet des actes pas franchement moraux (je ne vous spoile pas).

Elisabeth, enfin, passe son temps à jouer un rôle, à essayer d'incarner sa propre vie, et même le goût du succès est encore inférieur à l'idée qu'elle s'en faisait. Elle ne cesse de tourner en rond, aussi bien dans ses relations amoureuses que dans ses réflexions philosophiques. Je vous la mime : « si je m'interroge sur la vacuité de mon existence, ne suis-je pas au même instant en train de jouer mon propre rôle ? Donc, même quand je crois critiquer mon rôle, je suis encore en train de le jouer ? »

3) le pire, c'est que ces personnages ne sont pas véritablement des fictions ! Ce sont des émanations autobiographiques : Françoise Miquel, l'écrivaine sage et un brin coincée, c'est Simone de Beauvoir ; Pierre Labrousse, le littéraire qui séduit les femmes par son intellect, c'est Jean-Paul Sartre ; Xavière Pagès, c'est Olga Kozakiewicz. Elisabeth Labrousse, c'est Hélène de Beauvoir ; Gerbert est sans doute inspiré d'un amant de Simone de Beauvoir, peut-être un mélange de J-L. Bost et d'A. Algren. En quoi est-ce gênant, me direz-vous ? Cela m'agace parce que la réalité et la fiction se mélangent bizarrement : on ne sait plus très bien où s'arrêtent la vie et la personnalité de Simone de Beauvoir, et où commencent celles de Françoise Miquel. Est-ce que Sartre, De Beauvoir et toute la clique étaient aussi condescendants, désabusés, superficiels et oisifs que le laissent penser leurs doubles romanesques ? En tous cas, ce récit m'a donné (peut-être à tort ?) une vision négative de ces intellectuels, surtout quand on lit des passages aussi prétentieux que : « Ils étaient là, trois intellectuels français qui méditaient et devisaient dans la paix inquiète d'un petit village de France, en face de la guerre qui se levait. Sous sa trompeuse simplicité, cet instant avait la grandeur d'une page d'histoire. » (page 469).

Françoise, Pierre et Xavière se sentent supérieurs à tout le monde, en particulier à Elisabeth et aux Rouennais. Je cite : « Je les hais, dit Xavière. Je hais cette ville crasseuse, et les gens dans les rues avec leurs regards comme des limaces. » (page 24) ; « C'est dommage qu'elle pourrisse à Rouen. (…) La pauvre gosse, elle m'a fendu l'âme. Ça l'écoeure tellement de rentrer à Rouen. » (page 27). Ils s'ennuient malgré leurs nombreuses distractions, à savoir boire, danser et décortiquer des crevettes sur les banquettes des bistrots (d'ailleurs, la fonction de Xavière, c'est tout bonnement de réenchanter leur vie quotidienne) ; ils croient leurs états d'âme intéressants et originaux (exemple édifiant : « après toutes ces années d'exigences passionnées, de sérénité triomphante et d'âpreté au bonheur, allait-elle devenir comme tant d'autres, une femme résignée ? » page 417. Merci pour les « autres » au passage.) Et contrairement à ce que leurs opinions féroces pourraient suggérer, on a l'impression qu'ils ne font pas grand-chose de leur vie : certes, l'un fait du théâtre, l'autre écrit l'histoire de sa vie, mais visiblement ils ont le loisir de boire toute la nuit et de s'auto-analyser tout le jour, vivant aux crochets d'une certaine tante Christine - qu'ils ne se privent pas de mépriser.

4) Enfin, ce ménage à trois, qui n'en est pas vraiment un, est déséquilibré et oppressant : personne n'y trouve son compte, les personnages ne sont aimables entre eux que par calcul ou par caprice, et éprouvent les uns envers les autres des relations de domination (au début du roman, Françoise éprouve du plaisir à l'idée que Xavière lui « appartient », et, pour mieux la posséder, elle désire connaître les moindres détails de sa vie personnelle, même les plus prosaïques : « Avez-vous fait un shampoing ? Qu'avez-vous mangé ? Je veux tout savoir. » etc. Ensuite, c'est à Pierre que Xavière appartient.) Bref, nos trois « amis » n'en finissent pas de se quereller, de se disputer l'amour de Pierre, de jouer au chat et à la souris, et de psychanalyser Xavière, qui ne mérite pas tant d'intérêt pourtant. Et cela dure 500 pages ! Franchement, qu'est-ce qu'on s'ennuie ! Autre élément dérangeant : à plusieurs reprises, Xavière est comparée à « une toute petite fille » et c'est dans ces moments-là que Françoise l'aime le plus… heu, okay ? Je vais arrêter là ma critique parce que le simple fait de me remémorer ce bouquin m'énerve ;-)

