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EAN : 9782070134885
56 pages
Gallimard (06/06/2011)
4.02/5   64 notes
Résumé :

Le 17 décembre 2010, Mohamed Bouazizi s’immolait par le feu. Ce geste radical fut le signal déclencheur de la Révolution de Jasmin en Tunisie. Tahar Ben Jelloun, dans une fiction brève, réaliste et poétique, reconstitue les jours qui ont précédé ce sacrifice. Un superbe hommage aux révolutions arabes et ces millions d’hommes et de femmes anonymes descendus dans les rues pour réclamer libert&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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C'est l'histoire d'un jeune homme pauvre dans la Tunisie d'il y a moins d'un an, un homme simple et bon comme il en existe des millions.
C'est l'histoire d'un homme de 30 ans, diplômé d'université mais chômeur, qui, à la mort de son père, est contraint de reprendre la charrette paternelle pour vendre à la sauvette quelques malheureux fruits afin de subvenir aux besoins de sa mère et de ses frères et soeurs.
C'est l'histoire d'un homme quotidiennement harcelé, persécuté, humilié par la police. Car chaque jour, dans ce pays où n'existe qu'une seule justice, celle des riches, ce sont des contrôles d'identité sans motif, des interrogatoires interminables, des brimades, des insultes, des coups. Tous les jours les policiers abusent de leur petit pouvoir de supériorité pour brutaliser et terroriser une population de plus en plus démunie, miséreuse, opprimée. Et pourtant « si tu cherches un peu, tu découvriras que le flic est issu d'une famille aussi pauvre que la nôtre. Mais comme tu sais, les pauvres ne s'aiment pas entre eux… »
C'est l'histoire d'un homme qui voulait s'en sortir, qui rêvait d'une vie simple auprès de sa fiancée, oh pas grand-chose, juste une petite existence normale, sans cette peur qui tétanise et fait rester prostré comme un animal sans défense, sans ce sentiment grandissant de n'être rien au monde, et même moins que rien, quantité négligeable, un invisible, un malheureux.
C'est l'histoire d'un homme qui est né du mauvais côté de la barrière, celle des nécessiteux, et qui est à bout.
L'offense de trop, l'humiliation de trop, l'espoir qui s'éteint, les lendemains qui déchantent et plus rien à quoi se raccrocher car Dieu s'est mis du côté des riches et « tel est le destin : cruel et injuste »…Alors…
« C'est l'histoire d'un homme qui à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde ». Un homme que personne n'a écouté, que personne n'a entendu et qui, au bout du rouleau, a commis un acte désespéré en se transformant en torche humaine, en brasier de chair.
C'est l'histoire d'un homme qui a fait de sa vie une arme.

Il s'appelait Mohamed Bouazizi. le 17 décembre 2010, il s'immolait par le feu sur la place publique. Il est mort le 4 janvier 2011 des suites de ses brûlures. Parce qu'il a été le catalyseur de tous les désespoirs, de tous les ressentiments, de toutes les amertumes, de la tragédie d'un peuple broyé depuis trop longtemps par un gouvernement despotique, son geste, radical, désespéré, absolu, a été le détonateur de l'immense insurrection qui a soulevé le monde arabe au printemps 2011 et notamment de la « Révolution de Jasmin » en Tunisie.

Ecrit quelques semaines après les soulèvements, en hommage au martyr Mohamed Bouazizi, ce court texte plein d'intensité dénonce la paupérisation systématique et les conditions d'existence d'une population laminée par la misère et l'autoritarisme.
Un texte beau par sa simplicité, beau par l'émotion qu'il dégage, beau par le symbole qu'il représente, beau par la tristesse qu'il occasionne devant l'amère réalité d'un pays acculé au chômage, à la pauvreté et à la soumission qu'impose un gouvernement corrompu, beau par le vent de liberté tragique que le geste suicidaire d'un homme a permis de faire souffler sur des années d'asservissement.
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Par le feu, un chaud effroi.
Le monde est à feu et à sang. Tout est prétexte à faire la guerre, guerres économiques, guerres de religions, nucléaires, biologiques, pacificatrices, préventives (pour prévenir une éventuelle guerre ????), guerres civiles, guerres d'indépendance, ethniques, propres.

