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EAN : 9782362670053
Editions Les Carnets de l'Info (10/12/2010)
3.62/5   16 notes
Résumé :
Attentat dans le métro parisien : 35 morts et des centaines de blessés. Un autre attentat échoue de justesse dans le métro lyonnais. Un groupe terroriste inconnu revendique ces actions et en annonce de nouvelles.
La France bascule dans la psychose et à Paris, le capitaine de police Franck Venel lutte contre sa propre paranoïa, dans une société dépressive où le danger peut venir de partout.
Surveillance, infiltration, filatures, planques, indic, renseig... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Paris. le métro. Une bombe explose : huit morts, des dizaines de blessés. Ils ont déjà perdu la première manche. Celle de n'avoir pu voir venir le coup.

Voilà un roman qui sort vraiment de l'ordinaire. le genre de bouquin qui vous attrape par le col et vous projette au milieu d'une histoire où vous avez l'impression non pas d'être le lecteur, mais le témoin privilégié d'un drame qui va se jouer sous vos yeux.

Oubliez tout ce que vous croyez savoir de l'univers des flics, ou plus précisément de ces agents chargés de la surveillance du territoire, garants de la sécurité d'une société insouciante des dangers auxquels elle est exposée.

Délaissez l'imaginaire cinématographique hollywoodien et l'univers des séries U.S qui regorgent de technologies et d'hommes affutés à tous les genres de combats. Cette réalité esthétique de papier glacé n'a rien à voir avec celle que nous propose Philippe Bérenger.

Lyon. La deuxième bombe éclate. Un « croissant noir » pour nom, une troisième bombe pour menace. Aucune piste. La société est aveugle, un mouton paranoïaque qui ne sait pas d'où viennent les coups. Où chercher ?

Les différents services de police et de renseignements sont sur les dents ! Chacun surveille son secteur en croisant les doigts que ca ne vienne pas du sien. Pour le capitaine Frank VENEL la course contre la mort est engagée. de supputations en renseignements, de filatures en recoupements, son équipe court plusieurs poissons à la fois sans savoir vraiment ce qui remontera à la surface.

Quand enfin l'intuition laisse la place aux certitudes, c'est avec le tic tac de la troisième bombe dans la tête que VENEL tentera d'avorter le troisième attentat en gestation.

Ce roman est saisissant de réalisme. Philippe Bérenger nous plonge dans le quotidien de flics qui pour mettre en échec l'ennemi n'ont que leur sens de l'observation et leur patience pour seules armes. Car ici pas ou peu de technologie, en dehors de balises servant à suivre des véhicules à distance.

Ce roman démystifie le flic plongé dans l'action permanente et bardé de moyens. Car la réalité est tout autre, faite de journées entières à planquer dans un appartement pour surveiller un quartier, une rue, un immeuble. Un travail laborieux, des heures d'attente peu gratifiantes, où le sens de l'observation peut faire la différence et soulever un début d'affaire, ou saisir l'esquisse d'une piste.

A travers ses mots, Philippe Bérenger nous décrit des hommes qui ont tout de l'anti héro , avec leurs doutes, leurs fêlures, leurs espoirs , leurs frustrations et les résignations d'une vie liée à un boulot qui fait d'eux des ombres, observant le monde évoluer sous leurs yeux, témoins de la décrépitude d'une société qui fabrique de la misère et laisse les plus démunies à la merci de la loi du plus fort.

Des personnages attachants, parfois bouleversants d'humanité, à l'image du capitaine VENEL qui entretien avec sa fille, adolescente rebelle au caractère déjà bien trempée, une relation rude mais pleine de tendresse. Un homme qui, face à la violence qui se déchaine aveuglément a besoin terriblement d'aimer.

Autant de personnages, autant de portraits hors du commun qui donne à cette équipe un visage.

Mais la réussite de Philippe Bérenger, c'est aussi d'arriver par son style court et rythmé à nous transmettre cette atmosphère d'urgence, cette pression de plus en plus forte à mesure que le temps s'égraine mais que l'équipe ne trouve pas. Une pression étouffante que le lecteur ressent au fil des pages.

Sans doute l'entame de la lecture de ce roman est un peu déroutante pour le lecteur. le style est direct, le langage celui de la rue. de nombreux personnages interviennent, avec qui il convient de faire connaissance.

Mais très vite on se laisse embraquer par l'histoire, le lecteur devient un membre de l'équipe. Par contre, l'introduction tout au long du roman d'extraits de procédures à suivre en fonction des situations auxquelles est confronté un agent de police , ne me semble pas pertinente. le roman aurait gagné en fluidité en leur absence.

