AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782335046120
456 pages
Ligaran (10/03/2015)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Cet ouvrage n'a plus besoin d'être présenté au public. Il est connu dans toutes les parties du monde (...) il a obtenu auprès du clergé, des familles et des œuvres, un succès considérable ; pour beaucoup, il est devenu classique. (...) C'est une œuvre utile et nécessaire, disait la lettre pontificale adressée à l'auteur le 7 mars 1919.
Que lire après Romans à lire et romans à proscrireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tout grand lecteur s'est déjà posé la question au moins une fois dans sa vie : parmi la multitude d'ouvrages qui me sont proposés, que lire ? Quels livres en valent vraiment la peine ? Pour trancher définitivement cette question, je me suis lancé dans ce guide irréprochable de bonnes lectures catholiques, qui a fait le bonheur d'innombrables familles, bardé de références incontestables, approuvé par le pape en personne, ça montre à quel point je ne prends aucun risque. Malheureusement la liste s'arrête aux années 30, donc le flou restera total pour les romans contemporains, mais au moins maintenant, jusqu'à cette époque, je serai paré !

Quels sont donc les romans à éviter pour notre brave abbé Bethléem ?
1) Tout d'abord, de manière assez logique, les livres d'auteurs ouvertement opposés à l'Église ou anticléricaux. On retrouve ainsi Voltaire, Rousseau, des franc-maçons et plus généralement tous les auteurs mis à l'Index.
2) Interdits également, les livres dont les auteurs ne sont pas hostile à la religion, mais qui professent malgré tout des idées contraires aux dogmes en vigueur sur le divorce, le pardon, le paradis, la nature divine, ... ou qui traitent de phénomènes que l'Église reconnaît comme maléfique (fantômes, voyants, …).
3) À la corbeille tous les romans qui n'insistent pas suffisamment sur l'immoralité de certaines situations (amour libre, divorce, filles-mères, …), ou qui n'en punissent pas les auteurs avant la fin du roman. Ou même, qui punissent bien les auteurs d'acte immoraux, mais en laissant entendre que vivre ce péché pourrait largement valoir l'éternité de pénitence qui va suivre derrière.
4) À retirer également de la table de nuit les romans qui mettent en scène des saints, des prêtres, des bedeaux, des âmes vertueuses dans des situations grotesques ou qui peuvent simplement nuire à leur réputation. Un roman est ainsi vivement déconseillé car on aperçoit, dans une seule de ses pages, un abbé un peu ivre dans une taverne.
5) Pas de saletés dans les bonnes maisons ! Les histoires dont les héros sont des paysans crasseux, des habitants des quartiers mal famés, des bandits, des prostituées, personne ne veut en voir !
6) Dernier coup de balai, tous les romans au ton politique qui ne convient décidément pas à l'abbé : pas de socialisme, encore moins de communisme, pas de pacifisme et autres sentiments « anti-français ».

Une petite chose surprenante, l'auteur mentionne systématiquement l'appartenance des auteurs interdits à l'ordre de la légion d'honneur. Je ne sais pas si c'était un gage supplémentaire d'immoralité ou si au contraire il voulait souligner que le mal s'infiltre vraiment partout, mais cette insistance m'a beaucoup amusé.

Que reste-t-il dans les bibliothèques au final ? Pas grand-chose, on s'en doute. La volonté de tout lisser, de tout contrôler, d'éliminer la moindre trace de soupçon d'une critique contre la religion est tellement extrême qu'elle en devient comique. Les commentaires lapidaires qui accompagnent certains ouvrages interdits laissent rêveur : « une page particulièrement cynique », « expressions risquées », … Ce que craint par dessus tout l'abbé, c'est que le doute s'insinue chez le lecteur. Un prêtre mal habillé, une parole de « bon sens » à l'encontre des dogmes établis, un aventurier immoral mais sympathique, sont dans son esprit autant de portes ouvertes vers des remises en question qui finiront par devenir sérieuses, et c'est ce qu'il veut éviter à tout prix.

Même lors des présentations de bons livres, l'abbé Bethléem les déconseille aux gens trop sensibles, à l'esprit trop aventurier, à ceux dont les opinions ne sont pas encore assez fermes, ou ne les conseille qu'aux lecteurs avec une grande expérience de la vie.

Je retiendrai principalement deux choses de ce livre. Premièrement, les auteurs devenus classiques aujourd'hui, et qu'on qualifie parfois même d'ennuyeux, ont provoqué de véritables révolutions à leur époque. Il n'y a qu'à voir la violence avec laquelle ses contemporains ont parlé de Zola, allant même jusqu'à souhaiter qu'il ne soit pas né, pour s'en rendre compte.

