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Frédéric Worms (Éditeur scientifique)Arnaud Bouaniche (Éditeur scientifique)
EAN : 9782130562733
322 pages
Presses Universitaires de France (05/10/2007)
3.66/5   70 notes
Résumé :
La durée - le temps réel - nous est masquée par l'espace ; avec elle, c'est la réalité singulière de notre conscience qui nous échappe ; plus encore, c'est l'acte par lequel nous la retenons et la continuons, c'est notre liberté, qu'il faut ressaisir. Telle est l'idée centrale de cet " Essai " publié en 1889, et qui en fit non seulement le premier des grands livres de Bergson, l'un de ceux qui ouvrirent le XXe siècle en philosophie, et le marquèrent de leur empreint... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Cet « Essai sur les données immédiates de la conscience », publié en 1888, est le premier livre important écrit par Bergson. Il s'intéresse aux sempiternelles questions que posent les rapports de l'âme au monde physique. Bergson, juif d'origine, finira chrétien, et on peut constater que ce christianisme est déjà sous-jacent dans cet essai. Mais écrire une phrase comme celle-ci, c'est ne pas avoir compris la philosophie de Bergson, c'est avoir une vision spatiale du temps, ne pas comprendre que la conscience bénéficie d'une vraie liberté et qu'elle est imprévisible, qu'elle se construit dans la durée.
Dans le premier chapitre, Bergson s'évertue à démontrer qu'il n'y a pas, comme on a tendance à le croire - comme notre condition d'animaux raisonneurs veut bien l'admettre -, de changements quantitatifs dans nos états de conscience. Par exemple, il n'existe pas de sentiments plus ou moins forts. Ce « plus » et ce « moins » sont des raisonnements qui appartiennent au monde physique. Ce sont des raisonnements qui font une analogie avec le monde spatial, celui de la physique, celui qui délimite les choses, les sépare, peut les dénombrer. Dans la conscience humaine, la plus profonde, il n'y a pas d'espace, pas d'intervalles, pas de changements quantitatifs, mais des changements qualitatifs. le sentiment n'est pas plus ou moins fort, il est en constante évolution, il devient. C'est le monde de la durée.
Mais la durée n'est pas non plus le temps tel qu'on l'envisage habituellement. Ce n'est pas quelque chose de calculable. C'est ce que tente d'expliquer Bergson dans le deuxième chapitre. Et c'est donc là qu'intervient l'un des concepts les plus importants de sa philosophie, celui de la durée. En s'appuyant sur une analyse du nombre, de l'unité et de la multiplicité, il différencie le temps que la conscience réfléchie connait - un temps que l'on peut donc compter -, de la durée, qui est celle dans laquelle évolue la conscience profonde. La durée n'est pas un présent perpétuel, mais ce n'est pas non plus un temps qui s'étend, avec un passé qui n'est plus et un avenir qui n'existe pas, ce sont tous les instants vécus par la conscience qui s'interpénètrent.
Quand on lit ce livre, il est impossible de ne pas avoir quelques réminiscences de Proust. C'est particulièrement le cas dans ce deuxième chapitre. Par exemple quand Bergson compare les différentes appréhensions qu'on peut avoir du temps à la perception d'une phrase musicale. Comment ne pas songer à « la petite phrase musicale de Vinteuil » ? Et comment ne pas rapprocher « La recherche du temps perdu » - une recherche perdue d'avance, pourrait-on dire - aux conceptions sur la durée développées par Bergson ? En tout cas, on sait que Proust avait lu Bergson.
Mais toute cette philosophie pourrait paraître très théorique et sans importance si Bergson n'avait pas, dans le troisième et dernier chapitre, cherché les conséquences que cette mauvaise interprétation du « temps psychologique » pouvaient avoir. Car cette mésinterprétation a pour conséquence de ne pas se poser les bonnes questions sur la liberté de l'homme, sur sa volonté. Bergson renvoie dos-à-dos les partisans du libre arbitre et du déterminisme. Chacun se trompe car aucun ne comprend ce qu'est la durée pour la conscience. D'une manière générale, Bergson a plutôt tendance à s'opposer aux déterministes, aux psycho-physiciens et à tous ceux qui essayent de « mécaniser » à outrance l'âme humaine. Il y a dans l'âme humaine quelque chose qui n'appartient pas au domaine de la logique, du langage, quelque chose qui ne sera jamais tout à fait dicible et communicable. Et ce quelque chose, c'est la liberté.
Je ne sais pas exactement quelle place tient Bergson dans l'histoire de la philosophie, quelle exégèse on a pu en faire, quelles réfutations on a pu lui opposer. Mais je peux dire que c'est un vrai philosophe, qui avait l'air d'être assez au courant des avancées scientifiques de son temps et qui, contrairement à beaucoup de ses confrères, avait le mérite de bien écrire, clairement, sans trop jargonner. Un philosophe accessible pour tout le monde, sans avoir besoin de beaucoup de connaissances (du moins, elles ne sont pas indispensables), juste de la concentration, et qui permet d'apercevoir ce que peut être la richesse d'une vie intérieure.
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Essai sur les données immédiates de la conscience ?

