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Critique de Moovanse


Un fil d'Ariane né de l'utérin,
amniotique douceur d'un corps douleur …
Deux coeurs douleur.

Ce sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit, chahutée par ma lecture, émotion non contenue …. un peu de brume aux yeux. Jeanne Benameur a fait mouche !

Elle, c'est Léa. Une vibration. Un mouvement perpétuel. Une grâce qui étire chacun de ses gestes, aiguise ses muscles, courbe son corps au plus juste, pour occuper l'espace, tout l'espace, tout de grâce. Si elle pouvait, Léa, elle deviendrait poussière, poussière d'air, légère, particule anonyme, volatile, juste un souffle de lumière qui rejoindrait un ciel, vaste - plein.
Elle danse.
Elle ne sait faire que ça, Léa, danser - pour altérer son vide.
Qu'elle est belle, ainsi, sculptée par l'effort !
Elle promène alentours l'apparence de son corps - équilibre parfait, tranquille.
Lisse à l'extérieur .... Diffractée à l'intérieur.
Léa porte ses peurs sous la peau comme des « éclats de bombe », c'est « un champ de mines » qui danse jusqu'à épuisement, juste pour éviter l'explosion !
Elle est ainsi depuis l'enfance, ainsi dans ses amours, aussi : Dé-liée, touchable mais Injoignable, abordable mais Introuvable. Toujours quelque chose en elle qui ne se donne pas.
Pourquoi ?

Elle, c'est Romilda. Immobile. Frêle et fragile. Toute de noir vêtue : celui du deuil, de la guerre, de la honte, là bas, en Italie, il y longtemps, très longtemps … Elle, depuis, n'est Personne. Elle vit seule, recluse exilée en bord de mer aux falaises vives, calfeutrée de silence, mutilée dans ses chairs. Taiseuse.
Vibration d'Amour désaccordée. Disloquée.
Romilda, c'est un livre : « Tu, Mio ». Livre refuge, Toi et Moi, homme – amour, Toi et Moi, femme – enfant, Toi et Moi dans la plainte sourde et tue … Son livre, son seul soleil - Caché.
Comment dire ?

La narration mélange passé, présent, sous forme de petits tableaux imbriqués : sorte de puzzle distillant ses fragments d'histoire au compte goutte.
Autant de souvenirs acérés, d'épines au coeur, de questionnements blafards, d'effroi, d'horreur, d'infernales déchéances …
Autant de retenues aussi.
Jeanne Benameur sait les mots justes, tamisés, ceux qui, économes, transpercent pourtant la page pour nous éclabousser les yeux d'images fortes et le coeur d'émotions crues.
Magie de l'écriture, bouillonnante, explosive, tempétueuse à la rythmique saccadée qui jette sa rage sur la feuille, magie de l'écriture qui affute nos sens par la douceur et la poésie qu'elle infuse.

"Aimer c'est juste accorder la lumière à la solitude.
Et c'est immense."

Immense, comme cette immense histoire d'amour – charnelle et viscérale.
Immense, cet « accouchement » décalé, ombres lavées évaporées, où la lumière enfin Re-liée peut s'accorder sans crainte aux gestes et à la voix.

Ne restera, limpide, que le cristal.





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