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EAN : 9782914353212
163 pages
Mango (08/11/2001)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Je n'en peux plus de devancer les (mauvaises) blagues sur les Arabes par crainte de les entendre débitées devant moi, au lycée. Je n'en peux plus de dire que je ne fume pas, non, non, pas du tout à cause de ma culture mais parce que « vraiment, ça ne me dit rien du tout ». Ou de prétendre que je préfère l'amitié à l'amour « parce que c'est plus sincère ». Tu parles. En plus, ce soit presque suppliante, ma mère m'a dit : « Écoute, ma fille, pas de Français, surtout p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce roman autobiographique de Souâd Belhaddad raconte une schizophrénie, une inéluctable lutte entre « je » et « moi-même ». L’identité qui semble réunir ces jeunes qualifiés d’ « issus de l’immigration maghrébine » repose sur l’islam. Mais de quel islam s’agit-il ? L’auteure de l’Entre deux-je l’exprime avec une certaine pertinence sociologique: le mot « islam » n’a pas véritablement d’expression religieuse, seul le mot Dieu/« Rabi » a un usage expressif. Du coup, le religieux est vidé de son sens premier: faire ou créer du lien.
Le racisme est aussi une autre souffrance qu’ils (ces jeunes) partagent et qu’ils expriment différemment. Mais quel que soit le moyen, émeutes ou écriture (littérature dite « beur »), la force de l’expression trouve son origine dans un mal non identifié. Plus loin dans son livre, l’auteure a grandi et pose un regard désabusé sur la société française des années 90; elle observe une France en proie au populisme.
Le livre de Souâd Belhaddad montre finalement que ces jeunes sont touchés par une double exclusion : une première parce qu’ils sont des étrangers en France (même s’ils y sont nés) et une seconde parce que, pour beaucoup, ils sont également étrangers dans leur pays d’origine, et parfois même dans leur propre famille. Un récit qui fait incontestablement réfléchir.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La France est encore saoul de sa rose victoire, lorsque je reviens à Paris [l’auteure est grand reporter et a séjourné longtemps à l’étranger. Elle revient en France après la victoire des socialistes aux élections législatives de 97]. On dit que tout va changer. On le croit aussi. Pourtant. La gauche est là mais, étrangement, l’insécurité aussi. Ce mot qu’on emploie pour nommer délinquance et immigration, je l’associe, moi, aux français plus fiers que jamais de l’être. Certains experts parlent de « renouveau » du racisme, je n’ai jamais eu l’impression qu’il était enterré. Cette France du Front National qui revendique sa xénophobie, sa haine du juif et de l’arabe m’effraie mais me conforte sur un point. M’effraie parce que. Et me conforte dans la certitude que, non, depuis des années, je n’ai rien inventé, rien exagéré. La France que, petite fille, je me suis prise de plein fouet, en pleine tronche un peu basanée, je ne l’ai pas fabriquée. La méchanceté crachée, le mépris déversé à notre arrivée, je ne l’ai pas amplifiés…Ils sont maintenant devenus propos publics, ordonnés sous une bannière de parti. Ils rationalisent ma peur.
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Ce “je”, ce pronom personnel que je vis si silencieux, un peu obscène, même, porte pourtant sa part d’honnêteté. Il m’abrite, en effet du risque d’être prise, malgré moi, comme porte parole de je ne sais qui ou quoi. Il m’épargne cette place ambiguë, et de toute façon, encombrante. Mais il demeure toujours trop personnel par rapport à ma place dans ma culture d’origine algérienne et musulmane. Expression d’une parole dissidente, dangereuse, en un mot “occidentalisé”. […] Grandir en France, lorsqu’on est d’origine arabe et musulmane, c’est être condamné à ce terrible dilemme : vivre avec les français, vivre comme eux – même école, même look, même amis, même loisirs. Mais surtout « ne pas faire comme eux »
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Je n’en peux plus de porter deux mondes – le dedans et le dehors. La honte dedans, la frime dehors. Le possible et l’interdit. Le poison qui gangrène dedans, la grande gueule dehors. Je n’en peux plus de porter deux mondes et de me sentir de nulle part. Je n’en peux plus d’être despote avec mes amis, de prendre leurs incompréhensions pour des trahisons. D’être injuste avec les autres en leur demandant de réparer l’Histoire, en les soupçonnant de racisme au moindre malentendu, je n’en peux plus de la rancune à leur égard parce qu’ils ont les droits que je n’ai pas, sortir, flirter, partir en week-end. Je leur en veux, oui, je leur en veux de tout, d’être eux quand je ne suis désespérément que moi.
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Le mot d’islam est rarement dit, chez nous. On parle de Dieu, « Rabi », peu de religion. Les interdits que nous vivons, transmis sans enseignements – c’est comme si nous les connaissions depuis toujours-, ne sont jamais explicitement mis sur le compte de l’islam, à l’exception du porc et de l’alcool. Le Coran n’est jamais cité par mes parents, pourtant croyants et pratiquants et qui, sans doute, comme beaucoup de leurs compatriotes, ne l’ont pas lu.
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Souâd Belhaddad en marinade .Souâd Belhaddad, journaliste, écrivain, comédienne, rend hommage à toutes les Marine, ou presque.
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