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Joseph Bédier (Autre)Gaston Paris (Autre)
EAN : 9782264003799
183 pages
10-18 (01/09/1981)
3.75/5   300 notes
Résumé :
Seigneurs, vous plaît-il d'entendre un beau conte d'amour et de mort ? C'est de Tristan et d'Iseut la reine. Ecoutez comment à grand joie, à grand deuil ils s'aimèrent, puis en moururent un même jour, lui par elle, elle par lui. Aux temps anciens, le roi Marc régnait en Cornouailles...
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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C'est une relecture, j'avais gardé un excellent souvenir de ce livre mais j'avais plus ou moins oublié le roi Marc et je voulais lire La folie du roi Marc de Clara Dupont-Monod et avoir les deux visions en tête.
La magie de ce roman est due au fait que nous magnifions cette histoire de Tristan et Iseut alors qu'en fait si ils n'avaient pas bu le philtre rien ne se serait produit. Ce breuvage a fait de nos héros des parjures, des menteurs et des assassins ; ils sont devenus esclaves de leur attraction. Avec le roi Marc tous trois sont victimes du destin qui s'est joué d'eux. Quand au pauvre roi Marc il les aiment tellement qu'il finira par leur pardonner.
D'ici quelques temps, car après avoir posé la question, beaucoup de personnes oublient le philtre, je garderai certainement dans mon souvenir, l'histoire de ces deux amants qui après bien des vicissitudes trouvèrent le repos dans la mort.
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Quelle merveilleuse histoire d'amour !
Dans mon coeur, elle dépasse de loin celle de Roméo et Juliette.

Tristan et Iseut s'aiment et doivent tout braver : la culpabilité, la trahison, la vie précaire, l'éloignement...et malgré l'adversité et les obstacles, ils continuent à s'aimer d'un amour pur et inconditionnel.
Cette histoire d'amour a traversé les siècles. de l'amour courtois du moyen âge à nos films modernes, elle n'a pas pris une ride. C'est une histoire universelle. Comme l'amour peut l'être...

Chacun y retrouvera les sarments d'un amour d'adolescent, les lierres d'un amour bien trop encombrant, les buissons d'un amour ardent, les épines d'un amour interdit, les branches sinueuses et tortueuses d'un amour tourmenté, les ronces s'entrelaçant d'un amour fusionnel et éternel...
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" Iseut, amie, et vous, Tristan, c'est votre mort que vous avez bue !"

Une mort lente, qui consume les amants les plus célèbres de la littérature occidentale, devant Guenièvre et Lancelot, Juliette et Roméo, Scarlett et Rhett, Blanche-Neige et les sept nains ( non, là je m'égare...).

Je ne vous ferai pas l'affront de vous trousser un petit résumé à ma façon, censé dire sans dire, histoire de vous appâter.
Le roman de Tristan et Iseut, on y vient tout naturellement, ou bien contraint par un(e) professeur(e) de français au coeur tendre sous des dehors de dragon.
Pour moi, ç'avait été la seconde option.
Les histoires d'amour dont je savais qu'elles finissent mal en général, comme dit la chanson, très peu pour moi.

Et voilà que cette prof, Mademoiselle S., un dragon, un vrai, dont les yeux lançaient des éclairs pour anéantir l'imprudente qui chuchotait au troisième rang, et qui crachait des flammes pour réduire en cendres la moindre faute de ponctuation, je ne vous parle même pas de l'orthographe, et son ennemi juré, j'ai nommé Montaigne dont elle disait pis que pendre, Mademoiselle S. donc, nous mit cet ouvrage entre les mains en espérant que nos coeurs adolescents y répondraient mieux que nos hormones.
Ricanements des vingt-cinq filles et des deux garçons de ma classe de seconde.
Soit ça allait être cucul, soit on n'allait rien y comprendre, vu que passé Balzac avec qui certains avaient déjà bien du mal, la littérature française virait facilement au javanais pour la plupart.

Au premier round, Mademoiselle S. prit les rênes, et nous fit la lecture, dans un silence d'église. Sa voix était pleine de la passion qu'elle mettait en tout, et elle nous embarqua facilement dans le frêle esquif de cet amour nourri au vin herbé.
Mais nous résistions, tout de même. Explications de texte et devoirs se faisaient avec un sourire narquois.
Au second round, Mademoiselle S. fit lire chacun(e) d'entre nous à voix haute, dans la classe un peu chahuteuse pour le coup. Oh, très peu et à bas bruit, le dragon veillait.
Au troisième round, elle nous demanda de relire l'ensemble de l'ouvrage, tranquillement à la maison, pendant les vacances de février.
Dès le mercredi matin de la rentrée, devoir sur table, quatre heures de dissert' à la clé. Une perspective pas follement alléchante...

Quatrième round, le devoir sur table. Tristan et sa copine Iseut nous avaient eu par KO, tous autant que nous étions. Vingt-sept gamins, à gratter comme des fous furieux jusqu'à la dernière seconde, jusqu'au bout de nos mots tant ces deux-là nous avaient rendus intarissables sur leur amour, courtois ou non.