Je mets deux points pour l'épaisseur du livre, qui prouve un certain travail, et pour le nom de Simone de Beauvoir qui fait bien dans la bibliothèque.
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Amorale jusqu'au bout. J'ai aimé ce roman de Simone de Beauvoir particulier,et sombre . L'échec de ce trio était prévisible mais de là à imaginer une telle fin, j'avoue que la manière sournoise dont l'une élimine sa "rivale' m'a marquée car je savais que l'histoire était inspirée du ménage à trois constitué de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et Olga Kosakiewicz donc je n'ai pu m'empêcher de me demander quand commençait la fiction.
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C'est le premier livre publié de Simone de Beauvoir, qui a "transpiré" plusieurs années durant sur son écriture ! Mais quel résultat ! quelle maîtrise aussi bien dans l'écriture, que dans l'analyse des sentiments et la tenue des dialogues, ce qui m'apparaît être une de ses grandes qualités.
En effet, savoir conduire un dialogue ou une discussion, sans faiblesse dans le rythme, en donnant une impression de réel absolument stupéfiante n'a rien d'aisé, mais chez Simone de Beauvoir, cela semble couler de source !
Quel talent, qui n'a rien d'un hasard. Des années durant, l'auteur a gratté le papier, soumis ses essais à la critique vigilante et impitoyable de Sartre, détruit ses brouillons et inlassablement recommencé, jusqu'à cette Invitée, qui a reçu la bénédiction de son compagnon !

Il s'agit bien là d'une histoire vécue, mais transposée dans le milieu du théâtre, qu'elle connaissait assez bien, pour être amie avec Charles Dullin et donc être au fait de la "cuisine théâtrale", dont elle a su user de manière convaincante.
Comme sont convaincants les trois personnages principaux, minutieusement décrits, jusque dans leurs petites manies, ce qui les rend particulièrement vivants pour le lecteur.
Et l'aventure du trio paraît bien enthousiasmante au départ, mais au départ seulement, car on en ressent vite le fragile équilibre et les limites. Limites imposées par Xavière, avec ses bouderies, sa jalousie, ses humeurs imprévisibles, cette perfide volonté de faire souffrir aussi bien Pierre que Françoise ..... jusqu'où ira t'elle et comment Pierre et Françoise s'en défendront-ils ? Et Xavière ne cherche t'elle pas tout simplement à échapper à ces deux aînés, dont l'autorité naturelle contrarie son besoin d'exprimer ses fantaisies de très jeune femme, même si on sent chez elle une volonté manipulatrice ?

Il y a déjà en gestation dans ce roman toutes les qualités qui exploseront dans les Mandarins, le chef d'oeuvre de Simone de Beauvoir, dix ans plus tard !
avec un seul bémol cependant ! la fin, (que je ne dévoilerai pas) mais qui, compte tenu de la personnalité de Françoise, l'héroïne, semble parfaitement anachronique. Il n'est pas admissible que cette femme, raisonnable, mesurée et intelligente, se comporte ainsi, même au comble de la jalousie et de la fureur !
Simone de Beauvoir a t-elle souhaité se débarrasser de ce livre et passer enfin à autre chose ?
La question est posée. Lisez et faites-vous votre propre opinion !
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Vous êtes tellement dans l'instant que n'importe quel avenir vous apparaît comme un rêve ; c'est du temps même que vous doutez.
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Chacun expérimente sa propre conscience comme un absolu. Comment plusieurs absolus seraient-ils compatibles ? C'est aussi mystérieux que la naissance ou la mort. C'est même un tel problème que toutes les philosophies s'y cassent les dents.
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« Elle ne cherchait pas le plaisir d'autrui. Elle s'enchantait égoïstement du plaisir de faire plaisir. »
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Elle regarda Gerbert avec un peu d'agacement; un amour, c'était tout de même moins simple qu'il ne pensait. C'était plus fort que le temps, mais ça se vivait quand même dans le temps et il y avait instant par instant des inquiétudes, des renoncements de menues tristesses; bien sûr tout ça ne comptait guère, mais parce qu'on refusait d'en tenir compte: il fallait parfois un petit effort.
P154
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Non, elle ne trouvait rien d’autre que ce regret abstrait de n’avoir rien à regretter. Sa gorge était serrée, son coeur battait un peu plus vite que de coutume, mais elle ne pouvait même pas croire qu’elle était sincèrement lasse du bonheur ; ce malaise ne lui apportait aucune pathétique révélation ; ce n’était qu’un accident parmi d’autres, une modulation brève et quasi prévisible qui se résoudrait dans la paix. Elle ne se prenait jamais plus à la violence des instants, elle savait bien qu’aucun d’entre eux n’avait de valeur décisive. « Enfermée dans le bonheur », murmura-t-elle ; mais elle sentait une espèce de sourire au-dedans d’elle.
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Vous connaissez Simone de Beauvoir, mais peut-être pas sa soeur Hélène. Pourtant, cette artiste peintre s'est elle aussi engagée pour la cause des femmes.
#feminisme #simonedebeauvoir #cultureprime
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