Immédiatement, nous sommes frappés. Une clarté, une élégance, une simplicité dans le style d'écriture. Bergson, pour appuyer ses arguments et les faire comprendre, n'hésite pas à poser des exemples, des images qui marquent nos esprits. Point qui peut encourager ceux qui fuient les essais, les associant à un effort pénible, ou alors à la monotonie. L'essai de Bergson, lui, est bien vivant.

Vient l'essai en lui-même, qui avance à coup sur dans sa marche. Il se déploie comme un être vivant. La pensée est en mouvement constant. N'est-ce pas révélateur de la thèse que Bergson avance ? Thèse que je laisse au lecteur à découvrir.

Le problème majeur est posé dans l'avant propos :" Quand une traduction illégitime de l'inétendu en étendu, de la qualité en quantité, a installé la contradiction au coeur même de la question posée, est-il étonnant que la contradiction se retrouve dans les solutions qu'on en donne ? Nous avons choisi, parmi les problèmes, celui qui est commun à la métaphysique et à la psychologie, le problème de la liberté. Nous essayons d'établir que toute discussion entre les déterministes et leurs adversaires implique une confusion préalable de la durée avec l'étendue, de la succession à la simultanéité, de la qualité avec la quantité : une fois cette confusion dissipée, on verrait peut-être s'évanouir les objections élevées contre la liberté, les définitions qu'on en donne, et, en un certain sens, le problème de la liberté lui-même ».

Autrement dit, l' « erreur » majeure à l'égard du temps, est de le considérer analogue à l'espace. Or, c'est tout le problème de la métaphysique moderne, depuis Kant. Bergson va définir le temps et l'espace. Et les distinguer. Je ne donnerais pas plus de détails sur ces distinctions. A chacun, une lecture personnelle, qui rend possible l'appropriation. A chacun la surprise que réserve une lecture.

Pour simplifier, si l'espace est divisible, le temps ( de la conscience) ne l'est pas. Il est durée, pure, ininterrompue, changement. de là, le concept majeur de Bergson. La tâche de la philosophie revient à saisir cette durée, par l' « intuition » ( qui n'est pas un « instinct »). La science, elle, ne cherche que des lois, mais elles sont valables que pour les choses extérieures. Si la science fixe les choses, c'est par utilité, pour commodités de l'action. Et nous avons oublié la réalité, la vie même au contact de l'action.

Le langage est au coeur même du questionnement " la pensée est incommensurable avec le langage". Nous l'éprouvons tous, quand on veut exprimer quelque chose, la phrase qui revient, dans notre société actuelle : « Je n'ai pas les mots ». Cet ineffable traduit le déficit du langage à traduire la durée. L'essai de Bergson, nous concerne tous, il concerne l'homme et nous-mêmes.

Bergson dissipe nos illusions, retire le voile des a priori, et enfin le masque de la surface, de l'utilité qui s'est fondu avec le réel même. Bergson met en avant la confusion du temps avec l'espace, le passé dans le présent ( et notamment la thèse déterministe). le moi « social » et le moi « profond » sont distingués. La société exige l'action, alors, nous comédiens, nous nous créons un rôle. Et progressivement, nous nous sommes confondus avec ce rôle. Notre « moi profond » est relégué. Mais nous pouvons toujours tenter de le retrouver. Il nous est permis de le réapproprier.
L'utilité nous a fait perdre la réalité même de la vie, qui est mouvante. Pour Bergson, il s'agit de renouer la philosophie avec la vie, l'organique. Ce dont elle s'est profondément éloignée.

