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Après avoir bien posé et démarqué les différences biologiques entre les hommes et les femmes, ainsi que leurs conséquences historiques et dans l'imaginaire collectif, De Beauvoir se penche ici sur la formation des femmes, sur ce que l'on leur inculque, de même que sur leurs situations dans le monde; elle termine l'ouvrage en donnant quelques pistes ouvrant vers une libération.

Ce livre, autant "coup de poing" que le premier, permet de bien voir la différence d'éducation entre les sexes. De Beauvoir y démontre comment l'éducation de la petite fille, la porte à - déjà - se pencher vers des activités plus calmes et restreintes - à l'attente - tandis que l'éducation dont bénéficie le petit garçon - plus laxiste et ouverte - le dispose à plus d'expérimentations et de découvertes - à l'action. Cette situation s'amplifie à l'adolescence où la jeune fille apprend la beauté, où elle comprend qu'elle doit plaire, mais que pour cela, elle se doit d'être passive, de s'effacer devant les garçons, que: "Toute affirmation d'elle-même diminue sa féminité et ses chances de séduction." (p.98) La jeune fille doit ainsi renoncer à son moi, à ses chances d'épanouissement personnel ce qui explique pourquoi elle se met au service des intérêts et actions de l'homme si facilement: elle cherche à compenser son manque de développement personnel en s'affiliant à celui de l'homme.

La situation de la femme est aussi, trop souvent, problématique; en fait : « La lourde malédiction qui pèse sur elle, c'est que le sens même de son existence n'est pas entre ses mains. » (p.277) Ainsi, dans le mariage comme dans la prostitution ou le célibat, la femme ne peut, bien souvent, se réaliser et s'épanouir à la mesure de ses potentialités. Il en ressort maints rivalités, jalousies, souffrances et désoeuvrement (qui se fait parfois sentir plus tardivement dans sa vie, c'est-à-dire lorsque la femme a accompli ce qu'on attendait d'elle : la maternité et le rôle de femme au foyer le plus souvent, mais en tous les cas : une position plutôt soumise et passive).

Simone de Beauvoir a écrit ses deux livres vers la fin des années 40. La situation a évidemment évolué positivement depuis. Il y a des possibilités de libération et celles-ci ont été saisies par plusieurs. de fait, les femmes réussissent de plus en plus à conquérir leur indépendance; elles travaillent, elles étudient, elles expérimentent différentes sphères d'activités et elles peuvent faire à peu près tout ce que les hommes de leur âge peuvent. Et pourtant, un long chemin reste à parcourir si nous voulons un monde vraiment égalitaire. La femme est encore très prise dans des questions d'images et de séduction. Elle est encore, très souvent, gardienne des valeurs et traditions familiales et les contraintes matérielles de la vie familiale lui incombent en plus grande part dans beaucoup de ménages. En fait, plus qu'il n'en appert dans cette critique, cette situation est d'une grande complexité et un cercle vicieux s'est instauré où chacun des deux camps y perd et y gagne; « (…) les deux sexes sont chacun victimes à la fois de l'autre et de soi (…) chaque camp est complice de son ennemi (…) » (p.637). Cependant, De Beauvoir termine cet ouvrage noblement en nous enjoignant à évoluer collectivement afin de faire « triompher le règne de la liberté » (p.652), règne où les deux genres ont à gagner en liberté mais aussi en authenticité et en épanouissement.


