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EAN : 9782070776467
288 pages
Gallimard (24/01/2008)
3.65/5   158 notes
Résumé :
TAHAR BEN JELLOUN

Sur ma mère

La mémoire défaillante de ma mère l'a replongée,
pendant les derniers mois de sa vie, dans son enfance.
Redevenue soudain une petite fille, puis une très jeune
fille tôt mariée, elle s'est mise à me parler, à se confier,
convoquant les morts et les vivants.
L'amour filial, fort et passionnel, est souvent enrobé
de pudeur et de non-dits. En racontant son passé, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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A la fin de sa vie, la mère de Tahar Ben Jelloun a été atteinte par la maladie d'Alzheimer. Pendant des journées entières, alors qu'il venait le plus souvent possible passer du temps à ses côtés et la veiller, l'auteur l'a écoutée dans ses moments de lucidité comme dans ceux où elle perdait pied et où la réalité n'avait plus de prise sur elle. Malgré la souffrance ressentie face à sa propre impuissance, il a pu découvrir celle qui lui a donné la vie. Les souvenirs qu'elle lui offrait au fur et à mesure de ces longues heures douloureuses ont permis à l'écrivain de reconstituer sa vie dans la ville de Fès des années trente et quarante et de plonger dans les ressentis de la fille, de l'épouse et de la mère qu'elle avait été. Il nous confie lui-même que ce récit est celui d'une vie dont il ne connaissait rien, ou presque.
Mon avis : Quel roman biographique grave et douloureux que celui que nous livre ici Tahar Ben Jelloun . Et quel magnifique hommage à cette mère qui a voué sa vie aux siens, oeuvrant sans cesse pour leur bien-être, attentive à leurs avancées dans l'existence, priant pieusement pour leur sécurité et leur bonheur. Quand la maladie d'Alzheimer frappe Lalla Fatma, l'auteur se rend compte de tous les non dits et de toute la pudeur qui a toujours été de mise entre sa mère et ses enfants. Il découvre également plus nettement qu'avant le poids des traditions et des coutumes du Maroc qui pesaient sur les épaules des femmes, il comprend à quel point leur soumission cachait leur force et leur courage et se représente plus justement la place prédominante qu'elles tenaient au sein de leur foyer. Les conséquences de la maladie sont décrites sans concession, la souffrance de l'entourage est sous nos yeux, de façon vibrante, et on ne peut s'empêcher de se demander « et si je vivais ce qu'il vit, je pense à mes parents, s'ils étaient malades de la sorte ? et si cette saleté d'Alzheimer me touchait moi aussi, qu'en serait-il pour les miens ? ». Une déchéance dont on ne veut pas être le témoin et qu'on ne voudrait surtout pas infliger à ceux que l'on aime...Vous l'aurez compris, ce livre est à lire avec un moral d'acier… Il est absolument poignant. Il nous déchire à la lecture mais, en ce qui me concerne, je suis contente de l'avoir lu. Il nous montre si bien la cruelle solitude de tous ceux qui côtoient quotidiennement cette terrible maladie et qui doivent s'y confronter, avec courage et patience...
Public : roman pour les adultes.
Si vous voulez vous rendre sur le site de l'auteur, Tahar Ben Jelloun, vous pouvez suivre cette adresse :
http://www.taharbenjelloun.org/
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Tahar Ben Jelloun met en scène ici sa mère dont il connaît si peu le passé. C'est bien involontairement qu'il est témoin de ses faits et gestes de jeune fille puis de femme. En-effet Yemma (le petit nom qu'il lui donne) se livre aux confidences, son passé resurgit sous l'effet de la maladie d'Alzheimer. On y découvre un Maroc, de Fès à Tanger, des années trente et quarante et on y apprend les meurs et coutumes quand la femme était livrée à son époux, sans le connaître.
L'auteur est surpris, à travers les conversations ou plutôt les souvenirs enfouis, de retrouver sa mère dans toutes les circonstances de la vie quotidienne : mariage, hammam, cuisine, mosquée... Une femme qui ne parlait jamais d'elle, quasiment illettrée et qui se pliait sans rechigner aux moeurs de son temps. Une femme qui a eu trois maris et quatre enfants et dont l'unique but était le bien être de ceux-ci.

