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Francis Kerline (Traducteur)
EAN : 9782070303892
560 pages
Gallimard (23/10/2003)
3.5/5   18 notes
Résumé :
L'homme est en train de mourir. Il a fait et défait les puissants de ce monde. C'est un gourou de la politique avec suffisamment de cynisme pour avoir tout osé... De sa main tendue vers la nouvelle éminence grise du Prince, il présente une enveloppe froissée. Deux pages. Sa dernière combine. La plus fantastique ! De quoi tenir le monde. Nous sommes à la toute fin des années 80. Il est américain. Ce qu'il a inventé, toute la planète l'a vu..
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un livre qui vous fait douter de tout et des médias en particulier. Rappelons-nous la chute du couple Ceausescu. Point d'histoires roumaines ici, nous sommes au coeur d'une des plus grandes démocraties au monde : les Etats-Unis.

Le président, bien conscient de sa probable défaite aux élections, et sur les recommandations de son principal conseiller mourant, décide de faire la guerre afin de tenter d'asseoir sa popularité sur une victoire. Ce sera la première guerre du Golfe… A ceci près qu'elle sera scénarisée à la manière d'Hollywood, et très médiatisée …

« Reality show » est un ouvrage de fiction, bien entendu, mais aussi une critique acerbe des méthodes dont certains politiques n'hésitent pas à user pour assurer leur réélection, et surtout une analyse des rapports « complexes » qui relient pouvoir et médias...

Un rythme soutenu guide le lecteur dans l'intrigue… Et ce coté visionnaire qui va jusqu'à imaginer que la guerre pourrait être idéalement déclenchée par un attentat terroriste sur les Twin Towers… Petit rappel : le livre a été écrit en 1993…

Un livre adapté au cinéma par Barry Levinson en 1997 sous le titre « Des hommes d'influence » à réserver aux amateurs de thrillers géopolitiques.
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1991. Lee Atwater, conseiller du président George Bush vient de mourir. George est d'autant plus peiné qu'il ne cesse de chuter dans les sondages qu'il aimerait pouvoir bénéficier de l'aide de cette machiavélique éminence grise pour la campagne présidentielle de 1992. Heureusement Atwater, sur son lit de mort, a laissé un ultime mémo, une tactique explosive pour faire remonter la côte de George Bush.

« Ce qu'il fallait à l'Amérique – ou à Bush, ou à Beagle – c'était un envahisseur.

Problème. Gros problème. Qui allait envahir les États-Unis ? le Mexique ? le Canada ? Ridicule. Les fantômes de l'URSS ? Ils nous balanceraient leurs bombinettes, on leur balancerait les nôtres et c'en serait fini d'Hollywood. le Japon ? Serait-il prêt à nous rejouer le coup ? Pouvait-on faire passer l'offensive économique pour une invasion ? Non. La guerre économique, c'était trop compliqué pour la télé, et puis surtout, il n'y avait pas d'images.

Il rumina son scénario vietnamien. Tant qu'il n'aurait pas compris ce qui clochait dans le Retour, il tournerait en rond. Il se repassa quelques séquences sur le Viêtnam et, en moins d'une minute, il repéra le hic : la jungle. Tout était là. Les Américains n'aimaient pas la guerre dans la jungle. Trop humide. Trop chaud. Qui dit chaleur humide dit maladie et sexe. Les Ricains aimaient se colleter avec les nazis. Ils aimaient le combat à l'allemande. Mécanisé. Discipliné. Propre et sec ».

Et bien oui, comme le dit la sagesse populaire, rien ne vaut une bonne guerre. Mais alors il faut des images. Et pour avoir de bonnes images, pour pousser le populo à vraiment apprécier la guerre, à ne pas en être dégouté, il faut confier l'affaire à des professionnels. Ça tombe bien, en Amérique il y a Hollywood et des tas de producteurs et de réalisateurs spécialisés dans les films qui font boum, avec des héros valeureux et de jolies infirmières.