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Je suis arrivée au bout de ce mastodonte de la littérature féministe - volume 1 et 2 - et je n'en suis pas peu fière, j'ai dû sacrément m'accrocher. Pour être honnête, si le premier volume sur la condition physiologique des femmes m'avait semblé barbant, je l'avais également trouvé nécessaire. Il fallait que ces choses soient dites : la capacité qu'ont la plupart des femmes de donner naissance à des enfants n'expliquent et ne justifient en rien les conditions sociales auxquelles elles sont soumises.
Ce deuxième volume - toujours assez barbant dans son ensemble, désolée... - me semble toutefois moins nécessaire et surtout très inégal selon les chapitres. Une grande partie des propos de Simone de Beauvoir s'appuient sur la psychanalyse freudienne - qui a fait et fait toujours beaucoup de mal aux femmes par ailleurs - et les nombreux récits de vie de femmes cités dans ce texte proviennent d'un livre intitulé La femme frigide de Wilhelm Stekel. Je ne sais pas ce que vaut ce livre mais la manière dont Simone de Beauvoir le cite et les extraits qu'elle en donne sans explication critique ne me donne absolument aucune envie de le lire. Notamment, le chapitre consacré à l'initiation sexuelle des jeunes filles est une succession de récits de viol, sans que le mot "viol" ne soit jamais écrit nul part. Simone de Beauvoir les rapportent comme des situations regrettables qui expliquerait le manque d'enthousiasme des femmes quant au sexe. Nul part, elle ne rapporte de récit d'une sexualité libérée et bien vécue. Faut-il en conclure que toutes les femmes dans les années 60 se faisaient violer lors de leur nuit de noce ?
D'autres chapitres en revanche, sur la maternité, l'avortement ou sur la vie de couple, s'appuient moins sur de précédents écrits et semblent provenir davantage de l'expérience et de la réflexion de l'autrice. En général, ils m'ont semblé plus pertinents et toujours d'actualité.
De manière générale, j'ai eu la sensation qu'en voulant expliquer ou justifier certains clichés sur les femmes (frigide, stupide, dépensière, parasite... ), Simone de Beauvoir confirmait la véracité de ces clichés. L'ouvrage a peut-être simplement mal vieilli, ce qui est une excellente nouvelle qui témoigne de l'évolution de la condition des femmes en France au cours des dernières décennies. Certains questionnements sont toujours actuels (vie de couple, maternité), pour beaucoup d'autres les problématiques ont évolué (travail, salaire, avortement, sexualité, contraception...) et se posent différemment de nos jours. Cela dit ces questions se posent toujours...
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« le deuxième sexe » constitue une étude fouillée qui pose, entre autres questions, la question de l'existence ou non d'une identité féminine innée, pour mieux la récuser : « on ne naît pas femme on le devient »…

S'appuyant sur l'infériorisation de la femme à travers les âges dans tous les domaines de la société, hors la maison, Simone de Beauvoir s'attache à démontrer que tout, les parents, la société, la religion, formate les femmes dans leur infériorité par rapport au « mâle » ; et que mariage et enfants sont un piège qui les cloue à la maison et les empêche de se réaliser en tant qu'individu à l'extérieur. D'où le militantisme de Simone de Beauvoir pour une égalité homme/femme qui selon elle rendrait les deux plus libres…

Le deuxième sexe constitue un des piliers du néo-féminisme post soixante-huitard qui connaîtra son apogée dans le milieu des années soixante-dix. le slogan, car c'en est un, «On ne naît pas femme on le devient » faisant écho à l'autre, celui du mouvement de mai 68, «Il est interdit d'interdire».

