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EAN : 9782259223430
216 pages
Plon (28/08/2014)
4.01/5   65 notes
Résumé :
Cinquante ans après Les Héritiers : les étudiants et la culture de Pierre Bourdieu, paru en 1964, François-Xavier Bellamy dresse le constat suivant : nous voulons toujours éduquer mais nous ne voulons plus transmettre. Cette crise de la culture n'est pas le résultat d'un problème de moyens, de financement ou de gestion. Il s'est produit, dans nos sociétés occidentales, un phénomène unique, une rupture inédite : une génération s'est refusée à transmettre à la suivant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Dans un essai, dans une recherche sur les fondements  d'un problème, ce qui me gêne toujours, c'est le fait de tout attribuer à une seule cause, qui devient le facteur unique d'interprétation. Toute entreprise d'explication par un seul facteur omniprésent me met d'emblée mal à l'aise. Je trouve ce comportement au mieux réducteur, au pire malhonnête. Pour François-Xavier Bellamy, la difficulté scolaire, l'individualisme, le manque de respect, l'ennui, la violence... tous ces maux perceptibles dans la jeunesse d'aujourd'hui, ont une cause essentielle, le renoncement à la transmission de la culture, si bien qu'en rétablissant cette transmission, tout  irait mieux.
C'est faire fi de tant d'autres facteurs.... Tout faire reposer sur la culture conduit à ne pas prendre en considération les autres évolutions, qui sont pourtant énormes. Si les jeunes sont individualistes, la société de la concurrence, de la consommation, du recul des solidarités.... n'en est-elle pas la première cause ? S'il y a plus de difficulté scolaire qu'autrefois, n'est-ce pas d'abord et avant tout parce que les jeunes scolarisés sont devenus l'ensemble de la population scolaire, et non plus seulement la minorité qui restait à l'école après la primaire ? Si la transmission culturelle fonctionnait, c'est aussi parce que les enfants et leurs parents croyaient globalement, et avec raison, que se soumettre à l'autorité de l'école leur assurerait une meilleure place dans la société, ce qui n'est plus le cas...
Quand on compare le passé et le présent, il faut d'abord se demander si on compare bien ce qui est comparable. Pour le sujet qui préoccupe l'auteur, la première question à se poser devrait concerner les différences entre le passé et le présent, ce qu'il ne fait pas. Les élèves d'aujourd'hui ne sont pas ceux du passé, ils sont sans cesse sollicités par bien d'autres sources de culture que l'école, par bien d'autres types de culture que celle de l'école, par bien d'autres accès à l'information et au savoir. Ils ne sont donc pas enclins à se laisser enfermer dans un apprentissage guidé par une instance unique. En fait, à cause de cette évolution, ce dont ils ont désormais puissamment besoin, c'est de savoir s'y retrouver dans la multiplicité des sources et des domaines de connaissance, savoir choisir et classer les savoirs bien plus que simplement les assimiler. Limiter leur apprentissage aux fondamentaux de l'école traditionnelle n'est tout simplement plus possible. le recul de la transmission n'est pas dû à un renoncement de l'école et des parents, il est lié à de nouvelles conditions d'accession à la culture qui exigent d'autres moyens que la simple transmission. Il est effectivement devenu urgent que les jeunes apprennent à s'y retrouver eux-mêmes, d'où la difficile mais nécessaire recherche d'autres voies pour l'apprentissage. Et ces nouvelles voies que stigmatise l'auteur sont en fait des recherches nécessaires, même si elles ne donnent pas toujours les résultats escomptés. Enfin, dire que les jeunes sont moins cultivés qu'autrefois, c'est avoir une conception réductrice de la culture. Les jeunes souvent savent bien plus de choses que leurs aînés, dans des domaines passionnants, par exemple dans les sciences et techniques, dans les langues étrangères...
Dans sa volonté de cerner ce grand mal qu'est le refus de la culture, l'auteur en donne à ce mal une origine qui me laisse sceptique. Descartes en fait  n'a jamais condamné l'éducation première reçue à l'école, il n'a jamais écrit contre l'institution scolaire de son époque, il n'a fait reposer son doute philosophique que sur la deuxième étape de l'accès au savoir, celle de l'adulte qui, fort de ce qu'il a appris, peut le mettre en cause dans une démarche radicale  qui ne peut être que celle de l'individu déjà instruit. Sa quête philosophique ne remet donc pas en cause la transmission initiale, mais s'interroge sur ce qu'on peut et doit faire au terme de cet apprentissage initial. Et que dire de l'importance donnée à trois penseurs qui seraient responsables de l'évolution ? C'est leur donner bien du pouvoir... La pensée de quelques intellectuels peut-elle avoir autant de force en elle-même ? Il me semble que ce sont en fait les évolutions historiques, sociales, et les évolutions des moeurs, qui font qu'à un moment donné les thèses d'un auteur deviennent à la mode et sont prises en considération. Les thèses de Rousseau sur l'éducation sont restées longtemps sans aucunes influence sur les politiques pédagogiques.....
