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EAN : 9782709631099
363 pages
J.-C. Lattès (25/08/2010)
3.76/5   125 notes
Résumé :
Depuis plus d'une décennie, Nola vit avec une zone d'ombre au sein de son histoire. Mais voilà : on ne peut pas fuir éternellement... Elle décide alors, l'année de ses trente ans, d'enfin trucider son fantôme. Elle rembobine, jusqu'à cet été-là, l'été le plus marquant de son existence.
Août 1998. Il fait 37 degrés, Paris est vide, les Bleus sont champions du monde. Nola a dix-huit ans et vient de perdre son père, Jacques. Contraintes d'emménager dans l'« imm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 125 notes
Delphine Bertholon séduit par sa plume, par ses récits touchants et profonds, elle aborde des thèmes qui bousculent l'humain landa.
Il y a la vie d'avant et celle d'après, ce tremblement de terre, cette faille qu'on ne pourra plus jamais combler, faire son deuil, d'une existence aimée pulvérisée en une fraction de seconde. Nola regarde ce triste tableau, elle doit faire face à ce naufrage plus encore sauver également sa mère.
Au fil du récit, les personnages se dévoilent, se reconstruisent, pour faire place à une certaine vérité. Un seul être vous manque et tout s'écroule. Et pourtant, il faut faire un pas puis un autre vers l'avenir.
L'auteur a su sans pathos nous décrire ce que peuvent vivre les victimes d'une telle catastrophe, pouvoir accepter l'inacceptable, garder l'espoir d'un autre bonheur sans l'absent, oui peut-être que c'est différent mais possible. Même si l'oubli n'existe pas.
Un beau récit émouvant, même si parfois j'ai ressenti un essoufflement par moments.

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Nola, trente ans, se souvient. Août 1998, c'est la canicule et la jeune fille a 18 ans. Elle tente comme elle peut de se remettre de la mort de son père Jacques, tué sous les balles d'un déséquilibré l'hiver précédent. Mauvais endroit, mauvais moment… En plus de son chagrin, la jeune fille doit endosser des responsabilités d'adultes face à la dépression de sa mère Mira : soucis financiers, déménagement… Les deux femmes s'installent dans un immeuble tortueux et biscornu, « l'immeuble-mutant » comme le décrit Nola. Très vite, la dépression de Mira se double de symptômes étranges. Elle ne supporte plus aucun bruit, si infime soit-il, et se cache en vain à la recherche du silence. Mira souffre d'hyperacousie, une hypersensibilité des tympans qui lui rend tout bruit insupportable. Nola, désemparée face au mal dont souffre sa mère, n'en baisse pas moins les bras. Volontaire et énergique, elle laisse de côté ses préoccupations adolescentes pour trouver un emploi de serveuse dans un bar. Là, au milieu des habitués et des paumés du bar, auprès des voisins de l'immeuble, Nola se rebelle contre l'adversité et tente de trouver sa voie.

Comme à son habitude, Delphine Bertholon aborde des thèmes délicats – le deuil et la maladie - sans tomber dans le pathos ou le larmoyant. Au contraire, sous les traits de Nola, elle nous offre un personnage attachant, dynamique, drôle, en colère, et surtout, qui s'interroge. La maladie de sa mère n'est pas pour elle anodine. Comme en réponse à la mort de Jacques, tué d'une balle dans l'oreille, Mira souffre de l'ouïe. Nola, à son tour, se retrouve obsédée par les oreilles. Elle peint tout d'abord la sienne, puis se perce les oreilles et enfin, se met à l'écoute des autres. Et c'est justement en s'ouvrant à eux et en leur portant une oreille attentive qu'elle découvre que chacun a ses fêlures et des secrets douloureux à porter. A commencer par sa propre famille.
Tel un roman initiatique, « L'effet Larsen » met donc en scène une jeune fille qui doit abandonner sa vie d'adolescente pour affronter le monde des adultes. Mais Delphine Bertholon mène plus loin son sujet sur l'apprentissage de la vie et le deuil. Avec talent et finesse, elle montre comment la mort d'un être cher, parti trop vite, peut raviver d'anciennes blessures et comment la culpabilité peut se matérialiser en douleur physique.
A partir d'un sujet maintes fois traité, le deuil, et d'un autre plus original, les effets de l'hyperacousie et les conséquences que cela entraîne, Delphine Bertholon concocte un savant mélange pour donner corps à une histoire captivante, touchante et mystérieuse, aux accents parfois étranges. Avec son style direct et juste et son regard bienveillant, l'auteur de l'excellent « Twist » nous offre une nouvelle réussite littéraire.