Quoiqu'il en soit, les faits sont là…présentés, détaillés, analysés. Il n'en reste pas moins que l'interprétation qu'en fait Simone de Beauvoir est parfois un peu « tirée par les cheveux ». Un grand texte, à lire, tout en gardant à l'esprit qu'il s'agit d'un texte militant : le credo d'une femme engagée pour la reconnaissance du droit des femmes.
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Très déçue par ce deuxième tome : alors que dans le premier, Simone de Beauvoir examinait les pressions, les légendes, les mythes, les romans,les écrits, les dictions et tout ce qui fait une culture lourde et pesante d'une image de la femme et qu'elle dénonce, puisqu'il n'y a pas La femme, il y a des femmes. Dans ce deuxième tome elle nous parle de la petite fille, de la jeune fille, de la mère etc. et tombe elle-même dans ce qu'elle dénonçait dans le premier tome, quelle déception, même si elle s'en défend dans l'introduction. Encore plus décevant car les histoires, les représentations, les phrases présentées comme des vérités actuelles ne le sont plus forcément (tandis que dans le premier tome, toutes ces choses faisaient partie de cultures, les faits pouvaient être rattachés au passé ne laissant derrière eux qu'une image pourtant toujours délétère) et les conséquences présentées comme directes non plus. de plus nombre de ces analyses présentées comme des faits normaux, habituels, sont basés sur des romans et des anecdotes et l'aspect scientifique qui était présent auparavant semble avoir disparu. Elle se réfère aussi beaucoup à la psychanalyse.
La partie sur la sexualité est très erronée et bourrée de choses assez choquantes : que la femme est forcément passive, que c'est « toujours une sorte de viol » (p147), que la femme choisi entre plaisir clitoridien (= « indépendance juvénile ») ou vaginal (= qui « la voue à l'homme et à l'enfant »), et que « le coït ne saurait se produire sans le consentement mâle » qui ignore complètement le problème des hommes violés (et y compris par des femmes).
Un deuxième tome que j'ai terminé en me forçant. Autant je conseillerai le premier autant je déconseillerai le second tome. Une très grande différence entre les deux qui m'a fortement étonnée.
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Aller, encore 500 pages sur la femme, les femmes. Certes quelques redondances dans les pensées, quelques longueurs dans les explications, mais là encore, comme pour le premier volume, quelle richesse dans les réflexions et le regard porté sur le féminisme, les femmes, leur passé comme leur avenir.

Je suis saisie de deux sentiments complètement contradictoires à l'issue de la lecture de ces deux tomes : un optimisme, au moment où je me dis « que de chemin parcouru », quelque chose comme une foi inébranlable dans l'âme humaine qui certes ne se montre pas toujours sous son meilleur jour à cause de nombreuses circonstances mais qui détiennent des trésors de fraternité, parfois il est vrai très cachée et même ensevelie depuis longtemps ; puis la désespérance de constater à quel point les progrès sont lents. Il y a plus d'un demi-siècle, Simone de Beauvoir annonçait comme imminente l'égalité homme-femme, celle-ci étant enclenchée par le droit de vote des femmes, entre autres. Et c'est vrai que beaucoup de progrès en ont découlé ou l'ont suivi ; en particulier, le droit à l'avortement. Cette problématique du « birthcontrol » est longuement examinée. Au moment où le droit à l'avortement est remis en cause en plusieurs endroits du monde, il peut être important de connaître certaines données. J'ai appris par exemple qu'il y a eu en France, certaines années, plus d'avortements que de naissances. Et ceci à une époque où l'avortement était interdit donc pratiqué illégalement et donc dangereux. de fait, nous sommes obligés de constater que l'interdiction n'était pas un bon moyen d'empêcher l'avortement. Et c'était surtout une catastrophe pour toutes les femmes de peu de moyen qui avortaient dans des conditions d'hygiène déplorables, risquant ainsi leur vie et leur santé. Je savais que des femmes mourraient de ces avortements clandestins, j'ignorais que beaucoup se trouvaient malades ou handicapées suite à ceux-ci. Et bien sûr les femmes étaient très inégalement traitées suivant leur niveau de fortune…

A cette lecture on mesure mieux l'importance de certaines avancées concernant les femmes et on mesure mieux aussi la gravité de certains reculs à l'heure actuelle dans le monde.
La lecture de ce deuxième tome, comme celle du premier, a été importante pour moi : elle a nourrie mes réflexions et mes discussions et à coup sûr m'a enrichie.

Lien : https://chargedame.wordpress..
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Deuxième partie plus exigeante que la première mais toujours aussi bien construite et instructive.

