AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782260029205
198 pages
Julliard (07/01/2016)
3.6/5   556 notes
Résumé :
« On ne renonce jamais vraiment, on a besoin de croire que tout n'est pas perdu, on se rattache à un fil, même le plus ténu, même le plus fragile. On se répète que l'autre va finir par revenir. On l'attend. On se déteste d'attendre mais c'est moins pénible que l'abandon, que la résignation totale. Voilà : on attend quelqu'un qui ne reviendra probablement pas. »

Hélène a vu en direct à la télévision les images d'un tremblement de terre dévastateur dans... >Voir plus
Que lire après Les passants de LisbonneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (131) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 556 notes
Ce roman intimiste, reçu des mains qui m'ont déjà tant donné, ne manquait à priori pas d'attrait. En ce jour de la mi-février où paraît-il les oiseaux s'apparient, il était bien tentant de découvrir sur-le-champ la plume d'un auteur encore jeune mais à la bibliographie impressionnante.

La rencontre d'Hélène et de Mathieu, deux parisiens qui depuis quelques jours traînent leur vague à l'âme dans un hôtel lisboète, n'allait pas de soi. Par une fin d'après-midi écrasée de chaleur, la lève-tôt et le noctambule osent enfin se parler devant un verre.
Ces quarantenaires ne savent pas encore que ces premiers mots, échangés sur un ton hésitant, en appelleront d'autres. Ils ont toutefois suffisamment de sensibilité pour comprendre que la tristesse dans le regard de l'autre nécessite une attention précautionneuse.
Hélène et Mathieu sont des naufragés de la vie. Le chagrin qui les consume à petit feu paraît inextinguible. Au terme de cette première rencontre, la passerelle qui maintenant relie leur radeau respectif n'est pas, loin s'en faut, une planche de salut mais leur apporte néanmoins un peu de baume au coeur.

Comme le suggère le titre ‘'Les passants de Lisbonne'', la grande ville portugaise étouffante l'été est omniprésente dans ce court roman de Philippe Besson.
Connue pour sa mélancolie, cette fameuse saudade qui se dégage du moindre fado des rues, la capitale à taille humaine s'accorde bien à l'état d'esprit de ces deux êtres désireux de s'épancher.

Pour autant, il ne suffit pas de créer des personnages attachants et de les placer dans un cadre agréable pour réussir un grand livre. Celui-ci se lit certes sans déplaisir mais souffre d'un épilogue sans consistance, comme improvisé.
Le roman “Les passants de Lisbonne” laisse au final l'impression d'une histoire vite écrite, vite lue et probablement vite oubliée.
Commenter  J’apprécie          998
Mathieu.

Hélène.

Lisbonne.

Trois personnages pour un joli roman. Pour de beaux instants, encore une fois sous la plume de Philippe Besson.

Deux solitudes, deux "abandonnés", se croisent et se rencontrent lors d'un séjour à Lisbonne. Ils vont se raconter, souvent sans les mots. Et s'aimer surement beaucoup.

Une rencontre, un battement d'aile de papillon qui va changer les choses ...

J'ai donc aimé ce roman. Encore une fois.

Cette façon de parler de mélancolie, de l'absence, ces douleurs universelles si difficiles à décrire. Magicien de l'indicible, Philippe Besson nous brise le coeur 100 fois pour le ramener à la vie dans sa fabuleuse foi en la beauté humaine.

Toujours cette humanité qui coule dans ces pages. Cette pudeur, cette peur d'être dans le pathos sans jamais y être.

Allez coup de coeur! Encore une fois.

Les temps sont durs.

Lisez Besson.
Lien : https://labibliothequedejuju..
Commenter  J’apprécie          753
Faisant partie du fan-club de Philippe Besson, je me suis précipitée sur ce livre que j'ai beaucoup aimé.

On est frappé d'emblée par cette rencontre entre deux êtres en souffrance, qui ne se connaissent pas mais se « re-connaissent ». Matthieu voit chaque jour Hélène quand il rentre de sa promenade dans Lisbonne écrasée par la chaleur, la moiteur. Elle est allongée, le regard dans le vide.

Il l'aborde presque malgré lui, sa souffrance l'attire car elle fait écho à la sienne : son mari est mort lors d'un séisme à San Francisco (et oui, « the big one » dont on parle tant a eu lieu), et on saura plus tard qu'il a perdu quelqu'un lui-aussi, son compagnon l'a quitté un jour sans prévenir et depuis il erre sur les traces de leur amour.