Voilà en tout cas un roman qui aura touché au but. Surpris par le thème abordé, je n'en ai été que plus séduit par l'histoire qui m'a été proposée, loin des clichés habituels.

A travers son roman, peut être devons nous comprendre que ce n'est pas forcément dans l'idéologie de l'intolérance et de l'extrémisme que prendront corps les bombes de demain, mais peut être bien dans les plis de la misère et du désespoir que notre société engendre.

Philippe Bérenger a en tout cas des choses à raconter, et il le fait de fort belle manière. Gageons que son prochain roman vienne confirmer cette excellente première impression.
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Après avoir découvert grâve à Livraddict et aux éditions Les Carnets de l'Info le livre "Opération Goliath", j'ai découvert une maison d'édition et surtout une collection toute nouvelle qui était très prometteuse. Et ce deuxième livre m'a conforté dans mon opinion : une lecture divertissante et enrichissante.
Après les réseaux néo-nazis, nous voilà transportés dans l'univers du terrorisme en France et des services de renseignements (la DCRI = Direction centrale du renseignement intérieur). Tout d'abord, je dois dire que j'ai beaucoup aimé le ton du récit : plein d'humour et surtout des personnages simples, dont le vocabulaire est argotique, parfois cru. Cela peut gêner certains. Cela a été le contraire pour moi puique j'ai trouvé que cela ajoutait à leur humanité. On tremble pour eux, on rit avec eux car ils pourraient faire partie de notre entourage. C'est en tout cas ce que j'ai ressenti à leur abord. On suit donc l'équipe du capitaine Franck Venel pendant quinze jours, période se déroulant en septembre 2011. Un groupuscule inconnu, Croissant Noir, revendique un attentat à la bombe en plein Paris. le groupe de Venel est l'une des nombreuses entités à enquêter. Ainsi, ils augmentent la surveillance dans leur périmètre, un quartier où évoluent des dealers, des "crapauds" (des enfants au service des dealers), des gars qui essaient de s'en sortir, des filles qui ne sont que des putains aux yeux des hommes, etc.
Le roman nous fait suivre le quotidien de ces hommes et femmes dont la vie est dédiée à leur métier, souvent au détriment de la vie familiale, ce qui nécessite un groupe uni et solidaire. Venel est un personnage que j'ai trouvé très attachant : il aime son équipe, il aime son boulot, et il sait que celui-ci l'empêche de s'occuper aussi bien de sa fille, une jeune fille de seize ans. Toujours concernant les personnages, j'ai apprécié que l'auteur nous entraîne dans leur vie privée. On ressent tout le poids du déchirement qu'il y a entre la passion pour un métier possessif et la volonté (de tout un chacun) d'avoir une vie privée réussie. Cela donne un ton assez dramatique au récit quand j'y repense (avec le recul, car en pleine lecture, l'humour allège ce sentiment).

Pourquoi "Les Ombres" ? Encore un aspect de cette profession qui est très bien rendue par le roman. le propre du renseignement est de surveiller, d'enquêter, de faire des rapports. Ce ne sont pas des hommes ou femmes d'action. Au contraire, ils doivent se fondre facilement dans le quotidien, être assez banal pour ne pas attirer l'attention. Ainsi, dès qu'un dossier est solide pour arrêter un suspect, un autre service intervient. Comment gérer cet anonymat qui ne doit pas être toujours évident pour ces hommes et femmes qui doivent néanmoins faire preuve d'une acuité excellente, d'une capacité de concentration et d'une patience exemplaire ?

Une lecture vraiment intéressante, suivie d'un carnet documentaire encore une fois bien instructif, qui permet d'en savoir plus sur les métiers du renseignement en France, tels qu'ils existent aujourd'hui. J'attends avec impatience le prochain livre de cette collection.
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Après un début de lecture assez difficile, j'avais failli refermer ce roman et passer à autre chose. le langage des personnages était vraiment une barrière à mon plaisir, mais je trouvais dommage de baisser les bras aussi facilement car le sujet était très attractif et peut-être instructif.
Alors, j'ai pris sur moi de donner une chance aux Ombres et je dois dire que je ne le regrette pas.