Pour toutes ces raisons, je ne peux pas adhérer à la thèse défendue par l'auteur, je ne trouve pas d'intérêt à sa critique globale, je la trouve même dangereuse à force d'être réductrice.
En revanche, j'ai beaucoup aimé certains passages qui, si je ne les rapporte pas à l'indigence de la thèse globale, m'ont paru très intéressants et stimulants pour l'esprit. Il s'agit essentiellement de tout ce qui  concerne la passion pour la culture. Quand par exemple il parle de l'intérêt d'apprendre par coeur des poèmes pour qu'ils deviennent part de nous-mêmes, je suis d'accord avec cette dimension inégalable du par-coeur. Quand il décrit ce que nous apporte la connaissance comme relation à soi-même et aux autres, certains de ses développements m'émeuvent et me stimulent. Oui, la culture est un trésor, il est bon de le rappeler, même si la défense de ce trésor est beaucoup plus complexe que ce qu'en dit l'auteur.
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Ce livre nous montre l'ampleur de la la crise de la culture contemporaine. L'auteur, François-Xavier Bellamy, est un jeune philosophe, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de la Rue d'Ulm, et professeur en classes préparatoires. le livre est sorti il y a deux ans mais ne perd rien de son message.
Le titre, "Les déshérités", fait écho au célèbre ouvrage de Bourdieu "Les héritiers" dans lequel Bourdieu développait l'idée que la culture n'est qu'un outil de domination au service des héritiers, qui l'utilisent pour se différencier.
Bellamy développe l'idée opposée: par notre refus de transmettre, nous aliénons notre jeunesse qui ne peut plus construire son identité, par manque de repères.
Selon l'auteur, la faillite de l'Éducation nationale n'est pas la conséquence de notre impéritie mais le fruit d'une idéologie diffuse.
Désormais, il faut faire en sorte que chaque enfant puisse, pour créer un chemin personnel, produire son propre savoir. Écartés, le «cours magistral» et le «par coeur» .
Les prémices de cette idéologie peuvent se trouver dans les thèses développées par Rousseau et Bourdieu.
Cela aboutit à une société amnésique, où l'enfant ne trouve plus les moyens d'apprendre : les enseignants ont été priés de ne plus enseigner, et de se contenter d'organiser les conditions d'apprentissage de leurs élèves.
Une société qui refuse la transmission est vouée aussi à condamner le livre. Nous entrons ainsi dans une période de déculturation.
Le livre est intéressant et très bien argumenté.
C'est un livre de combat, qui ne donne pas forcément dans la nuance, mais les arguments développés par l'auteur portent...

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Un essai très intéressant car il met en perspective la manière dont la pensée de trois intellectuels, que sont Descartes, Rousseau et Bourdieux dont les réflexions s'étalent sur 350 ans, a conduit à remettre en cause la valeur même de notre culture. La critique de Descartes est probablement la plus intéressante car elle place son oeuvre à la racine de ce mouvement et ce faisant tend à la mettre sous un jour nouveau. Celles de Rousseau et de Bourdieu, tout aussi pertinente qu'elle soit, est moins novatrice. Cette remise en perspective historique permet en même temps de poser le constat de la crise profonde et inédite que traverse notre société qui désormais refuse la transmission de notre culture aux générations qui nous suivent. Elle permet d'en comprendre les ressorts.
Ces bases posées, Bellamy propose alors une réflexion profonde sur la culture qu'il présente comme l'instrument d'une médiation indispensable entre notre nature première et la réalisation de notre humanité. Elle est la condition de notre liberté. le refus de la transmettre conduit inexorablement à l'asservissement et à la barbarie. Il prend ainsi le contrepied de Bourdieu dont il étale les contradictions que les faits viennent années après années confirmer.