Elle se confie à lui, lui explique l'inexplicable : la mort, la façon dont on l'apprend lors d'une catastrophe comme celle-ci qui a fait des milliers de morts, le désarroi de ce qu'on appelle les cellules de crise, l'aide aux victimes. Comment aider des gens qui ont subi un tel traumatisme ? Comment trouver les mots ? Comment elle y a cru jusqu'au bout, est allée chercher son mari à l'aéroport. "Elle dit la blancheur de cet instant. Oui, la blancheur. Elle dit la seconde où elle apprend que celui qu'elle attend, n'arrivera pas, qu'il n'est jamais parti". P 48

Ils se confient l'un à l'autre, probablement parce qu'ils ont peu de chance de se revoir par la suite, mais aussi parce que chacun sait presque intuitivement ce que l'autre ressent, alors pas besoin de mots superflus, d'attitudes plus ou moins composées. On sait très bien qu'il n'y aura pas une histoire d'amour entre eux, mais un lien très fort se noue, une sorte de fraternité. ce sont des compagnons d'infortune.

Et bien sûr, il y a un troisième personnage : Lisbonne, sa moiteur, la chaleur de l'été, l'ambiance si particulière, une histoire mélancolique dans la ville de la « Saudade », et l'on entendrait presque Amalia Rodrigues en tendant l'oreille… une atmosphère qui m'a fait penser au journaliste Pereira qui transpire en arpentant la ville et en buvant citronnade sur citronnade pour tenter d'étancher sa soif, en 1938, sous la dictature de Franco (« Et Pereira prétend » très beau livre de l'auteur italien Antonio Tabucchi)

La mélancolie est à Lisbonne ce que l'amour est à Venise, dans notre inconscient, et c'est palpable. Je connais très peu cette ville, car mon mari est originaire de l'Algarve que j'aime énormément et le ressenti n'est pas du tout le même…

Mais, car il y a un mais, qui ne fera pas de ce livre un coup de coeur franc et définitif : j'ai été déçue par la fin. Tout était magique et tout à coup, l'histoire s'est accélérée, et c'est dommage.

Très beau titre également, les passants, telles deux ombres qui déambulent dans Lisbonne, ils ne sont que de passage, à un moment particulier de leur vie…

L'écriture de Philippe Besson est belle, les mots sont choisis avec précision, presque lapidaire parfois, brute de décoffrage, car inutile de s'étendre et sombrer dans le pathos. J'aime cette sensibilité si particulière de l'écrivain, tout en pudeur, qui me donne l'impression souvent de ne s'adresser qu'à moi, comme un double et ses mots me touchent, presqu'à chaque livre, alors une bonne note quand même et un livre à lire si on aime la sensibilité de l'auteur…

Note : 8,4/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          5814
Une rencontre entre 2 âmes en peine.
Un hasard. Un lieu.
Se confier à un inconnu de passage, sans jugement, sans réponse attendue. Juste une oreille attentive. La guérison, ou le premier pas vers la guérison, est parfois juste dans l'épanchement, dans la possibilité de parler.
Philippe Besson nous livre ici des peines, des douleurs mais aussi de l'espoir, ou en tout cas, une suite qui se vit, malgré la disparition, malgré la mort. Cette rencontre, c'est un petit pan de vie, sans avant et sans après...
Une parenthèse commune pour 2 personnes qui ne se connaissent pas, qui ne se reverront probablement jamais, mais une parenthèse décisionnaire et qui modifiera leur futur, ou tout du moins qui apaisera un peu leur peine. Une jolie parenthèse également pour la lectrice que je suis.
Commenter  J’apprécie          620
Je suis à la dérive, ballotée par les flots,
le vent qui tourbillonne me pousse,
de très loin, je distingue le clapot.

Parfois je croise des visages,
venus dont ne sais où.
Finirai-je un jour par atteindre le rivage ?

Dans ce port écrasé de chaleur,
émergent les paroles d'un homme.
Je partage la tristesse de son coeur.

Je lui confie ma souffrance,
née des profondeurs de San Francisco,
de ma vie, de mes journées d'errance.

Lui a perdu son alter égo,
trôle dans les nuits de Lisbonne,
à la recherche d'un autre Diégo.

Court roman, pétri de mélancolie,
riche de sentiments, d'amour, de fraternité.
Au travers des mots, un beau ressenti.

Le seul inconvénient s'il en est,
cette longueur dérisoire,
qui me laisse un peu frustré.

