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Frédéric Worms (Éditeur scientifique)Camille Riquier (Éditeur scientifique)
EAN : 9782130568704
521 pages
Presses Universitaires de France (23/11/2008)
4.11/5   40 notes
Résumé :
Dans Matière et mémoire, son deuxième grand livre (1896), Bergson montre comment notre mode de connaissance habituel, fondé sur l'espace, nous masque l'essence de l'esprit, celle de la matière, et leurs relations. On croit que l'esprit est fait d'éléments isolés (d'où une stricte localisation cérébrale) : c'est un acte temporel. On croit que la matière est faite d'objets séparés : c'est un ensemble de mouvements, même si notre corps en isole des " images ". Dans les... >Voir plus
Que lire après Matière et mémoire : Essai sur la relation du corps à l'espritVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Qu'est-ce que « percevoir » ? Quels liens entretiennent le monde, constitué de matière et de vide, et mon corps qui le perçoit et interagit avec lui ? de quelle façon le corps peut-il avoir une prise sur les choses existantes, quand l'on sait que la matière n'est le fruit que de l'interaction chimique entre divers atomes et molécules ? Qu'est-ce qui fait qu'un objet en est un ? de quelle façon ma perception est erronée, à partir du moment où ma conscience cherche à appréhender, à isoler cet objet, de l'ensemble de l'environnement dans lequel il existe ? Que deviennent les images perçues par ma vision, et quels sont les éléments déclencheurs de la restitution de ces images dans le présent ? Qu'est-ce que « se souvenir », et que deviennent ces images entre le moment de leur perception et leur résurgence dans le présent ? Voilà autant de questions qu'aborde l'ouvrage philosophique de Bergson, qui remet en question et réconcilie les deux grands courants de pensées que sont le matérialisme et l'idéalisme.
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C'est une étude longue et minutieuse qui s'engage sur l'âme et le corps. Non pas seulement métaphysiques mais aussi scientifiques, les résultats ne sont pas définitifs et imperfectibles mais probables voire de plus en plus probables.
C'est ainsi qu'il faut prendre ce résultat : les souvenirs ne sont pas stockés dans le cerveau.
Donc plus encore que le résultat, c'est la démarche, l'oeuvre, qui m'intéresse. L'horizon s'ouvre, le travail peut se poursuivre, sur des problèmes passionnants, comme la télépathie, le sentiment du déjà vu,...Un ensemble de problèmes qui seront développés au cours de conférences réunies dans l'ouvrage « L'énergie spirituelle ».
Mais les bases sont posées dans Matière et Mémoire. On revient ici au sens commun et aussi sur des faits scientifiques sur-interprétés.
D'abord « percevoir consiste à détacher, de l'ensemble des objets, l'action possible de mon corps sur eux. La perception n'est alors qu'une sélection. Elle ne créé rien ». Il n'y a aucun besoin d'invoquer une capacité magique, idéale du cerveau qui fabriquerait des représentations distinctes du réel.
Ensuite il faut aller sur le terrain de l'aphasie, la maladie de la mémoire des mots. Car « c'est sur ce terrain que l'idée de la localisation de la mémoire a été plantée, mais en fait sous tendue par le parallélisme métaphysique entre le mental et le cérébral ». Bergson démontre comment le lien observé entre des lésions du cerveau et les perturbations psychologiques concernent l'évocation des souvenirs plutôt que les souvenirs eux-mêmes.
Matière et mémoire, perceptions et souvenirs, le dernier chapitre est naturellement réservé à l'union entre l'âme et le corps. « L'esprit emprunte à la matière les perceptions d'où il tire sa nourriture, et les lui rend sous forme de mouvement, où il a imprimé sa liberté. »
Bergson recule constamment le moment où il faudrait s'abandonner à la révélation divine puis au canon des lois morales. C'est l'ardent défenseur de la liberté qui parle.

Source wikipedia : « Il deviendra en 1921, le premier président de la nouvelle Commission internationale de coopération intellectuelle (CICI, la future UNESCO dès 1946) qui a pour fonction de promouvoir les conditions favorables à la paix internationale. Elle s'appuie sur l'idée que le développement de l'esprit critique des individus, grâce à l'éducation, permet à ceux-ci d'agir de manière saine et responsable. »
Lien : http://classiques.uqac.ca/cl..