Passé les premières pages, j'ai fini par intégrer l'équipe de Franck Venel, de la DCRI. Et je n'ai plus lâché ces hommes et ces femmes qui travaillent dans l'ombre pour notre sécurité.
Dans ce roman, la France est meurtrie par une série d'attentats qui sème la terreur, de part leur violence mais aussi par le manque de revendication des protagonistes.
Franck et ses hommes déploient toutes les techniques et ressources à leur disposition pour trouver les instigateurs de ce chaos. Leur force, l'anonymat. Ils sont les Ombres.
Nous suivons donc au quotidien le travail de ces fonctionnaires, mais nous découvrons aussi des personnalités toutes si différentes mais si complémentaires. Nous nous immisçons aussi dans leur intimité pour mieux comprendre leurs motivations mais aussi leurs déceptions. Il n'ait pas facile de faire un travail si prenant que la vie personnelle passe au second plan.
En entrant dans ce monde, Philippe Bérenger nous ouvre une porte sur un univers inconnu et pourtant si proche de nous.
De plus l'intrigue est très bien ficelée, cette course contre la montre, cette lutte contre le terrorisme, thème au centre de notre actualité, est prenante et conduite de main de maitre par Monsieur Bérenger.
Grâce à une écriture dynamique et beaucoup de dialogues, et ce, malgré des expressions peu flatteuses quelques fois, surtout pour la gente féminine , l'auteur réussit à impliquer le lecteur dans cette chasse aux terroristes. C'est avec un grand réalisme qu'il décrit le fonctionnement des services de renseignement français.

En bref, j'ai apprécié cette intrusion dans ce monde encore très méconnu. Cette lecture est intrigante, palpitante mais aussi très instructive.
Et le petit livret à la suite du roman est très intéressant.


Ce roman a été lu dans le cadre d'un partenariat avec Scrineo et Babelio. Je les remercie pour cette découverte.
Lien : http://lacaveauxlivres.blogs..
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Pendant 15 jours, le lecteur suit le quotidien d'un groupe de policiers parisiens du renseignement (DCRI) lors d'une vague d'attentats revendiqués par le mystérieux « croissant noir ».

Il s'agit d'un premier roman qui en possède toutes les qualités, sans les défauts.

Roman, mais aussi un document sur le travail particulier « du renseignement » en amont des enquêtes judiciaires : un cahier documentaire rédigé par un officier de police clos l'ouvrage.
On y découvre une galerie de personnages plus vrais que nature, et je n'ai pas boudé mon plaisir au fil des multiples pistes poursuivies, qui tombent les unes après les autres jusqu'à la seule qui mène à au terroriste.

Pas d'ennui à redouter, les premières pages de présentation des 7 membres du groupe passées : les surprises se découvrent au fil des pages, sans être surfaites.
L'ensemble est très vivant et dynamique : le procédé narratif y est pour quelque chose : le lecteur est toujours au coeur de l'action et au temps présent aux côtés des policiers.
La précision du style apporte un rythme qui colle au propos.

Pourquoi les ombres ? vous le comprendrez au fil des filatures, des planques, des infiltrations, des actes de bravoure, qui jamais ne rejoindront la lumière d'où une frustration très palpable des membres du groupe.

Bref « les ombres » est une approche réaliste du monde du renseignement à des années lumières de Bond et très proche de « l'627 »

A lire impérativement si vous n'avez pas peur d'avoir froid dans le dos…
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Franck Venel est en charge d'une équipe de police spécialisée dans le renseignement. Leur mission : débusquer les attentats, les prises d'otage, la surveillance des groupuscules religieux et autres etc etc...
Un attentat vient de se produire dans le métro parisien. le bilan : 35 morts et des centaines de blessés. le groupe terroriste qui revendique l'acte annonce un prochain attentat à Lyon. le problème c'est que l'équipe de Franck ne connait pas du tout ce groupe terroriste, Croissant Noir. Ils se demandent qui a bien pû laisser filer une info. Leur groupe ou un autre service. le temps presse et tout le groupe est mobilisé pour trouver ne serait-ce qu'une piste, même minime pour éviter l'escalade et la panique de la population...