Mais le problème aussi, avec ce genre d'idée, c'est que des fuites sont toujours possibles.

Publié en 1993 aux États-Unis, Reality Show (American Hero, dans la version originale, titre plus subtil), est un véritable brûlot dirigé contre l'administration Bush. Cynique, d'une construction machiavélique, à l'image du supposé mémo d'Atwater qui en est le point de départ, le livre de Larry Beinhart sait conjuguer tous les éléments qui en font roman exceptionnel : un point de départ tellement trop gros pour être vrai qu'il en devient crédible, des personnages qui frôlent la caricature mais qui demeurent eux-aussi crédibles pour la bonne raison qu'on les connait (Bush, Atwater, les conseillers, les producteurs…), un joli hommage au roman noir avec privé hard-boiled et femme fatale…

Reality Show a été adapté au cinéma, sous le titre Des hommes d'influence (Wag the dog), par Barry Levinson avec, entre autres, Dustin Hoffman et Robert de Niro. C'est un film sympathique, amusant mais qui reste gentillet si on le compare au roman qui, lui, ne se contente pas de nous faire rire (même s'il le fait bien) mais nous refile aussi quelques frissons, et nous fait nous interroger sérieusement sur l'ampleur de la collusion qui existe entre le pouvoir et les médias. Certes, plus de quinze ans après, notre innocence sur la question a été pas mal égratignée et cette charge nous apparait maintenant moins inédite. Il n'en demeure pas moins que, menée avec finesse (si, si) et talent, elle constitue encore une lecture salutaire.


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Alors, là, ça nous en Bush un coin !

Larry Beinhart, l'auteur du drôle et malin "Bibliothécaire" est aussi connu pour son 1er roman : "Reality Show".

L'histoire.
Lee Atawer, l'éminence grise du pouvoir américain, le Machiavel US, se meurt. C'est lui qui a fait de Georges Bush, un "tocard -de bonne race peut être, mais tocard nonobstant- " un Président puissant. Avant de mourir, pris dans son rôle protecteur, Atawer décide pour sauver le "tocard", de confier au Secrétaire d'Etat James Baker, l'arme suprême : un scénario diabolique. Inimaginable.

Mais imaginé. Car ce récit est basé en partie sur des faits réels et toute la planète a pu le suivre en quasi direct lors de la Guerre du Golfe.

Roman remarquable (sauf au niveau du style -traduction défaillante ?- très quelconque et du manque d'adhésion au parcours du héros, vétéran du Vietnam devenu expert en sécurité renégat) qui expose le concept de scénarisation des événements avec une telle habileté que l'on est forcé d'adhérer à cette démonstration de téléréalité -c'est à dire l'artifice présenté comme réalité- géante. L'épilogue enfonce le clou pour les derniers hésitants en listant 40 points explicitant l'incohérence et l'illogisme apparents de certaines décisions.

Il faut lire le dernier paragraphe qui fait froid dans le dos :
"La version officielle de la guerre ne tient que grâce à notre intime conviction qu'un président des Etats-Unis est incapable de faire ce qui a été insinué ici. Jamais un président ne demanderait à un metteur en scène de lui dicter ce qu'il doit dire et faire. Les présidents ne fabriquent pas des incidents de toutes pièces pour déclencher une guerre. Un président ne déterminerait pas sa politique, en jouant avec la vie et la mort, pour assurer sa réélection. Nos dirigeants sont des hommes qui placent l'honneur au dessus de l'intérêt personnel."

Si vous croyez un seul mot de ce dernier passage, évitez ce livre. Sinon...
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J'avais particulièrement apprécié un autre livre de Larry Beinhart, le bibliothécaire (chroniqué sur urbanbike), roman fouillé sur les luttes souterraines des campagnes électorales américaines.

