Quelle force dans cette poésie ! Tahar Ben Jelloun fouille la mort, en fait ressortir le vivant, le ressuscite. Il nous retrace la vie des perdants, des démunis, des innocents, face à la guerre qui enveloppe tout de ses cendres. Les sables du désert du Proche-Orient secoués par les massacres, les obus, qui anéantissent tout, jusqu'aux souvenirs. L'auteur nous fait partager les exactions de la guerre, les vies qui s'arrêtent brutalement , sans prévenir. La mort qui règne sans partage sur ces terres ancestrales.
C'est une poésie qui dénonce ! Ses mots font renaître les morts pour ne jamais oublier.
Entre « Le chant général » de Pablo Neruda et « La peau » de Curzio Malaparte. L'homme n'est que peu de chose, rien. Mais à partir de ce rien, Ben Jelloun redonne toute sa dimension à l'humain.
De la très grande poésie. Dommage que ce soit si court ! On en redemande !
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J'aime la poésie, mais mon répertoire de celle-ci se compose généralement de poème "naïfs" (même si aucun poème ne l'est réellement) dans le sens ou ceux-ci sont utilisés pour exprimer les sentiments de l'auteur et non pour dénoncer quelque chose (la première guerre du Golf dans ce poème).
Je n'ai pas été éblouie par la prose de l'auteur, plutôt simple et facile à lire. Non pas que ce soit mal écrit. Les mots sont bien choisis pour provoquer une réaction pour choquer et évoquer la mélancolie de toute ses vies perdues au lecteur, mais j'ai été touchée 'passivement', assez superficiellement. Une fois le poème terminé ma réflexion ne s'est pas continués pour m'empêcher de dormir et me faire questionner tout ce qu'il dénonçait (c'est un sujet auquel je pense assez souvent, mais ce poème ne m'a pas 'hanté' comme je l'aurais espéré d'un thème aussi sombre).
Pour finir, un poème agréable et simple à lire, même s'il dénonce une situation difficile qu'est la guerre et tous ses morts anonymes.
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Livre qui m'a réconciliée avec la poésie.
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un recueil de poèmes assez sympa !
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Ils sont entrés par le toit Ils ont fermé portes et fenêtres
Ils ont enfoncé une poignée de sable dans la bouche
et narines de Fatima.
Leurs mains déchirèrent son ventre le sang était retenu
Ils urinèrent sur son visage. Fatima prit la main de la statue
et marcha légère parmi les arbres et les enfants endormis.
Elle atteignit la mer
le corps dressé au-dessus de la mort.
"Il est une douleur millénaire qui rend notre souffle dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer. Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.
Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l'impuissance de la parole face à l'extrême brutalité de l'histoire, face à la détresse de ceux qui n'ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier."
La poésie se contentera d'être là, pour être dite comme une prière, dans le silence, dans le recueillement du deuil.
Incommensurable est notre besoin de dire, même si nos paroles, emportées par le vent, iront buter contre les montagnes jusqu'à la perte du sens, jusqu'à faire des trous dans la roche et faire bouger les pierres lourdes de l'insomnie.
Ce corps qui fut un corps ne flânera plus le long du Tigre ou de l'Euphrate
ramassé par une pelle qui ne se souviendra d'aucune douleur
mis dans un sac en plastique noir
ce corps qui fut une âme, un nom et un visage
retourne à la terre des sables
détritus et absence.
« Il est une douleur millénaire qui rend notre souffle dérisoire. Le poète est celui qui risque les mots. Il les dépose pour pouvoir respirer. Cela ne rend pas ses nuits plus paisibles.
Nommer la blessure, redonner un nom au visage annulé par la flamme, dire, faire et défaire les rives du silence, voilà ce que lui dicte sa conscience. Il doit cerner l'impuissance de la parole face à l'extrême brutalité de l'histoire, face à la détresse de ceux qui n'ont plus rien, pas même la raison pour survivre et oublier. »
Tahar Ben Jelloun vous présente son ouvrage "Les amants de Casablanca" aux éditions Gallimard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2755520/tahar-ben-jelloun-les-amants-de-casablanca
Note de musique : © mollat
Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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