Rien n'est prétexte à faire la révolution, à dire non, à choisir l'en vie contre l'envie, à choisir la liberté contre l'esclavage moderne. Désespérant… mais ce n'est que mon avis comme dirait l'autre.

Désespéré c'est ce qu'a été Mohamed Bouazizi. C'est ce qui l'a conduit le 7 décembre 2010 à s'immoler par le feu comme pour exister. Un sacrifice qui sera le déclencheur de la révolution de jasmin en Tunisie. Un sacrifice qui mettra fin au règne de Benali.
Tahar Ben Jelloun nous conte dans ces quelques pages, les jours d'avant. Comment jour après jour cet homme a lutté contre les abus de pouvoir et la corruption. Une lutte avec ses pauvres moyens, une lutte au quotidien pour assurer la subsistance de sa famille, une lutte digne. Il n'aura cédé à aucun compromis avec le « pouvoir », avec « l'autorité ». Loin des « testostéronés » en treillis et autres affolés de la gâchette, loin des « anabolisés » des salles de sport à la virilité à deux balles, il aura été un Homme lui. Un homme qui tout en pleurant, parce que ça pleure aussi un homme, garde la tête haute quoi qu'il arrive.
Par le feu est un récit de cinquante pages qui nous met face à notre négligence. Oui, nous sommes négligents avec la vie. Nous légitimons notre asservissement…
Nos vies valent plus que leurs profits, dit toujours Besancenot (excellent une fois de plus hier soir chez Ruquier). Tout est dit dans ce slogan.

« L'histoire de Mohamed n'appartient à personne ; c'est l'histoire d'un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde ».
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17 décembre 2010, Tunisie. Mohamed Bouazizi s'immole par le feu pour dénoncer les injustices, la corruption, les bakchiches à tous nouveaux, les trafics. Jeune diplômé mais contraint par le chômage et la mort de son père à reprendre sa vieille charrette pour vendre quelques légumes sans patente. Chaque jour les humiliations, les luttes de chaque instant pour vendre, pour ne pas se faire prendre, pour ne pas se faire voler. Tout ça pour permettre à sa mère, sa soeur et lui de survivre.
Une injustice de plus le pousse à ce suicide qui se veut contestation. Et qui lancera la révolution du jasmin qui conduira à la défection de Benali en 2011. Car, comme pour Charlie quelques années plus tard, nombre de Tunisiens auraient pu brandir une pancarte "Nous sommes tous Mohamed" après ce 17 décembre terrible.

Tahar Ben Jelloun narre ces événements, des petits détails du quotidien au sacrifice de Mohamed avec sobriété et justesse, avec des mots simples pour dépeindre une situation inextricable et des conditions de vie tellement précaires.