Ici, le propos est plus facile à saisir par le lecteur car les faits se sont déroulés il y a exactement vingt ans et ont été relayés internationalement. Ce roman policier — de pure fiction comme il se doit, magistralement écrit par Larry Beinhart — raconte en filigrane comment le président des USA de l'époque aurait essayé d'assoir sa réélection sur une guerre. Mais ce que ce roman explique, c'est que cette guerre a été conçue comme un grand film d'action hollywoodien, inventée, scénarisée avec l'aide active de des Irakiens. On peut bien entendu sourire et lire ce livre comme une très jolie fable, bien ficelée et suivre l'action comme dans tout bon polar du genre.

Mais il est tout aussi intéressant de constater un grand nombre d'invraisemblances au cours et en conclusion de cette guerre qui fut, rappelons-le, suivie d'une autre une grosse décennie plus tard. Ces étonnantes zones d'ombre voire d'incohérences troublantes, l'auteur les énumère (il y en 39 pour être précis). Et se souvenir de précédents historiques comme les prémisses de l'anschluss en 1938.

C'est d'ailleurs tout l'intérêt de ce roman, que l'on adhère ou non au récit, on se pose rapidement la question de la faisabilité, du pourquoi pas. Pour ma part, je me souviens très bien de cette période d'août 1990 (l'invasion du Koweït à démarrée le 2) et, surtout, des infos qui étaient relayées par la radio sur les exactions attribuées de suite aux Irakiens. Ensuite, fort de cette tension et des horreurs colportées, des trois phases qui se sont enchainées jusqu'au printemps 1991.

Je me souviens surtout des images largement fournies aux médias, des frappes dites chirurgicales, des journalistes interrogés en direct par les télévisions sur les zones de combat avec, en arrière-plan, un incroyable déluge pyrotechnique. Bref, je me souviens de cette guerre lointaine un peu comme d'un bref jeu vidéo mais avec pas mal de vrais morts côté irakiens. Corollaire étonnant, la non réélection de ce président en 1992 malgré cette guerre gagnée.

