AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9789973580191
340 pages
Elyzad (01/01/2007)
3.91/5   16 notes
Résumé :
Salim est un jeune garçon vivant dans un village reculé d'Algérie, au début des années 50. Son avenir, probablement paysan ou gardien de chèvres. Mais Salim, qui va à l'école française est un élève particulièrement brillant. Un an d'avance, il rejoint en classe son frère Elgoum, qui lui a un an de retard. Il "s'éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes, à ce déchirement qui le gagne inexorablement." (4ème de couverture) Le livre débute dans les années 50 et se ... >Voir plus
Que lire après Tes yeux bleus occupent mon espritVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Très jolie chronique d'une enfance et adolescence algérienne pendant que couve la guerre d'indépendance
En 1954, Salim, jeune algérien d'un douar misérable de la région d'Orléansville, se détache de ses congénères par ses facilités d'apprentissage à l'école du village. Lui et son frère Elgoum feront partie des rares élus à partir en 6ème en pension à Orléansville malgré l'opposition de leur père autoritaire et violent qui veut faire d'eux des bergers.
Tes yeux bleus occupent mon esprit, c'est le parcours initiatique que doit affronter un enfant, puis un adolescent dans un pays en proie à la tourmente. A la veille de l'indépendance de l'Algérie, Salim est tiraillé entre sa fascination pour la France, sa langue qu'il maîtrise habilement et la peur de trahir son pays et les siens qui se battent pour leur liberté.
Roman d'initiation plein de fraîcheur et d'innocence, d'humour et de gaieté, il soulève délicatement des questions graves qui sont encore d'actualité aujourd'hui.
A noter le ravissant écrin des éditions Elyzad !
Commenter  J’apprécie          120
Je suis tombée par hasard sur ce joli (d'un point de vue esthétique) livre, publié chez un éditeur inconnu de moi – Elyzad – qui est un éditeur tunisien : beau papier, belle couverture, et format petit poche. La quatrième de couverture m'accroche aussi. Et c'est une jolie surprise !

Cela commence comme cela : « Je viens juste de l'apprendre. Les couleurs ont une âme. Mes camarades ne veulent pas le croire, mais moi je suis d'accord avec la maîtresse. Les couleurs expriment des sentiments. Et chacune d'elles d'habille d'un symbole ». Et c'est là le début d'un beau roman d'apprentissage. Nous suivons les aventures de Salim, un enfant algérien du douar, âgé de dix ans dans les premières pages, dans les années 1950 et 1960.

Il s'agit à la fois d'une sorte de Petit Nicolas à Orléansville, avec des péripéties, des bêtises, et un humour plein de tendresse sur l'enfance. C'est aussi un récit plus grave, celui des « z'èvenemlents » de la guerre d'Algérie, vus par le regard tantôt naïf, tantôt idéaliste, d'un jeune garçon puis d'un adolescent. C'est l'éveil de Salim à la vie, aux désirs, à la politique. C'est son éveil aussi à la connaissance et au bonheur de savoir, l'éducation lui permettant d'échapper à son destin – apparemment tout tracé – de berger. Cette fascination tiraille Salim

Bien loin de tomber dans des clichés caricaturaux, le récit forme un tissage complexe et nuancé, souvent très émouvant, comme ce discours que l'instituteur M. Vermeille tient à ses élèves au début de la guerre, lors du dernier cours de l'année scolaire : « Encore une fois je vous en prie. Ne cédez pas à la folie des hommes qui veulent déchirer ce beau pays. Il est possible que ces paroles déplaisent à des oreilles récalcitrantes. Peu importe. Je m'adresse avant tout à ceux qui veulent avancer sur la voie du progrès » (page 137).

Le style – qui évolue en même temps que Salim grandit – est léger et enlevé, et nous promène d'épisode en épisode au sein de chapitres courts se succédant rapidement.

