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EAN : 9782070763153
128 pages
Gallimard (11/09/2002)
3.93/5   15 notes
Résumé :

Septembre 1851-30 avril 1856 : 56 mois d'un travail acharné, 5000 pages de brouillons et manuscrits. Ecrit dans la solitude de Croisset, Madame Bovary marque l'entrée en littérature de Gustave Flaubert, à 35 ans. L'" homme plume " a érigé en système et en symbole cette façon de travailler : " je n'ai par devant moi aucun autre horizon que celui qui m'entoure immédiatement. Mon organisation est un système; ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Je suis un homme-plume. Je sens par elle, à cause d'elle, par rapport à elle et beaucoup plus avec elle". Lettre à Louise Colet, 31 janvier 1852.

C'est un tout petit livre, qu'on croirait destiné aux mains enfantines, de format 10x15. Mais quel condensé ! un véritable petit catéchisme que tout prétendant à l'écriture - les débutants comme les plus grands - devrait avoir constamment à ses côtés, pour le consulter et l'apprendre par coeur. C'est une profession de foi sur la création littéraire, émaillée de phrases et de pensées sublimes, de métaphores, de doutes, d'enthousiasme et d'humilité. L'Artiste est grand, dans son âme et dans son Art.

Ainsi Flaubert écrit à Louise Colet, sa Muse dont il s'était épris, à Mesdames Roger des Genettes et de Chantepie, femmes de lettres, à George Sand, son amie maternelle qu'il admire, à Maxime du Camp, son camarade de jeunesse, enfin au célèbre critique Hippolyte Taine.

L'ambition de ce petit livre est d'occuper le lecteur quelques instants, "au cours d'un voyage ou d'une insomnie", pour lui faire découvrir des chefs d'oeuvre. Excellente initiative qui, en effet,permet d'embrasser d'un simple coup d'oeil l'essentiel d'une oeuvre ou d'une personnalité hors du commun et d'en faire le meilleur usage. le lecteur qui ne connaîtrait pas ou peu Flaubert ou sa Correspondance, aura l'envie de rechercher dans ses romans ou dans l'Intégrale de sa Correspondance tout ce qu'il aura déjà pu apercevoir de son génie et de ses exigences. Un auteur, certes, mais aussi un homme, qui souffre,qui doute, qui ne fait aucune concession aux modes de son époque. Un homme d'exception que l'on aurait aimé avoir pour ami.

"Moins on sent une chose, plus on est apte à l'exprimer comme elle est (...). Mais il faut avoir la qualité de se la faire sentir. Cette faculté n'est autre que le génie. Voir. Avoir devant soi le modèle,qui pose", p.57.
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pas très facile à lire ; très condensé mais une piste pour lire sa correspondance
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
A Louise Colet,
]
[Croisset], nuit de jeudi, heure, [fin octobre 1851 ]

Pauvre enfant ! Vous ne voudrez dons jamais comprendre les choses comme elles sont dites ? Cette parole, qui vous semble si dure, n'a pourtant pas besoin d'excuses ni decommentaires et, si elle est amère, ce ne peut être que pour moi . Oui, je voudrais que vous ne m'aimiez pas et que vous ne m'eussiez jamais connu et, en cela, je crois exprimer un regret touchant votre bonheur . Comme je voudrais n'être pas aimé de ma mère, ne pas l'aimer, ni elle ni personne au monde, je voudrais qu'il n'y eût rien qui partît de mon coeur pour aller aux autres, et rien quii partît du coeur des autres pour aller au mien . Plus on vit, plus on souffre . Pour remédier à l'existence, n'a-t-on pas inventé, depuis que le monde existe, des mondes imaginaires, et l'opium, et le tabac, et les liqueurs fortes, et l'éther ? Béni celui qui a trouvé le chloroforme ! Les médecins objectent qu'on en peut mourir . c'est bien de cela qu'il s'agit ! C'est que vous n'avez pas suffisamment la hained la vie et de tout ce qui s'y rattache . Vous me comprendriez mieux si vous étiez dans ma peau et, à la place d'une dureté gratuite, vous verriez une commisération émus, quelque chose d'attendri et de généreux, il me semble . Vous me croyez méchant, ou égoïste pour le moins, ne songeant qu'à moi, n'aimant que moi . Pas plus que les autres, allez ; moins peut-être, s'il était permis de faire son éloge . Vous m'accorderez toutefois le mérite d'être vrai . Je sens peut-être plus que je ne dis, car j'ai relégué toute emphase dans mon style ; elle s'y tient et n'en bouge pas . Chacun ne peut faire que dans sa mesure . Ce n'est pas un homme vieilli comme moi dans tous les excès de la solitude, nerveux à s'évanouir, troublé de passions rentrées, plein de doutes du dedans et du dehors, ce n'est pas celuil-à qu'il fallait aimer . Je vous aime comme je peux ;mal, pas assez, je le sais, je le sais, mon Dieu ! A qui la faute ? Au hasard ! A cette vieille fatalité ironique, qui accouple toujours les choses pour la pius grande harmonie de l'ensemble et le plus grand désagrément des parties . On ne serencontre qu'en se heurtant et chacun, portant dans ses mains ses entrailles déchirées, accuse l'autre qui ramasse les siennes . Il y a des bons jours cependant, des minutes douces . J'aime votre compagnie, j'aime votre corps, oui, ton corps, pauvre Louise, quand, apppuyé sur mon bras gauche,il se renverse la tête en arrière et que je baise sur le cou !, Ne pleure plus, ne pense ni au passé ni à l'avenir, maisà aujourd'hui . 3Qu'est-cequ ton devoir ? L(exigence de chaque jour", a dit Goethe . Subis-la cette
exigence et tu auras le coeur tranquille .
Prends la vie de plus haut, monte sur une tour (quand même la base craquerait,crois-la solide ) ; alors tu ne verras plus rien que l'éther bleu tout autour de toi . Quand ce ne sera pas du bleu, ce sera du brouillard;qu'importe, si tout y disparait noyé dans une vapeur calme . Il faut estimer une femme pour lui écrire des choses pareilles .
........
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A Madame Roger des Genettes
Croisset, dimanche 2 mai 1880
Un mot seulement .
Serez-vous à Paris vers la fin de ce mois et le commencement de l'autre ? Mon intention est de m'y rendre, dans quinze jours, ou trois semaines . J'y resterai du 25 mai au 15 juin environ .
Comme j'ai envie de vous voir ! que dechoses j'ai à vous dire ! sans compter que je brûle de vous lire l'histoire de mes bonshommes .
Mille tendresses de votre vieil ami .
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