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J'adore découvrir de nouvelle plume, et spécialement quand c'est sous la recommandation d'une amie... comme ce fut le cas pour celle-ci. Je remercie donc une amie dévoileuse qui a parlé de Bertholon et qui me l'a pioché lors d'un privilège... le privilège fut pour moi... avec cette rencontre avec l'autrice. Une rencontre magnifique, touchante, vibrante... Et une histoire qui le fut tout autant ! L'histoire de cette jeune fille qui perd son père subitement, sans que personne l'ait demandé, et qui perd aussi (un peu) sa mère, puisque celle-ci sombre dans la folie, conséquence de la perte. Malgré le propos difficile, le récit ne tombe jamais dans la noirceur... on assiste, au fil des pages, à la reconstruction d'un être, et également aux retrouvailles d'une mère et sa fille. Malgré la mort, c'est un roman plein de vie et du désir de la vivre pleinement... Tous les personnages qui meublent cette histoire méritent leur place et sont forts... Une très très bonne lecture... et une autrice dont je m'intéresserai à la bibliographie.
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L'effet Larsen
Delphine Bertholon
7/10
Lisez le, cela pétille.
Je vous le conseil, certains passages sont drôles, pétillants, et d'autres beaucoup plus dures. J'aime ce style à la première personne. Une traversée pleine de rebondissements familiaux. Sans artifice, Delphine dévoile tout de sa mémoire. Merci à Delphine de nous écrire ce qu'elle sait d'elle-même et de ceux qui l'entoure sur terre et ailleurs. Je vous le conseil, certains passages sont drôles, pétillants, et d'autres beaucoup plus dures. J'aime ce style à la première personne. Une traversée pleine de rebondissements familiaux. Sans artifice, Delphine dévoile tout de sa mémoire. Merci à Delphine de nous écrire ce qu'elle sait d'elle-même et de ceux qui l'entoure sur terre et ailleurs.
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Nola, la narratrice du roman, revient douze ans en arrière, durant l'été 1998. le premier été qu'elle passe sans son père mort quelque mois plut tôt. Mais cet été là, après leur emménagement dans un « immeuble mutant », sa mère sombre peu à peu dans la dépression développant une hyperacousie. le moindre bruit lui devient alors insupportable, la contraignant à s'enfermer dans son appartement avec la télévision allumée en permanence sur le vide. Nola va alors devoir s'accrocher pour survivre. Pour ne pas connaître le même sort que sa mère, elle accepte un travail de serveuse à l'Evasion. Les rencontres qu'elle y fera, son obsession de sauver sa mère et l'art, vont lui permettre d'entamer enfin son travail de deuil. Au travers de ce travail de deuil, c'est toute une réflexion sur la vie et la mort qu'elle mènera.

Pas de pathos dans ce roman au sujet très délicat. Une fois encore, Delphine Bertholon soigne ses personnages et son écriture. Elle sonde, un peu comme elle l'avait déjà fait dans Twist, la psychologie des personnages. Tous on leur importance et tous sont marqués par la vie à l'exemple de Nola. Aucun de fait exception. Car finalement, personne n'est épargné par le drame, c'est malheureusement une chose universelle que va découvrir la narratrice au travers de ses rencontres ? Tout ce qui change, c'est la manière dont il se traduit.

Delphine Bertholon livre ici un roman tout en finesse et en pudeur, car même si la mort est omniprésente, elle est toujours sublimée. Un très bon roman et une écriture remarquable.

