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Bernard Kreiss (Traducteur)
EAN : 9782070709076
224 pages
Gallimard (01/01/1989)
4.19/5   65 notes
Résumé :
Le narrateur, un adolescent, accompagne son père, médecin de campagne des Alpes autrichiennes, dans ses visites aux malades. Très vite, il se rend compte que dans la plupart des cas les problèmes véritables, auxquels il est impossible de se dérober, commencent en fait au-delà des possibilités de la médecine. De visite en visite, d'observation en conversation, c'est moins le monde de la souffrance physiologique qu'il découvre que celui de la solitude, du désarroi, du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Oufti ! comme on dit chez nous ! voici une lecture qui n'est pas facile. Pas malaisée pour autant dans la première partie où un médecin de campagne emmène son fils, revenu pour le week-end, dans la visite de ses patients de village en village. le fils découvre que la pathologie dont souffre les patients est accessoire par rapport à leur dérèglement, leur perturbation psychologique. Mais cela se corse sacrément dans la seconde moitié du livre qui se résume à un soliloque du dernier patient, le châtelain qui vit dans les hauteurs au-dessus de la vallée et du peuple. Longue logorrhée proche de la folie et pourtant émaillée de beaucoup de vérités et de pertinence.

J'ai lu que Bernhard était considéré comme un successeur de Musil. Je trouve que ce dernier était plus facile d'accès. Ce qui en dit déjà long. J'y ai vu personnellement tout le pessimisme d'un Cioran (enfin c'est mon ressenti personnel de Cioran même si beaucoup l'adorent).

Je reste désorientée au sortir du livre : c'est clairement de la littérature de qualité, et loin de moi de vouloir que cela se termine bien comme dans les contes de fées, mais c'est tout de même un malaise voulu qui habite le lecteur à la dernière page. Enfin, tel est mon cas.
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Je me suis lancé dans Pertubation sans trop savoir à quoi m'attendre. Un jeune homme suit son père, médecin, qui voit une série de patients dans une contrée perdue de l'Autriche. le père croit que voir la « misère » du monde, ses bassesses, ne peut pas nuire à son fils, même que cela pourra lui montrer la « vérité » sur sur la vie, sur les gens. Leur tournée commence d'ailleurs mal, avec le meurtre d'une aubergiste par un homme alcoolisé, maintenant en fuite. S'enchainera ensuite une série de gens plus ou moins perturbés, perturbés pouvant être ici vu comme un euphémisme. Mais le clou de cette tournée sera la visite du prince, qui ferra en fait plus de la moitié du livre.

Le prince vit dans son château (l'une des références à Kafka) et reçoit le docteur pour ses cachets, contre la démence. Dès que le médecin et son fils font leur entrée au château, le prince commence un monologue que l'on suit d'abord comme ceux que l'on a suivi avec les autres « patients », puis on s'aperçoit que ce patient n'est pas comme les autres. Ça commence tout en douceur, avec ce qu'a fait le prince ce matin, s'entretenir avec 3 candidats pour le poste de régisseur du domaine, puis le ton s'obscurcit, sans qu'on le remarque vraiment ; la machine se dérègle boulon par boulon. le prince n'est pas un optimiste, c'est le moins qu'on puisse dire, il est d'une extrême lucidité : une lucidité déconcertante, pour lui. Pareil à un insomniaque qui rumine ses pensées dans un sens et puis dans l'autre, une insomnie fiévreuse, qui consiste à tourner des idées noires jusqu'à ce que cela devient un mélange qui contamine tout le reste. Des idées sur les autres, vivre en société ; le rapport père-fils, très présent, qu'est-ce que fera sont fils de son domaine une fois que lui sera mort, etc... 