Merci, Andman, Eve-Yeshe et AudreyT.
Merci, pour vos magnifiques critiques,
qui m'ont beaucoup apporté.
Commenter  J’apprécie          595


critiques presse (2)
LaPresse
18 avril 2016
Besson demeure maître dans l'art d'user le verbe pour disséquer la souffrance à divers degrés. Or, une superficialité excessive nous laisse dans ce cas avec le sentiment de n'avoir effleuré qu'une brève parenthèse dans la vie de deux passants.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
18 février 2016
Le peintre des sentiments Philippe Besson décrit la fraternité qui naît entre deux êtres cabossés par la vie.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (120) Voir plus Ajouter une citation
Il y a des degrés dans la souffrance, mais pas de concurrence entre les souffrances. Ou, en tout cas, il ne devrait pas y en avoir. Le chagrin d'une fillette à qui on vient d'arracher le bras de sa poupée, il est incroyablement sincère. Celui d'une vieille dame dont le chien vient de mourir demandera peut-être des mois, des années avant de s'estomper. Celui du gamin de seize ans qui a toujours rêvé de devenir, je ne sais pas, moi, joueur de foot professionnel et à qui on dit : "Oublie, tu n'es pas assez doué", ce chagrin-là, il peut le traîner toute sa vie. Et moi ? Est-ce que devrais être moins malheureuse parce que, dans ce tremblement de terre, un homme a perdu son épouse et ses trois enfants en plus ? C'est arrivé, vous savez. Je suis triste pour lui, mais ça ne me console pas, ça ne retire rien à ma peine, rien du tout.
Commenter  J’apprécie          300
Elle dit : "Je sais, vous allez me dire qu'il faut aller marcher au coeur de la ville, dans Baixa - c'est bien comme cela qu'on prononce? - parce que les façades y sont austères et qu'on peut faire des haltes sur des places charmantes. Ou bien du côté d'Alfama, les guides touristiques expliquent que c'est immanquable, Alfama, que c'est le Lisbonne authentique, mais ça veut dire quoi authentique? Et puis j'y suis passée déjà, j'ai vu les palais et les belvédères, et toutes ces rues exigües, oui, bien sûr, c'est plaisant. Mais c'est un jour particulier pour moi, aujourd'hui, c'est l'anniversaire de mon mariage avec Vincent, alors j'aimerais si vous n'y voyez pas d'inconvénient me rendre au cimetière. On m'assure que le cimetière anglais est une chose à voir. Accepteriez-vous de m'y accompagner?"
Commenter  J’apprécie          250
Elle songe aux années traversées, aux voyages qu'elle n'a pas accomplis, aux villes qu'elle n'a pas visitées, aux avions qu'elle n'a pas pris, aux tours qu'elle a passés. Elle ne nourrit aucun regret et ne cherche pas particulièrement a rattraper le temps perdu. Elle sait depuis peu que ce temps-la ne se rattrape jamais. Elle l'a appris a ses dépens. Simplement, elle a voulu quitter la France, le territoire de son quotidien. Et on lui a assuré que, si on ne craignait pas d'approcher la mort, Lisbonne était la ville indiquée.
Commenter  J’apprécie          280
"Vraiment, il n'y a rien de bien passionnant à savoir. Sinon que j'ai été heureux à Lisbonne, autrefois". [...]
Elle est impressionnée par une telle entrée en matière. Les gens soupèsent rarement leur bonheur lorsqu'ils ont à se présenter. Ils s'en tiennent à des choses ordinaires, convenues. Il aurait pu dire son âge, sa profession. Mais non. Il dit qu'il a été heureux. Autrefois.
"Et vous ne l'êtes plus ?
- On n'est pas heureux deux fois."

Il est persuadé, contre la raison, contre les probabilités, que chaque individu se voit attribuer une occasion de bonheur, une seule. La sienne, il l'a eue, il l'a utilisée, dilapidée même. Maintenant, c'est fini. Il n'est pas vraiment triste. Il en est tellement qui ne se rendent même pas compte que cette occasion leur est fournie un jour, qui ne saisissent même pas la dose qui leur est proposée. Ceux-là, toutefois, n'éprouvent pas le regret de ce qu'ils ont perdu, les chanceux.

"Après, ce n'est plus pareil. On connaît des joies, des satisfactions, et même des moments de grâce. On rit, on est léger, la vie peut nous être douce, évidemment. Mais c'est autre chose. Ce n'est plus cette certitude."
Commenter  J’apprécie          90
Il traverse le hall de l'hôtel, d'un pas lent. Il a marché tout l'après-midi, au hasard des rues de la ville-labyrinthe, aux heures les plus violentes. Il rentre à peine, la chaleur du dehors pèse encore sur ses épaules, l'obligeant à cette lenteur. Heureusement, l'établissement, malgré ses salons décorés de brocart et de velours, ses lustres en cristal et son élégance surannée, baigne dans une fraîcheur moderne, artificielle qui devrait soulager l'épuisement d'une promenade sous un soleil éreintant.
Commenter  J’apprécie          210

Videos de Philippe Besson (135) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Besson
Philippe Besson à Bordeaux Chez Mollat pour « Un soir d'été » (31 janvier 2024)
autres livres classés : lisbonneVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (1015) Voir plus



Quiz Voir plus

Philippe BESSON

Quel est son tout premier roman ?

Un instant d'abandon
Se résoudre aux adieux
Un homme accidentel
En l'absence des hommes

12 questions
146 lecteurs ont répondu
Thème : Philippe BessonCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..