Mademoiselle S., en nous rendant nos copies, irradiait de fierté : le meilleur travail rendu par cette classe de cancres et d'ignorants sauvages, depuis le début de l'année.
Comme dirait Cyrano, "Qu'à la fin de l'envoi, je touche !"

Grâce à Mademoiselle S., superbe Cyrano de la littérature qu'elle défendait avec fougue, cette magnifique et terrible histoire d'un amour maudit est entrée dans mon coeur pour y faire son nid. Comment y résister ?
C'est une merveille.
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Ma centième critique mérite bien une attention particulière ; ça tombe bien, il s'agit de critiquer une oeuvre elle-même très particulière !

Folio nous propose un récit qui bien qu'étant issu d'une chanson de geste, c'est-à-dire, d'une narration orale, m'a agréablement surprise par la facilité avec laquelle il se lit. le phrasé, pour être ancien, n'en demeure pas moins clair, précis et facile à assimiler. le fond du récit est d'une telle modernité, abordant le thème éternel de l'amour passionné entre un homme et une femme (et plus universellement les rapports entre hommes et femmes) que le lecteur (ou l'auditeur car j'ai lu plusieurs chapitres à haute voix pour essayer de m'imaginer écoutant un ménestrel conter cette très belle épopée) n'est jamais perdu mais se trouve, au contraire, en terrain familier.

En termes de synopsis, je me permettrai de faire court ; les amants dont nous parlons sont célèbres. (Oui, ça y est, j'en est terminé avec le synopsis)

En vérité, en fermant le livre, ma première pensée a été la suivante : "Roméo et Juliette peuvent aller se rhabiller !" parce que l'amour courtois, si certains d'entre vous pensent encore qu'il s'agit d'une forme platonique de la passion amoureuse, ils se trompent ! Au Moyen-Âge, on sait aimer avec son coeur, son âme et son CORPS ! Vous n'attendez pas la dernière ligne du dernier chapitre pour enfin voir s'unir les lèvres tremblantes d'émotion d'amants frustrés dans leur désir depuis trop longtemps... Non, non, non, vous découvrez, tout au long de la chanson de geste un amour très physique, une passion très charnelle, une volupté très incandescente... bref l'Amour. Et cela ne signifie pas qu'il est dénué de poésie ou de charme, bien au contraire, il vous captive par sa pureté, vous ensorcelle par son intensité et vous fait définitivement succomber par sa fidélité !

Mais là où le récit m'a totalement déroutée, c'est par sa VIOLENCE. Non, je ne vais pas vous parler de sadomasochisme et si ça vous déçoit, laissez là cette critique et allez acheter "50 nuances de Grey", je ne vous retiens pas...

Aux autres qui ont poursuivi leur lecture, je disais donc que le récit nous décrit un amour absolument violent et destructeur. Bien sûr, me direz-vous avec raison, à cette époque, les temps sont durs, le quotidien c'est la guerre, le rapport à la mort est différent du nôtre, l'espérance de vie n'excède que rarement la quarantaine etc, etc, etc... Il n'empêche ! Il n'empêche que nos amants en prennent plein la tête (bon, là, j'avoue que comme ils trompent très bien leur monde, cocufient le roi, se montrent experts dans l'art du mensonge et de la ruse, je ne peux pas vraiment les défendre mes agneaux mais... quand même, ils en prennent plein la tête alors qu'en réalité, ils ne sont QUE les victimes d'un philtre d'amour et que sans ce philtre magique il y aurait eu peu de chance, voire aucune, qu'ils tombassent un jour follement amoureux l'un de l'autre étant donné qu'ils étaient tous les deux beaux comme des dieux, jeunes et qu'ils dormaient dans la même chambre au château du vieux roi Marc, l'époux légitime d'Iseut...) et que les dommages collatéraux qu'ils causent dans leur entourage sont totalement dévastateurs : trahison, tentative d'assassinat et MEURTRES (oui, au pluriel svp) ! Et n'allez pas croire que nos blonds tourtereaux sont les seules victimes de cette violence, loin s'en faut, ils en sont très souvent les instigateurs ! Ainsi, Iseut n'hésitera pas à commanditer, sur une humeur, l'assassinat de sa plus proche et fidèle servante ; Tristan tuera froidement de son arc et son épée les "félons" qui ont juré sa perte ("rien de plus normal!" vous indignerez-vous. Euh, minute, des jaloux y en a partout, ça ne signifie pas qu'il faille tous les zigouiller, sinon on n'en a pas fini !). Tristan ira même jusqu'à torturer psychologiquement un de ses amis qui l'a recueilli dans son exil pour pouvoir lui soutirer son... petit chien magique ! Juste énorme.

Bon, je vais m'arrêter là, de peur de vous lasser ou de tout vous dévoiler. J'espère seulement vous avoir donné envie de parcourir au plus tôt les 150 pages de cette superbe légende qui a toute sa place dans notre patrimoine culturel.