La bible du féminisme puise beaucoup de ses sources dans la littérature, les citations sont multiples, rendant la lecture parfois indigeste (surtout en police taille de mouche).

Un grand classique que je suis ravie d'avoir lu, qui m'aura fait prendre conscience de l'importance de la liberté, de l'indépendance pour les femmes.
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Beauvoir le précise dans son introduction, elle ne prétend pas cerner l'"éternel féminin" mais la femme "dans l'état actuel de l'éducation et des moeurs". Cela permet de relativiser les descriptions très sombres d'une condition peu enviable en les fixant dans un temps donné et une époque donnée. C'est qu'on n'a plus tout à fait la situation en tête, quand par exemple dans la conclusion il est fait mention des avantages que présenterait une éducation mixte - on se dit "ah mais oui, même ça..."...

Reste qu'on ne sait jamais où la sociologie s'arrête et où commence la considération personnelle de l'auteure qui avait promis dans le tome I de proposer une explication de la sexualité féminine qui ne soit pas que fondée sur la psychanalyse et qui revient tout de même sans arrêt sur cette histoire de frustration du manque de pénis, dont elle avait argumenté justement que la perception était toute masculine et propre à Freud sans incarnation dans le corps féminin. Et puis elle décrit beaucoup si bien qu'on se prend à croire qu'elle dissèque un organe ou qu'elle fait du nominalisme, la tentative de caractériser une ontologie substantielle, bref tout ce qu'elle fuit en vérité... Mais sans doute faut-il vraiment considérer que le propos est daté et vise à faire comprendre, à expliquer, à se mettre dans la peau de (car le lectorat impliqué est sans hésitation masculin), dans un pays donné (la femme africaine est totalement absente de l'étude qui aurait pu donner des analyses différentes) et tend à vouloir provoquer un choc, une action, peut-être une révolution... Donc difficile d'appréhender si Beauvoir parle comme un homme sur les femmes objets pour faire passer le discours (pourrait-elle être crédible si elle se plaçait du côté féminin étant donné ce qu'elle décrit de la condition féminine ? pourrait-elle le faire sans aller à l'affrontement, qu'elle veut justement éviter, le dernier mot du livre étant "fraternité" ?), faut-il prendre son discours pour de la misogynie ou au contraire l'intelligence de ses talent d'auteure - sans doute faut-il considérer que la difficulté du propos et l'ambition du discours justifient qu'elle se place comme ni homme ni femme (aucun témoignage personnel par exemple, ce n'est sûrement pas anodin), ni vivante, ni morte, mais à mi-chemin entre la littérature de nature à provoquer l'incarnation nécessaire à la compréhension du sujet et l'étude sociologique, froide et documentée...

C'est sans doute au fait que l'ensemble paraisse maintenant daté qu'on peut évaluer la qualité du texte : qui sait si tout ne nous semble pas évident aujourd'hui parce que depuis soixante-dix ans les idées de ce livre ne se seraient pas massivement diffusées ?... Il faudrait étudier la réception de l'époque et les effets du livre - qui maintenant est devenu un ouvrage culturel, une borne dans un mouvement d'ensemble... ni vérité éternelle, ni réalité fictionnelle, une manière d'exister...
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Deuxième et dernier volume du ô combien, à mon sens, important et nécessaire essai de S. de Beauvoir sur la condition féminine.

L'ouvrage se compose en une première partie qui nous retrace dans un premier temps le parcours et l'évolution depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte de la femme et qui déjà diffère entre le jeune garçon et la jeune fille.
En plus d'apprendre par cet essai, SdB met en valeur certains aspects sociétaux, physiques et même psychiques permettant de décrire les obstacles que la femme doit affronter dès son plus jeune âge et en se basant également sur des témoignages recueillis ainsi que de nombreux extraits d'essais et romans. Un ensemble extrêmement bien documenté, qui fait naître le besoin de le lire et le relire afin de pouvoir en assimiler toutes les informations et précisions qui y sont relatées à l'instar du premier volet de l'essai.