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Lu d'abord dans le contexte de mes études, je n'avais pas réellement apprécier cette oeuvre. Mais à la relecture, toute la réflexion sur le passé, la mémoire et le temps en général m'a permis d'appréhender le rapport au temps d'une autre manière.
Je sors grandie de cette oeuvre.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
"D’où vient qu’elle ne paraît pas être en soi ce qu’elle est pour moi ? C’est que, solidaire de la totalité des autres images, elle se continue dans celles qui la suivent comme elle prolongeait celles qui la précèdent. Pour transformer son existence pure et simple en représentation, il suffirait de supprimer tout d’un coup ce qui la suit, ce qui la précède, et aussi ce qui la remplit, de n’en plus conserver que la croûte extérieure, la pellicule superficielle. Ce qui la distingue, elle image présente, elle réalité objective, d’une image représentée, c’est la nécessité où elle est d’agir par chacun de ses points sur tous les points des autres images, de transmettre la totalité de ce qu’elle reçoit, d’opposer à chaque action une réaction égale et contraire, de n’être enfin qu’un chemin sur lequel passent en tous sens les modifications qui se propagent dans l’immensité de l’univers. Je la convertirais en représentation si je pouvais l’isoler, si surtout je pouvais en isoler l’enveloppe. La représentation est bien là, mais toujours virtuelle, neutralisée, au moment où elle passerait à l’acte, par l’obligation de se continuer et de se perdre en autre chose. Ce qu’il faut pour obtenir cette conversion, ce n’est pas éclairer l’objet, mais au contraire en obscurcir certains côtés, le diminuer de la plus grande partie de lui-même, de manière que le résidu, au lieu de demeurer emboîté dans l’entourage comme une chose, s’en détache comme un tableau. Or, si les êtres vivants constituent dans l’univers des « centres d’indétermination », et si le degré de cette indétermination se mesure au nombre et à l’élévation de leurs fonctions, on conçoit que leur seule présence puisse équivaloir à la suppression de toutes les parties des objets auxquelles leurs fonctions ne sont pas intéressées."
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"Mon corps est ce qui se dessine au centre de ces perceptions ; ma personne est l’être auquel il faut rapporter ces actions. Les choses s’éclaircissent si l’on va ainsi de la périphérie de la représentation au centre, comme le fait l’enfant, comme nous y invitent l’expérience immédiate et le sens commun. Tout s’obscurcit au contraire, et les problèmes se multiplient, si l’on prétend aller, avec les théoriciens, du centre à la périphérie. D’où vient donc alors cette idée d’un monde extérieur construit artificiellement, pièce à pièce, avec des sensations inextensives dont on ne comprend ni comment elles arriveraient à former une surface étendue, ni comment elles se projetteraient ensuite en dehors de notre corps ? Pourquoi veut-on, contre toute apparence, que j’aille de mon moi conscient à mon corps, puis de mon corps aux autres corps, alors qu’en fait je me place d’emblée dans le monde matériel en général, pour limiter progressivement ce centre d’action qui s’appellera mon corps et le distinguer ainsi de tous les autres ? Il y a, dans cette croyance au caractère d’abord inextensif de notre perception extérieure, tant d’illusions réunies, on trouverait, dans cette idée que nous projetons hors de nous des états purement internes, tant de malentendus, tant de réponses boiteuses à des questions mal posées, que nous ne saurions prétendre à faire la lumière tout d’un coup."