En définitive, Essai sur les données immédiates de la conscience, permet un approfondissement de nous-mêmes. L'essai est loin de se cantonner au ciel abstrait et froid des idées. Il se cantonne au contraire, à l'intelligence, et à ses a priori, à l'homme et à la société, au moi et à sa complexité.
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Les données immédiates de la conscience ressembleraient assez à la fusion d'une multitude de sentiments et de sensations de nature différentes, hétérogènes, se produisant à l'état de rêve.
Mais revenons à la vie active et ces états de conscience deviennent des grandeurs, les qualités deviennent des quantités, on parle de choses plus ou moins belles, plus ou moins fortes, plus ou moins chaudes, conçues dans un espace homogène.
Bergson se place sur le terrain de l'observation systématique et n'hésite pas à puiser dans les références scientifiques, jusque dans la psychophysique pour sortir « du champs clos de la dialectique pure ». Ce premier livre du philosophe est l'occasion de se familiariser avec sa méthode.
Cette longue introduction est justifiée par l'importance de la confusion qui s'opère : « elle corrompt, à leur source même nos représentations du changement extérieur et du changement interne, du mouvement et de la liberté », une liberté précédemment abandonnée par Kant dans son monde inaccessible des « noumènes ».
Voici une petite expérience à mener entre amis ou en famille sur la base des paradoxes de Zenon : on lance une pierre, celle-ci doit parcourir d'abord la moitié de la distance qui la sépare de la cible. Pour parcourir la distance restante, la pierre devra d'abord parcourir la moitié de cette distance et ainsi de suite, elle ne touchera jamais sa cible…
La confusion est ici à son comble : «… dans la mesure où tout mouvement nous paraît consister dans une succession de position simultanées. En réalité le mouvement est irréductible aux points occupés par un mobile dans l'espace: il résulte d'un acte de synthèse de la conscience, analogue à la succession temporelle de nos états de conscience ». (solution de Bergson résumée dans les commentaires du dossier critique de cette édition dirigée par Frédéric Worms).
Passant de « l'immédiat à l'utile », cette réalité qui est l'espace homogène, « nettement conçue par l'intelligence humaine nous met à même d'opérer des distinctions tranchées, de compter, d'abstraire, et peut être de parler. ». Bergson aime d'ailleurs faire de cette conception une différence de nature entre l'homme et l'animal.
Sa philosophie c'est « l'esprit humain faisant effort pour s'affranchir des conditions de l'action utile et pour se ressaisir comme pure énergie créatrice ». Ainsi on aurait sans doute l'impression d'un animal laissé très loin de chez lui mais qui saurait revenir sans problèmes.
Lien : http://classiques.uqac.ca/cl..
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Pour Bergson, la spontanéité avec laquelle l'être humain spatialise son rapport à la réalité est la cause de nombreuses confusions parmi lesquelles celle portant sur la notion de temps. C'est que la conscience projette le temps sous la forme d'un mouvement et se prend naturellement à l'idée que ce déplacement ait un avant et un après. Ainsi naît l'idée d'un temps objectif, aussi plat que l'espace. C'est ce que fait Kant en parlant des deux intuitions pures, alors qu'il n'y en a qu'une, qui est l'espace. Cette spatialisation du temps fait alors oublier que la conscience est avant tout action, et que le temps est pour elle durée. En conséquence, la capacité agissante de la conscience disparaît dans un temps homogène qui se déroule tout seul : la liberté humaine est abolie et on se met à décrire des systèmes métaphysiques organisés par une conscience supérieure où l'être humain est une chose comme les autres.
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Je ne comprends pas ceux qui prétendent que Bergson "n'argumente pas mal puisqu'il n'argumente pas". Si il a style assez esthétique ce n'est pour autant que ce texte ne présente pas d'arguments, plutôt pertinents. Il ne faut pas confondre le rapport philosophique de Bergson à l'intuition et le rejet du raisonnement, on peut raisonner sur l'intuition y compris si elle a le primat.

