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EAN : 9782021023435
199 pages
Seuil (01/04/2010)
4.13/5   15 notes
Résumé :

« Dans ce livre insolite autant qu'improbable, on découvrira : I ° que le héros - à moins que ce ne soit l'auteur - s'interroge sur ses rapports avec les livres ; 1° qu'il se penche sur les raisons qui l'empêchent d'écrire, tout en lui interdisant de s'y dérober ; 3° qu'il ne saurait suspendre plus longtemps son désir de vivre un roman d'amour avec la langue française. Il ressort de tout cela que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Car je n'aurais bien entendu inventé que des mensonges débordant d'exactitude. »

Variations d'un auteur sur les livres rêvés ou en semi-construction, les lectures et l'écriture.

Un auteur ou déjà un personnage dans ses échanges avec ses hypothétiques, mais réel-les lectrices et lecteurs du livre de Marcel Bénabou.

Un petit ouvrage tout en espérance sur l'autre littéraire, sur soi en face de la page blanche.

Des mots, des livres, des instants de surabondance et d'excitation des sens.

Une réflexion, plus sensible qu'il n'y paraît, sur les solitaires espaces créés et créant la littérature et les multiples livres.

« Je voyais bien une solution : il aurait suffi que je m'oriente résolument vers la fiction, que j'ose me jeter dans l'imaginaire, qu'à grands coups de sabre je tranche tous les noeuds, que j'invente les héros qui me déchargent de mes entraves, que je construise enfin, à force de patience ou d'habileté, une figure mythique qui m'aurait rendu supportable à moi-même. »
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Comment définir le texte de Marcel Bénabou ? Est-ce un "non-roman" ? Un essai déguisé ? Un simple exercice de style ?

Comme son titre l'indique, le héros -l'auteur ?- nous y explique pourquoi et comment il n'a écrit aucun des romans qu'il est pourtant persuadé d'abriter, quelque part, dans un coin de son esprit...

Avec humour, il interpelle fréquemment le lecteur, l'exhortant à la patience dans un premier temps, car il craint de le lasser rapidement, n'ayant à lui offrir aucun récit, du moins au sens romanesque du terme. L'agacement point, effectivement... N'a-t-il rien d'autre à nous servir que ces atermoiements sur son incapacité à écrire réellement cette oeuvre dont il nous décrit par ailleurs toutes les caractéristiques, nous expliquant à quoi ressemblerait son entame, imaginant quelques vagues synopsis qui en constitueraient le matériau ?

Et puis, curieusement, presque à mon corps défendant, je me suis sentie plongée dans ce récit qui n'en est pas vraiment un, suivant avec un certain plaisir l'argumentation du narrateur qui, entrant si l'on peut dire dans le vif du sujet, décrit les mécanismes et les motifs de sa non-production littéraire puis explore les raisons de ce besoin d'écrire qui le tarauderait depuis l'enfance.

Vivre sa vie plutôt que l'écrire...
Ne faire aucune concession à la médiocrité, et préférer ne pas écrire qu'écrire mal...
Attendre le bon moment, celui où la maturité lui permettra de produire l'oeuvre de sa vie...
Craindre de ne pas être à la hauteur de la langue, envers laquelle il éprouve le plus grand respect...
... il défend ces arguments -entre autres- avec un esprit d'analyse teinté d'une réjouissante auto-dérision, le lecteur hésitant entre les considérer comme les prétextes d'un paresseux qui s'illusionne sur ses capacités d'écrivain, ou comme la réelle manifestation de son obsession, alimentée tout autant par son besoin d'écrire que par son incapacité à le faire.

Ce faisant, il s'interroge sur la place que tient la littérature dans nos vies, et rend un bel hommage, à la fois ludique et intelligent, à la langue française.