Challenge ABC 2012/2013
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A l'origine, il existe de nombreux poèmes du douzième siècle qui fondent la légende de Tristan.
Puis elle est comme illuminée par la musique de Wagner.
Et prend finalement place dans la littérature, grâce à Joseph Bédier, De l'Académie Française, qui reconstitue la légende, dans un langage châtié et poétique, à peine teinté d'archaïsme dans son "Roman de Tristan et Iseut".
De son ouvrage devenu classique, Joseph Bédier a décidé, en collaboration avec le célèbre dramaturge Louis Artus, de tirer une pièce.
L'audace est grande d'adapter cette vieille légende celtique, après Wagner et sans la puissance de la musique.
Mais l'auteur de la pièce prouve, grâce à son talent, que le sujet, sans cesse repris depuis des siècles, dans toutes les littératures est encore plein d'émotion.
Il en fait un beau spectacle dramatique en trois actes. Mais ce n'est plus le spectacle romantique de Wagner, c'est un roman d'amour médiéval plein d'humanité et de sincérité.
Le style y est tantôt lyrique, tantôt familier et il fallait l'adresse des deux auteurs pour donner le ton juste à cette adaptation.
En lisant ce texte, paru dans "La petite illustration" on se prend à rêver d'être présent dans ce prestigieux Théâtre "Sarah-Bernhard" en mars 1929 pour la première.
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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Un pêcheur s’en venait, vêtu d’une gonelle de bure velue, à grand chaperon. Tristan le voit, lui fait un signe, le prend à l’écart.
« Ami, veux-tu troquer tes draps contre les miens ? Donne-moi ta cotte, qui me plaît fort. »
Le pêcheur regarda les vêtements de Tristan, les trouva meilleurs que les siens, les prit aussitôt et s’en alla bien vite, heureux de l’échange.
Alors Tristan tondit sa belle chevelure blonde, au ras de la tête, en y dessinant une croix. Il enduisit sa face d’une liqueur faite d’une herbe magique apportée de son pays, et aussitôt sa couleur et l’aspect de son visage muèrent si étrangement que nul homme au monde n’aurait pu le reconnaître. Il arracha d’une haie une pousse de châtaigner, s’en fit une massue et la pendit à son cou : les pieds nus, il marcha droit vers le château.
Le portier crut qu’assurément il était fou, et lui dit :
« Approchez ; où donc êtes-vous resté si longtemps ? »
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"Dame, relevez-vous, et laissez-moi approcher. J'ai plus de droits à le pleurer que vous, croyez-m'en. Je l'ai plus aimé." Elle se tourna vers l'orient et pria Dieu. Puis elle découvrit un peu le corps, s'étendit près de lui, tout le long de son ami, lui baisa la bouche et la face, et le serra étroitement : corps contre corps, bouche contre bouche, elle rend ainsi son âme ; elle mourut auprès de lui pour la douleur de son ami.
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Prologue
Devant le rideau, sans décor.
Acte premier
premier tableau : en Irlande
Une salle dans le palais du roi d'Irlande. A gauche, un lit à baldaquin, dont les courtines sont fermées, sauf du côté des spectateurs : un chevalier y repose, en dormi.
deuxième tableau : sur la nef
La nef de Tristan, à l'ancre, au rivage d'une île. Une tente est dressée sur le pont. A la poupe, Tristan se tient immobile.
Acte II
troisième tableau : Tintagel
Une salle dans le palais du roi Marc, à Tintagel. A gauche, premier plan, la chambre du roi.
quatrième tableau : le grand pin
Dans un verger, qui avoisine le château du roi Marc, à Tintagel. Au fond, sur un monticule, se dresse un grand pin. Il ombrage de sa large ramure une source, dont une vasque de marbre recueille les eaux. C'est la nuit, mais la lune brille clair.
cinquième tableau : le bucher
sixième tableau : la forêt du Morois
Une clairière au sein d'une forêt. Au fond, à gauche, une cabane de branchages, ouverte du côté des spectateurs.
Acte III
septième tableau : Tristan fou
Une salle du château, à Tintagel. Même décor qu'au troisième tableau.
huitième tableau : la mort
A Penmarch, en Bretagne. Une chambre du château largement ouverte sur la mer.
(levers de rideau des huit tableaux de "Tristan et Iseut" pièce parue dans "La petite illustration en juin 1929)
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Quand le lai fut achevé, le roi se tut longuement.
Fils, dit-il enfin, béni soit le maître qui t'enseigna, et béni sois-tu de Dieu ! Dieu aime les bons chanteurs. Leur voix et la voix de leur harpe pénètrent le coeur des hommes, réveillent leurs souvenirs chers et leur font oublier maint deuil et maint méfait. Tu es venu pour notre joie en cette demeure. Reste longtemps près de moi, ami !
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Fils, lui dit-elle, j'ai longtemps désiré de te voir ; et je vois la plus belle créature que femme ait jamais portée. Triste j'accouche, triste est la première fête que je te fais, à cause de toi j'ai tristesse à mourir. Et comme ainsi tu es venu sur terre par tristesse, tu auras nom Tristan.
Quand elle eut dit ces mots, elle le baisa, et, sitôt qu'elle l'eut baisé, elle mourut.
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