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Critique de Yvan_T


« La tendresse des crocodiles » est tout d'abord l'histoire d'une quête, celle d'une jeune femme bien décidée à retrouver son père, disparu dans les profondeurs de l'Afrique coloniale du début du XXe siècle. Accompagnée par Eugène Love Peacock, un guide porté sur la bouteille, Jeanne entame un voyage riche en découvertes, notamment la découverte de soi, des autres et d'un Continent Noir débordant de richesses et de mystères.

Le récit, raconté à la première personne, renforce encore la proximité avec cette héroïne, déjà fort attachante à la base. Les autres personnages, hauts en couleurs, ne sont pas en reste et Fred Bernard démontre une capacité à brosser des protagonistes d'une grande justesse, en seulement quelques cases. Il soigne également l'évolution psychologique de son héroïne, qui gagne en maturité et s'émancipe au fil des pages, ainsi que les relations entre les différents personnages. Cette femme courageuse et bercée par l'Afrique et ce guide fruste et alcoolique vont ainsi se découvrir au fil de l'aventure, le tout sur base de dialogues savoureux.

Mais la recherche de ce père disparu ne permet pas seulement de rencontrer des protagonistes intéressants, mais sert également de prétexte afin de partir à la découverte de contrées lointaines aux richesses abondantes. Tout au long de l'album, l'auteur prend le temps d'imprégner le lecteur de l'ambiance africaine. Car le coeur du récit est bel et bien un voyage et la découverte de l'Afrique : son immensité, ses mystères, sa culture, ses croyances, sa chaleur, sa nature, ses fauves, ses dangers, ses guides et ses explorateurs fous.

Le trait volontairement brouillon de Fred Bernard croque les personnages et l'environnement tropical avec grande efficacité. Alors qu'un dessin colorisé aurait permis de faire ressortir toutes les couleurs et la beauté de l'Afrique, ce graphisme noir et blanc n'impose rien et laisse au lecteur le soin de composer sa propre palette de couleurs en interprétant les parfums et les ambiances distillées par l'auteur.

Un album subtil et dépaysant, mêlant aventure, psychologie, rêve et poésie, à classer auprès des meilleures aventures de Corto Maltèse.

Malgré des allures de one-shot, une deuxième aventure de Jeanne Picquigny a également été éditée par Seuil (mais est malheureusement plus difficile à trouver), ainsi qu'un album publié chez Casterman (« Lily Love Peacock »), narrant la vie quotidienne de la petite fille d'Eugène Love Peacock.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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