Cinquante pages seulement, suffisant pour dire ce qui doit l'être. La concision de l'auteur donne plus à voir et à comprendre qu'un épais volume délayé. Son témoignage s'inscrit en vif dans la mémoire.
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Dans un texte bref et concis, Tahar Ben Jelloun raconte les derniers jours de Mohamed Bouaziz, le jeune Tunisien à l'origine de la révolution tunisiennes de 2011.
Mohamed vient de perdre son père, et avec lui, tout espoir de trouver un bon travail et de se marier. Aîné d'une famille nombreuse dont la mère est malade, il se décide à reprendre la charrette de son père pour gagner sa vie comme vendeur ambulant; mais la police, essayant de le corrompre, s'en prend à lui à plusieurs reprises, l'humiliant et l'empêchant de travailler.
L'auteur prend des libertés pour raconter le parcours de Mohamed Bouaziz jusqu'à son acte fatal, mais il montre bien l'engrenage qui conduit à la révolte dans un pays corrompu et totalitariste.
On est loin de l'écriture poétique de certains de ses romans, et on sent la colère poindre derrière les mots. Ce récit a été écrit l'année même de la révolution tunisienne et Tahar Ben Jelloun se range clairement du côté des pauvres. Lui même avait participé aux révoltes étudiantes des années 60 au Maroc et a connu la prison. Par son écriture, il sait provoquer l'indignation auprès du lecteur, la violence inique des policiers, l'impossibilité de se défendre quand on est né en bas de l'échelle sociale, la répression plus ou moins discrète.
C'est un livre facilement exploitable en classe, court, direct, clair et incisif.
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Mohamed, jeune tunisien âgé d'une trentaine d'années vient de perdre son père.
Il vend des fruits et légumes sur sa charrette, et ne sait, et ne peut rien faire d'autre. En permanence il doit déjouer les descentes de flics qui l'expulsent manu-militari des emplacements qu'il trouve...Bien sûr il y a des emplacements libres, mais là il n'y a pas de client. Les expulsions sont toujours violentes, les fruits sont jetés par terre, Mohamed est régulièrement tabassé...Tous le prétextes sont bons.
Tout serait si simple, s'il acceptait de devenir un indicateur des flics...mais Mohamed a sa fierté et ne peut l'envisager. Il doit nourrir ses frères et soeurs et sa mère diabétique, alors il fait face comme il peut, se bat pour quelques dinars...il ne fait pas bon être chômeur sous le soleil tunisien.
Il ne fait pas bon être jeune tunisien : il est impossible de vivre décemment sous la menace permanente de ces descentes de flics, sous leurs coups, sous leur violence, avec le chômage comme seul avenir.
A son âge il ne peut même pas envisager le mariage avec Zineb, son amie secrétaire dans un cabinet médical...Comment se marier quand on est incapable de faire vivre sa famille ? Comment envisager un futur?
Les jours se suivent et se ressemblent. Tant d'autres jeunes sont comme lui, virés de partout, tabassés, humiliés par les flics qui prennent tous les prétextes pour le virer, le frapper, confisquer sa charrette et ses fruits...surtout quand il refuse d'honorer le Président, de placarder sa photo sur sa charrette...
Alors Mohamed prend un bidon de gasoil, une allumette....
On connait la suite, une suite qui déclenchera la révolte d'une population, le départ de Ben Ali...
C'était à Tunis en décembre 2010....un petit livre de 50 pages pour partager la honte de ce régime, sa violence, l'immolation par le feu comme solution ultime. Un petit livre pour honorer le souvenir de Mohamed Bouazizi, petit livre que je pris plaisir à relire.
Les plus anciens d'entre nous se souviendront également de Jan Palach, qui en janvier 1969 à Prague déclencha une révolution, ouvrit la porte de la liberté à son pays et aux siens en s'immolant par le feu, seule solution pour protester contre la présence de l'armée soviétique dans son pays.
"L'histoire de Mohamed n'appartient à personne; c'est l'histoire d'un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde. Jamais personne ne lui volera sa mort." (P. 50)
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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critiques presse (1)
Lexpress
15 juin 2011
Avec beaucoup de pédagogie et de finesse, [Tahar Ben Jelloun] décrypte les faits, Etat par Etat, répond aux interrogations des néophytes, salue la jeunesse de Méditerranée et médite sur l'avenir du "printemps arabe".
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Il venait tout juste d'avoir trente ans. Jamais il n'avait fêté son anniversaire. Les années passaient et se ressemblaient. La pauvreté, le manque, une résignation vague assuraient à sa vie une tristesse devenue avec le temps naturelle. Comme son père, il ne se plaignait jamais.
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C'est l'histoire d'un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde.
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L'histoire de Mohamed n'appartient à personne; c'est l'histoire d'un homme simple, comme il y en a des millions, qui, à force d'être écrasé, humilié, nié dans sa vie, a fini par devenir l'étincelle qui embrase le monde
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Il aurait voulu leur répondre que dieu visiblement n'aimait pas les pauvres et que la terre était vaste mais seulement pour ceux qui avaient les moyens. Il se dit : "Pas la peine d'aggraver mon cas; ils sont capables de m'arrêter pour athéisme" (p.24)
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...Si tu cherches un peu, tu découvriras que le flic est issu d'une famille aussi pauvre que la nôtre. Mais, comme tu sais, les pauvres ne s'aiment pas entre eux...) (p.21)
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Vidéo de Tahar Ben Jelloun
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