Et enfin, la chance de vivre dans des régions où la censure est relativement douce. Cet ouvrage de l'abbé Bethléem n'est quand même pas si vieux que ça (j'ai eu la surprise d'y voir figurer Georges Simenon par exemple, qui est mort de mon vivant), et de nombreux pays ont encore recours aujourd'hui à des listes similaires pour régler les ventes en librairies. On se rend difficilement compte de la chance d'avoir accès à tant d'horizons différents.

Une chose est sûre, c'est que la censure pousse à la vente. J'ai garni mon pense-bête de quelques ouvrages supplémentaires, et j'espère qu'ils seront aussi sulfureux qu'on me l'a promis !
Commenter  J’apprécie          287
Quel farceur cet Abbé Louis Bethléem ! C'est vraiment par curiosité que j'ai choisi cet ouvrage lors d'une récente opération masse critique. C'est le genre de livre qu'on ne peut lire de façon linéaire car il consiste à 95% d'une liste d'auteurs accompagnée de commentaires plus ou moins longs, parfois une phrase très brève et particulièrement assassine, de temps en temps une longue liste d'ouvrages qui pourrait être lus ou pas, à condition de les "corriger".
Quel farceur ! disais-je, car ce cher Abbé a dû probablement se les coltiner tous ces ouvrages immondes, nauséabonds, à lire uniquement si on est un adulte qui sait faire la part des choses. Quant aux enfants, il faut à tout prix conserver leur pureté, et il ne leur reste du coup qu'une petite partie des romans qui leur sont accessibles.
Le livre est découpé en plusieurs parties : romans à proscrire, mondains, honnêtes, propres à intéresser la jeunesse, enfantins; chacune débutant par des explications et quelques recommendations.
Étonnamment, la majeure partie des auteurs et livres indexés sont du XIXe siècle (la période littéraire que j'affectionne le plus) et je ne connaissais pas la majorité d'entre eux.
Que retenir de cet ouvrage qui s'adressait à une population catholique du début du XXe siècle ? Évidemment, la liste des livres à proscrire, nettement plus intéressantes puisqu'elle contient la majorité des plus grandes œuvres de la littérature. On peut sûrement y replonger de temps en temps, juste pour le plaisir de voir ses auteurs favoris se faire détruire en une ligne sur un ton péremptoire, ou alors pour y trouver quelques bons auteurs peu connus.
Cela reste quand même un bouquin dont la lecture est clairement dispensable.
Commenter  J’apprécie          70
Après saint Pie X, qui peut apporter une meilleure justification à cette oeuvre que les critiques que l'on retrouve dans cette section ? le XIXè siècle a fait son effet, et les pervers qui en sont les fils blâment l'abbé Béthléem qui ose, ô sacrilège, se soucier de la pureté des coeurs...

« Ils ont leur ventre pour Dieu », comment dès lors s'étonner qu'ils crient au blasphème quand on crache sur leur unique pain quotidien : le faux, la luxure, l'ivrognerie.

Mais s'ils imitent en tout les bêtes, ils ont malheureusement comme unique (ou presque) avantage sur le chien de savoir écrire... on comprend dès lors qu'une bonne âme ait pris sur elle d'épargner aux autres l'analyse de cette océan de boue que leurs plumes ont causé ; y laissant ce qui doit y être laissé, en sortant ce qui doit en être sorti.
Commenter  J’apprécie          00
Livre masse critique :

Un livre très intéressant, mais un peu volumineux.

Je me suis perdue au milieu et il m'a fallu une pause pour pourvoir recrocher.

On y apprend plein de chose et plein de nouveau écrivains ...

Un livre fort intéressant que je n'aurais pas pensé à acheter.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
[Les] œuvres [de Zola] sont tellement ignobles que ses admirateurs eux-mêmes et des critiques fort peu moralisateurs ont exprimé en termes énergiques leur écœurement. Il n'est pas superflu de citer quelques témoignages. En voici :
« Zola a créé la rhétorique de l'égout et l'esthétique de la sentine. » (Henri Houssaye) « À l'encontre de ce personnage des contes de fées qui changeait en or tout ce qu'il touchait, M. Zola change en boue tout ce qu'il manie. » (Jules Claretie) « On imaginerait difficilement une telle préoccupation de l'odieux dans le choix du sujet, de l'ignoble et du repoussant dans la peinture des caractères, du matérialisme et de la brutalité dans le style. » (Brunetière) « Son œuvre est mauvaise, et il est un de ces malheureux dont on peut dire qu'il vaudrait mieux qu'ils ne fussent jamais nés. Personne avant lui n'avait élevé un si haut tas d'immondices. Jamais homme n'avait fait un pareil effort pour avilir l'humanité. Avec lui, le naturalisme tombe tout de suite dans l'ignoble. Descendu au dernier degré de la platitude, de la vulgarité, destitué de toute beauté intellectuelle et plastique, laid et bête, il dégoûta les délicats. Moi, je suis dégoûté ; il y en a d'autres qui ne le sont pas. » (Anatole France) « Pas une figure qui ne soit hyperbolique dans l'ignominie ou dans la platitude. Les moindres détails ont été visiblement choisis sous l'empire d'une idée unique, qui est d'avilir la créature humaine. Dans son épopée fangeuse, avec des efforts réguliers d'Hercule embourbé, M. Zola met en monceau les écuries d'Augias. » (Jules Lemaitre)
Commenter  J’apprécie          150
Quant à déterminer où commence le péché, la ligne de démarcation semble, à vrai dire, fort difficile à tracer. Il est certain cependant qu'il peut y avoir péché mortel à lire dans un livre condamné [...] une seule page gravement répréhensible. S'il s'agit de passages assez inoffensifs, plusieurs théologiens pensent qu'on ne peut en lire plus de cinq ou six pages sans faute grave. Il semble légitime de se montrer aujourd'hui un peu plus large.