Je découvre les éditions Scrinéo, beaucoup plus connues grâce à ces publications jeunesse, avec ce roman. La ligne éditoriale de cette nouvelle collection est de publier des romans très encrés dans la réalité. "Les récits de cette collection mettent en scène des sujets de société complexes, parfois sensibles, dont l'expert garantit la vraissemblance, et synthétise en fin d'ouvrage."
Et c'est vrai que l'on plonge dans la réalité dès les premières pages. le style de l'auteur fait que l'on plonge littéralement dans le quotidien de cette équipe dirigée par Franck. Des phrases courtes et un langage dans les dialogues tel qu'il doit être sur le terrain, très fleuri et imagé ! Certes les personnalités de l'équipe sont peut-être un peu poussées pour être totalement crédibles mais cela rajoute une petite touche d'humour.
J'ai souvent pensé au film de Bertrand Tarvernier "L627" en lisant ce livre. On retrouve l'équipe très soudée, les filatures. Et surtout la motivation des agents malgré les heures et la vie privée presque inexistante.
Le titre du roman est vraiment bien trouvé car ces hommes agissent dans l'ombre avant l'intervention des autres brigades. le dossier à la fin, écrit par un spécialiste crédibilise le récit et propose en quelques pages un petit court sur les services de renseignements tels qu'ils existent aujourd'hui. Très intéressant.
Bref, je ne regrette pas du tout la lecture de ce roman passionnant.
Lien : http://kactusss.blogspot.com..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
– Mansour et Goujon, vous restez sur la cité Prévert.
La cité Prévert, c’est notre résidence secondaire. La jungle qu’on nous a ordonné de surveiller. Chaque groupe a sa part de zones pourries. Nous, c’est la Prévert : trois mille cinq cents habitants officiellement répartis sur quatre barres entrelacées, deux ascenseurs plus ou moins en état de marche, sa misère, son ennui, le chômage et une majorité de gens qui voudraient être ailleurs. On part du principe que le nouveau banditisme, les extrémismes, tout ce qui nous met en alerte, peut se cacher, se créer ou s’épanouir dans les quartiers abandonnés par l’État comme une vulgaire réserve apache par les successeurs du général Custer. On y connaît tout le monde, et personne ne nous connaît… J’espère. Sur certains murs, on lit le nom, le matricule, l’adresse et parfois même le prénom des enfants des policiers du coin, mais pas encore les nôtres, nous, les invisibles. Si jamais le bombeur vient de là, nous ne le raterons pas. Nous n’avons pas le droit de le rater.
Mansour Boudjellal s’étire. Il a presque quarante ans, c’est mon capitaine adjoint. Bac plus cinq et juriste, comme moi. Quand il boit… il boit. Mais à part ça, c’est un solide, un manuel, un taiseux, une poutre. Sa femme est institutrice, ils s’adorent et sont complémentaires. Elle a son voyou, il a son intello. Ils ont fait deux filles. Un flic heureux en ménage, et c’est mon ami !
Gabriel Goujon, c’est autre chose. À presque cinquante balais, il est major de police et porte le même costume râpé depuis trente ans. Il adore les écoutes, toutes les écoutes, les ragots, les potins, les on-dit. Ensuite il en parle à sa femme ; ils n’ont plus que ça à partager depuis que leur fils vole de ses propres ailes. Mansour et lui, vous les collez sur une planque et vous oubliez de leur dire de rentrer, ils seront encore là dans mille ans. Voilà pourquoi je garde ces deux là sur Prévert."
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La mémère à la caisse lui sourit. Elle est du genre à passer son samedi chez le coiffeur pour en ressortir encore plus moche et plus maquillée qu’une voiture de footballeur fan de tuning.
– Eh bé, du désherbant et du fertilisant en même temps ? Vos plantations vont pas s’y r’trouver, hein ?
Il hausse les épaules parce qu’il faut bien répondre quelque chose. Mémère prend ça pour un encouragement.
– Et puis, vous trompez pas de sel en cuisine, hein ? Si vous mettez du potassium, moi je viens pas dîner chez vous. C’est qu’à force de voir les produits défiler, je m’y connais, moi, tiens !
Elle lui fait un clin d’oeil et rigole toute seule. Elle est contente. La seule caissière de l’allée qui ne fasse pas la gueule. Koala cherche une réponse mais rien ne vient. Il a perdu l’habitude de parler. Et l’envie aussi. Alors il soupire en grimaçant un semblant de sourire et paye rapidement pour sortir des griffes de la grosse rigolote. Ne jamais se faire remarquer, c’est ce qu’ils conseillent. Pourvu que la caissière ne soit pas une indic. Non, pas de parano ; rester calme. Les caissières ne reçoivent aucune consigne des policiers. On n’est pas chez les Soviets. Mémère est juste un de ces êtres solitaires en quête de chaleur humaine… Mais l’homme se sent glacial. Un jour, il y a longtemps, il a fait du bénévolat dans l’humanitaire ; il avait envie (besoin) d’aider plus malheureux que lui, et puis… quand il a rencontré les autres, ils lui ont fait comprendre qu’on n’y pouvait plus rien ; qu’il valait mieux effacer l’ardoise pour tout redessiner.
