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Critique de AuPouvoirDesMots


1985, Esther, jeune institutrice, quitte Paris avec sa fille pour s'installer dans un village de la Margeride, au nord de la Lozère. Un changement de vie, un autre regard, un autre souffle. Ici, le climat est froid et sec. L'hiver, on se réchauffe autour d'un feu de cheminée en écoutant le vent souffler sur les landes de bruyère. Les bêtes peuplent le plateau, les hommes se font rares.
2015, Esther se souvient. Esther se rappelle comment le village s'est assemblé autour d'elle, l'accueillant comme une fille, une nièce, un cadeau à préserver dans ce lieu désertifié, comment tout a changé quand Vanessa, sa colocataire parisienne fragilisée et camée, débarque sur le plateau aride traînant derrière elle des trafiquants de drogue insatisfaits.

Deux mondes s'entrechoquent, une rencontre improbable entre deux univers antagonistes.
Que la drogue et la désolation qui y est liée viennent jusque sur ces hauteurs virginales semble invraisemblable, et l'auteure va gérer ce désordre avec une violence aigue, jusque là cachée au creux des mains cornées des hommes de la terre. L'austérité des paysages pénètre les hommes taiseux, avive les colères émergeantes et les vengeances, il en va de la sauvegarde des siens. La nature possède l'homme, l'homme possède la nature, il est comme une symbiose des énergies. Un tout.
Et alors que les âmes s'écorchent, et alors que des vies se salissent, il reste la chaleur du café de Lionnel, il reste l'oeil couvant de Lucien, son ombre protectrice, il y a le rire d'Alice que l'on entend encore comme empreint d'éternité malgré les gris, malgré les noirs. Il reste la roche solide et immuable. Inaltérable. Comme ces hommes au coeur généreux contre lesquels Esther peut se laisser aller.
L'écriture de Laurence Biberfeld est faite de chaud et de froid, elle est belle et pourtant si dure, elle est sans concession. Elle est comme la Margeride, brutale et caressante.

La tourmente s'empara du plateau, sifflant dans les serrures, miaulant sa rage incessante dans les fentes des portes, sous les fenêtres bousculées, déployant sa clameur d'océan démonté sur l'étendue giflée des champs.
Lien : http://www.aupouvoirdesmots...
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