Jeux de Rubans raconte l'histoire de Frida, divorcée depuis quelques années. et qui s'occupe de sa mère, trés âgée, et de son fils d'une vingtaine d'années, Tofayl.
La question centrale du roman, comme son nom l'indique, est autour d'un sujet oh combien épineux pour la communauté musulmane, le port du voile, appellé ici, le sefsari.
Ce qui est interessant dans ce livre, c'est de voir la société tunisienne, que je connais assez peu, par le prisme de cette famille qui semble d'un abord trés tolérante, ouverte, assez "européanisé" :aussi bien Tofayl que sa grand-mère Zoubeïda savent pertinemment que Frida vit plutôt bien son statut de femme divorcée grâce à son ami Zaïdoun qu'elle ne cache pas.
C'est cette ouverture d'esprit qui va expliquer le désarroi et l'incompréhension totale de Frida le jour où Tofayl lui présente sa future fiancée, une jeune fille plutôt séduisante, portant le voile. Et Frida, ne comprenant pas ce retour en arrière chez la jeune génération et ce mur de silence contre ses interrogations, va s'en rendre malade, jusqu'à en être hospitalisé.
De ce sujet particulièrement délicat à traiter, l'auteur s'en tire à merveille car jamais elle ne s'érige en donneuse de leçons. Si on se doute qu'elle a un avis tranché sur la question ( qui se rapproche de celui de son héroine), elle n'est jamais dans le jugement avec les autres, ceux qui ne pensent pas comme elles. Edna Belhaj Yahia ne charge jamais ses personnages, leur confrère les doutes et l'humanité nécessaire à une identification, même pour les occidentaux a priori éloignés quotidiennement de ces considérations.
Roman subtil qui pose des questions très lourdes, et y apporte des réponses subtiles et pertinentes,
Jeux de Rubans est un très bel ouvrage, et certainement idéal pour se familiariser avec la littérature maghrebine.
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