Ce monologue est une véritable prouesse littéraire. À la fois dense au niveau des idées maniées par le prince (je partage le rapprochement avec Cioran), mais également dans la construction même du récit, où l'on s'aperçoit que lorsque le prince parle des autres, et bien, il parle toujours de lui-même. le prince est obsédé par lui-même. Il entend une voix, un bruit : il n'a jamais la tête vide, toujours en remue-méninge. Il se perd, littéralement, dans le labyrinthe de ses idées. C'est fabuleux de suivre se tourment intérieur, une véritable perturbation de l'esprit qui nous perturbe également.  
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Remarquable par le style, l'esprit, et la structure du récit : débute par le récit d'un enfant qui suit son père médecin dans la campagne de la Haute Autriche (rencontres "invraisemblables" avec des personnages atypiques, désespérés, reclus), puis ascension jusqu'au château avec la rencontre d'un homme (le Prince) qui prend progressivement le relais de la narration avec un très long monologue tout aussi désillusionné sur l'Etat, la paternité, une étude presque sociologique de la marche (la façon de marcher, de se déplacer des indépendants d'esprit ? des idiots ?), personnification de l'Etat et du "raisonnable" sous les traits d'un personnage nommé Moser ("Les Moser s'insinuent en vous, et vous voilà infectés jusqu'à la moëlle"), éloge des promenades sans paroles, l'homme : créature tourmentée...
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Où que nous portions le regard, nous voyons des gens qui n'ont pas assez de tout leur temps pour apprendre à parler et apprendre à marcher, apprendre à penser et apprendre à réciter par coeur, apprendre à tromper, apprendre à mourir, apprendre à être mort. Les hommes ne sont que des comédiens qui nous jouent quelque chose de connu.
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Le bourgmestre, les socialistes, etc. Personne, dit Huber, n’a voulu céder un bout de terrain à la commune. Alors la commune a tout simplement exproprié. Exproprié, ai-je pensé. Voilà un mot clé qui évoque à mes yeux toute l’ignominie de l’Etat, toute la bêtise de l’Etat, toute stupide crapulerie des fonctionnaires de l’Etat ! Exproprié ! A tour de bras, on exproprie pour un oui ou pour un non. Les politiciens exproprient çà et là. Cà et là on exproprie. Ils exproprient et ruinent. La nature est ruinée. Exproprié, me suis-je écrié, et j’ai dit : espérons que cet Etat s’expropriera bientôt lui-même. (…)
L’Etat est gangréné, ai-je dit sérieusement (…) Tout croupit dans l’hébétude d’une immuable agonie, n’est-ce pas ? Tout sauf la science.
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Mon fils me reproche mon âge, dit-il, je lui reproche sa jeunesse.
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Le sourire de ces femmes tirées de leur sommeil et qui, se sachant condamnées, constatent qu’elles sont toujours dans ce monde de souffrances, voilà qui est tout simplement effroyable.
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Dans la Bundau, il fait froid, l’hiver y règne en permanence, ce sont expressément des créatures hivernales qui vivent dans le Bundau. L’existence, ai-je pensé, cher docteur, l’existence ! C’est une région qui ne souffre qu’un minimum d’existence. C’est un noir verdâtre qui règne là, un vert noirâtre, une obscurité si profonde qu’elle exclut même le suicide. La pensée, chez ces gens-là, est constamment en train de se noyer, le désir de vivre en train d’agoniser, tout gèle, tout gèle et surgèle alternativement.
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Videos de Thomas Bernhard (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Bernhard
Le 17 mars 2021 a disparu le comédien Jacques Frantz.
Sa voix de basse, puissante, vibrante et expressive, était particulièrement appréciée dans l'art du doublage. C'est tout naturellement que, en 2007, il a rejoint les grandes voix de « La Bibliothèque des voix » pour immortaliser dans un livre audio l'ancien acteur shakespearien désabusé dans la pièce de Thomas Bernhard « Simplement compliqué ».
Nous partageons cet extrait pour lui rendre un dernier hommage et adressons nos pensées émues à sa famille.
- - - Le texte imprimé de « Simplement compliqué » de Thomas Bernhard a paru chez L'Arche Éditeur, en 1988. Direction artistique : Michelle Muller.
+ Lire la suite
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