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EAN : 9782718608907
46 pages
Galilée (23/05/2013)
3.95/5   19 notes
Résumé :
On sent ce qui se passe. On n’a pas besoin de le savoir précisément, à moins d’en éprouver de l’embarras, de la peine. La vie qu’on menait dans les régions rurales pauvres, excentrées, a pris un tour nouveau lorsque leurs habitants sont devenus conscients des privations, de la relégation dont ils étaient frappés. S’expliquer une chose, c’est la mettre à distance, en secouer la tutelle, donc recouvrer, de son côté, un début de liberté. Les mauvaises terres pèsent dou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comme dans beaucoup de ses oeuvres, Bergounioux revient dans ce court texte a son enfance, sa jeunesse, son pays, la region qui l'a vu naitre. Ici il essaie de soutenir que le terroir physique, geologique, conditionne non seulement la facon de vivre, les comportements, mais encore et surtout le caractere et la personnalite de ses habitants. Je crois quant a moi que c'est surement vrai historiquement. de nos jours aucun terroir n'est plus cloisonne (en France. Ce n'est que sur la France que Bergounioux couche sa these) et les influences sont beaucoup plus diverses.


Mais je retiens quelques passages. Comme quand il lit les “classiques “ pour essayer de comprendre: “les classiques du matérialisme historique imprimés à Moscou, Leipzig et, depuis peu, Pékin. le mot qui résumait la vie antérieure – « Idiotismus » – m'a sauté aux yeux. Les traducteurs, pour ménager cette partie du lectorat qui avait grandi ou vivait encore dans les régions à vocation agricole, l'avaient rendu par une périphrase longuette – « l'étroitesse bornée de la vie rurale ». Toutefois, une philosophie de combat, qui se propose, non plus d'interpréter le monde mais de le changer, ne s'attardera pas à détailler les nuances de « la simplicité champêtre », pour user d'un autre euphémisme”. Ou quand il s'essaye a des considerations d'histoire economique: “Ce qui s'est passé, c'est que les « bonnes terres », avec le machinisme, les engrais, les semences de sélection, ont commencé à suffire aux besoins du pays – deux quintaux de blé par personne et par an. Les « moins bonnes » retournaient à la friche. […] Les moins bonnes terres soutiennent, on le sait, la rente foncière. Leur produit est nécessaire. Leurs coûts de production, élevés, fixent le prix de marché. En vertu de quoi, le produit des bonnes, obtenu à moindres frais, procure au propriétaire un profit indu, équivalant au travail épargné. […] Non contentes de tenir leurs occupants à la portion congrue de châtaignes et de blé noir, les « moins bonnes terres » rendent coûteux le superflu, les livres, par exemple”. Sans livres, qui peuvent rendre compte d'autres manieres de vivre, qui peuvent faire reculer l'horizon, on reste prisonnier, physiquement et mentalement, de son terroir. Et Bergounioux de temoigner: “Il existait trois librairies. L'une proposait surtout des articles de bureau, des sous-main en cuir, des stylos de luxe à corps d'ébonite et plume en or, dans des coffrets de satin, dont j'imaginais, au début, qu'ils devaient sécréter des phrases inouïes. L'autre s'était spécialisée dans la vente des livres scolaires, à la rentrée. La troisième n'était guère mieux achalandée parce que, en l'absence de demande, il n'aurait servi à rien de constituer un fonds”.


En fin de compte ce petit livre m'a laisse sur ma faim. Meme le style, le grand atout de Bergounioux, m'a paru plus lourd qu'a son habitude. Si je dois finir par un conseil, lisez plutot Miette, ou Une chambre en Hollande, ou meme La mort de Brune. Cet opus peut etre laisse dans son etagere.
