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Critique de oblo


oblo
05 février 2016
Un jeune prêtre arrive dans la commune d'Ambricourt, sitôt sorti du séminaire. Son aspect triste et maladif, ses maladresses répétées et son ardeur à défendre la foi chrétienne éveillent bientôt la méfiance, puis l'hostilité de ses paroissiens. Trouvant le soutien en de rares compagnies – le vieux curé de Torcy notamment –, le jeune curé se trouve vite en proie à de graves difficultés physiques et à des tourments métaphysiques qui le mettent davantage au supplice.

A Ambricourt, ses manières dérangent. de nature fragile, le jeune prêtre tombe bientôt malade à cause d'un régime alimentaire inadapté. Pis, on le voit boire son verre de vin tous les jours. On le dit alcoolique : comment expliquer sinon qu'il titube en plein jour lors de ses tournées de visite à ses paroissiens ? Comment expliquer ce regard fuyant, ces attitudes inadaptées à un village où les gens n'attendent pas qu'on leur dise comment vivre ?

Le roman tourne toutefois autour d'une famille, sorte de personnage aux visages multiples : la famille du comte. Ce dernier impressionne le prêtre alors qu'il n'est, selon les dires du curé de Torcy, qu'un paysan riche bien dégrossi. Cet homme a une relation privilégiée avec sa fille, une jeune adolescente capricieuse, odieuse, colérique, qui exige le départ de sa préceptrice, Mlle Louise. La comtesse, elle, supporte d'autant plus mal cette relation qu'elle a perdu son fils quelques années auparavant. Tous trois, comme les habitants du village, affectent un christianisme qui n'en a que l'aspect. le drame du prêtre est d'être le seul véritable chrétien – de pratique, de vie – dans ce village où Dieu n'a que trop peu de place. Plein d'ardeur intérieure, il a en obsession la conversion et le service des autres, dont il voit la réalisation dans l'affirmation de la pauvreté comme idéal.
Evidemment, le roman témoigne de la foi de son auteur, fervent catholique, qui le publie en 1936. Si certains passages paraîtront obscurs et peu compréhensibles à des esprits vivant en dehors de l'idée divine, il n'en reste pas moins que le livre contient des pages remarquables sur l'amour et sur la présence de Dieu dans nos sociétés. le jeune prêtre – se faisant peut-être ici la voix de Bernanos – rejette ce monde qui se passe de Dieu et s'agite, s'agite pour combler le vide. L'écho résonne fortement dans nos sociétés de la vitesse, de l'immédiateté.

Le roman porte les raisons de la désaffection pour le christianisme d'une population intéressée par son enrichissement matériel. La révolte du prêtre est silencieuse mais elle est urgente : ces âmes qui refusent Dieu sont définitivement perdues. La voix seule se perd cependant dans le bruit du monde ; du moins nous parvient-elle, isolée mais point désespérée, à travers ce journal.
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