AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782877067218
542 pages
Editions de Fallois (02/06/2010)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Faut-il, pour écrire, renoncer à vivre ? À cette question, contrairement à Flaubert, Stendhal a résolument et très tôt répondu non. S'il a su d'emblée qu'il serait écrivain (en toute simplicité, le Molière du XIXe siècle), l'écriture n'a été pour lui qu'une passion parmi d'autres, aussi définitives : l'amour de la musique et de la peinture, l'amour des paysages, l'amour des idées et l'amour de l'amour, sous le signe du même goût violent d'être heureux. Dans le tourb... >Voir plus
Que lire après Stendhal : Vivre, écrire, aimerVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Grand spécialiste De Stendhal, éditeur de ses Oeuvres romanesques complètes dans la bibliothèque de la Pléiade, Philippe Berthier s'attaque à la biographie de l'auteur de la chartreuse de Parme. Une biographie dans les règles de l'art, nous suivons Henri Beyle depuis sa naissance, jusqu'à sa mort. La famille, les amitiés, les amours, la carrière professionnelle....tout est passé en revue de façon chronologique. Nous revivons donc la fin du XVIIIe siècle, la révolution, la mort de Louis XVI, l'épopée napoléonienne à laquelle Stendhal a participé (dans l'intendance), puis la restauration, qui le mettra sur la touche, avant de pouvoir reprendre du service dans les rangs subalternes de la diplomatie sous le règne de Louis-Philippe.

Un auteur dont la vie est l'oeuvre s'entremêlent, écrire et vivre est au final la même chose. La vie ne prend son sens que grâce au remaniement par l'écriture, elle est une oeuvre en soi. Les amours par exemple ont besoin d'être fantasmées et imaginées, plus que vécues au sens trivial, Les écrits ne sont pas coupés de l'existence : tout événement ne prend forme que par la conscience que l'on en prend, qui structure l'individu ; écrire permet la cristallisation, la transformation de sensation brutes en connaissance du monde et de soi. D'où l'importance de connaître la vie De Stendhal pour mieux pénétrer ses oeuvres.

Mais Philippe Berthier, est non seulement un spécialiste, mais aussi un grand amoureux De Stendhal. Cela semble d'ailleurs une caractéristique incontournable pour tous les spécialistes de cet auteur. le beylisme, qui consiste aussi bien à aimer l'oeuvre qu'être fasciné par l'homme qui l'a créée, semble une constante parmi les experts. Stendhal paraît avoir été un outsider, un homme qui observait, dont l'esprit aiguisé et plein d'ironie s'adonnait à des brillants paradoxes. Peu connu de son vivant en tant qu'écrivain, tout au moins du grand public, il pensait devoir être reconnu par la postérité, ce qui en effet arriva. Après avoir voulu être auteur de théâtre, c'est finalement au roman qu'il doit être célèbre aujourd'hui, bien qu'il ait écrit des livres sur l'art, sur les voyages, des novelles, un journal… Fasciné par Don Quichotte, L Arioste entre autres, l'art de conter, le romanesque, lui semblent naturels. Mais ses romans portent la marque de son temps, ils sont historiques, ils analysent le politique. Toujours avec une sorte de distance, d'ironie, de second degré. le rêve romanesque se brise sur l'écueil du monde prosaïque dans lequel vit le héros.

