Il y a dans l'histoire de la musique des noms dont chacun représente un genre, une catégorie de la beauté sonore. On peut à la rigueur — et nous l'avons tenté précédemment — étudier chez le seul Palestrina la polyphonie vocale du seizième siècle italien. C'est dans les neuf chefs-d'oeuvre de Beethoven que nous trouverons le centre ou le sommet de la symphonie. Quant à l'opéra symphonique, personne Jusqu'ici n'en a partagé la gloire avec Richard Wagner. De même, l'opéra mélodique appartient en propre à Mozart. Il naît sans doute avant le jeune homme de Salzbourg, et lui survit; mais, sous cette main élue, il a donné ses plus exquises fleurs.
L ’Allemagne dès lors n’est que musique, et presque toute musique est allemande. Musique de chambre ou d’orchestre, symphonies, quatuors ou chansons, l ’Allemagne multiplie les formes sonores pour exprimer tous les états de la sensibilité moderne, toutes les joies et toutes les douleurs de l’âme nouvelle, ses rêves et ses désirs, ses faiblesses comme ses vertus. C’est dans la musique, dans une musique enfin sienne, que la patrie de Beethoven, de Weber, de Schubert, de Mendelssohn et de Schumann se reconnaît et prend conscience d’elle-même.
L'esprit, en musique, est surtout mélodie; la succession, plutôt que la combinaison des notes, est la source principale du comique sonore, et, parce qu'il n'y a pas de plus grand mélodiste, il n'y a pas de musicien plus spirituel que Mozart. Je n'en connais pas non plus de plus tendre, et ses mélodies fondent le coeur.
S’il fallait donner le nom d’un peuple au dix-neuvième siècle musical, on devrait l’appeler le siècle allemand. Il va de Beethoven à Wagner en passant par Schubert, Weber, Mendelssohn et Schumann. Est-il un cours plus glorieux, une plus grande époque, et dont la grandeur se montre mieux, comme dit Pascal, non « pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois et remplissant tout l’entre-deux? »