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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Cet été-là, je venais d’avoir dix-huit ans. J’aurais dû être en bikini sur une plage, à me tartiner de crème solaire en reluquant des garçons à torse pain d’épice. J’aurais dû, précisément, être en Grèce, sur une île, à Paros, avec Marie et Johanna - nous programmions ce « voyage de la majorité » depuis nos quatorze ans -. J’aurais dû manger de la moussaka, boire de l’ouzo, dormir dans une petite maison blanche avec des volets bleus. J’aurais dû expédier à mes parents une carte postale sur laquelle aurait figuré un coucher de soleil avec, au premier plan, un olivier.
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Une semaine plus tard, Paul et moi attendions donc dans le parc de la fameuse clinique que Mira terminât sa toilette – ce parc fleuri, parfaitement «reposant», presque aussi impeccable que le jardin de Montreuil. Ils devaient avoir un horticulteur de génie pour que la végétation fût dans cet état d’excellence au lendemain d’une canicule pareille. Et puis, ce silence ! Un silence proprement… irréel. À l’époque, j’aurais sûrement dit : flippant.
Après que d’innombrables anges furent passés entre mes bulles remplies de fumée, Paul avait demandé :
– Tu connais, Murakami ?
– Qui ça ?
Mon oncle sortit un livre de la poche intérieure de sa veste. Cela s’appelait : la course au mouton sauvage.
– Il y a là-dedans un détail qui devrait t’amuser.
– M’amuser, c’est-à-dire ?
– Le héros du bouquin a une nouvelle Girlfriend, comme il dit. Et cette Girlfriend est « mannequin-oreille ».
Je toussotai, un peu perplexe.
– Nola, tu sais bien… Pour les pubs, il y a des mannequins-lèvres, des mannequins-fesses, des mannequins-nichons… Enfin, de la pub, quoi ! Bref, cette fille, le personnage, elle est mannequin-oreilles, parce que ses oreilles sont parfaites. Du coup, le héros est comme toi. Obsédé…
J’avais jeté un regard aux oreilles de mon oncle – ravissantes bien sûr, quoique trop grandes – et saisi le livre qu’il me tendait. Je l’avais retourné pour lire la quatrième de couverture.
– Ça a l’air bizarre.
– Justement, ça va te plaire !
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Il était dix-sept heures mais il faiasait toujours aussi chaud, l'air sentait le rance et l'oxyde de carbone. J'ai croisé un groupe de gamins avinés qui chantait "On est les champions, on est les champions" à tue-tête. J'aurais voulu leur dire "Ca va, y'a prescription", mais le pays n'arrivait pas à s'en remettre. A les entendre - le coup de tête de Zizou, le crâne de Barthez, le but de Petit - cette finale France-Brésil constituait le plus grand événement terrestre depuis l'anéantissement des dinosaures. Cet été-là, tout le monde surfait su la vague bleue dans une joie grotesque, les ministres avaient dansé dans les tribunes sur Alexandrie, Alexandra, les vieux ressorti leur drapeau français rangé dans une malle depuis la Libération, comme si cette victoire allait être capable de restaurer nos vies, d'organiser le chaos, d'empêcher les gens de s'entretuer, les maladies d'apparaître, les coeurs de se fendre, comme si les billets de banque allaient tomber du ciel, remplir les ventres, guérir le chômage, comme si - même tiens, pourquoi pas ! - cette victoire allait bouche la couche d'ozone et sauver la planète. Et moi, l'horreur pendue au cou au milieu de toute cette liesse, je me sentais si seule ! J'aurais voulu crier "Allez vous faire foutre, allez tous vous faire foutre avec votre triomphe, votre allégresse de merde, qu'on soit éliminés, humiliés, vaincus et qu'on me rende mon père !
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Il fallait s’y résoudre : sa souffrance était réelle. Invisible, incompréhensible, mais réelle. Et comment gérer cela alors ? Sa souffrance était aussi insensée que ta mort, papa, oui, le rapprochement était infaillible, la maladie de maman était un non-sens et les non-sens, rien à faire, on ne sait jamais par quel bout les prendre.

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[...] cette jeune fille promise à un brillant avenir, un peu excentrique mais tout de même, sage et studieuse - de cette jeune fille-là que j'étais, celle que j'aurais du devenir, il ne restait plus rien. Ma mère continuait parfois de m'appeler Moineau mais l'oisillon semblait passé sous un bus, amas d'osselets et de plumes raides, écrabouillé. Je ne suis pas sûre qu'elle s'en rendit compte, ma mère, tout entière à tenter de survivre, à coups de médicaments, de larmes, et de momification ; mais cet été-là, je l'avais enviée. Envié sa douleur presque comique de veuve sicilienne, son superlatif malheur, ses étranges symptômes. Envié sa réclusion, cette espèce d'hors-la-vie auquel je n'avais pas droit, puisqu'il fallait bien que quelqu'un reste debout. En un sens, elle ne m'avait pas même laissé le temps d'être malheureuse. La perte de mon père m'avait volé l'enfance ; Mira me volait jusqu'à mon chagrin.
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Delphine Bertholon parle de "Les corps inutiles". partie 1
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