Philippe Berthier tente dans son biographie de retrouver le ton, l'esprit, et la verve de l'auteur qu'il évoque. Et il y réussit en très grande partie. le livre est vivant, amusant, jubilatoire, comme Henri Beyle devait l'être. Il donne envie de se (re)plonger dans les oeuvres. Peut-être le petit regret serait qu'elles ne sont pas suffisamment analysées, mais cela aurait sans doute allongé le livre de façon trop importante. le lecteur n'a plus qu'à se précipiter sur présentations et notes de la Pléiade, pour en savoir plus. Et pourra peut-être déterminer s'il est davantage rougiste ou chartreux, les passionnés De Stendhal semblant se diviser entre ces deux courants. Philippe Berthier ne cache pas ses préférences : chartreux sans l'ombre d'un doute.
Commenter  J’apprécie          285
Je me souviens encore du sentiment ressenti à la lecture de la Chartreuse de Parme, en plus du lieu et de la saison. C'était l'été des vacances scolaires, j'avais seize ans et, au gré de mes promenades sur la terre familiale, je buvais goulûment les mots De Stendhal, sans toutefois bien saisir toute la portée de ce magnifique et gigantesque roman; c'était ma première incursion dans la littérature dite classique. J'ai ensuite admiré Gérard Philipe dans le film le Rouge et le Noir, toujours aussi éblouie par l'histoire et le style stendhalien. Et par un concours de circonstances, j'ai pris note récemment d'un ouvrage écrit par Philippe Berthier intitulé Amitiés d'écrivains, ce qui m'a amenée à cette biographie monumentale de Henri Beyle, alias Stendhal, Vivre, écrire, aimer. Un mantra qui sied à merveille à l'homme qui écrivait avant tout dans le plaisir.
Philippe Berthier, en spécialiste avéré De Stendhal, s'amuse sans conteste à retracer le parcours d'un enfant unique séparé trop tôt de sa mère et qui abhorrait son géniteur, soumis aux infortunes d'une condition modeste, et qui sera chargé, un temps, de l'intendance de l'armée napoléonienne sous l'Empire. Des postes administratifs dans l'appareil d'État lui seront ensuite offerts sans vraiment qu'il n'y attache l'importance que ses bienfaiteurs auraient voulu. Sa grande affaire, cependant, c'était l'écriture, en tout bien tout honneur.
Cette biographie nécessite une adaptation car qui n'est pas féru de l'oeuvre stendhalienne doit s'accrocher ferme. Philippe Berthier pose ses mots choisis comme l'aurait fait son sujet, avec panache et humour. Érudit, approfondi jusque dans les moindres détails, l'ouvrage en impose. J'ai bafouillé sur les premières pages, mais j'ai tenu le coup et pris le rythme imposé avec la satisfaction d'avoir embrassé pendant quelques jours la vie d'un écrivain de son temps, « (…) éternel paradoxiste flippant, aimable causeur italomaniaque et caustique mauvais esprit (…) »
Commenter  J’apprécie          140
Vivre, écrire, aimer : le titre même de cette biographie virevoltante dit l'essentiel de son sujet. La vie d'un homme pour qui la vie passe avant la littérature et ne peut se concevoir sans une quête permanente de l'amour.
Je ne savais quasiment rien de la vie d'Henri Beyle, quelques clichés tout au plus. Cette lecture fut donc une totale découverte et grâce à la virtuosité de Philippe Berthier ce fut un grand plaisir. C'est enlevé, vivant, bouillonnant, parsemé de citations, de jeux de mots, de comparaisons audacieuses. Bref on ne s'ennuie pas un instant.

Amant malheureux et parfois éconduit, passionné de théâtre, complètement dingue d'opéra, un amoureux de l'Italie et de ses peintres, un écrivain magnifique mais qui ne connu pas le vrai succès de son vivant, journaliste pour faire bouillir la marmite, perpétuellement à court d'argent. Voilà le portrait brossé à grands traits d'Henri Beyle dit Stendhal.
Mais approchons nous plus près grâce à la lorgnette de Philippe Berthier
Je vous fais grâce des détails pour retenir les traits caractéristiques.
Henri Beyle fut un lecteur acharné.
Chez lui l'amour des femmes et l'amour des livres se mêlent « Lire c'est jouir. Et écrire donc ! »
Il écrivit pendant des années des chroniques pour les journaux anglais « N'ayant personne à ménager pour des lecteurs d'outre-Manche, Stendhal à la bride sur le cou et s'ébroue en toute liberté » il y parle de tout, de politique, d'actualité littéraire, de théâtre.
Il n'aimait pas tout le monde, dans une notice biographique il dit de lui « Il n'aima aucun de ses parents » on peut dire même qu'il détesta son père alors que celui-ci lui permit de passer des années à faire ce que bon lui semblait.
Les moments les plus précieux de son existence ne seront pas la publication des ses romans mais ses séjours italiens qui parfois tournent à la farce tant il est habile à se mettre les gens à dos.
A t-il comme on le prétend occupé des postes de façon bien légère ? Souvent malade c'est le roi de la demande de congés exceptionnels, jugez en « Les uns prétendent que Stendhal a été un fonctionnaire dilettante, négligent, scandaleusement même, si l'on songe qu'en additionnant ses éclipses, on arrive parfois au total en effet effarant de sept mois en un an »

