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EAN : 9782283024546
420 pages
Buchet-Chastel (03/02/2011)
3.83/5   6 notes
Résumé :
La nuit du 20 septembre 1996, à Karachi, Mir Murtaza Bhutto est assassiné devant sa maison avec six de ses associés. Sa fille, Fatima, est alors âgée de quatorze ans. Aujourd'hui, elle accuse sa tante, Benazir Bhutto - qui tombera sous d'autres balles à Rawalpindi en décembre 2007. La mort de son père adoré est cependant exemplaire de la longue liste de drames qui a accompagné l'ascension de l'une des dynasties les plus célèbres du XXe siècle (avec les Gandhi, les K... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique

En mars 2017, à peine débarqué sur Babelio, j'ai rédigé une chronique de l'oeuvre autobiographique de Fatima Bhutto, qui y est passée virtuellement inaperçue. Il est vrai que sur notre site, à cette époque, je ne comptais que très peu d'ami(e)s.
Je crois que s'il n'y avait pas eu la regrettée Claire Gérard qui m'a poussé à persévérer, j'aurais dit adieu à Babelio.
Je viens de relire ma critique et j'estime que la jeune Fatima mérite une seconde chance avec "Le chant du sabre et du sang". Il s'agit d'une oeuvre émouvante et honnête et d'un témoignage qui donne une excellente idée des moeurs politiques très particulières dans cet énorme pays, le Pakistan, que nous connaissons cependant si peu.

Voici donc mon billet du 29 mars 2017, légèrement modifié.

Quel bilan tragique pour la pauvre Fatima (35 ans). Ont été assassinés : son grand-père, Zulfikar Ali - 4e Président du Pakistan - en 1979 ; son oncle, Shahmawaz, en 1985 ; son père, Murtaza 'Mir', en 1996 et sa tante, Benazir Bhutto - Premier ministre - en 2007.
À travers la biographie de son père, Fatima Bhutto évoque l'histoire de son pays, faite de bruit et de fureur, pour paraphraser William Faulkner. Ou de violence et de corruption. le titre de l'ouvrage de Husain Haqqimi "Pakistan Between Mosque and Military" (Le Pakistan entre mosquée et armée) est à ce propos très révélateur.
L'ampleur de la corruption défie l'imagination. Par exemple, le veuf de Benazir, Asif Zardari, se vantait, en 2009, de jouir d'une fortune de quelque 1,8 milliard de dollars. Ce qui n'a nullement empêché 'Mister Ten Per Cent' (comme on l'a surnommé) à devenir le 11ème président du pays, de 2008 à 2013 !
Fatima accuse également son oncle Asif d'avoir commandité l'assassinat de son père. Bien entendu ce triste personnage a été lavé en haut lieu de tout blâme. 
C'est surtout le pouvoir néfaste de l'armée et ses services secrets qui rend le Pakistan ingouvernable et qui fait qu'il y règne l'arbitraire absolu. Sans oublier le double jeu de ces gentlemen en Afghanistan !

Parallèlement à cet ouvrage, Fatima Bhutto a publié, en 2013, "Les lunes de Mir Ali" (en version originale : "The Shadow of the Crescent Moon", ce qui donne en Français 'À l'ombre du croissant de lune' et que je trouve nettement plus symbolique comme titre).

Pour compléter vos lectures, je peux vous conseiller l'ouvrage d'Éric Raynaud "Jusqu'au bout du destin Benazir Bhutto". Une biographie de sa pauvre tante, assassinée en décembre 2007, que je compte critiquer prochainement.
Ainsi que de James Wynbrandt "A Brief History of Pakistan " et de Gilles Boquérat "Le Pakistan en 100 questions", ouvrage duquel mon amie Bookycooky sur Babelio a fait tout récemment une superbe chronique.

Et dire que le père fondateur du pays, Muhammad Ali Jinnah (1876-1948) ait déclaré en 1944 : "Aucune nation ne peut arriver à la gloire, sauf si vos femmes sont à votre côté".
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Extrait du prologue

12 NOVEMBRE 2008
Il est presque 11 h du soir à Karachi. De ma chambre du 70 Clifton, j'entends le bourdonnement incessant de la circulation. Un bruit familier devenu le fond sonore de mon écriture et de ma réflexion. Sans compter celui des sirènes. Des ambulances, ou bien des hommes politiques, qui circulent en ville, claironnant sur leur passage. Une garde d'élite armée jusqu'aux dents de kalachnikovs les accompagne, des rangers surtout ou troupes paramilitaires. Des tirs retentissent parfois. Une série de coups de feu par saccades la plupart du temps, qui éclatent au loin. Ce n'est pas la saison des mariages à Karachi, quand les mâles du pays sortent dans la rue et tirent des balles en l'air. Ce n'est pas le réveillon du Nouvel An, traditionnellement mouvementé et souvent pimenté de rafales marquant la nouvelle année. C'est le Karachi d'aujourd'hui. Mais c'est du déjà-vu.
Il y a quatorze ans, j'ai manqué l'école des semaines entières à cause de la violence qui s'était emparée de notre ville. Je me rappelle que j'allais me coucher au son des balles qui sifflaient non loin de chez moi. Le lendemain matin, je devais découvrir dans les journaux le bilan des morts, tués la veille. C'était une ville dangereuse que ma Karachi d'alors. Le parti populaire du Pakistan, le PPP à la tête du Sindh, avait lancé l'«Opération Nettoyage», véritable génocide contre l'ethnie des Muhajirs, qui constituait l'ensemble du MQM. Le MQM avait riposté, avec ses propres escadrons de la mort, et le bruit agressif de leur revanche était devenu lui aussi familier.
Il y a eu des moments, quand j'étais plus jeune, où le seul fait de me trouver à Karachi, dans cette maison, m'angoissait. Je tremblais au coeur des nuits d'été, cherchant le sommeil, priant de pouvoir dépasser cette peur de la violence et des fantômes qui rôdaient autour de moi. Mais, une nuit, à 5 h du matin, j'ai entendu des mainates chanter devant ma fenêtre. Après cela, je les attendais, ces drôles d'oiseaux noirs, et je m'endormais, rassurée par leur cri rauque qui m'annonçait que nous avions vaincu la nuit une fois de plus. J'ai fait la paix avec le 70 Clifton, la maison de mon enfance, et avec cette ville lorsque j'ai compris que les chants des mainates ne me suivraient nulle part et que, si je faisais mes bagages pour partir loin, ils allaient me manquer.
Mais c'était il y a longtemps. Cela fait plus d'une dizaine d'années qu'on n'avait pas vécu dans cette atmosphère-là. Longtemps que nous n'avions pas eu aussi peur.
Après la chute du gouvernement du PPP en 1996 et son cortège de violences, nous avons eu quelques années de calme à Karachi, le temps que s'achève, dans la confusion, le deuxième mandat de Nawaz Sharif, le leader de la Ligue musulmane du Pakistan, parti politique tantôt dans l'opposition, tantôt au pouvoir. Le calme régnait alors. Nous allions à l'école, passions nos examens, prenions des repas inconsistants à la cafétéria de l'école et rentrions à la maison en toute sécurité.
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Video de Fatima Bhutto (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fatima Bhutto

Interview de Fatima Bhutto à propos de son roman "Les lunes de Mir Ali"
Le prodigieux premier roman de la nièce de Benazir Bhutto. Jusqu'où peut-on aller dans l'espoir d'un avenir meilleur ? Par une jeune prodige, issue de la cél...
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