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EAN : 9782070442898
384 pages
Gallimard (26/01/2012)
3.66/5   66 notes
Résumé :
Année 1096. Lorsque son oncle, Bohémond de Tarente, décide d'abandonner Syracuse et de répondre à l'appel à la Croisade lancé par le pape Urbain II, le prince Normand Tancrède de Hauteville y voit la récompense de ses prières vibrantes. Quitter un Occident qui, inexorablement, s'enténèbre, et marcher sur Jérusalem pour délivrer le Tombeau du Christ et baigner dans la lumière de Dieu... Quel destin plus glorieux pourrait-il y avoir pour un jeune chevalier qui a grand... >Voir plus
Que lire après Tancrède : Une uchronieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Pour résumé il s'agit la quête idéelle d'un idéaliste : un personnage empathique qui cherche à imposer la paix pour trouver la paix. Et pour un connaisseur, je dirais que le réel point de divergence est la mort de Bohémond lors de la prise d'Antioche suivie de l'armée turque qui rebrousse chemin ou lieu d'assiéger les croisés dans la cité.

Car la partie l'Apostat est particulièrement bien documentée d'un point de vue historique : la démarche est très séduisante de s'immerger ainsi dans la 1ère Croisade avec la narration à la 1ère personne, et mieux on connaît les événements réels et mieux on peut apprécier le récit d'Ugo Bellagamba qui nous mène de la Sicile à Jérusalem.

La 2e partie, dans laquelle l'appellation uchronie prend tout son sens, m'a moins séduit : multiplication des ellipses temporelles, écriture plus froide, narration plus détachée, introspection beaucoup plus intellectualisée. Un style particulier aussi caractérisé par la concision (les phrases courtes constituent l'essentiel de sa prose) qui masque une grande maîtrise de la langue française, qui s'épanouit dans les trop rares passages descriptifs. Pour le meilleur et pour le pire, j'ai un peu retrouvé le ton, le style et les thèmes du cultissime René Barjavel ! Bohémond, Raymond de Saint-Gilles, Godefroy de Bouillon, les Pierres de Sang… avaient une présence qu'on retrouve moins dans Gaston, Clorinde, le Vieux et ses Assassins, qui sont plus dans la réflexion que dans l'action. D'ailleurs tous ses personnages auraient effectivement mérité quelques pages de plus.
Heureusement l'unification de l'umma et le lancement du djihad permet au récit de ne pas terminer en eau de boudin.

Religion, fanatisme, violence, manipulations, personnages qui doutent d'eux-mêmes et de leur mission, j'ai vu en Tancrède, Gaston, Clorinde, le Vieux de la Montagne… de nombreux protagonistes du "Prince du Néant" : Sarbon et Tancrède même quête ? Achamian et Gaston même combat ? Heureusement que les 2 oeuvres ne boxent pas du tout dans la même catégorie, car la comparaison aurait été quand même rude avec le chef d'oeuvre de Richard Scott Bakker.

Ce "Tancrède" me donne envie de me replonger dans "Les Croisades Vues par les Arabes" d'Amin Maalouf, mais aussi dans les nouvelles très intenses de R.E. Howard contenus dans le recueil "Le Seigneur de Samarcande". Car nombre d'acteurs des croisades sont de parfaits candidats à des romans historicisants ! (je pense notamment à Conrad de Montferrat, aux sonorités quasiment howardiennes, qui serait quasiment devenu roi de ses propres mains s'il n'avait été assassiné par 2 envoyés du Vieux de la Montagne à la sortie de sa messe de couronnement)