Mais la littérature dans tout ça ? Philippe Berthier nous dit « Stendhal n'a jamais sacralisé la littérature au point de lui sacrifier les autres plaisirs de la vie » J'ai découvert que Henri Beyle n'était pas du tout gêné de plagier allégrement , il a une façon bien à lui d'écrire « je compose 20 ou 30 pages puis j'ai besoin de me distraire, d'un peu d'amour quand je puis ou un peu d'orgie »
Il écrit la Chartreuse de Parme en quelques 60 jours !!!
Cet homme qui courut après l'amour d'une femme toute sa vie n'était pas beau et le savait « il a été capable d'en parlé avec simplicité » cela ne l'empêchait pas de poursuivre les soubrettes avec acharnement tant son amour de la vie était grand.
Loin des pensums d'analyse d'oeuvres littéraires ou des biographies poussives, ce livre est tonique et drôle, d'une érudition folle, bref un livre passionnant. Une critique et après on en parle plus : je trouve un peu méprisant pour le lecteur que l'auteur ne juge pas nécessaire de traduire les citations en italien, allemand ou latin. Travers d'universitaire peut être ?
Le tempo de la biographie est celui de la vie de Stendhal, toujours courant après l'amour, le plaisir et parfois les honneurs qui toujours lui échappent


Lien : http://asautsetagambades.hau..
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Quoi que puissent en penser les bien-pensants, c'est-à-dire les non-pensants, un laquais est là, de plein droit, dans le sanctuaire du coeur qui n'oublie pas, à égalité avec les grandes dames sur qui il n'aurait jamais osé levé les yeux. Et, n'en déplaise à la marxisation indiscrète dont Stendhal a parfois souffert, cette présence n'a rien à voir avec la promotion du prolétariat, mais avec quelque chose de décisif qui ne relève nullement des classes sociales : la qualité de l'être. Et cette qualité, on la rencontre partout.
Commenter  J’apprécie          130
Ce que Stendhal nomme en son langage privé « firodea » (fear of death) tient aux fumerolles métaphysiques dont, pour entretenir son négoce, la religion a enveloppé ce moment très simple, que Mallarmé qualifiera de « ruisseau peu profond » et qu'il convient d'aborder avec une lucidité et une sérénité lucrétiennes : « J'ai fait cent fois le sacrifice de ma vie, me couchant, croyant fermement ne pas me réveiller. »
Commenter  J’apprécie          30
Les uns prétendent que Stendhal a été un fonctionnaire dilettante, négligent, scandaleusement même, si l’on songe qu’en additionnant ses éclipses, on arrive parfois au total en effet effarant de sept mois en un an
Commenter  J’apprécie          30
Insatiable il entonne tout ce qui passe à sa portée, fait flèche de tout bois, épluche avec ardeur les annonces de livres à vendre dans la presse. Tout est bon pour alimenter le bibliophage : Dante, Lucien, l’Abbé Prévost, Rousseau..
Commenter  J’apprécie          20
Il savait du reste parfaitement où vivaient ses vrais lecteurs : dans une coupe d'immeuble à la Georges Perec, on les trouverait au second et au sixième étage. Pas au premier, dont les habitants « sont esclaves de l'affectation et des rhéteurs » ; sous les toits, parce que c'est là que veillent « les jeunes gens qui pensent au lieu de croire. »
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : biographieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}