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EAN : 9782843376016
247 pages
Anne Carrière (16/02/2012)
3/5   3 notes
Résumé :
Abdel Belmokadem est un enfant de Vaulx-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise. En octobre 1990, son quartier, le Mas du Taureau, est le théâtre des plus importantes violences urbaines qu’ai connues la France depuis la guerre. Il a alors vingt-deux ans et démarre une carrière de boxeur professionnel. Cette semaine va changer sa vie. Abdel s’interpose entre la police et les jeunes, neutralise les casseurs, protège les pompiers. Il promet aux jeunes de les aider et sens... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Né en 1968 à Vaulx-en-Velin de parents tunisiens, Abdel Belmokadem est un enfant des quartiers pudiquement dits « sensibles ». Et c'est là qu'il a choisi de travailler, au travers de son association « Nes et Cité », qui ouvre aux jeunes (et moins jeunes) une porte sur l'emploi, seul moyen de trouver sa place dans une société et, plus largement, dans un pays.
« Tendez-nous la main », document autobiographique, revient sur le parcours, de sa jeunesse à maintenant, de cet homme que j'imagine plutôt charismatique, tant il a réussi à convaincre et fédérer autour de lui. Un homme fâché, il le dit, avec l'écrit, faute d'investissement dans sa scolarité (l'ouvrage est le fruit de sa collaboration avec Renaud Leblond), mais pas fâché avec l'oral, j'en veux pour preuve sa manière d'asséner quelques vérités bien senties avec l'art des formules qui font mouche.
Au départ, c'est important, Abdel est un sportif, un boxeur qui a fait de la compétition, un gars davantage motivé par le ring, où il a remporté quelques jolis succès, que par les cours de sa terminale d'action commerciale. Au moment des émeutes de Vaulx en Velin, en octobre 1990, il était aussi animateur bénévole dans une maison de quartier. Il décrit comment il a vu sa banlieue s'enflammer et tout ce qui a été entrepris, il y a participé, pour contenir puis stopper cette explosion de violence.
Il revient ensuite sur les années où il s'est cherché professionnellement : il a joué gagnant dès qu'il s'agissait de trouver la bonne idée sur le plan commercial…. pour finalement lâcher l'entreprise qu'il avait lancée, Actio Kolor, parce qu'il manquait des bases théoriques nécessaires pour la faire perdurer.
Mais Abdel Blemokadem fait partie de ces gens que l'échec n'abat pas. Il l'engrange parmi ses expériences, s'en nourrit pour se construire : la prochaine fois, il s'entourera des personnes qui disposeront des compétences ad hoc et l'aideront à aller au bout de son projet.

C'est ce qu'il a fait lorsque, après avoir oeuvré des années comme médiateur auprès de la municipalité de Vaulx en Velin, il a lancé en 2001 « Nes et Cité », une entreprise qui lui tenait à coeur puisqu'elle permet d'ouvrir des perspectives d'emploi aux jeunes des cités. Ici, il n'est pas question d'attendre les gens dans des bureaux comme à Pôle Emploi : on va les chercher dans leurs quartiers et on organise, en partenariat avec des entreprises, de vastes opérations de recrutement (au Stade de France, par exemple) auxquelles chacun est préparé individuellement. Bref, on est dans une démarche de proximité très éloignée de ce qui se pratique habituellement en la matière.

En contrepoint de ce récit, parsemé de quelques belles rencontres, d'un homme parvenu à faire son chemin professionnellement parlant, il y a aussi l'évocation du mari et du père. Pour ses deux enfants, Abdel veut le meilleur… mais il ne peut, malheureusement, gommer le racisme auxquels ils sont confrontés et lorsqu'il en parle on s'en émeut autant que lui.

Au travers de ce livre s'esquisse le portrait de quelqu'un de droit et combatif, qui a toujours voulu que ses luttes personnelles profitent aux autres. Pour lui, c'est une chaîne de solidarité qu'il faut tisser dans les quartiers : chaque jeune coaché doit en coacher un autre à son tour, pour qu'il y ait un effet démultiplicateur de l'action à échelle individuelle. Surtout, il est hors de question de baisser les bras en abandonnant toute une partie de la population française que les services publics ont tant de mal à appréhender. Il faut aller sur le terrain, reconquérir méthodiquement des zones de non droit comme ces cages d'escalier où il introduisit, du temps où il était médiateur, la pratique du jeu d'échecs pour que les habitants puissent se réapproprier l'espace (les échecs, avec le sport, sont ses deux passions et pour lui d'excellents vecteurs d'action).

Témoignage honnête, voire parfois brut de décoffrage, d'un homme issu de l'immigration et des quartiers qui a « réussi », « Tendez-nous la main » fourmille d'anecdotes et surtout de notations bien vues sur les questions de la diversité et de l'intégration. Et c'est le récit de quelqu'un qui, loin de se perdre, est resté fidèle à ses convictions, comme le prouve la nature de l'entreprise qu'il a créée.
En partageant son expérience, car le partage est bien le maître-mot chez lui, Abdel Belmokadem suggère des pistes de réflexion pertinentes, intéressantes aussi pour des pays étrangers (il a pu s'en rendre compte in situ en Angleterre puis en Suède et en Suisse, où il est intervenu) et propose des initiatives concrètes solidement mises en oeuvre : de quoi interpeller à bon escient le lecteur et au-delà, on peut l'espérer, les pouvoirs publics.

Lien : http://surmesbrizees.wordpre..
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J'ai reçu ce livre, avec un peu de retard, dans le cadre de Masse Critique du mois de mai sur Babelio. Je l'ai terminé juste avant l'annonce de la création des "zones de sécurité prioritaires" et du déclenchement des émeutes d'Amiens... Un livre plus que d'actualité donc...