Ce "Tancrède" donne aussi envie de (re)lire :
- la "8e colline de Rome", un roman complètement historique pour le coup qui se déroule dans la Nice romaine
- l'excellent "Double Corps du Roi" coécrit avec Thomas Day !
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Ugo Bellagamba nous entraîne avec « Tancrède » dans un Orient du XIe siècle en pleine mutation, bouleversé par l'arrivée des armées chrétiennes envoyées dans le cadre de la fameuse Première Croisade. Pour son premier roman solo (il en avait déjà co-écrit deux avec Thomas Day), l'auteur a donc opté pour un mélange de fantasy et d'histoire et nous propose une uchronie centrée sur la personne du prince normand Tancrède de Hauteville. Le principal attrait de l'ouvrage réside avant tout dans la reconstitution du contexte historique à propos duquel l'auteur s'est manifestement abondamment renseigné. Les alliances, les trahisons, les batailles, les sièges, les massacres... : Ugo Bellagamba revient sur les différentes étapes de cette première « guerre sainte » à mesure que les croisés progressent de ville en ville, de Nicée à Jérusalem en passant par Antioche ou encore Dorylée. Des noms emprunts d'un certain exotisme qui donne l'occasion à l'auteur de proposer une vision de cet Orient du XIe siècle particulièrement saisissante, pleine de beauté et de mystère et surtout jamais caricaturale.

L'intrigue est quant à elle relativement bien ficelée et c'est non sans une certaine avidité que le lecteur suit les pérégrinations du protagoniste qui va devoir surmonter bien des épreuves et va parcourir bien du chemin. D'un chevalier chrétien sûr de sa foi à un apostat rejeté par ses paires en passant par un espion-assassin : les rôles endossés ne manquent pas et leur diversité tient sans mal le lecteur en haleine tout au long du roman. Un bémol toutefois : le personnage de Tancrède qui ne m'a que peu touché. En dépit de l'intérêt que l'on porte au long cheminement intellectuel suivi par le héros, on peine en effet à s'attacher à ce chevalier trop froid, trop distant dont on ne parvient pas toujours à bien saisir la personnalité et les véritables motivations. Les personnages secondaires peuvent quant à eux paraître quelque peu effacés au début du roman mais, fort heureusement, l'auteur nous offre dans la seconde partie une galerie de portraits très réussis et, pour le coup, plus marquants que le personnage de Tancrède lui-même.

Ugo Bellagamba signe avec « Tancrède » un bon roman dans lequel il se plaît à modifier le parcours d'un chevalier chrétien parti entreprendre la Première Croisade. L'auteur mêle ainsi savamment fantasy et Histoire et, si le personnage principal peine à convaincre, on en reste pas moins saisi devant la vision proposée ici de cet Orient du XIe siècle revisité.
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Nous voici partis pour la première croisade, guidée par Godefroy de Bouillon. Nous lisons le journal d'un jeune chevalier exalté, Tancrède, qui vit dans l'absolu - donc difficile à comprendre vraiment pour moi. Nous le voyons réagir aux atrocités et aux "arrangements" politiques dans ce qui devrait être selon lui une guerre d'un tout autre genre. Il se rend compte là que l'honneur et l'amour de Dieu ne sont pas vraiment dans le camp qu'il croyait et finit par se retourner contre ses anciens alliés.
La deuxième partie, l'uchronie, le voit vivre parmi les Assassins, une secte chiite, qui a des ambitions politiques. Cette partie m'a moins accrochée car Tancrède y est à nouveau sûr de lui, de ce qu'il doit faire, moins intéressant finalement.
Ce livre est un curieux mélange d'exaltation de la foi et de géopolitique et on ne sait jamais trop sur quel pied danser. Ce grand écart n'est pas toujours facile à comprendre et à apprécier.
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Je tiens à remercier l'auteur pour le bon moment passé en lisant son livre. Il est certainement un peu convenu de remercier, mais je tenais à le faire. Il est très agréable d'avoir une bibliographie à la fin de l'ouvrage (pour une uchronie), car cela permet d'aller voir d'un peu plus près, de creuser le sujet. Certains auteurs médiatiques de romans historiques (je ne citerais pas de noms) ne le font pas. En effet, pour un roman qui aborde un sujet historique, il me semble intéressant, après coup, de pouvoir en savoir un peu plus sur l'intrigue et sur les personnages, et si possible en allant voir aux sources utilisées par l'auteur lui-même.