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Un auteur très jeune et intellectuellement brillant, un essai d'un grand intérêt. Notre société dans son ensemble est coupable du refus de transmettre notre héritage culturel, le savoir; elle crée de ce fait des déshérités. Ce refus de transmission est ancré loin dans notre culture même si la mise en oeuvre est assez récente. Ainsi, le marronnier mai 68 n'est même pas cité. Non F.X Bellamy lie ce refus de transmettre à Descartes, Rousseau et bien sûr Bourdieu. Descartes parce qu'il prétendait chercher la vérité uniquement en soi-même grâce à la raison et douter de tous les autres savoirs. Rousseau pensait que la culture éloignait l'homme de l'état de nature ("le seul moyen d'éviter l'erreur est l'ignorance"!) Ainsi les enfants devraient être éloignés des livres et de la culture. Enfin, Pierre Bourdieu en 1964 affirme que la culture bourgeoise et dominante, celle qui est enseignée à l'école permet aux "héritiers" la "distinction" et le maintien de la domination sur la société. L'école se présente comme égalitaire mais est violente. Au lieu d'enseigner la culture livresque, classique, bourgeoise (choix selon lui arbitraire), elle devrait être utilitaire. Le marxiste rejoint ainsi dans ses propos le rêve de capitalistes libéraux rêvant d'une main d'oeuvre corvéable ! Au passage, Pierre Bourdieu, fils d'un ouvrier agricole du Béarn aurait-il eu la moindre chance d'intégrer la prestigieuse E.N.S si l'école ne lui avait transmis que des méthodes et pas de savoirs ?
La découverte de Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron avait pourtant prouvé que sans éducation, l'homme ne peut être lui-même. L'homme est par nature un être de culture. En outre et contrairement à l'animal, l'homme n'est pas un être d'immédiateté. Bellamy évoque également Roland Barthes pour qui "la langue est fasciste" car contraignante., aliénante. Pourtant sans maîtrise du langage, comment une pensée pourrait-elle émerger? se construire ?
Nous croyons être plus libre sans passé, sans héritage, alors que c'est le contraire. La culture n'enferme pas, n'aliène pas, elle affranchit. Il faut hériter pour choisir, s'affranchir, être libre. le refus de transmettre, le déconstruction aboutit à l'ensauvagement de notre civilisation, à la violence. L'école ne peut comme elle le prétend éduquer à la tolérance, à l'humanisme sur du vide, si elle ne transmet plus. Notre culture, notre civilisation ne sont pas supérieures aux autres mais ce sont les nôtres et pour s'ouvrir aux autres, encore faut-il en hériter.
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François-Xavier Bellamy est philosophe. Cela lui permet de nous transmettre des idées claires qui sont bien exprimées, et qui nous sont accessibles. C'est très agréable d'un point de vue intellectuel. Il y a un beau travail de vulgarisation aussi, en ce qui concerne les pensées de Descartes, Rousseau et Bourdieu sur le thème qui est traité.
Cet ouvrage permet d'assumer enfin pleinement le beau rôle qu'est celui d'éducateur ou de parent. En effet, on peut en être fier, une fois que l'on a compris combien la transmission d'un savoir est nécessaire à l'accomplissement de l'homme. François-Xavier Bellamy me transmet dans son ouvrage le désir d'acquérir davantage de culture, non pour briller en société mais pour m'accomplir, pour atteindre mon être propre, pour accéder pleinement à mon humanité. J'ai compris combien la culture n'était pas accessoire mais essentielle. J'avais cette intuition, mais on a souvent besoin qu'une autre intelligence exprime clairement ce qui est alors encore confus. Voilà chose faite et je ne pense pas être le seul qui en ai eu besoin.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Il n’y a pas d’alternative : il faut aimer cette culture, accepter de la recevoir et de la transmettre — ou bien n’en aimer aucune. Bourdieu reconnaissait qu’on ne peut faire d’un enfant « l’indigène de toutes les cultures » ; et ce ne sont pas nos programmes scolaires, qui ont abandonné des pans entiers de l’histoire de France pour faire place aux « civilisations extra-européennes », qui y parviendront. Encore une fois, c’est mettre le but avant le chemin : un collégien ne s’ouvrira pas sur l’universel pour avoir eu des aperçus universitaires sur toutes les cultures du monde ; c’est en apprenant à bien connaître sa propre culture qu’il se prépare à rencontrer demain le monde en adulte ouvert, curieux et capable de discerner la valeur de l’altérité.
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Pouvoir trouver en quelques clics toutes les grandes dates des siècles passés ne nous dispense pas d'apprendre la chronologie de notre histoire: car la connaître, c'est pouvoir se situer dans le temps; c'est comprendre, prendre avec soi, dans leur épaisseur propre, les périodes et les ruptures qui ont contribué à faire de nous ce que nous sommes, et ainsi mieux nous comprendre nous-mêmes.
