La vraie vie, à défaut de la belle vie. Mais la vie est-elle question de beauté ? Allez savoir !
La vraie vie, donc, vue par une petite fille qui devient une adolescente puis une femme que la vie n'épargne pas.
Elle ne s'en plaint pas, elle se contente de la vivre comme elle peut et comme cette vie l'autorise à le faire.
Pour
Lucia Berlin, cela signifie qu'elle ne réagit pas en victime. Elle se réfugie dans l'observation sans fard, mais avec une empathie réelle, de ses contemporains.
Qualités et défauts ne sont pas des termes de son dictionnaire du quotidien.
Patronnes honteuses d'employer une femme de ménage, déployant des stratégies d'évitement du jugement d'autrui.
Grand-père fantasque qui oblige sa petite fille à lui arracher toutes ses dents pour porter l'appareil dentaire qu'il a fabriqué avec application, un "dentier dentesque" dit-il...
Vieil indien rencontré dans une laverie automatique avec lequel elle vit, ou plutôt rigole, au sens inuit du terme (ceux qui ont vu
Anthony Quinn dans le film Les Dents du diable (1959) comprendront.)
Discussions d'arrêt de bus destinées à passer le temps et à oublier.
La télé-compagnie : "Après Arabesque, elle prend un bain, se dorlote avec des perles de bain aux senteurs florales."
Dehors, "des "corneilles empotées et braillardes."
Sa cousine : "Elle prétendait avoir les nerfs en pelote, mais n'en avait pas l'air. (...) Ses seins étaient trop gros."
Un livre qui se lit comme une bible, pas d'une traite, mais à son temps, au gré de son humeur et des circonstances. Un livre sur lequel on vient et revient avec délectation. À déguster avec délicatesse et précaution.
Dans la préface, intitulée "L'important, c'est l'histoire", Lydia Davis dit que ces "nouvelles sont électriques.", c'est vrai !
La conclusion appartient à l'un des fils de
Lucia Berlin qui a déclaré : "Ma mère écrivait des histoires vraies, pas forcément autobiographiques, mais pas très éloignées de la vérité..."
Tout est dit, je retourne voir
Lucia Berlin !
Ne tardez pas trops...