En tout cas c'est très agréable à lire. Un reproche que je pourrais toutefois formuler est la lenteur avec laquelle je suis entré dans l'histoire. En effet, le début m'a semblé un peu long, jusqu'à ce que l'histoire se mette en place. Sinon, je trouve l'évolution psychologique du personnage de Tancrède très bien rendue. Je n'en dirais pas plus sur l'histoire que le résumé de l'éditeur ci-dessus (il faut découvrir le livre). Peut-être les scènes de combat sont aussi trop démonstratives.

Les Croisades sont le coeur de l'histoire et l'auteur a voulu (il me semble) donner une certaine profondeur aux événements historiques tout en ajoutant des éléments classiques en science-fiction (comme les Musulmans qui détiennent des armes "futuristes"). le rapport des personnages à la religion, à leur perception de l'autre est une réussite indéniable du livre. C'est d'actualité en un certain sens (et en surinterprétant peut-être la volonté de l'auteur).

Je dirais que l'histoire est plutôt prenante. J'ai lu le roman assez rapidement, ce qui est rare me concernant. Les personnages sont assez bien réussit. Pour autant, le livre étant court, il ne faut pas s'attendre à une psychologie très recherchée. C'est même parfois caricaturale. C'est aussi le contexte de l'histoire qui veut ça.