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En réalité, rien n’est plus fécond, pour faire croître une liberté nouvelle, que la rencontre avec le livre. L’homonymie du mot liber, qui veut dire en latin à la fois « libre » et « livre » n’a rien d’insignifiant. Dans cet objet si simple en effet, nous trouvons concentrée l’essence même de la médiation. Le livre est un chemin, qui nous force à sortir de nous-mêmes – le signe en est l’effort qu’il exige de nous. Mais si nous sommes conduits au-dehors de nous-mêmes, c’est pour mieux nous y trouver. Être soi-même n’est pas immédiat : et l’effort qu’il faut faire vers soi-même, pour former sa propre pensée, atteindre sa propre singularité, c’est tout le travail de la culture – et c’est, en particulier, le plus grand bénéfice que nous puissions tirer de la lecture.
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Lorsque nous n’arrivons plus à faire vivre une culture commune, la société se dissout dans un retour à l’état de nature […]
La culture est proprement ce qui se transmet. [...]
Si le savoir authentique est celui que l’individu construit par lui-même, le rôle de l’éducateur s’en trouve totalement renversé. [...]
Quelle est en effet la fonction propre de l’école ? Elle consiste à produire de la sélection – à admettre certains et à exclure d’autres, à orienter, pour reprendre un terme familier de l’institution scolaire, les enfants dans la voie qui leur sera propre. […] L’école crée donc des groupes à l’intérieur d’une génération. Elle divise, sépare et répartit.
Là se trouve, affirme Bourdieu, la véritable escroquerie : car, en réalité, l’égalité des élèves devant l’école est purement formelle. […] les enfants de l’élite, ces « héritiers » de la culture dominante, bénéficient nécessairement d’une familiarité à son égard qui constitue en leur faveur un avantage irrattrapable par les autres. […]
Peut-elle [la culture] vraiment être décrite comme un acquis, classée parmi les « capitaux » que l’on possède, désignée par le verbe avoir ? N’est-elle pas plutôt du côté de l’être ? Que serions-nous sans la culture que nous avons reçue […] » (
Elle n’augmente pas ce que nous avons, mais ce que nous sommes. Et, en cela, elle n’est pas accessoire, mais essentielle. » […]
Sans [la présence d’autrui], les facultés humaines restent de simples potentialités : l’éducation est nécessaire pour les rendre effectives. […]
[La culture] ne prend toute sa valeur que lorsqu’elle est transmise, et qu’elle nourrit ainsi celui qui la reçoit. […] Du poème que j’ai en mémoire, les vers habitent mon esprit, et, en faisant écho aux situations que je traverse, ils me rapprochent de ma propre vie intérieure. […]
Apprendre la chronologie de notre histoire […], c’est pouvoir se situer dans le temps ; c’est comprendre, prendre avec soi, dans leur épaisseur propre, les périodes et les ruptures qui ont contribué à faire de nous ce que nous sommes, et ainsi mieux nous comprendre nous-mêmes. […]
Avec ses règles et ses contraintes, la langue est ce dans quoi prend forme une pensée, le rythme qui la structure, l’exigence qui la pousse vers son aboutissement. […] L’orthographe […] est nécessaire pour penser. […] Une écriture phonétique altère, non pas seulement la qualité formelle de l’orthographe, mais la clarté même de la pensée. […]
Non, le langage n’est pas secondaire ni accessoire : il est primordial et essentiel, au sens où il touche à notre être même. […] Sans culture, notre nature, notre organisme sont impuissants à nous faire reconnaître les objets qui nous environnent –et le sujet que nous sommes. […] Il faut des mots pour penser ce qui est, et pour se savoir être. […] Pour connaître le monde, et même pour être soi, il nous faut les mots des autres. […]
Aujourd’hui […], le problème n’est pas seulement que l’expression perd sa précision, mais surtout que l’émotion perd sa richesse. Ce n’est pas la communication, ce sont le cœur et le regard qui, incapables, d’éprouver la nuance et de percevoir la singularité, se rétrécissent, se répètent, et se trouvent finalement écrasés, sous le poids de l’uniformité. […]
Le livre est un chemin, qui nous force à sortir de nous-mêmes – le signe en est l’effort qu’il exige de nous. Mais si nous sommes ainsi conduits au-dehors de nous-mêmes, c’est pour mieux nous y trouver. Etre soi-même n’est pas immédiat : et l’effort qu’il faut faire vers soi-même, pour former sa propre pensée, atteindre sa propre singularité, c’est tout le travail de la culture- et c’est, en particulier, le plus grand bénéfice que nous puissions tirer de la lecture. […]
Comme elle [l’œuvre], la culture est le seul héritage qui s’accroît à mesure qu’il est transmis, qui grandit par le fait même d’avoir été donné –tout le contraire d’un capital, qui se divise aussitôt qu’il est partagé. […]
La langue, avec l’héritage culturel et intellectuel qui ouvre notre pensée à sa propre indépendance, voilà précisément les ennemis du totalitarisme.