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"Dans l’espace d’une seconde, la lumière rouge, — celle qui a la plus grande longueur d’onde et dont les vibrations sont par conséquent les moins fréquentes, — accomplit 400 trillions de vibrations successives. Veut-on se faire une idée de ce nombre ? On devra écarter les vibrations les unes des autres assez pour que notre conscience puisse les compter ou tout au moins en enregistrer explicitement la succession, et l’on cherchera combien cette succession occuperait de jours, de mois, ou d’années. Or, le plus petit intervalle de temps vide dont nous ayons conscience est égal, d’après Exner, à 2 millièmes de seconde ; encore est-il douteux que nous puissions percevoir de suite plusieurs intervalles aussi courts. Admettons cependant que nous en soyons capables indéfiniment. Imaginons, en un mot, une conscience qui assisterait au défilé de 400 trillions de vibrations, toutes instantanées, et seulement séparées les unes des autres par les 2 millièmes de seconde nécessaires pour les distinguer. Un calcul fort simple montre qu’il faudra plus de 25 000 ans pour achever l’opération. Ainsi cette sensation de lumière rouge éprouvée par nous pendant une seconde correspond, en soi, à une succession de phénomènes qui, déroulés dans notre durée avec la plus grande économie de temps possible, occuperait plus de 250 siècles de notre histoire. Est-ce concevable ?"
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Rien n'est moins que le moment présent, si vous entendez par là cette limite indivisible qui sépare le passé de l'avenir.
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"À vrai dire, il n’y a jamais là qu’une question de degré : raffinée ou grossière, une langue sous-entend beaucoup plus de choses qu’elle n’en peut exprimer. Essentiellement discontinue, puisqu’elle procède par mots juxtaposés, la parole ne fait que jalonner de loin en loin les principales étapes du mouvement de la pensée. C’est pourquoi je comprendrai votre parole si je pars d’une pensée analogue à la vôtre pour en suivre les sinuosités à l’aide d’images verbales destinées, comme autant d’écriteaux, à me montrer de temps en temps le chemin. Mais je ne la comprendrai jamais si je pars des images verbales elles-mêmes, parce que entre deux images verbales consécutives il y a un intervalle que toutes les représentations concrètes n’arriveraient pas à combler. Les images ne seront jamais en effet que des choses, et la pensée est un mouvement."
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Videos de Henri Bergson (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Bergson
Conférence dans le cadre des Congrès scientifiques mondiaux TimeWorld : TimeWorld expose et anime la connaissance sous toutes ses formes, théorique, appliquée et prospective. TimeWorld propose un état de l'art sur une thématique majeure, avec une approche multiculturelle et interdisciplinaire. C'est l'opportunité de rencontres entre chercheurs, industriels, universitaires, artistes et grand public pour faire émerger des idées en science et construire de nouveaux projets. https://timeworldevent.com/fr/ ------------------------------------------------------------------------ Ingénieur agronome, docteur en histoire des sciences et docteur en théologie, Jacques Arnould s'intéresse aux relations entre sciences, cultures et religions, avec un intérêt particulier pour deux thèmes : celui du vivant et de son évolution et celui de l'espace et de sa conquête. Il a consacré plusieurs ouvrages et articles d'histoire ou de théologie au domaine du vivant. Suite à la poussée de fièvre créationniste en France, à partir de janvier 2007, il a été sollicité par différents milieux, scientifiques, pédagogiques ou religieux, pour informer les publics de l'existence des courants créationnistes, de leur histoire, des questions qu'ils posent à nos sociétés. L'année 2009, consacrée à Darwin, a montré comment les idées de ce savant et de ses successeurs continuent à interroger nos contemporains et les invitent à des interrogations plus philosophiques. Il est également expert éthique au Centre national d'études spatiales (CNES), un poste encore un peu unique dans le monde de l'astronautique. Pourtant, cela rejoint une vraie attente de la part du public, mais aussi des acteurs et des dirigeants, leurs motivations ne pouvant en effet plus être les mêmes qu'il y a quarante ou cinquante ans.
Conférence : L'esprit est-il une énergie renouvelable ? Le 16 novembre 2023 au Cnam à Paris lors du congrès mondial TimeWorld Energie.
Il y a un siècle, Henri Bergson rassemblait plusieurs de ses essais pour les publier sous le titre L'énergie spirituelle. Loin de s'arrêter à l'étude des phénomènes paranormaux qui passionnent son époque, il réfléchit sur le sens et les conditions de toute action humaine, surtout les plus hautes, celles de création. À quelle énergie devons-nous recourir pour réaliser notre propre destin ?
+ Lire la suite
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