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Critique de marina53


Il était un temps où l'avortement était considéré comme un crime et où les femmes, pour avorter, subissaient les pires sévices: coups dans le ventre, saignées, lavements à base de décoctions diverses, poisons... Même si certaines s'en sortaient vivantes, d'autres attrapaient de multiples maladies (tétanos, embolie pulmonaire... ) quand ce n'était pas la mort qui les attendaient. Ou la condamnation pour les "faiseuses d'anges"...
Il était un temps, pas si lointain pourtant, c'est à dire au début des années 60, où s'ouvraient des centres d'accueil encore illégaux qui informaient et donnaient des contraceptifs.
En avril 1971, apparaît le "Manifeste des 343" dans Le Nouvel Observateur autrement dit la signature de 343 femmes, connues ou non, ayant avorté. Deux ans plus tard, c'est au tour des médecins de publier un manifeste dans lequel ils reconnaissent avoir pratiqué un avortement. La même année est créé le Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et la Contraception (MLAC) qui pratiquait des interruptions de grossesse en toute illégalité. C'est pourquoi des départs en car en partance pour l'Angleterre ou la Hollande, pays où l'avortement était autorisé en dessous de 12 semaines, étaient organisés.
C'est dans l'un de ses cars que l'on croisera Maïté, 22 ans, dont l'arrivée d'un enfant n'était pas au programme de son plan de carrière, Anne-Sophie, 32 ans, bourgeoise, mariée, 2 enfants et enceinte de son amant et Odile, militante de gauche. Trois femmes de statut social différent mais poursuivant un même but...

Cet album, dédié à Simone Veil et aux 343 signataires du manifeste d'avril 1973 ou les 343 "salopes" selon Charlie Hebdo, revient sur une partie passionnante de notre histoire. Rappelons que l'avortement ne fut autorisé en France qu'en décembre 1974. Mélangeant habilement fiction et réalité, Tonino Benacquista relate ici le parcours de trois femmes aux idéaux et aux moeurs complètement différents. Et pourtant, ainsi réunies dans ce car en partance pour Londres, elles n'aspirent qu'à une chose: mettre fin à leur grossesse. A la fois enrichissant et didactique, l'auteur n'est pas sans rappeler que ce temps-là n'est pas si loin. Il aborde ce sujet sans misérabilisme et avec une pointe d'humour, comme pour alléger la dureté du propos. Ces trois femmes sont très attachantes et leur périple on ne peut plus libérateur. le dessin de Florence Cestac, tout en rondeur, est plutôt efficace.

Merci Charlie d'avoir fait de nous Des salopes et des anges...
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