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Critique de Malaura


Au 107ème étage du World Trade Center, existait un restaurant, le "Windows on the World".
Ce jour-là, à 8h45, un Boeing 747 s'écrasait contre l'immense building d'acier et de verre.
C'était le 11 septembre 2001 et l'Amérique vivait le plus grand attentat de tous les temps et la plus grande tragédie de son histoire.
Carthew et ses deux fils déjeunaient ce matin-là au Windows on the World.
Pendant près de deux heures, avant que les Twins Towers ne s'effondrent, ils ont vécu l'enfer, ne pouvant rien faire d'autre qu'attendre la mort.

Récompensé par le prix Interallié en 2003, ce roman à demi-fictif à une odeur de soufre.
Il relate par le menu, minute par minute, le calvaire qu'ont eu à subir des centaines de personnes, notamment le personnage principal, Carthew, un homme divorcé auquel l'on s'attache d'emblée et que l'on suit, l'estomac noué, tout au long de ces deux heures où il tente désespérément de cacher sa peur à ses deux fils et l'imminence de leur mort, devenue inéluctable.
En parallèle à la tragédie, l'auteur insère son propre itinéraire au moment des faits, mêlant une part de sa propre histoire à celle de la famille américaine.
Confession intime baignée de pensées personnelles, de réflexions sur son existence et son cheminement culturel, familial, amoureux… Un homme qui se laisse aller à des déambulations parisiennes sans se douter que bientôt, dans quelques heures, tous les repères sociaux, mondiaux, moraux, vont éclater en mille morceaux de verre et d'acier mêlés.
Certains passages de ce très beau docu-fiction sont à ce point poignants que les larmes coulent sans que vous puissiez les retenir : les explosions, le feu, la fumée vous prennent à la gorge, les sentiments contradictoires vous animent et vous submergent : incompréhension, stupeur, désarroi, terreur, espoir, rage de vivre…résignation…
Une palette émotionnelle variée et nuancée qui va de l'affliction à l'indignation, de l'espérance à l'impuissance.

Beigbeder est ici très loin des provocations et autre fanfaronnades auxquelles il nous a précédemment habitué.
On y découvre un écrivain bouleversant, infiniment triste et humain, qui utilise le cynisme et l'humour pour masquer une détresse bien réelle, émouvante et profonde.
Bien sûr c'est un livre terriblement dur mais en faisant revivre cette tragédie, l'auteur nous exhorte à nous souvenir, au nom de toutes les personnes qui sont mortes ce jour-là dans des conditions atroces.
Ce devoir de mémoire nous le leur devons bien.
Un livre pour ne pas oublier…Dix ans déjà.
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