Beau portrait d'adolescent, et beau portrait de la jeune Algérie aussi.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
Commenter  J’apprécie          120
Un plaisir de retrouver la plume toujours aussi vivante et rythmée de Djilali Bencheikh.
On retrouve les personnages de Mon frère-ennemi, un peu plus âgés (on n'est pas obligés d'avoir lu le 1er pour comprendre le 2nd), plus matures, plus idéalistes.
L'histoire est passionnante mais ce qui retient surtout mon attention c'est cette analyse acérée de la guerre d'Algérie et des premiers mois de l'indépendance (ce n'est pas le sujet principal du livre mais une trame de fond). C'est très osé de la part de l'auteur, je ne pense pas que ce serait passé s'il n'était pas algérien. D'ailleurs même pour un Algérien ce n'est pas très politiquement correct. Grinçant et délicieux !!!
Commenter  J’apprécie          130
"Je ne pense jamais comme ceux de mon clan. Les miens n'ont rien à m'apprendre. Je sais tout d'eux, ils savent tout de moi. Avec les étrangers, quelle que soit leur origine, je m'instruis en permanence, j'ai l'impression d'être en perpétuel voyage".
Ainsi parle Salim, le narrateur de ce roman, qui nous aura mené du tout début des "événements" à l'indépendance de l'Algérie. Presque huit ans se seront écoulées entre le début et la fin du récit, qui voit Salim passer de l'enfance à l'orée de l'âge adulte.
Choisir un enfant comme narrateur n'est pas chose aisée, mais Djilali Bencheikh sait les éviter. Déjà, il sait faire évoluer le langage de son héros, mais aussi son regard, son analyse sur ce qui l'entoure. le petit garçon du douar devient un adolescent qui ne veut surtout pas devenir un berger, comme l'obstination de son père l'y condamne, un temps. Pour lui comme pour ses frères, l'émancipation passe par les études, ce qui ne signifie pas trahir les siens, comme le lui serinent certains de ses camarades.
Pas de manichéisme dans ce roman. La bêtise et la violence ne sont pas l'apanage d'un seul camp. La barbarie n'est pas passée sous silence, elle est racontée de la même manière que l'on conte un événement tragique à un enfant : en lui synthétisant les informations, sans s'étendre dans de longs discours. Peu de mots peuvent avoir beaucoup de poids.
Son frère Elgoum prendra la parole à l'avant-dernier chapitre. Il offre un regard plus mûr. de deux ans plus âgé, il n'a pas la naïveté, l'idéalisme de son frère. Il sait, crument, certains faits, certaines trahisons, certains carnages. Il est d'une grande lucidité, et d'une grande tendresse pour son frère.
Une très belle oeuvre à découvrir.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
Commenter  J’apprécie          90
Salim est un jeune garçon vivant dans un village reculé d'Algérie, au début des années 50. Son avenir, probablement paysan ou gardien de chèvres. Mais Salim, qui va à l'école française est un élève particulièrement brillant. Un an d'avance, il rejoint en classe son frère Elgoum, qui lui a un an de retard. Il "s'éveille aux autres, à ses désirs, ses révoltes, à ce déchirement qui le gagne inexorablement." (4ème de couverture) le livre débute dans les années 50 et se finit au lendemain de l'Indépendance de l'Algérie, le 19 mars 1962. Salim nous livre les journées d'un jeune garçon, puis d'un jeune homme pendant les "zévénements".
C'est donc un roman d'apprentissage d'un garçon dans un pays en guerre. Guerre évidemment omniprésente, mais vue d'abord par les yeux de ce jeune garçon grandissant s'ouvrant à la vie de son pays. Puis, la vision des événements varie au fur et à mesure que Salim grandit et qu'il prend conscience des injustices et des inégalités entre Arabes et Français. Là-bas, à cette époque, même le plus pauvre des Français est plus riche que l'énorme majorité des Arabes.
Salim est tiraillé entre les maquisards qui défendent l'indépendance et son attirance pour Françoise, fille d'un capitaine de l'armée française, qui l'a subjugué, notamment par son regard bleu
Je crains toujours d'entamer un roman dans lequel le narrateur est un enfant, parce que l'auteur peut parfois céder à la facilité de langage et d'analyse des situations. Djilali Bencheikh évite les deux écueils : son livre est très bien écrit, émaillé de mots algériens ou de mots français orthographiés à la diction algérienne de paysans reculés, ("zévénements" pour les événements "coolidge" pour le collège, "la péro" pour... allez, je vous laisse deviner et si vous gagnez, j'en prends un à votre santé, ...). le texte est souvent drôle, touchant et sensible, à la fois gai et grave.
D. Bencheikh n'est pas manichéen : les bons Arabes et les mauvais Français. Je lui en sais gré, parce que, comme pour beaucoup de quarantenaires, mon papa a fait cette guerre d'Algérie et je suis persuadé qu'il ne s'est pas laissé aller à des exactions, des viols ou des meurtres gratuits ; il a d'ailleurs appris a aimer ce pays et ses habitants pendant l'année qu'il a passée vers Oran. Certes, on sent que l'auteur a une opinion et des souvenirs de cette époque (il est né dans les années 40), mais il sait nous faire partager les doutes et les tiraillements qui ont dû être les siens et ceux de nombreux autres Algériens pendant cette période. A une époque où l'on commémore "notre appel à la Résistance", celui du 18 juin 1940, c'est une bonne idée d'aller dans un autre pays, qui quelques années après le nôtre a résisté à l'envahisseur, tout aussi peu enclin à partir.
Ce livre a reçu le Prix Maghreb 2007 de l'Association des Ecrivains de langue française.
Lien : http://www.lyvres.over-blog...
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
La paix avec la fin du couvre-feu et la libération des prisonniers. Ce sont les seuls points positifs que nous a ramenés l'indépendance. Car plus que les humiliations et les tortures des ennemis colonialistes, c'est le comportement des notres qui nous désole. Nos héros se révèlent être des voyous, pressés, cupides et incultes.
Commenter  J’apprécie          110
Quant à mon père, sa carte d'identité de français-musulman porte la profession de journalier. (...) Il y a tout près, une profession tentante par sa ressemblance sémantique. Mademoiselle Piette n'en revient pas.
- Journaliste ton père ! T'en as de la chance. Moi le mien n'est que militaire.
Commenter  J’apprécie          80
Et puis pour le Paradis on a toujours le temps. Il ne va pas disparaître du jour au lendemain, puisqu'il est éternel. Qu'Allah me pardonne, mais parfois je ne comprends rien à son raisonnement.
Commenter  J’apprécie          120
il faut sans doute avoir été diminué, pauvre, malade ou estropié pour mesurer la force salutaire que peut instiller le regard de l'autre, lorsqu'en dépit de toutes vos tares et vos maux, ce regard vous restitue votre dignité et votre intégrité de personne, surtout quand il s'agit du regard de vos proches.
Commenter  J’apprécie          70
Comment un homme juste comme lui peut-il s'en prendre à des hommes qui ne réclament que justice et liberté ? Lui qui parle de fraternité humaine, n'a-t-il pas compris que ce pays ne dispense pas ses bienfaits à tout le monde. Que l'égalité proclamée n'est pas la même pour tous ?
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Djilali Bencheikh (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Djilali Bencheikh
"Mon frère-ennemi" de Djilali Bencheikh. L'Algérie à travers le regard d'un enfant. Un roman initiatique plein de candeur et de tendresse. Un grand merci à Artyshow qui nous a accueilli le temps d'un tournage ^_^
autres livres classés : littérature algérienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (35) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3167 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..