Abdel Belmokadem est né et a grandit à Vaux-en-Velin, dans la banlieue lyonnaise. Très vite il cherche à se démarquer des autres et grâce à sa rage de vaincre, il progresse dans le monde de la boxe, ce qui lui permet de sortir un peu de son quartier.
Le jour où il devient enfin boxeur professionnel, il décide de tout arrêter. Il galère d'un boulot à un autre quand se déclenchent les émeutes de 1990. Avec quelques potes, il sillonne le quartier et tente de faire revenir le calme. La mairie du Vaux-en-Velin lui offre, en 1993, le premier poste de médiateur.
Après plusieurs années sur ce poste, il crée sa propre entreprise "nes&cité", qui vient en aide aux jeunes des quartiers dans toutes les zones urbaines sensibles. Il met sa démarche et son expérience au service des Communes ou des entreprises qui le sollicitent.

Le constat d'Abdel Belmokadem est celui-ci :
"Le fait de grandir à l'intérieur d'un quartier pendant quinze ou vingt ans crée des cloisonnement dans la tête. du coup, quand tu as vingt ans et que tu dois aller à la mission locale ou au Pôle Emploi, qui se trouve dans le centre-ville, à cinq minutes en bus, c'est un expédition. En plus c'est un territoire que tu ne connais pas, dont tu ne maîtrise pas les codes. Mentalement, ça suffit pour faire barrage."

Pour lui, le solution ne viendra pas d'un renforcement policier mais bien d'un accompagnement des jeunes, parfois individuellement, vers l'emploi.
Adepte de jeux d'échec, il avance ses pions un à un dans les quartiers grâce au sport, à l'emploi et aux différents médiateurs qu'il forme. Sa connaissance de la vie de quartier et du fonctionnement des groupes lui permet d'isoler les "suiveurs" pour les réinsérer et ensuite approcher les leaders.
Il amène les jeunes vers l'emploi mais sans leur fournir clé en main. Il facilite les rencontres avec les entreprises grâce à ses opérations "Jobs et cité" mais il ne peut pas passer l'entretien à leur place, à eux de savoir se vendre. Il les entraîne parfois comme pour un match de boxe.
"Si ça n'a pas marché, si t'es pas content, c'est qu'il y a un problème. Il faut l'identifier. Pour une partie, le problème vient peut-être de nous, mais pour une autre, il vient sans doute de toi. Sur notre partie, je veux bien qu'on regarde, mais sur la tienne, j'aimerais aussi qu'on en parle. Tu n'y arriveras que si tu te poses la question."

Chef d'entreprise, élu municipal, il reste surtout un homme de terrain qui va vers les jeunes, vers les élus et les entreprises, pour créer du lien et faire tomber les préjugés.
Vu le contexte des derniers jours, ce livre devrait être mis entre les mains de tous nos dirigeants nationaux et locaux. Pour ma part, je vais le laisser trainer un peu sur mon bureau à la mairie!

"Si je tends la main aux jeunes des quartiers, c'est parce que beaucoup l'ont fait avec moi. de Philippe Oddou à Saïd, tous m'ont éduqué, dans le bon sens du terme : ils m'ont passé le témoin. Moi, je tends la main à quelqu'un d'autre, je lui passe le témoin, et si on fait ça de main en main, de quartier en quartier, de génération en génération, on finira par gagner la partie."

Merci à Babelio, aux éditions Anne Carrière et à nes & cité.
Merci à Abdel Belmokadem de partager son expérience.
Lien : http://lebacalivres.blogspot..
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L'auteur est né dans la banlieue lyonnaise de VAULX-EN-VELIN. Il raconte son parcours de vie, ses rencontres, ses engagements, son combat pour les jeunes des quartiers avec notamment sa société NES & CITE.
Ce livre est plein de vie grâce aux anecdotes dont il regorge et d'une lecture facile d'accès.

« La méthode BELMOKADEM » est un mélange de match de boxe et de partie d'échecs saupoudré de médiation.
Elle met l'accent sur la nécessité de l'accompagnement physique et de la prise de contact, mais aussi de l'importance de l'école.
Elle rejoint en cela d'autres auteurs, d'autres intervenants. Mais le particularisme de l'ouvrage est d'apporter un témoignage (par exemple des émeutes de 1990 et de 2005) vécu de l'intérieur de la cité.
L'auteur s'y interroge aussi sur l'actuel silence étrange des « quartiers ». Selon lui les jeunes ont contourné le système et l'explosion viendra le jour où l'économie redémarrera, mais cette fois-ci orchestrée par des très jeunes qui seront devenus ingérables.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Gamin, à l’école, avant de sortir de la classe, j’écrivais souvent au tableau en grosses lettres : FDT – pour « Frappe dans le tas ». … ça veut dire : fonce, n’hésite pas, tape un grand coup.
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Si je tends la main aux jeunes des quartiers, c'est parce que beaucoup l'ont fait avec moi. De Philippe Oddou à Saïd, tous m'ont éduqué, dans le bon sens du terme : ils m'ont passé le témoin. Moi, je tends la main à quelqu'un d'autre, je lui passe le témoin, et si on fait ça de main en main, de quartier en quartier, de génération en génération, on finira par gagner la partie.
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J'arrêterai peut-être le jour où l'on me reconnaîtra comme un chef d'entreprise à part entière. Un vrai boss. Sans suspicion. La discrimination, je m'en sers pour avancer, c'est mon ressort. Plus on va me discriminer, plus je rayonnerai.
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