Le début de l'enfance chez le garçon et la fille se ressemble mais très rapidement, la prise de conscience de la différenciation physique tourne à l'avantage du garçon.
En grandissant, la jeune fille prend également conscience très tôt de l'infériorité de son sexe en découvrant et étudiant ce qui régit le monde notamment à travers les chefs politiques, l'Histoire, la mythologie, et même les romans et les contes...
Le passage à l'âge adulte chez le garçon est synonyme d'ouverture sur le monde, et entraine le développement du sentiment de conquête dans son esprit. A l'inverse, la jeune fille est aux prises de ses transformations physiques et psychiques qui sont alors présentées comme tabous et honteuses.
De même, l'initiation sexuelle constitue un traumatisme pour la femme avec notamment souvent le traumatisme de la « première fois » et la découverte et la prise de conscience de son propre corps transformée face à l'autre.


La seconde partie de l'essai décrit différents contextes et étapes dans le développement de la femme et qui dans la majorité ont fort heureusement évolués positivement depuis la parution de l'ouvrage.

Pour la femme mariée, tout d'abord, le mariage ne s'accompagne par forcément d'amour. C'est alors un enfermement social pour la femme, justifié notamment par la pression sociale de la famille.
Le constat qui est fait est que tant que le mariage se représentera comme une micro-société fermée dans laquelle rien n'est donné et permis à la femme du fait que tout est dû à l'homme de par son sexe et sa fonction dans la société, alors la femme ne pourra s'émanciper pleinement et la relation homme-femme n'en sera que perdante pour les deux sexes.
L'homme et la femme doivent se construire mutuellement dans une relation solidaire afin que chacun puisse en sortir gagnant.

Dans la situation de la femme mère, vient se poser la question de l'avortement ayant été encouragé alors souvent par l'homme.
Après les règles menstruelles, et tout les inconvénients qu'elles provoquent, la femme doit affronter une nouvelle épreuve humiliante liée à sa condition. D'autant plus que cette épreuve est vécue de manière inégale entre les sociétés bourgeoises (bien mieux accompagnées dans cette épreuve) et les sociétés paysannes plus pauvres (laissées à elles-mêmes).
Parallèlement, la grossesse permet à la femme d'acquérir un respect et de jouir pleinement d'être soi-même ceci à travers la présence d'un autre en son sein.
Plus tard, la relation enfant/mère est alors comparable à la relation femme/mari, la mère occupant alors la position dominante face à l'enfant.

Au sein de la société, la femme a vu l'importance de l'attrait et du paraître être mis en avant pour exister. Cette importance est cependant différente selon la position tenue et l'âge : ado, mère, célibataire…
La pression du temps a également été pendant une période omniprésente chez la femme jusqu'aux tâches où la société l'assigne.

La femme a longtemps régné uniquement sur son logis si bien que les réceptions qui y ont été organisées ont souvent constitué un moyen pour elle de s'élever face aux autres.

Chaque période de la vie féminine est marquée par un changement brutal et radical : la puberté en passant par l'initiation sexuelle jusqu'à la ménopause qui se compare alors à la mise en retraite de la femme en fin de servitude par l'homme.
Les critiques sur le caractère des femmes vérifiées ou totalement inventées par la gente masculine ne dépendent aucunement de critères physiologiques mais uniquement de la situation dans laquelle elle est restée enfermée par l'homme.