C'est une histoire touchante et presque universelle car les effets cliniques de la maladie sont très bien retranscrits, le parallèle avec des proches se fait automatiquement. Cependant, certains passages m'ont irritée, notamment ceux concernant les maisons de retraite en Occident et plus particulièrement en France. Ceci dit, je ne peux m'empêcher d'admirer la constance des deux personnes, malgré leurs défauts, qui ont pendant des années étaient jour et nuit aux côtés de Yemma, deux personnes qui n'étaient en aucun cas des membres de la famille. Ce n'est donc pas qu'une question culturelle comme veut bien nous le faire entendre l'auteur.

Il n'en reste pas moins que Tahar Ben Jelloun est un fils aimant et qu'il a traduit avec beaucoup de compassion et de tendresse la confusion de sa mère malade. Je n'ai pu m'empêcher devant le portrait de sa mère dont il a reçu la bénédiction, de l'imaginer petit enfant et se dire : "Yemma est la plus belle, la plus douce, la plus élégante, la plus..." comme font tous les enfants du monde amoureux de leur maman.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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C'est effondrée que j'ai posé ce livre. Plusieurs lectures sont possibles. La mienne fut à fleur de peau et le coeur soumis à rude épreuve... Dans ce roman-biographie commencé en 2001, terminé en 2007, Tahar Ben Jelloun rend un hommage fort et vibrant à sa maman malade qu'il découvre et redécouvre alors qu'elle s'enfonçe de plus en plus dans une nuit qui maintenant l'a recouverte tout entière, à jamais dissimulée aux yeux de tous mais présente, ô combien, dans les lignes et entre lignes de ce puissant cri d'amour. L'auteur replonge dans un Maroc des années trente et quarante où la femme soumise et souvent analphabète donnait comme unique sens à sa vie le dévouement à un époux et à ses enfants. Nous pleurons parce que nous comprenons que cette femme n'a pas été aussi heureuse qu'elle l'aurait mérité mais nous nous réjouissons de l'amour tutélaire dont l'enveloppe son fils et dont elle enveloppe ses enfants. de très beaux et graves moments soulèvent le problème de notre société actuelle : cet éloignement de la personne âgée et malade, ces ghettos, quels que soient les noms qu'on leur donne... Beaucoup de réflexions sont soumises à notre entendement et à notre coeur par Tahar Ben Jelloun, au-delà de sa propre histoire. Il m'a fallu du temps pour écrire ce court billet, il y a des livres qui requièrent un silence particulier et dont on ne peut parler qu'après l'avoir apprivoisé. Les paroles semblent dérisoires... Les actes se voudraient courageux...

