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Critique de Sharvey


Ce premier des deux tomes concernant la situation de la femme dans le monde qu'elle habite - et a habité - nous informe de façon assez exhaustive sur ce qu'est - et a été - historiquement la position de celle-ci. En débutant par cet élément fondateur qu'est la biologie - début qui est, heureusement, très bien détaillé - De Beauvoir nous relate ensuite ce qu'a été la vie de la femme historiquement, mais aussi mythologiquement, c'est-à-dire de quelle manière elle a, en tant que femme, traversé et marqué les consciences.

Ce livre est très bien fait. Il aborde la condition de la femme par ce qui la détermine en premier lieu, c'est-à-dire le fait biologique. On y apprend ainsi comment la femme, par la menstruation, la grossesse, est placée très rapidement (dès la puberté) face à l'immanence; tandis que l'homme, n'ayant pas à vivre d'événements aussi "traumatisants" physiquement parlant, se découvre plutôt comme aérien et transcendant. La femme se voit alors ramenée sans cesse à son immanence et finit par y rester coincée, par croire que sa vie ne consiste qu'en cela; tandis que l'homme ne ressentant pas le poids de ces chaînes, peut plus facilement se développer dans des sphères transcendantes et croire, à son tour, qu'il n'est pas, ou si peu, soumis aux aléas de la chair. Enchaînant ensuite avec les considérations historiques, De Beauvoir démontre bien comment cette inégalité physiologique, entres autres, a été utilisée âprement de façon à asservir et à soumettre la femme à travers les âges et les époques. Ainsi les hommes, plus souvent qu'autrement, en cherchant à affirmer leur volonté de puissance, n'ont pas eu de mal à écraser les femmes et à les reléguer à des rôles et à des positions de subalternes, voire même, dans certains contextes, d'esclaves. de même, la femme s'est vue déterminée comme altérité, elle s'est vue attribuée le statut de l'Autre, c'est-à-dire d'une conscience différente, séparée mais tout de même bien présente et pouvant entrer en conflit avec le sujet qui la rencontre. La conscience de l'homme, cherchant à devenir souveraine, travaillait ainsi à réduire cette Autre, à la dominer pour pouvoir régner. Elle était aussi la cible idéale sur qui l'on pouvait projeter tout ce que l'on arrivait pas à accepter chez soi, à savoir la peur, le dégoût, l'incertitude, la sentimentalité, etc. C'est de cette façon que toutes sortes de mythes ont existé - et existent encore - au sujet des femmes; on les voit, tour à tour: sorcières, enchanteresses, pécheresses, beautés, anges, nymphes, créations célestes, etc. malheureusement, ces mythes se placent en travers du chemin menant à l'épanouissement des femmes, mais aussi des hommes qui les côtoient et les côtoieront toujours.

Cette lecture a été très bénéfique pour moi, Elle m'a permis de prendre compte de cette réalité qu'est celle de la femme et de son être au monde. L'ouvrage comportant 400 pages, De Beauvoir prend bien la peine d'expliquer et de détailler à coups d'exemples et de faits historiques sa position. Nous pourrions lui reprocher, et cela ne serait pas inexact, une certaine tendance à tracer au crayon noir des éléments de la vie biologique ou historique ne laissant pas beaucoup de place pour la nuance, et pourtant l'exercice s'avère nécessaire pour qui cherche à faire un peu plus de lumière sur la question et, au final, pas si loin de la réalité puisque appuyé par des recherches et une réflexion sérieuse. En terminant, je dirais que ce livre est un livre essentiel pour toutes personnes s'intéressant au féminisme.
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