Alors fiction ou éléments réels entre-mêlés, l'histoire est superbement déroulée par Larry Beinhart… À vous ensuite de vous faire votre opinion… Il faut juste se souvenir qu'un film — des hommes d'influence — a été tiré de cet excellent roman…
Lien : http://www.urbanbike.com/ind..
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Je ne suis vraiment pas un fan des romans politiques, et "Reality Show" n'a rien fait pour me faire changer d'avis. Plutôt attaché à la qualité littéraire des oeuvres, je ne peux être que déçu, même si je mets un bémol sur cette remarque car il s'agit d'une traduction. A la rigueur, si on faisait abstraction des procédés littéraires et de certains gros gros clichés et qu'on ne s'attardait qu'à l'histoire, je concède qu'il y aurait un intérêt certain pour ce livre. Car c'est un récit qui soulève une grave question, celle de la manipulation qu'exerce les élites politiques sur les masses par le biais des médias. Comment déclencher un conflit de grande envergure, en l'occurence la Guerre du Golfe, pour détourner la population américaine des soucis internes de cette grande puissance.
On adhère ou pas à la thèse de Beinhart, en tout cas elle fait réfléchir, et rien que cela mérite que l'on ouvre ce livre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le patient s’appelait Lee Atwater. Il se mourait d’une tumeur au cerveau.
C’était une ironie du sort tellement vicieuse que même ses ennemis s’abstenaient d’en pisser de rire. Et ses ennemis le haïssaient. Il avait pratiqué le sous-entendu, la demi-vérité et la désinformation politique avec un brio dévastateur pour exploiter les vilenies de la société américaine, surtout le racisme. Le racisme avait toujours été efficace mais demandait à être manié avec précaution et doigté. Le moribond pouvait, sans forfanterie excessive, se considérer comme l’artisan de l’élection de Goerge Bush à la présidence en 1988. Avant qu’Atwater ne lançât sa campagne, Bush plafonnait à dix-huit points dans les sondages. Avant qu’Atwater ne concoctât l’événement médiatique qui avait entraîné Dan Rather dans une attaque contre le vice-président d’alors afin que celui-ci pût répliquer, Georgie avait une réputation de ringard. Un gars incapable de prononcer une phrase complète cohérente si elle n’avait été prérédigée, qui était mouillé jusqu’au cou dans l’Irangate et traînait des casseroles plus grosses que lui. Et c’était avec ce tocard – de bonne race peut-être, mais tocard nonobstant – qu’Atwater avait gagné la plus grande course du monde.
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l se prenait pour la réincarnation de Machiavel. Un théoricien de la politique. Un maître ès intrigues. Le mec le plus finaud et le plus impitoyable de l’empire.
Car il s’agissait incontestablement d’un empire. Par bien des côtés, le plus grand que le monde eût jamais connu – bien qu’il eût été de très mauvais goût de l’avouer dans les milieux politicards sélects. Rien à voir avec un petit royaume à la Borgia, un fief riquiqui à la Médicis ou quelque autre minirépublique italienne… Autant comparer un éléphant à une fourmi. Non, la seule échelle de comparaison possible eût été Rome – au temps où Rome était la définition même de l’empire.
Et il était le faiseur de rois – un roi sans couronne, peut-être, mais tout de même numéro un sur son territoire, chef des armées, avec des milliards à claquer et le pouvoir de créer la richesse ou de supprimer la vie. Le rêveur sur son lit était le conseiller du roi – ce que Nicolas Machiavel lui-même, le vrai, n’avait jamais été en réalité.
Bien qu’il fût en plein délire – sous les effets conjugués d’une grave maladie, de puissantes drogues, à la fois violentes et soporifiques, et de la peur, car il savait sa mort imminente -, ses pensées n’avaient rien de déraisonnable. Elles reflétaient la réalité – une réalité en version colorisée, un peu remaniée sans doute, mais néanmoins exacte et vérifiable. Il aurait eu exactement les mêmes pensées s’il avait été chez lui, en bonne santé, entouré de parents, d’amis, de sycophantes, de complices, de quémandeurs, de magouilleurs, de cireurs de pompes, d’imitateurs, d’arrivistes, de marchands de pouvoir et de milliardaires, dans une garden-party à l’américaine, style barbecue du 4 juillet – avec poulet, côtelettes, pastèques, gnôle on-the-rocks et bibine dans le seau à glace.
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Dressler, je veux que tu ailles acheter une autre carabine. Un truc pour tirer de loin. Avec lunette. longue portée, vision nocturne si tu trouves. Et un fusil à pompe. Si tu peux te procurer une mitraillette, genre Mac-10 ou Uzi, n'importe, prends. Trouve-nous quatre gilets pare-balles. Dennis, tu as été chez Beagle, c'est une mission pour toi. Vas-y en éclaireur. Emmène Tae-Woo et Martin. Essaie de voir combien d'hommes a Taylor, leurs positions, leur armement. Essaie de deviner où ils gardent Maggie. Martin, ne fais rien pour l'instant. Ouvre l'oeil. Et les oreilles. Imagine que tu es dans les marines et que Dennis est ton officier. Taylor veut nous attirer sur son territoire. C'est une embuscade.
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Il se prenait pour la réincarnation de Machiavel. Un théoricien de la politique. Un maître ès intrigues. Le mec le plus finaud et le plus impitoyable de l’Empire.
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La version officielle de la guerre ne tient que grâce à notre intime conviction qu'un président des Etats-Unis est incapable de faire ce qui a été insinué ici. Jamais un président ne demanderait à un metteur en scène de lui dicter ce qu'il doit dire et faire. Les présidents ne fabriquent pas des incidents de toutes pièces pour déclencher une guerre. Un président ne déterminerait pas sa politique, en jouant avec la vie et la mort, pour assurer sa réélection. Nos dirigeants sont des hommes qui placent l'honneur au dessus de l'intérêt personnel.
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Vidéo de Larry Beinhart
Intervieuw de Larry Beinhart pour son roman "Salvation Boulevard" Vidéo en anglais
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