Histoire ecclésiastique du peuple anglais

Bède est considéré comme « le père de l'histoire anglaise ». Né au VIIème siècle, dans le royaume de Northumbrie, ce moine, très érudit, fut le témoin de l'évangélisation des peuples Anglo-Saxons, lesquels avaient envahi l'Angleterre, après le départ des armées romaines, rejetant ainsi les Bretons vers le nord et l'ouest. Il y eut alors un grand élan missionnaire, insufflé par Rome, avec nombre de conversions et de miracles, de guérisons subites, de signes surnaturels. On construisait des monastères et des églises. Il n'était pas rare qu'on exhumât les restes du corps d'un saint ou d'un martyre, pour en faire des reliques, qu'on consacrât une terre ou une source. C'est donc bien d'une histoire ecclésiastique dont il s'agit ici, dont le style répétitif et rigoureux est celui des annales, émaillé, cependant, par maints anecdotes, le plus souvent à caractère religieux, telle que cette vision, bien avant Dante, d'un homme qui en compagnie d'un guide mystérieux visita l'enfer, le purgatoire et le paradis. Bède fut aussi le chantre d'un peuple, les Angles, qui sous l'égide de l'église romaine, tentait de construire une unité politique, face au paganisme, mais aussi le Christianisme des peuples celtiques, qui conservait toute son originalité, et ses lieux prestigieux, tel que le monastère de l'île d'Iona, au nord de l'Ecosse. Ces différences portaient sur la tonsure des moines, la date choisie pour célébrer Pâques, et l'influence du Pélagianisme, combattu par Saint Augustin et considéré comme Hérétique. Pélage, un moine Breton, minimisait l'importance du péché originel et le rôle de la Grâce, c'est-à-dire que l'homme, d'une nature originelle moins corrompue, pouvait accéder au salut sans l'aide de Dieu, faisant ainsi confiance au libre arbitre et à la volonté individuelle. Ces distinctions, dans le cadre d'un christianisme qui s'était répandu sur des terres non romanisées, ainsi que le refus d'une certaine Hiérarchie ecclésiastique, ont caractérisé ce qu'on a appelé le christianisme celtique. Mais Bède dans son ouvrage semble privilégier avec les moines venus d'Ecosse ou d'Irlande le dialogue, bien qu'il montre, à certains endroits, à l'égard des bretons notamment, du racisme : ceux-ci n'ont-ils pas été punis par les Anglo-Saxons, suite à leurs moeurs corrompus ? L'histoire ecclésiastique de Bède reste donc sur cette période « des dark ages » un document des plus précieux même si la lecture peut en être parfois rébarbative.

Bède la Vénérable : ecclésiastique du VIIIème siècle rédige son histoire écclésiastique du peuple anglais à un moment clé de l'histoire de la Grande Bretagne : celui où les Angles instituent leur royaume et où les celtes sont repoussés sur les franges occidentales du monde.
C'est une histoire ecclésiastique avec son rythme et le style si caractéristique de ce genre littéraire, mais au-delà, Bède est le temoin d'une époque et nous offre une vision de son siècle et d el'histoire passée. C'est donc un ouvrage porteur de connaissances sur cette époque complexe.