Et vous savez quoi ? C'est très bien écrit !
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Verdict : Dense, insolite, mémorable !
C'est au cours de mes recherches pour mon mémoire sur le plagiat que je suis tombée sur ce livre au titre évocateur. Je pensais y trouver les confessions d'un auteur ayant plagié ses contemporains ou prédécesseurs et les raisons de cet acte. Mais pas du tout ! Quelle fut ma surprise lorsque je m'immergeais plus profondément dans une auto-analyse d'un écrivain face à son plus grand mal : son absence de production.
Au-delà du syndrome bien connu de la page blanche, Benabou nous explique plus précisément pourquoi il n'a pas écrit. Lorsqu'il était jeune, il voulait éviter de se « gâcher » en se précipitant dans l'écriture de futilités préférant laisser mûrir son talent, son inspiration. Puis divers événements ont sans cesse repoussé l'échéance à un « plus tard » toujours plus lointain. Alors que tous ces amis écrivains produisaient, il se contentait de les conseiller. Au moment de se confronter à son tour à son écriture, mille tourments semblent l'assaillirent et on le voit lutter avec lui-même tentant de faire sortir les mots de sa plume mais il butte, trébuche, se relève pour quelques pas à peine avant de rencontrer un autre obstacle. Il renonce alors pour commencer un autre récit qui connaîtra le même sort.
Outre cette difficulté presque insurmontable qui l'empêche de s'accomplir en tant qu'écrivain, il se rend compte que tout ce qu'il a laissé germé en lui, son oeuvre en devenir a déjà été écrite par un autre ; on lui a volé ses mots ! Comment un auteur a-t-il pu coucher sur le papier, ses pensées, ses rêves, sa prose ! Ce tout petit livre a alors le mérite d'aborder, expérience à l'appui, le concept du plagiat par anticipation qui repose sur l'idée qu'un écrivain peut avoir écrit l'oeuvre qui aurait dû être celle d'un autre des années après compte tenu de son esthétique. Ce livre est donc une vraie petite pépite et il a reçu un accueil dithyrambique mérité lors de sa parution.

Lien : http://lecoffretdeshalimar.w..
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C'est une relecture de ce petit livre en lequel je m'étais reconnu. Un livre sur l'impossibilité, l'incapacité ou le spasme d'écrire. Lorsque j'ai décidé l'an dernier de débuter cette petite chronique de mes lectures, n'était-ce pas un peu chercher par les livres des autres à me livrer à l'écriture? N'était-ce pas l'alibi pour remplir quelques petits cahiers de ma plume? Ce n'est pas de la littérature? J'en connais qui ont des fragments littéraires une idée assez généreuse. Je ponds un fragment par lecture et ce micro-texte, cette micro-critique subit par le fait l'influence de l'auteur en question. À chaque fois, il s'agit d'une nouvelle situation, d'un autre état d'ame, d'un nouveau rapport avec le livre que je ferme. Mais, à chaque fois aussi, c'est un premier jet dont la structure demeure évidemment simple. Je n'ai, par exemple, pas tenter d'écrire sous contrainte lorsqu'il s'agissait d'oulipien reconnu, comme c'est ici le cas.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Comme Zenon d'Elée démontre par le raisonnement l'impossibilité du mouvement, Marcel Bénabou démontre par l'exemple l'impossibilité d'écrire un roman. Il met son intelligence raison au service de l'analyse de l'écrit et décourage ainsi toutes ses velléités d'écrivain. Mais cet exercice n'est pas totalement stérile car il donne naissance à la fleur délicate de l'ironie.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les premières lignes d'un livre sont les plus importantes. On ne saurait trop les soigner. Critiques et lecteurs professionnels avouent sans honte qu'ils jugent un ouvrage sur ses trois premières phrases. Si elles leur déplaisent, ils arrêtent là leur lecture et entament avec soulagement le livre suivant.
C'est ce cap dangereux que vous venez à l'instant de franchir, lecteur .
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Plus tard, lycéen, je prenais soin d'acheter, en quantité toujours plus grande qu'il m'était nécessaire, des agendas, répertoires, registres ou simples carnets, dont la plupart restaient vierges : les vastes projets auxquels je les destinais s'accommodaient déjà fort bien, en ce temps-là, de ne pas dépasser le stade de projets.
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Ainsi, il est une règle non écrite qui veut que les écrivains, et à plus forte raison les non-écrivains, ne publient pas leurs non-oeuvres.
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Car je n’aurais bien entendu inventé que des mensonges débordant d’exactitude
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Au commencement, une phrase très courte. Une demi-douzaine de mots seulement; des mots simples, les premiers venus, ou presque.
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Vidéo de Marcel Bénabou
Conférence de l'oulipoLa joyeuse équipe de l'Ouvroir de littérature potentielle se produit tous les mois à la BnF. Marcel Benabou, Jacques Jouet, Hervé le Tellier, Clémentine Mélois et leurs acolytes y font résonner en public lectures et créations originales.Après 18 ans de lectures publiques jubilatoires à la BnF, l'équipe de l'Oulipo part voguer vers de nouveaux horizons.Séance enregistrée le 12 décembre 2023 à la BnF I François-Mitterrand.
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