En ce qui concerne cet essai Bergson présente un système intéressant : il distingue la durée pure, sans espace et sans mathématisation possible (sans intervalles vides entre les différents points temporels : enchevêtrement), de ce que l'on va extérioriser "hors du vécu", objectiver, avec la mathématisation du temps - il fait correspondre cela à l'espace. Il ne rejette pas l'objectivité de la physique, au contraire. Il affirme la liberté humaine, malheureusement (selon moi) indéfinissable pour lui, dans la durée pure. Et dès que l'on sort de cette durée, par sociabilité, par science mathématisable, dès que l'on tente de voir la durée comme grandeur ("temps objectif") on l'assimile à l'espace, à l'étendue. Et à Kant, selon Bergson, que de se tromper sur le temps et l'espace, malgré de bonnes intuitions.

L'Essai sur les données immédiates de la conscience peut sur certains points nous rapprocher du contemporain de son auteur : Husserl. Mais aucune "réduction phénoménologique" chez Bergson : on reste dans la psychologie (le psychologisme, dirait Husserl) et la stricte métaphysique.

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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Un amour violent, une mélancolie profonde envahissent notre âme : ce sont mille éléments divers qui se fondent, qui se pénètrent, sans contours précis, sans la moindre tendance à s'extérioriser les uns par rapport aux autres ; leur originalité est à ce prix. Déjà ils se déforment quand nous démêlons dans leur masse confuse dans une multiplicité numérique : que sera-ce quand nous les déploierons isolés les uns des autres, dans ce milieu homogène qu'on appelera maintenant, comme on voudra, temps ou espace ? Tout à l'heure chacun d'eux empruntait une indéfinissable coloration au milieu où il était placé : le voici décoloré, et tout prêt à recevoir un nom. Le sentiment lui-même est un être qui vit, qui se développe, qui change par conséquent sans cesse; sinon, on ne comprendrait pas qu'il nous acheminât peu à peu à une résolution : notre résolution serait immédiatement prise. Mais il vit parce que la durée où il se développe est une durée dont les moments se pénètrent : en séparant ces moments les uns des autres, en déroulant le temps dans l'espace, nous avons fait perdre à ce sentiment son animation et sa couleur. Nous voici donc en présence de l'ombre de nous-mêmes : nous croyons avoir analysé notre sentiment, nous lui avons susbstitué en réalité une juxtaposition d'états inertes, traduisibles en mots, et qui constituent chacun l'élément commun, le résidu par conséquent impersonnel, des impressions ressenties dans un cas donné par la société entière. Et c’est pourquoi nous raisonnons sur ces états et leur appliquons notre logique simple : les ayant érigés en genres par cela seul que nous les isolions les uns des autres, nous les avons préparés pour servir à une déduction future. Que si maintenant quelque romancier hardi, déchirant la toile habilement tissée de notre moi conven­tionnel, nous montre sous cette logique apparente une absurdité fondamentale, sous cette juxtaposition d’états simples une pénétration infinie de mille impressions diverses qui ont déjà cessé d’être au moment où on les nomme, nous le louons de nous avoir mieux connus que nous ne nous connaissions nous-mêmes. Il n’en est rien cependant, et par cela même qu’il déroule notre sentiment dans un temps homogène et en exprime les éléments par des mots, il ne nous en présente qu’une ombre à son tour : seulement, il a disposé cette ombre de manière à nous faire soupçonner la nature extraordinaire et illogique de l’objet qui la projette ; il nous a invités à la réflexion en mettant dans l’expression extérieure quelque chose de cette contradiction, de cette péné­tration mutuelle, qui constitue l’essence même des éléments exprimés. Encouragés par lui, nous avons écarté pour un instant le voile que nous interposions entre notre conscience et nous. Il nous a remis en présence de nous-mêmes.
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Ainsi chacun de nous a sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine, reflètent sa personnalité tout entière. Cependant le langage désigne ces états par les mêmes mots chez tous les hommes ; aussi n'a-t-il pu fixer que l'aspect objectif et impersonnel de l'amour, de la haine, et des mille sentiments qui agitent l'âme. Nous jugeons du talent d'un romancier à la puissance avec laquelle il tire du domaine public, où le langage les avait ainsi fait descendre, des sentiments et des idées auxquels il essaie de rendre, par une multiplicité de détails qui se juxtaposent, leur primitive et vivante individualité. Mais de même qu'on pourra intercaler indéfiniment des points entre deux positions d'un mobile sans jamais combler l'espace parcouru, ainsi, par cela seul que nous parlons, par cela seul que nous associons des idées les unes aux autres et que ces idées se juxtaposent au lieu de se pénétrer, nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent : la pensée demeure incommensurable avec le langage. C'est donc une psychologie grossière, dupe du langage, que celle qui nous montre l'âme déterminée par une sympathie, une aversion ou une haine, comme par autant de forces qui pèsent sur elle.
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On analyse une chose, mais non pas un progrès ; on décompose de l’étendue, mais non pas de la durée. Ou bien, si l’on s’obstine à analyser quand même, on transforme inconsciemment le progrès en chose, et la durée en étendue. Par cela seul qu’on prétend décomposer le temps concret, on en déroule les moments dans l’espace homogène ; à la place du fait s’accomplissant on met le fait accompli, et comme on a commencé par figer en quelque sorte l’activité du moi, on voit la spontanéité en inertie et la liberté en nécessité.