Fort heureusement, certaines situations et comportements décrits par SdB ont évolués positivement. Néanmoins, les descriptions et analyses qui y sont faites sont d'autant plus parlantes car mêmes si certains points ont évolué, les conclusions découlant de ces analyses n'en sont que plus vraies et doivent être rappelées encore aujourd'hui.
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Ce que j'ai retenu dans ce deuxième tome, lu dans les années 70, lorsque j'étais encore adolescent, en plein débat sur l'avortement, c'est la vie de Simone de Beauvoir, ses expériences essentiellement parisiennes, à partir desquelles elle remonte le fil de la construction de l'identité féminine. C'est complexe et très argumenté, et je l'ai lu en plusieurs fois. Rien n'est laissé au hasard. Par contre, ce fut fondamental dans ma prise de conscience de la condition féminine et ma compréhension de tous les évènements qui ont jalonné la conquête de la liberté pour les femmes de disposer de leur corps, à cette époque.
Ce livre est évidemment fondamental, et je le propose à mes enfants, dès que leur identité d'adulte commence à émerger.
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« À présent, je sais tout sur le vagin de votre patronne » aura écrit François Mauriac à la revue des Temps modernes après avoir lu le Deuxième sexe. Si l'expression est moqueuse, il y a un tout de même un fond de vérité. Car lorsque Simone de Beauvoir se propose de comprendre la situation de la femme pour en expliquer sa condition, elle vise l'exhaustivité. En effet, après un premier tome présentant la femme d'aujourd'hui (deuxième moitié du XXème) sous sa condition biologique, historique, et psychologique, la philosophe poursuit son analyse afin de voir dans quelles mesures ladite condition peut changer.

De Beauvoir pousse ainsi l'analyse et l'interprétation encore plus loin dans ce deuxième tome. Elle n'en reste pas moins tout aussi exhaustive, multipliant les références artistiques et les témoignages. D'un style très accessible, Castor – comme l'appelait Sartre – justifie chaque observation. Maintes fois le lecteur semble découvrir une évidence qui lui avait jusqu'alors échappé. La philosophe réussit à capter l'attention tout au long de son ouvrage : de la remise en question du complexe d'Oedipe jusqu'aux études des femmes les plus névrosées. le seul regret, c'est qu'en tant que lecteur du XXIème siècle, on aurait aimé une actualisation de l'ouvrage. La naissance d'internet et le rapport des femmes à ce média auraient sûrement constitué un chapitre supplémentaire conséquent.

Ceci étant dit, De Beauvoir répond bel et bien à la problématique. Et si les femmes sont passées au crible sous la plume, les hommes ne sont pas en reste. Si bien que la critique touche aussi bien le premier que le deuxième sexe. Simone de Beauvoir n'est d'ailleurs pas tendre avec l'espèce humaine en général et un certain cynisme se dégage par moment : « ce que l'homme et la femme haïssent l'un chez l'autre, c'est l'échec éclatant de sa propre mauvaise foi et de sa propre lâcheté » affirme-t-elle d'ailleurs dans sa conclusion…

Pour autant, cynique ne veut pas dire fataliste. C'est alors que le courant existentialiste se fait sentir. A l'instar de Sartre, De Beauvoir ne croit pas au destin et considère que nous avons tous en nous la possibilité de décider de notre avenir. Seulement, lorsque Beauvoir présente les solutions dans sa conclusion, si l'utopie semble bel et bien possible, on peut y déceler un léger paradoxe amenant à un certain fatalisme. En effet De Beauvoir propose entre autre d'éduquer les enfants pareillement, sans distinction de sexe et de ne pas les abandonner aux parents mais de les faire éduquer par la communauté. L'idée est estimable, mais cela ne signifie-t-il pas que nous, adultes lecteurs, sommes déjà déterminés par notre éducation qui ne fut pas celle décrite ci-dessus ? Dès lors, comment infléchir le cours de notre destin, de notre situation d'homme ou de femme si nous avons été, notre enfance durant, influencés malgré nous ? Simone de Beauvoir semble proposer une solution pour les générations à venir, mais notre présent inégalitaire semble quelque peu perdu. Nous sommes dans une période évolutive, nous ne connaîtrons ainsi pas le fruit de nos actions. C'est en cela que la conclusion semble quelque peu fataliste, ce qui est paradoxal pour une existentialiste…
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