La théorie de l'information oppose au mouvement perpétuel le cristal immobile de la disparition du temps.
Il se produisait par ailleurs des coupures de courant à répétition. Il fallait alors relancer un à un les PC, ce qui prenait un temps infini. Pascal promit 2 000 francs à celui qui trouverait l'origine de la panne. Puis 5 000, quatre coupures plus tard. Marc Aleyniat, un radiesthésiste du 3615 EZECH, remporta la prime en identifiant, grâce à son pendule, la cafetière responsable du court-circuit.
Les milliardaires sont les prolétaires de la post-humanité.
Je n'y suis vraiment pour rien si ça marche, alors ne m'accablez pas si ça plante !
Pascal avait croisé de nombreux membres de ces clubs. Les PTT, devenues France Télécom, rassemblaient un nombre incommensurable de polytechniciens austères et méprisants, surnommés les X-Télécom, qui regardaient les nouveaux riches du Minitel avec condescendance, et même avec dégoût s'ils devaient, comme c'était d'ailleurs presque toujours le cas, leur fortune aux messageries roses : ils avaient perverti les infrastructures impeccables de Transpac, ils en avaient pollué les tuyaux, ils étaient comme ces barbares qui, ignorant tout de la thermodynamique et de l'hygiène, n'avaient su utiliser les thermes romains que comme carrières de pierre - ils ignoraient la sublime complexité des sciences de l'information et de la communication.
Il était mort plusieurs fois. Il était le Phénix. Les affaires, l'argent, le pouvoir : tout cela n'avait jamais été qu'un moyen pour lui. Il était le messager d'un monde nouveau. Il avait ressenti, très jeune, jusqu'à en devenir fou, l'émergence du chaos. Le mouvement punk n'en avait été qu'une approximation modeste. Les sociétés occidentales, il en avait maintenant la certitudes absolue, étaient détruites. Mais presque tout le monde l'ignorait, ou préférait l'ignorer. La décadence était pourtant totale.
Unique possesseur versaillais du combiné Mageco, Pascal acquit une notoriété rapide, et put intégrer la société informatique versaillaise : des garçons à la peau très blanche, peu sociaux et suréquipés. Ils passaient tous oeurs week-ends ensemble à programmer ou à jouer à des jeux de rôles. Car ces adolescents pionniers, acteurs de la révolution informatique et parfaitement adaptés à l'ère du numérique, vivaient encore dans les marges de la société industrielle, et pratiquaient en secret des jeux cérémoniels obscurs.
Quelque soit la complexité d'une structure métallique, elle donnait toujours naissance, quand on l'immergeait dans de l'eau savonneuse,à la bulle economique et la plus resserrée.
L'idée que l'informatique avait pour mission de parachever l'histoire fut l'une des grandes croyances postmodernes.
L'information permettait àcelui qui la possédait d'accomplir, comme un superpouvoir, des choses jusque là impossible.
"Le mot communication sera utilisé ici dans un sens très large incluant tous les procédés par lesquels un esprit peut en influencer un autre."