Chapitre III : de l’organisation des états de conscience : la liberté
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Il y aurait donc enfin deux moi différents, dont l'un serait comme la projection extérieure de l'autre, sa représentation spatiale et pour ainsi dire sociale. Nous atteignons le premier par une réflexion approfondie, qui nous fait saisir nos états internes comme des êtres vivants, sans cesse en voie de formation, comme des états réfractaires à la mesure, qui se pénètrent les uns les autres, et dont la succession dans la durée n'a rien de commun avec une juxtaposition dans l'espace homogène. Mais les moments où nous nous ressaisissons ainsi nous-mêmes sont rares, et c'est pourquoi nous sommes rarement libres. La plupart du temps, nous vivons extérieurement à nous-mêmes, nous n'apercevons de notre moi que son fantôme décoloré, ombre que la pure durée projette dans l'espace homogène. Notre existence se déroule donc dans l'espace plutôt que dans le temps : nous vivons pour le monde extérieur plutôt que pour nous ; nous parlons plutôt que nous ne pensons ; nous « sommes agis » plutôt que nous n'agissons nous-mêmes. Agir librement, c'est reprendre possession de soi, c'est se replacer dans la pure durée.
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L’idée de l’avenir, grosse d’une infinité de possibles, est donc plus féconde que l’avenir lui-même, et c’est pourquoi l’on trouve plus de charme à l’espérance qu’à la possession, au rêve qu’à la réalité.
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Vidéo de Henri Bergson
Conférence dans le cadre des Congrès scientifiques mondiaux TimeWorld : TimeWorld expose et anime la connaissance sous toutes ses formes, théorique, appliquée et prospective. TimeWorld propose un état de l'art sur une thématique majeure, avec une approche multiculturelle et interdisciplinaire. C'est l'opportunité de rencontres entre chercheurs, industriels, universitaires, artistes et grand public pour faire émerger des idées en science et construire de nouveaux projets. https://timeworldevent.com/fr/ ------------------------------------------------------------------------ Ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et docteur en théologie, Jacques Arnould s'intéresse aux relations entre sciences, cultures et religions, avec un intérêt particulier pour deux thèmes : celui du vivant et de son évolution et celui de l'espace et de sa conquête. Il a consacré plusieurs ouvrages et articles d'histoire ou de théologie au domaine du vivant. Suite à la poussée de fièvre créationniste en France, à partir de janvier 2007, il a été sollicité par différents milieux, scientifiques, pédagogiques ou religieux, pour informer les publics de l'existence des courants créationnistes, de leur histoire, des questions qu'ils posent à nos sociétés. L'année 2009, consacrée à Darwin, a montré comment les idées de ce savant et de ses successeurs continuent à interroger nos contemporains et les invitent à des interrogations plus philosophiques. Il est également expert éthique au Centre national d'études spatiales (CNES), un poste encore un peu unique dans le monde de l'astronautique. Pourtant, cela rejoint une vraie attente de la part du public, mais aussi des acteurs et des dirigeants, leurs motivations ne pouvant en effet plus être les mêmes qu'il y a quarante ou cinquante ans.
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Il y a un siècle, Henri Bergson rassemblait plusieurs de ses essais pour les publier sous le titre L'énergie spirituelle. Loin de s'arrêter à l'étude des phénomènes paranormaux qui passionnent son époque, il réfléchit sur le sens et les conditions de toute action humaine, surtout les plus hautes, celles de création. À quelle énergie devons-nous recourir pour réaliser notre propre destin ?
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