D'une manière générale, j'ai beaucoup apprécié ce roman. Les prix obtenus sont mérités. Malgré tout, j'ai été un peu déçu par des passages qui manquent de profondeurs et de subtilités (parfois ennuyeux, mais ça passe vite !). Aussi, l'intrigue est longue à se mettre en place, ce qui rend ennuyeuses les premières pages.
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Ceci est ma première critique de livre, j'escompte une certaine indulgence de votre part, chères lectrices et chers lecteurs qui auront pris le temps de lire cette critique.
Tancrède se veut une uchronie est c'est surtout vraie pour ce qui est de sa seconde partie, intitulée les Assassins, mais j'y reviendrai plus tard.
En préambule du roman, l'auteur nous prévient qu'il a retranscrit ici des archives auxquelles il a eu accès par hasard, pour nous faire croire à une certaine historicité des faits qu'il décrit. le personnage de Tancrède est donc un descendant des nobles Normands ayant conquis la Sicile et le sud de l'Italie à la fin du onzième siècle de notre ère, c'est même cela qui m'a incité à l'acheter chez mon bouquiniste préféré rouennais, le Rêve de l'Escalier. Il poursuit son oncle quand il décide de prendre part à la première Croisade et traverse avec lui l'Empire Byzantin et le Levant. Sauf qu'il s'avère sans doute bien plus pur dans sa foi que ses acolytes dans cette quête, ce qui l'amènera peu à peu à renier ses engagements vis-à-vis de son suzerain, pour devenir un traitre aux Croisés dans la mesure où il décide de prendre un posture bien plus "humaniste", opposée à la barbarie de ses coreligionnaires. Deux massacres et sacs de villes vont lui permettre de faire ce cheminement, à tel point qu'il va fonder sa propre armée et se retrouver parmi les Infidèles pour défendre Jérusalem, le but de son épopée. D'où le titre d'Apostat pour cette première partie, car il va peu à peu renier sa foi. C'est cette première partie que j'ai préféré car elle prend des attraits de roman historique où l'on rencontre des figures emblématiques de la première Croisade comme Godefroy de Bouillon ou Pierre le Petit, l'Illuminé qui avait mené la Croisade des Gueux quelques temps avant la Première Croisade. le fait que l'auteur y fasse référence à des côtes de manuscrits est bien vue, et nous laissera croire à une source historique.
Même si les ferments de l'uchronie sont déjà dans la première partie, c'est vraiment dans la seconde que cela prend son ampleur. Mais je dois dire qu'elle est bien moins bonne que la première et que notre fameux Tancrède converti à l'Islam devient un tueur d'une société secrète d'assassin et en devient le chef. Il va ensuite mené la danse pour la réunification des musulmans en dépit de leurs schismes et de leurs ethnies pour lancer le jihad. Il sera aidé en cela par un autre croisé membre de cette organisation et qui mettra au point des machines de guerre capable de décimer des armées entière, grace aux manuscrits de savants grecs. Passent encore les soubresauts géo-religio-politiques et les quelques avancées technologiques, mais j'ai un peu tiqué pour cette confrérie d'Assassins car cela m'a énormément fait penser au jeu vidéo Assassin's Creed. le point positif c'est que l'on y explique tout de même toutes les subtilités du monde musulman entre chiites et sunnites, l'opposition entre le califat de Baghdad et celui du Caire, ce qui est assez intéressant. Comme lu dans une autre critique, il y a beaucoup plus d'ellipses dans cette seconde partie que j'ai lu avec moins de plaisir que la première. Cela reste un bon divertissement, avec une écriture assez simple et directe, mais comme ce livre ce veut avant tout un journal de bord de Tancrède, c'est en même temps normal. À lire en écoutant les chants des Templiers de l'ensemble Organum de Marcel Pères par exemple.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ici, à Alep, point d'impasses obscures, point de venelles envahies par la boue ou les immondices. Des places carrées ponctuent l'espace urbain à intervalles réguliers, jouant le rôle de puits de lumière et d'attracteurs d'activité commerciale. Les étals des maraîchers s'y disputent l'espace avec les marchands de textiles, formant une enivrante mosaïque de couleurs, de textures et de senteurs. Mais, et j'en admire toute la pertinence, les artisanats les plus bruyants et les plus polluants ont été relégués à la périphérie de la cité : tanneurs, teinturiers et forgerons sont là-bas, à l'ombre des murailles. Les vents emportent leurs fumées loin du centre. Le quartier des bains, à ciel ouvert, jouxte celui des affaires, et l'hôtel des monnaies n'est pas loin de la grande halle où se négocient, à haute voix, les plus précieuses des marchandises apportées par les caravanes. Le minaret de la Grande Mosquée, point focal de la ville, est visible dans quelque endroit où l'on se trouve. Sa blancheur effilée, d'où monte l'appel à la prière plusieurs fois par jour, est l'équivalent de l'étoile polaire qui, dans l'ordonnancement céleste, indique la direction du nord.
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Les Pyramides sont filles du Temps. Si une civilisation les a bâties, sans doute était-elle antérieure au Déluge et il ne reste d'elle que la Pierre, immuable. Je crois qu'elles ont été libérées du sable, lorsque le vent a soufflé sur le désert, pour la toute première fois. Elles seront toujours là, j'en suis sûr, bien après la fin des hostilités en Terre Sainte, bien après la Croisade et la chute de tous les royaumes chrétiens d'Occident. Elles verront sans doute des Empires se dresser et retomber, avant que leur substance ne soit entièrement rongée par le vent du sud.
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La Croisade me paraît hanté d’arrière-pensées inavouables et entaché d’un fanatisme qui confine à l’idolâtrie : la foi la plus pure n’a besoin ni de fiefs ni d’objets sacrés.
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Je sais pertinemment que Gaston de Béarn n'approuverait pas ce que je suis en train de faire. Utiliser la religion à des fins purement politiques. Ce en quoi il se tromperait bien sûr, en bon savant qu'il est, ne jurant que par l'expérimentation directe. La Paix, si elle parvient à être instaurée, n'a pas de prix. Tous les mensonges, tous les moyens sont bons, à mes yeux.
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La conscience se dissout dans le sang, comme les larmes dans la pluie. La vue, l'odeur et le goût du sang ne déclenchent pas la volonté d'exterminer, mais l'oubli de soi.
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Réalisme magique vs merveilleux scientifique
Le réalisme magique comme la science-fiction repoussent les limites de la fiction comme miroir du réel en puisant dans le corpus infini et mystérieux des fables et mythes de l'humanité. de l'imaginaire technologique prétendument cartésien à la peinture d'un quotidien magnifié, c'est une une réalité plus vive et plus féroce qui surgit des textes. Rencontre au sommet entre deux genres.
Moderateur : Simon Bréan Intervenants : Ugo Bellagamba, Pierre Bordage, Ayavi Lake, Floriane Soulas
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