– Et puis, vous trompez pas de sel en cuisine, hein ? Si vous mettez du potassium, moi je viens pas dîner chez vous. C’est qu’à force de voir les produits défiler, je m’y connais, moi, tiens !
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Ce soir, la rame est bondée, comme tous les soirs ; c’est l’heure de pointe parisienne et plus ça va, moins je supporte. On est tous debout, on sent mauvais. On est humides parce que dehors, il pleut. Une pluie chaude et grasse, chargée de rejets nauséabonds. On se marche sur les pieds, on est tristes et en colère. On a fini par comprendre que la vie se fiche de notre gueule. Maman, maman, où sont passés mon innocence d’enfant et mes rêves d’ado, quand les horizons étaient roses et l’avenir radieux ? Les gens sont là, las et fatigués, mécaniques et déçus. Lequel d’entre eux sera assez désespéré pour actionner le bouton et faire exploser son sac bourré de saloperies ?
À moins que je ne l’attrape d’abord.
S’ils savaient qu’on trouve tout le nécessaire pour fabriquer une bombe dans une grande surface… Je me dis qu’il faudrait mettre des mouchards dans les caisses et repérer les achats suspects ou donner des consignes aux caissières. J’en parlerai lors d’une prochaine réunion. Les chefs prendront l’air inspiré en se demandant comment piquer l’idée si elle est bonne, et mes collègues me traiteront de lèchebottes. Ouais… J’en parlerai un de ces quatre. Ou pas.
Je contemple un barbu et son épouse aux cheveux invisibles. L’islam… Tout le danger semble venir de là, mais moi je sais… Y a pas que l’islam dans la vie, y a aussi la lassitude, le vide, l’absence de tout. Pour moi, tout le monde est suspect parce que c’est mon boulot. Paranoïaque est ma fonction, gardien de vie ma conviction. En fait, je vous protège ; je veille sur votre existence, qui n’en est plus vraiment une depuis que le progrès a largué tous ses freins.
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Dans la vraie vie, je suis le capitaine Franck Venel et je bosse à la DCRI, la Direction centrale du renseignement intérieur. L’antiterrorisme, le renseignement, pour faire simple. J’ai quarante-deux ans, une fille de seize qui s’appelle Élodie, une ex-épouse (sa mère) et deux ou trois petits coups que je m’envoie de temps en temps sans jamais ressentir autre chose que le frottement de mon gland. Ma fille vient quand elle veut, elle a sa chambre. Sa mère est hôtesse de l’air, toujours au bout du monde. Je l’ai rencontrée pendant une alerte à la bombe à Roissy, dans une autre existence. De toute façon, on n’a jamais réussi à se voir plus de deux jours d’affilée. Je m’entends bien avec ma fille, enfin, je crois. Mais pour ce qui est d’être un père comme il faut, ben, cherchez pas, c’est pas moi. J’suis fatigué dans mon pauv’ crâne. La plupart d’entre vous pensent que nous sommes des super-héros avec la cape et le slip rouge, mais non. Pas vraiment. Pas du tout. Nous sommes fonctionnaires de police. Fonctionnaires. C’est important, ce motlà. Ça dit tout.
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18 heures 30. Koala, le grand homme maigre, adore les grandes surfaces. On y trouve de tout. D’un regard, il embrasse son caddie : bananes, pommes golden, abricots secs, mâche sous vide, acide chlorhydrique, pommes de terre, poireaux, carottes, acétone, eau minérale, une bouteille de vinaigre de vin, du lait, du bicarbonate de soude, un peu de désherbant et du fertilisant, une boîte de Kiri, du chlore pour la piscine, du sel de potassium et du sel de table…
La mémère à la caisse lui sourit. Elle est du genre à passer son samedi chez le coiffeur pour en ressortir encore plus moche et plus maquillée qu’une voiture de footballeur fan de tuning.
– Eh bé, du désherbant et du fertilisant en même temps ? Vos plantations vont pas s’y r’trouver, hein ?
Il hausse les épaules parce qu’il faut bien répondre quelque chose. Mémère prend ça pour un encouragement.
– Et puis, vous trompez pas de sel en cuisine, hein ? Si vous mettez du potassium, moi je viens pas dîner chez vous. C’est qu’à force de voir les produits défiler, je m’y connais, moi, tiens !
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