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critiques presse (2)
Telerama
12 juin 2013
D'enfance, d'ancrage et d'arrachement, d'héritage, il est aussi question [...] dans Géologies, un beau récit méditatif de Pierre Bergounioux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
03 juin 2013
Pierre Bergounioux apporte une touche originale à l’édifice individuel, ou plutôt à ses soubassements. Il avance, dans Géologies, que nous sommes tributaires des sols dont nous venons, que notre psychologie y puise une explication.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'ai maudit, machinalement, le sort inique qui m'avait livré des choses sans explications ou des explications sans les choses assorties, imposé des fréquentations superflues, ennuyeuses, et privé jusqu'à la fin et au-delà, de celles qu'il aurait fallu. Elles détenaient la réponse. Mieux, elles auraient ratifié, légitimé des questions que je me posais et qui, de rester sans écho, m'avait fait craindre d'avoir la cervelle dérangée (...) et puis j'ai songé que j'avais lieu de me tenir heureux que l'explication me soit livrée enfin. C'est que le temps ne passe pas vraiment. Il persiste, en nous, à proportion de ce qu'on n'a pu lui être présent dans tout la mesure où cela se pouvait, où on le voulait, quand c'était le moment. Des choses nous ont nui pour garder leur secret. Elles ne nous ont pas dit quelles elles étaient. Et alors on n'a pu être soi même. Une part de ce qui nous affecte et en quoi, par suite, on consiste, est restée entre leurs mains et nous a donc manqué, diminué.
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A de très rare exception (...) je n'ai jamais croisé d'adulte soucieux d'être plus précisément fixé sur la nature, et, accessoirement, la genèse du support de nos vies. Et comme c'est vers eux qu'on se tourne, naturellement, pour savoir, j'étais, je suis resté durablement malheureux. D'abord, les sautes d'humeur dont je me découvrais le siège selon la direction qu'on prenait, l'endroit où je me trouvais, étaient inexcplicables, ce qui constitute un premier motif de contrariété. On est comme étranger à soi. On héberge, à son corps défendant, quelqu'un d'autre dont les mobiles nous échappent et l'emportent sur nos intentions claires. Il est en outre gênant d'avoir égard à des faits dont personne, autour de vous, ne fait le moindre cas. On se sent à part. C'est une deuxième source d'affliction.
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Par quelque côté qu'on l'atteigne, l'arc méridional dispensait, lorsqu'on l'abordait, une paix, un contentement que j'ai ressentis chaque fois que j'avais résolu de m'expliquer enfin puisque ceux dont j'attendais quelques mots à ce sujet et quelques autres, encore, n'en avaient cure. Il semblait n'être que pour moi, donc pas du tout.
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Le dimanche, aux beaux jours, il nous entraînait, le plus souvent, plein sud, vers Souillac, où la rivière, dégagée des étroits basaltiques et des schistes de sa haute vallée, s'avance en majesté entre les blanches falaises du Crétacé. Plus rarement, il prenait du côté d'Argentat, où elle emprunte aux roches noires, feuilletées, surplombantes , une hostilité qui désarme peu à peu en descendant vers Beaulieu. C'est du travers opposé, de fadeur, d'un excès de lenteur qu'elle souffre lorsqu'elle s'éloigne par les mollasses du Périgord. Je pourrais compter sur les doigts d'une main les reconnaissances poussées de ce côté là.
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Non, on ne rêve pas inévitablement ni toujours. Oui, ce qu'on sent, pense, fait, se rapporte à ce qui se passe, si incongru qu'il paraisse, malgré tous les démentis. On est au monde et le monde en nous. Il n'existe pas de son côté ou pas du tout tandis que nous serions prisonniers d'un songe.
C'est après cette lecture, par laquelle il aurait fallu commencer, que j'ai délaissé les cailloux, repris celles, sans attaches précises, extérieures, que je faisais au loin.
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Videos de Pierre Bergounioux (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Bergounioux
Cette semaine, Augustin Trapenard est allé à la rencontre de Pierre Bergounioux à l'occasion de la sortie en poche de son livre "Le Matin des origines" aux éditions Verdier. Ce merveilleux ouvrage célèbre l'ancrage profond dans ses racines, dans les terres du Quercy entre Lot et Corrèze, où l'auteur a grandi, dans la chaleur de la maison rose et au sein des paysages qui ont façonné son être. Ces souvenirs, imprégnés dans sa mémoire, représentent une part essentielle de son identité qui demeure là-bas. À travers ces pages, Pierre Bergounioux évoque avec justesse le lien puissant que la terre tisse avec nos souvenirs et nos émotions, révélant ainsi le pouvoir des lieux familiers pour donner du sens à notre passé et à nos moments les plus heureux. Il était donc évident qu'Augustin Trapenard se déplace au coeur de cette histoire, sur les contreforts du plateau des Millevaches, dans sa maison de Corrèze pour un retour aux origines de la vie et de l'écriture.
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