[Note] Ainsi l' "ami du clergé" juge probable que pour six pages inoffensives, l'on peut admettre la légèreté de la matière. [...] Noldin pense que là où manifestement le texte ne crée pas de graves dangers, il faudrait une partie notable du livre, soit environ trente grandes pages, pour atteindre la matière grave.
Commenter  J’apprécie          122
Les romans qui distillent l'erreur, tarissent la vie morale dans sa source, et ils agissent avec une pénétration, une facilité et une efficacité qui ne laissent presque plus d'espoir de restauration. Nous sommes ainsi faits que la négation nous ébranle et que l'objection nous impressionne. Notre esprit est d'une sensibilité, d'une délicatesse extrême, et quand le doute l'a blessé, la plaie est lente à se refermer quelquefois inguérissable. L'expérience même démontre que les personnes du monde, habituellement trop peu pourvues d'instruction et de convictions politiques ou religieuses, sont, sans s'en rendre bien compte elles-mêmes, plus sensibles à des lectures irréligieuses, rationalistes ou voltairiennes qu'à des lectures obscènes. Un chrétien ou une chrétienne qui auront lu des romans frivoles et immoraux, reviendront assez facilement et intégralement à des habitudes plus sérieuses et plus conformes à la vertu ; mais s'il se sont adonnés à des lectures impies, la ruine morale est complète : il semble que les fondations mêmes de l'édifice ont été arrachées...
Commenter  J’apprécie          80
Archevêché
de
Cambrai Cambrai, le 29 février 1908


Monsieur l'Abbè,

La question du choix des lectures à faire est trop grave, surtout à l'heure actuelle où l'on écrit tant, pour que je ne me réjouisse pas grandement de la faveur qu'obtient votre livre Roman à lire et Romans à proscrire.
Puisse-t-il aider nos catholiques à comprendre les graves dangers que la littérature contemporaine peut faire courir non-seulement à leur foi et à leurs mœurs, mais même à leur saine instruction générale, et par tant d'ouvrages dont, bien souvent, la seule valeur est une certaine perfection de forme et de mise en scène.
On a beau se défendre d'aller apprendre son histoire ou sa religion au théâtre ou dans les romans ; c'est bien là pourtant que des milliers d'esprits superficiels vont se faire leur mentalité sur ces choses et sur une foule d'autres.
Par votre judicieuse et ferme critique, cher abbé, vous mettez à nu l'erreur et le vice, et vous brisez le charme des belles phrases et des spécieux sophismes : c'est une bonne action dont je vous félicite et vous remercie.
Agréez, cher abbé, avec mes vœux de succès pour votre nouvelle édition, l'assurance de mon plus affectueux dévouement en N.S.

François.
Archev. Coadj. de Cambrai.
Commenter  J’apprécie          60
Ernest Hoffmann (1726-1822), magistrat allemand, chef d'orchestre et surtout écrivain.
C'est, dit-on, sous l'influence fantastique de l'alcool et des passions désordonnées, que son imagination enfanta ces contes étranges et délirants auxquels il doit sa célébrité. Quoi qu'il en soit, ils sont uniques en littérature.
Que faut-il en penser, au point de vue moral ? "La poésie d'Hoffmann, disait Henri Heine, est une maladie. Ces maladies-là sont contagieuses." C'est pourquoi la lecture d'Hoffmann ne saurait être recommandée ; elle provoqua chez Wagner adolescent des accès d'hallucination et de mysticisme morbide, et elle peut encore exercer sur les jeunes gens une action très dissolvante. Les amateurs de tératologie seront suffisamment édifiés en lisant Contes fantastiques ; Contes, récits et nouvelles (chez Garnier).
Commenter  J’apprécie          76

autres livres classés : censureVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1827 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}