La culture, malheureusement, n’empêche pas toujours l’homme d’être inhumain ; mais l’inculture l’empêche d’être humain.
L’expérience de l’altérité est la condition de tout émerveillement ; il faut que tout ne soit pas identique pour que mon attention trouve de quoi s’étonner. Cette expérience n’est permise que par la culture, qui fait apparaître à nos yeux toutes les variations du réel. […]
La curiosité ne naît pas quand on ne sait rien. […]
Exiger de ses élèves qu’ils fassent l’effort de recevoir ce qu’on a à leur offrir, c’est le début d’une aventure extraordinaire. C’est d’abord le début d’une guerre : car il faut bien souvent se battre, ou plutôt il faut les aider à combattre eux-mêmes leurs propres pesanteurs, tout ce qui les empêche de s’élever – tout ce qui les retient d’être élèves. […]
Faire le choix d’enseigner authentiquement […] c’est aussi la fin de l’ennui, l’ouverture à une curiosité inépuisable, l’apparition d’une soif que chaque étape de l’apprentissage ne fera qu’accroître. […]
En fait, il n’y a d’enfant-roi : il n’y a que des enfants devenus les tyrans d’eux-mêmes, les esclaves de l’immédiateté, pour avoir été privés des repères qui auraient pu les aider à fonder de vrais choix. […]
Je ne crois pas au choc des cultures, mais au choc des incultures. […]
Notre ignorance rend les statues muettes, les images indéchiffrables, les textes incompréhensibles ; les signes dont nous avons hérité perdent leur sens […]
Les seuls rescapés du naufrage de l’Education nationale sont ceux dont les parents connaissent les tactiques pour échapper au désastre – les quartiers à habiter, les filières à privilégier, les options à choisir…De l’autre côté du spectre, les victimes désignées de la sélection sociale ont de moins en moins de chances d’échapper à leur destin. […]
Nous ne nous sommes pas faits tout seuls ; par notre langue, notre histoire, les savoirs que nous avons reçus, nous avons été conduits jusqu’à nous-mêmes, jusqu’à notre propre pensée et à la liberté que nous avons conquise. […]
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Notre refus de la transmission a engendré ce qui ressemble parfois à une société d'enfants sauvages. Développement des incivilités, distension de tous les liens, consumérisme irresponsable, difficultés quotidiennes dans la vie en collectivité, échec de l'insertion sociale et de l'engagement citoyen, rupture du dialogue entre les générations, explosion de la délinquance… Partout, nous voyons l'homme « dégradé, insociable, grossier » — partout, nous voyons l'homme inhumain. Au cœur de nos pays « développés », nous avons le sentiment de voir resurgir la barbarie. Et nous n'arrivons pas à nous l'expliquer.
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Vidéo de François-Xavier Bellamy
Marquée par l'échec de François Fillon, éliminée au premier tour de la présidentielle avec 20% des voix, puis des européennes n'ayant rassemblé que 8,14% des suffrages autour de François-Xavier Bellamy, la droite française paraît aujourd'hui manquer d'un leader capable de rassembler autour d'idées clairement définies.
L'un des grands enjeux de la droite pour la présidentielle de 2022 sera alors de réussir à se démarquer des thématiques sécuritaires du Rassemblement national et du programme économique de la République en marche.
Que représente aujourd'hui la droite française ? Comment a-t-elle évolué depuis De Gaulle ? Sur quel terrain politique peut-elle gagner les prochaines présidentielles ?
Pour en parler nous recevons Arnaud Teyssier, historien, essayiste spécialiste d'histoire politique de la Ve République et haut-fonctionnaire. Son dernier livre “L'énigme Pompidou / De Gaulle” est paru chez Perrin (mars 2021). Il est rejoint par Sarah Belouezzane, journaliste au service politique du Monde.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 1 Septembre 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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