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« le mariage, mon fils, c'est aussi cette habitude qui s'installe et qui devient une corvée ou un calvaire. »
Tout est dit de cette pitoyable vie de sacrifice imposé et consenti.
C'est à la faveur de la maladie d'Alzheimer que la mère de l'auteur, Yemma, confondant passé, présent, remonte dans ses souvenirs et se livre indépendamment de sa volonté en toute ingénuité. L'occasion aussi pour le fils d'entrevoir une tragédie qui ne dit pas son nom et de nous offrir un témoignage poignant du sacrifice demandé aux femmes, à peine sorties de l'enfance.
Mariée à 15 ans à un homme qu'elle ne connait pas et qui pourrait être son père. Celui-ci ne lui témoignera aucune affection, elle se dévouera à ses enfants et se consolera par la religion. On ne lui a même pas appris à lire et à écrire, car tout ce qui importe c'est la soumission à l'homme qui peut la répudier, prendre une deuxième femme quand ça lui chante.
Le jour du mariage, il faut marcher vers son futur époux en regardant le sol et sans prononcer une parole.
J'ai fermé le livre, révoltée par cette religion qui fait de la condition de la femme un calvaire, et j'ai en même temps compris, ce qui me gênait ; l'ambiguïté qui parcourt l'oeuvre de l'écrivain pris dans un étau entre une mère à qui il voue un amour profond et sincère et un père qu'il ne peut faire autrement que d'honorer même si c'est de manière très subtile. Éducation et loyauté obligent !
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Que rajouter de plus au commentaire de Lune. Merci à toi d'avoir dit l'émotion qui m'a étreint durant cette lecture. Je suis moi-même d'origine marocaine et confrontée à la solitude de ma vieille mère qui toute sa vie durant a donné à ses enfants un immense amour. Maintenant qu'elle est vieille et démunie elle attend le retour de notre affection. mais qu'il est difficile dans cette société de "l'instant" de vivre avec sa mère !!!
Toujours est-il que Tahar Ben Jelloun est devenu encore plus cher à mon coeur, après le livre qu'il a dédié à ses amis, (dont j'ai oublié) il montre une nouvelle fois tout une part de son être bellement "humaine", après l'amour de et à ses amis, voila le livre de et à la mère. Que d'émotion, quelle belle personne il nous montre de lui !!!! Je me suis décidée à lui écrire pour lui dire tout cela....
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
« Je n’ai pas peur de la mort, aime-t-elle répéter. La mort est un droit que Dieu nous donne pour clore notre vie. Je n’ai pas à discuter la volonté divine. La maladie, c’est autre chose, la maladie c’est une mort pleine de lâcheté. Elle tourne autour de nous, s’en prend à une partie de notre corps, le torture, le prive de ses capacités naturelles, puis voyage, s’en prend à un autre membre de ce corps, fait des ravages, donne des douleurs, et s’attaque pour finir à la tête. Moi, ma peur ne vient pas de la mort, ma peur c’est de voir dans votre regard ma douleur, c’est de vous voir pliés de douleur parce que je souffre, rongée de l’intérieur. Cela, je ne le supporte pas.
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Une amie qui s’était battue contre un mal qui rongeait son corps m’a dit un jour :
- La mort, la vraie, l’insupportable perte et absence, c’est la maladie, des jours et des nuits interminables de dégradation, de souffrance et d’impuissance. C’est ça la mort, et pas cette fraction de seconde où le cœur s’arrête.
J’ai donné à manger à ma mère. Ma mère mon enfant. Une cuillerée de lait et de fromage. Une petite fille qui mange, les yeux fermés, et ma main tremble d’émotion. Les larmes me montent aux yeux et j’abandonne. […….] Je sors de la chambre et j’essuie mes larmes en pensant non plus à ma mère, mais à mes enfants. Je ne sais comment s’est fait le transfert.
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Le souhait le plus cher de ma mère se résume en cette prière : « Que Dieu me fasse mourir en votre vie ! ». Comme toute mère, l’idée de perdre un enfant la rendait folle d’angoisse. Elle a vu comment sa mère a souffert à la mort prématurée d’un de ses fils. Un deuil impossible. Un fait qu’elle n’ose même pas imaginer. Trop douloureux. « Mourir, oui, mais entourée de mes enfants. »
J’ai appris à apprécier cet égoïsme : un amour si fort, si entier qu’il n’est possible que dans la vie des siens et la mort de soi. Que faire de cet amour si l’un de ses enfants est emporté par la mort brutale ?
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Comment s’appelle cette maladie ? Alzheimer ? Ma mère a des moments de parfaite lucidité et cohérence. Ils sont certes de plus en plus rares. Qu’importe le nom à donner à cette maladie. A quoi servirait-il de la nommer ? Elle dit : « La mémoire a perdu son tranchant ! Avec l’âge, ma tête est devenue trop petite ; elle ne peut pas tout retenir ; il y a trop de choses dedans. »
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Depuis qu’elle est malade, ma mère est devenue une petite chose à la mémoire vacillante. Elle convoque les membres de la famille morts il y a longtemps. Elle leur parle, s’étonne que sa mère ne lui rende pas visite, fait l'éloge de son petit frère qui, dit-elle, lui apporte toujours des cadeaux. Ils défilent à son chevet et passent de longs moments ensemble.
[…….]
Ma mère revisite son enfance. Sa mémoire s’est renversée, éparpillée sur le sol mouillé. Le temps et le réel ne s’entendent plus.
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Vidéo de Tahar Ben Jelloun
Tahar Ben Jelloun vous présente son ouvrage "Les amants de Casablanca" aux éditions Gallimard. Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2755520/tahar-ben-jelloun-les-amants-de-casablanca
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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